01-07-2021, 08:53 PM
* 65 *
Le policier qui me pousse dans une salle d'interrogatoire, dans laquelle se trouvent déjà deux autres flics, donne le ton de la journée en annonçant : « Voilà la tafiole. »
En trois mots, il vient de me plonger en plein cauchemar. Je me rends compte que ça ne va pas être simple. Et à voir le sourire de ses collègues, c'est vraiment mal barré.
Non, je ne dois pas paniquer, même si je suis face à des imbéciles. Je ne suis pour rien dans cette affaire. Je suis même une victime, et sur bien des plans ! Je dois absolument garder mon calme.
Mais j'ai beau me dire ça, les mots « erreur judiciaire » ne cessent de tourner dans ma tête.
Foudroyant du regard celui qui vient de m'insulter, je m'assois devant eux.
Je retiens tant bien que mal un bâillement. Je pense qu'il doit être une heure ou deux heures du matin. Mon arrestation, il n'y a pas d'autre mot, m'a pris totalement au dépourvu.
J'hésite sur la conduite à tenir. Coopérer, ou garder le silence et exiger la présence d'un avocat ? Hum, je ne suis pas en présence de gens compréhensifs, c'est l'évidence même. Mieux vaut garder profil bas...
- Bon, mon gars, attaque le premier flic, il est tard, autant régler les choses rapidement, ce sera mieux pour tout le monde.
- Tu as tué Thierry sur l'ordre de Bruno, reprend le deuxième. C'est ce qui s'est passé, non ?
- Ça va pas la tête ? J'ai rien à voir avec tout ça ! J'ai déjà fait une déposition pour l'inspecteur Peltier, je n'ai rien de plus à ajouter.
- Ou alors, reprend le premier en ignorant ma réponse, tu as décidé de régler son compte à Bruno et c'est sur Thierry que tu es tombé.
- Ben voyons ! Vous vous êtes montés tout un cinéma ma parole ! J'y suis pour rien moi !
Une chose est évidente, Bruno n'a rien lâché sur cette histoire, sinon ils n'auraient pas sorti une accusation pareille. Bordel ! Ils ont suivi la première idée qui leur est venue à l'esprit, et voilà le pétrin dans lequel je suis...
Il aurait pu se passer de tenir un journal ! Je n'ose imaginer le ramassis d'horreurs qui doit s'y trouver.
- On tiendra compte de ta coopération... ou de ton refus. Alors fais ton choix !
- Si vous voulez m'entendre, je veux un avocat.
Une explosion de douleur derrière la tête - le troisième, qui était resté derrière moi, m'a frappé violemment.
- Ça va pas non ? Vous n'avez pas le droit de faire ça !
- C'est nous le droit ici, et personne va pleurer pour une tapette dans ton genre. Maintenant que tu as compris dans quel pétrin tu t'es fourré, tu as intérêt à nous signer une jolie déposition - ou je te promets que tu vas le regretter.
- JE VOUS AI DIT QUE J'Y SUIS POUR RIEN !
Je reçois un nouveau coup - ça commence à bien faire. Serrant les dents, je relève la tête.
- Arrêtez ça ! Je ne sais même pas quand il est mort, ce type ! Et je suis resté chez ma mère tous ces derniers jours, à des centaines de kilomètres d'ici ! J'ai suffisamment de témoins pour foutre en l'air toute accusation de votre part !
J'aurais dû commencer par ça. Ils se regardent entre eux, puis l'un d'eux sort tandis que les deux autres me regardent d'un air mauvais. Je peux deviner leurs pensées. Ça les emmerde qu'un pédé s'en tire. Je suis loin d'être tiré d'affaire.
- Très bien, si tu le dis, on va vérifier ça... mais en attendant, tu vas tout nous raconter sur Bruno, et comment il te tenait.
- Ça va être vite vu...
Une nouvelle fois, je raconte tout, avec le désagréable sentiment de me mettre à nu devant des gens que ma seule existence dégoûte. Le fait que l'histoire soit aussi simple semble leur déplaire au plus haut point. S'étaient-ils persuadés à ce point que j'étais coupable ?
