30-06-2021, 09:20 PM
* 64 *
- Asseyez-vous, dit l'inspecteur Peltier tandis que je masse mes poignets mis à mal par les menottes.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne suis pas un criminel, vous n'avez pas à me traiter comme ça !
- Écoutez-moi bien, jeune homme. Ici, ce genre d'attitude ne fait qu'aggraver votre cas, est-ce que c'est bien clair ? Vous m'avez menti la dernière fois que nous nous sommes parlés, et ça, ce n'était pas une bonne idée.
- Quoi ?
- Ne faites pas l'innocent ! Vous connaissiez bien mieux Bruno que vous ne nous l'aviez dit.
- Ça n'avait rien à voir avec votre enquête.
- Au contraire, d'après mes collèges sur place. Désolé mon gars, mais il va falloir tout me dire, ou vous irez droit dans le mur.
- Vous me faites marcher.
- Vraiment ?
Il ouvre son dossier jusqu'à un signet et commence à lire.
« 24 Janvier - Il m'appartient, Jeremy m'appartient ! Il le veut son papier, y a pas photo, et il ferait n'importe quoi pour le récupérer. Je sais qu'il va me recontacter. Il ne peut pas faire autrement. Il crève de trouille à l'idée de ce qui pourrait se trouver sur son maudit papelard. Il fera tout ce que je voudrai. »
J'ai envie de vomir. Et de tuer Bruno.
J'ignorais qu'il tenait un journal, et ce qu'il a écrit peut être interprété de telle façon qu'ils croient que j'étais la victime d'un maître-chanteur... Une minute... c'était bien le cas, non ?
Aussi angoissante que puisse être l'idée de déballer toute ma vie privée devant un policier, je dois me rendre à l'évidence : me taire me mettra dans une situation dangereuse. Qui peut savoir ce qu'ils pourraient imaginer à partir du contenu de ce journal ? Maudit soit ce connard... j'ai bien fait de ne pas l'aider.
- Bon, je vais tout vous dire.
- À la bonne heure.
Je lui dis le principal, lui explique quelle relation il y avait entre nous, et quel était le papier que je voulais, et ce que j'ai dû faire pour l'obtenir.
L'inspecteur reste songeur un bon moment. Puis, il me donne à lire ma déposition et me demande de signer. Pas vraiment le choix, maintenant que tout est dit.
- Bien ! Je n'ai plus qu'à vous remettre à mes collègues de Sochaux.
- Mais bordel, j'y suis pour rien dans cette affaire !
Il secoue la tête.
- C'est vous qui le dites. De toute façon, c'est à eux de voir, vu que l'enquête est principalement menée là-bas.
C'est un cauchemar, je vais me réveiller, c'est pas possible... j'ai juste passé une nuit avec ce gars et il me pourrit la vie comme c'est pas permis !
Il se penche soudain vers moi.
- Thierry Rangeard, vous le connaissez ?
- Hein ? Non, jamais entendu parler.
- La victime.
- Vraiment, non, jamais vu ni même entendu son nom, encore moins rencontré. Je n'ai fait que voir sa photo quand vous me l'avez présentée, l'autre jour.
- Je vois... avez-vous déjà été à Dugny sur Oise ?
- Du tout. Je ne saurais même pas vous dire où c'est.
- Bon, ce sera tout. Ils vous attendent, dit-il en désignant la porte.
Ça commence à vraiment aller loin, cette histoire. Je reste assis.
- Je veux un avocat.
- C'est votre droit. Vous pourrez en appeler un si vous restez au moins vingt heures en garde à vue. Pour le moment, vous êtes entendu en tant que témoin, ce qui fait que vous n'êtes pas encore en garde à vue, bien sûr. Cela pourrait changer si on doit utiliser la force pour vous sortir de cette pièce.
- Je peux au moins prévenir ma mère, elle doit être folle d'inquiétude, j'étais juste sorti une minute !
Il semble peser le pour et le contre, ce salaud, avant d'accepter, à mon grand soulagement.