- Comment tu l'as connu ?
- Dans une boîte.
- Laquelle ?
- Je ne me souviens plus du nom, mais c'était une boîte gay, vous devriez retrouver facilement.
Ils font la grimace à l'idée d'aller dans ce genre d'endroit pour poser des questions. J'en rirais si je n'avais pas aussi mal à la tête.
- Vous affirmez ne pas avoir bougé de chez vous, ne pas être allé à Sochaux ces cinq derniers jours ?
- Non, je...
Oh, bon sang, comment ai-je pu oublier ?
Le lendemain du dernier message de Bruno, je suis allé voir François à l'hôpital, mais j'ai là aussi assez de témoins pour confirmer que je n'ai pas pu tuer l'autre type.
Remarquant ma pause, les deux me pressent de questions.
- J'y suis allé, c'était le... le huit, je crois. J'étais avec ma mère, mon frère et une voisine.
Vu que j'aurais eu bien du mal à aller chez Bruno depuis l'hôpital et en revenir dans le temps pendant lequel je me suis absenté, je suis tranquille.
- Vous voyez, pour tous ces moments plusieurs personnes peuvent témoigner où j'étais. Ça ne peut pas être moi. Bruno était un salaud, certes, mais pas au point qu'on le tue. Quant à ce Thierry, je ne le connais pas.
Ils sortent, visiblement pour discuter, et me laissent seul un moment, avant de revenir, accompagnés du troisième.
- Votre famille a confirmé, ainsi que votre voisine.
Vous vous seriez donné moins de mal en commençant par là...
Je garde cette réflexion pour moi, peu désireux de les énerver.
Tout ce que je veux, c'est sortir d'ici au plus vite... le plus dur est passé, je pense.
Sauf mauvaise surprise.
- Expliquez-nous ce que vous êtes allés faire ici le huit.
- Je suis allé voir mon frère à l'hôpital.
- En quoi votre voisine est-elle concernée ?
- C'est...
J'hésite, un peu perdu. Comment vais-je leur expliquer une pareille histoire ?
Surtout que je n'en ai vraiment pas envie...
Le policier qui me pousse dans une salle d'interrogatoire, dans laquelle se trouvent déjà deux autres flics, donne le ton de la journée en annonçant : « Voilà la tafiole. »
En trois mots, il vient de me plonger en plein cauchemar. Je me rends compte que ça ne va pas être simple. Et à voir le sourire de ses collègues, c'est vraiment mal barré.
Non, je ne dois pas paniquer, même si je suis face à des imbéciles. Je ne suis pour rien dans cette affaire. Je suis même une victime, et sur bien des plans ! Je dois absolument garder mon calme.
Mais j'ai beau me dire ça, les mots « erreur judiciaire » ne cessent de tourner dans ma tête.
Foudroyant du regard celui qui vient de m'insulter, je m'assois devant eux.
Je retiens tant bien que mal un bâillement. Je pense qu'il doit être une heure ou deux heures du matin. Mon arrestation, il n'y a pas d'autre mot, m'a pris totalement au dépourvu.
J'hésite sur la conduite à tenir. Coopérer, ou garder le silence et exiger la présence d'un avocat ? Hum, je ne suis pas en présence de gens compréhensifs, c'est l'évidence même. Mieux vaut garder profil bas...
- Bon, mon gars, attaque le premier flic, il est tard, autant régler les choses rapidement, ce sera mieux pour tout le monde.
- Tu as tué Thierry sur l'ordre de Bruno, reprend le deuxième. C'est ce qui s'est passé, non ?
- Ça va pas la tête ? J'ai rien à voir avec tout ça ! J'ai déjà fait une déposition pour l'inspecteur Peltier, je n'ai rien de plus à ajouter.
- Ou alors, reprend le premier en ignorant ma réponse, tu as décidé de régler son compte à Bruno et c'est sur Thierry que tu es tombé.
- Ben voyons ! Vous vous êtes montés tout un cinéma ma parole ! J'y suis pour rien moi !
Une chose est évidente, Bruno n'a rien lâché sur cette histoire, sinon ils n'auraient pas sorti une accusation pareille. Bordel ! Ils ont suivi la première idée qui leur est venue à l'esprit, et voilà le pétrin dans lequel je suis...
Il aurait pu se passer de tenir un journal ! Je n'ose imaginer le ramassis d'horreurs qui doit s'y trouver.
- On tiendra compte de ta coopération... ou de ton refus. Alors fais ton choix !
- Si vous voulez m'entendre, je veux un avocat.
Une explosion de douleur derrière la tête - le troisième, qui était resté derrière moi, m'a frappé violemment.
- Ça va pas non ? Vous n'avez pas le droit de faire ça !
- C'est nous le droit ici, et personne va pleurer pour une tapette dans ton genre. Maintenant que tu as compris dans quel pétrin tu t'es fourré, tu as intérêt à nous signer une jolie déposition - ou je te promets que tu vas le regretter.
- JE VOUS AI DIT QUE J'Y SUIS POUR RIEN !
Je reçois un nouveau coup - ça commence à bien faire. Serrant les dents, je relève la tête.
- Arrêtez ça ! Je ne sais même pas quand il est mort, ce type ! Et je suis resté chez ma mère tous ces derniers jours, à des centaines de kilomètres d'ici ! J'ai suffisamment de témoins pour foutre en l'air toute accusation de votre part !
J'aurais dû commencer par ça. Ils se regardent entre eux, puis l'un d'eux sort tandis que les deux autres me regardent d'un air mauvais. Je peux deviner leurs pensées. Ça les emmerde qu'un pédé s'en tire. Je suis loin d'être tiré d'affaire.
- Très bien, si tu le dis, on va vérifier ça... mais en attendant, tu vas tout nous raconter sur Bruno, et comment il te tenait.
- Ça va être vite vu...
Une nouvelle fois, je raconte tout, avec le désagréable sentiment de me mettre à nu devant des gens que ma seule existence dégoûte. Le fait que l'histoire soit aussi simple semble leur déplaire au plus haut point. S'étaient-ils persuadés à ce point que j'étais coupable ?
- Comment tu l'as connu ?
- Dans une boîte.
- Laquelle ?
- Je ne me souviens plus du nom, mais c'était une boîte gay, vous devriez retrouver facilement.
Ils font la grimace à l'idée d'aller dans ce genre d'endroit pour poser des questions. J'en rirais si je n'avais pas aussi mal à la tête.
- Vous affirmez ne pas avoir bougé de chez vous, ne pas être allé à Sochaux ces cinq derniers jours ?
- Non, je...
Oh, bon sang, comment ai-je pu oublier ?
Le lendemain du dernier message de Bruno, je suis allé voir François à l'hôpital, mais j'ai là aussi assez de témoins pour confirmer que je n'ai pas pu tuer l'autre type.
Remarquant ma pause, les deux me pressent de questions.
- J'y suis allé, c'était le... le huit, je crois. J'étais avec ma mère, mon frère et une voisine.
Vu que j'aurais eu bien du mal à aller chez Bruno depuis l'hôpital et en revenir dans le temps pendant lequel je me suis absenté, je suis tranquille.
- Vous voyez, pour tous ces moments plusieurs personnes peuvent témoigner où j'étais. Ça ne peut pas être moi. Bruno était un salaud, certes, mais pas au point qu'on le tue. Quant à ce Thierry, je ne le connais pas.
Ils sortent, visiblement pour discuter, et me laissent seul un moment, avant de revenir, accompagnés du troisième.
- Votre famille a confirmé, ainsi que votre voisine.
Vous vous seriez donné moins de mal en commençant par là...
Je garde cette réflexion pour moi, peu désireux de les énerver.
Tout ce que je veux, c'est sortir d'ici au plus vite... le plus dur est passé, je pense.
Sauf mauvaise surprise.
- Expliquez-nous ce que vous êtes allés faire ici le huit.
- Je suis allé voir mon frère à l'hôpital.
- En quoi votre voisine est-elle concernée ?
- C'est...
J'hésite, un peu perdu. Comment vais-je leur expliquer une pareille histoire ?
Surtout que je n'en ai vraiment pas envie...
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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