Il sort avec moi, s'entretient avec ses collègues, puis je suis enfin autorisé à appeler.
- Allô ?
- Maman, c'est Jeremy, je vais bien, la police me réclame à Sochaux pour... une affaire compliquée. J'y suis pour rien, mais ils pensent le contraire. Appelle un avocat s'il te plaît, ça a l'air mal barré là.
- Jerem ?
- Je ne plaisante pas !
- Dans quoi est-ce que tu t'es encore fourré ? Je ne sais pas si tu te rends compte du coût d'un avocat, mais je ne sais pas si c'est dans nos moyens.
- Je suis pas près d'en voir un moi-même, je...
Coupé. Les salauds.
- Allez, en avant !
Ils me remettent les menottes et m'embarquent. C'est comme ça qu'ils traitent leurs témoins ? La façon qu'ils ont de détourner la loi me révolte.
Je repasse devant l'inspecteur, qui discute avec un de ses collègues. Je capte une partie de leur conversation, qui ne signifie cependant rien pour moi.
- ...t'a vraiment traumatisé cette affaire.
- Thierry et Michel étaient dans la même bande, en 2002, et les voilà tous les deux morts ! Il y a peut-être un lien, c'est une piste que...
Je n'en saurai pas plus. J'espère bien qu'il y a un lien, en tout cas, n'importe quoi qui puisse me mettre hors de cause dans cette affaire.
C'est invraisemblable. Sur un petit rien, la police m'est tombée dessus et a déjà fait mon procès, pour ainsi dire. Alors que je suis juste une victime dans cette histoire. Je ne sais même pas quand Thierry est mort, mais je suis certain de pouvoir dire que quelqu'un était avec moi à ce moment.
Si seulement on m'en laissait l'occasion...
Et me voilà reparti pour cette ville maudite qui nous a vu naître, mon frère et moi, et qui semble maintenant décidée à nous reprendre par tous les moyens.
Je vais me rapprocher de François, mais pas comme je l'aurais voulu...
- Asseyez-vous, dit l'inspecteur Peltier tandis que je masse mes poignets mis à mal par les menottes.
- Qu'est-ce que ça veut dire ? Je ne suis pas un criminel, vous n'avez pas à me traiter comme ça !
- Écoutez-moi bien, jeune homme. Ici, ce genre d'attitude ne fait qu'aggraver votre cas, est-ce que c'est bien clair ? Vous m'avez menti la dernière fois que nous nous sommes parlés, et ça, ce n'était pas une bonne idée.
- Quoi ?
- Ne faites pas l'innocent ! Vous connaissiez bien mieux Bruno que vous ne nous l'aviez dit.
- Ça n'avait rien à voir avec votre enquête.
- Au contraire, d'après mes collèges sur place. Désolé mon gars, mais il va falloir tout me dire, ou vous irez droit dans le mur.
- Vous me faites marcher.
- Vraiment ?
Il ouvre son dossier jusqu'à un signet et commence à lire.
« 24 Janvier - Il m'appartient, Jeremy m'appartient ! Il le veut son papier, y a pas photo, et il ferait n'importe quoi pour le récupérer. Je sais qu'il va me recontacter. Il ne peut pas faire autrement. Il crève de trouille à l'idée de ce qui pourrait se trouver sur son maudit papelard. Il fera tout ce que je voudrai. »
J'ai envie de vomir. Et de tuer Bruno.
J'ignorais qu'il tenait un journal, et ce qu'il a écrit peut être interprété de telle façon qu'ils croient que j'étais la victime d'un maître-chanteur... Une minute... c'était bien le cas, non ?
Aussi angoissante que puisse être l'idée de déballer toute ma vie privée devant un policier, je dois me rendre à l'évidence : me taire me mettra dans une situation dangereuse. Qui peut savoir ce qu'ils pourraient imaginer à partir du contenu de ce journal ? Maudit soit ce connard... j'ai bien fait de ne pas l'aider.
- Bon, je vais tout vous dire.
- À la bonne heure.
Je lui dis le principal, lui explique quelle relation il y avait entre nous, et quel était le papier que je voulais, et ce que j'ai dû faire pour l'obtenir.
L'inspecteur reste songeur un bon moment. Puis, il me donne à lire ma déposition et me demande de signer. Pas vraiment le choix, maintenant que tout est dit.
- Bien ! Je n'ai plus qu'à vous remettre à mes collègues de Sochaux.
- Mais bordel, j'y suis pour rien dans cette affaire !
Il secoue la tête.
- C'est vous qui le dites. De toute façon, c'est à eux de voir, vu que l'enquête est principalement menée là-bas.
C'est un cauchemar, je vais me réveiller, c'est pas possible... j'ai juste passé une nuit avec ce gars et il me pourrit la vie comme c'est pas permis !
Il se penche soudain vers moi.
- Thierry Rangeard, vous le connaissez ?
- Hein ? Non, jamais entendu parler.
- La victime.
- Vraiment, non, jamais vu ni même entendu son nom, encore moins rencontré. Je n'ai fait que voir sa photo quand vous me l'avez présentée, l'autre jour.
- Je vois... avez-vous déjà été à Dugny sur Oise ?
- Du tout. Je ne saurais même pas vous dire où c'est.
- Bon, ce sera tout. Ils vous attendent, dit-il en désignant la porte.
Ça commence à vraiment aller loin, cette histoire. Je reste assis.
- Je veux un avocat.
- C'est votre droit. Vous pourrez en appeler un si vous restez au moins vingt heures en garde à vue. Pour le moment, vous êtes entendu en tant que témoin, ce qui fait que vous n'êtes pas encore en garde à vue, bien sûr. Cela pourrait changer si on doit utiliser la force pour vous sortir de cette pièce.
- Je peux au moins prévenir ma mère, elle doit être folle d'inquiétude, j'étais juste sorti une minute !
Il semble peser le pour et le contre, ce salaud, avant d'accepter, à mon grand soulagement.
Il sort avec moi, s'entretient avec ses collègues, puis je suis enfin autorisé à appeler.
- Allô ?
- Maman, c'est Jeremy, je vais bien, la police me réclame à Sochaux pour... une affaire compliquée. J'y suis pour rien, mais ils pensent le contraire. Appelle un avocat s'il te plaît, ça a l'air mal barré là.
- Jerem ?
- Je ne plaisante pas !
- Dans quoi est-ce que tu t'es encore fourré ? Je ne sais pas si tu te rends compte du coût d'un avocat, mais je ne sais pas si c'est dans nos moyens.
- Je suis pas près d'en voir un moi-même, je...
Coupé. Les salauds.
- Allez, en avant !
Ils me remettent les menottes et m'embarquent. C'est comme ça qu'ils traitent leurs témoins ? La façon qu'ils ont de détourner la loi me révolte.
Je repasse devant l'inspecteur, qui discute avec un de ses collègues. Je capte une partie de leur conversation, qui ne signifie cependant rien pour moi.
- ...t'a vraiment traumatisé cette affaire.
- Thierry et Michel étaient dans la même bande, en 2002, et les voilà tous les deux morts ! Il y a peut-être un lien, c'est une piste que...
Je n'en saurai pas plus. J'espère bien qu'il y a un lien, en tout cas, n'importe quoi qui puisse me mettre hors de cause dans cette affaire.
C'est invraisemblable. Sur un petit rien, la police m'est tombée dessus et a déjà fait mon procès, pour ainsi dire. Alors que je suis juste une victime dans cette histoire. Je ne sais même pas quand Thierry est mort, mais je suis certain de pouvoir dire que quelqu'un était avec moi à ce moment.
Si seulement on m'en laissait l'occasion...
Et me voilà reparti pour cette ville maudite qui nous a vu naître, mon frère et moi, et qui semble maintenant décidée à nous reprendre par tous les moyens.
Je vais me rapprocher de François, mais pas comme je l'aurais voulu...
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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