CHAPITRE XIII
Le frigidaire est désertique. Je pars au ravitaillement. Dans le village, j’ai mes habitudes. La boulangère toujours très sympathique, le boucher particulièrement jovial avec un humour détonnant et l’épicière un peu coquine avec son regard de braise. Je peux enfin reprendre pieds à la vie locale et ce n’est pas pour me déplaire. Et puis, j’ai le cœur léger et pour cause, demain je vais la retrouver. Un véritable gamin.
Au marché, je déambule entre les étals. J’aime cette ambiance vacances. Fruits, légumes, saucisson et fromage, je les préfère locaux. Sourire, humour, dialecte parfois incompréhensible mais toujours charmant, soleil et effluves parfumées, cigales et visages burinés, mini-jupe et short rikiki trop mimi devant les formes admirables qu’il faut masquer le moins possible.
Je m’arrête devant un stand d’olives en tout genre.
- Christelle ?
- Bonjour Patrick. De retour parmi nous ?
- Je suis ici pour deux à trois semaines. Tu t’es reconvertie dans les olives ?
- Il a bien fallu. Avec la Covid-19, tous ceux qui comme vous avait une résidence secondaire n’ont plus été en mesure de venir y séjourner et je me suis retrouvée sans travail. La galère. Avec le marché, la vente des olives, ça m’occupe au plus deux jours par semaine, c’est toujours mieux que rien.
- Si tu as encore un peu de disponibilité, j’aurai un peu de ménage et de repassage à te faire faire.
- Vous êtes bien sympathique Patrick et je vous aime bien mais avec madame Elena, le courant n’est pas passé la dernière fois alors, je préfère éviter les problèmes.
- Mon épouse n’est pas venue et je cherche une personne de confiance. Donc si tu veux ou si tu connais quelqu’un, je suis preneur.
- Ah OK. Dans ce cas, ça change tout. Demain c’est possible pour vous ?
- Demain matin je fais un aller-retour sur le continent mais tu peux passer quand même.
- OK. Vous n’avez qu’à laisser les clés à l’entrée sous le paillasson. Je me débrouillerai. Merci beaucoup Patrick.
Ce que j’aime chez Christelle, c’est le soleil qu’elle a dans la peau et comme elle est plutôt économe en tissu, avec une minuscule brassière pour contenir ses seins et éviter qu’ils ne passent par-dessus bord et son short taillé dans un mouchoir de poche, la regarder est un plaisir de tous les instants.
Je comprends qu’avec Eléna le courant ne soit pas passé. La petite à un corps de rêve même si de visage elle est plutôt quelconque avec ses grands cheveux châtains foncés qui ondulent jusqu’au bas de ses fesses et ses yeux d’un noir profond. Et puis en jupette, sans culotte d’après les dires d’Eléna, elle aiguise toutes les curiosités dont la mienne évidemment. Mais qu’importe, ce n’est pas de Christelle dont j’ai envie, juste le plaisir des yeux et celui d’être bien entouré.
Sur le siège passager, une jeune femme regarde par le hublot, toute aussi craintive qu’admirative. Elle pose sa main chaude et moite sur la mienne. Parfois, elle me jette des coups d’œil furtifs pour s’assurer que je ne suis pas en mode panique, serrant mes doigts à chaque cahot, chaque tremblement.
- C’est normal que ça secoue aussi fort ?
- Oui rassure-toi, au décollage, c’est toujours comme ça.
- C’est la première fois que je prends l’avion. Ça me fait tout drôle.
- Tiens regarde, les voitures. Elles sont toutes petites maintenant.
- C’est surprenant. On a le sentiment d’être accroché en l’air comme sur un nuage, sans bouger et pourtant on sent bien que ça monte.
Ses yeux sont émerveillés. Son sourire est radieux avec parfois une once d’anxiété qui parcourt son épiderme.
- Waouh la mer, vue d’en haut. Comme c’est beau.
L’avion a pris son altitude de croisière. Par le hublot, il n’y a plus que le bleu de la Méditerranée ; quelques bateaux, des grands et des petits qui laissent loin derrière eux un sillage d’écume impressionnant.
Harmonie tourne son visage vers moi. J’aime cette présence fragile, ce regard craintif que j’ai envie d’apaiser. J’adore son sourire mi angoissé mi confiant, sa tête qu’elle vient se poser maintenant sur mon épaule, les yeux fermés pour mieux voyager dans ses propres pensées.
- Le Rouge et le Noir ma chérie, s'était de Stendhal.
- Pfff, tu n'y connais rien mais ce n'est pas grave parce que j'adore quand tu m'appelles ma chérie.
Elle m’attendait de pieds fermes en faisant les cents pas devant le portail de l’établissement où elle a séjourné. Et lorsque le taxi s’est arrêté, elle s’est figée quelques instants, me laissant à peine le temps de sortir de la voiture pour se précipiter et me sauter dans les bras. J’ai serré son petit corps tout frêle jusqu’à sentir sa chaleur corporelle traverser ma chemise. Ses seins contre mon torse, un peu gêné par son bras en écharpe, sa tête maquillée aux cheveux rouges très bien coiffé, son petit short en jean qui souligne les courbes somptueuses de ses fesses, nul doute qu’elle a fait un effort vestimentaire pour m’accueillir.
- Je me suis faite belle rien que pour toi et j’ai mis du rouge à lèvres. Je trouve que ça va bien avec mes cheveux.
- Oui je vois.
- Tu aimes ?
- Le rouge à lèvres, pas trop mais ça n’a pas d’importance parce que je te trouve très jolie.
- Merci. J’ai fais la manche hier pour pouvoir me le payer et tu ne devineras jamais ; avec mon plâtre ça paye vachement bien. Je me suis fais plus de cinquante euros dans l’après-midi. Je n’en revenais pas.
- Possible aussi que les gens soient plus généreux ici qu’ailleurs.
- Peut-être. Bon, je l’enlève si tu n’aimes pas et comme j’ai très envie de t’embrasser…
Deux kleenex ont suffi pour disperser l’onctuosité du produit qui recouvre ses lèvres. Je m’amuse des mimiques qu’elle prend, des moues expressives qu’elle simule, des grimaces forcées qu’elle fait pour exposer à mes doigts délicats le moindre recoin de sa bouche.
Nos lèvres maintenant se frôlent, se touchent, s’apprivoisent. Nos langues s’amusent lentement et dans les yeux d’Harmonie il y a un je ne sais quoi de merveilleux, de pétillant, un bonheur suprême.
- Je ne sais pas si je t’aime mais je me sens si bien avec toi que j’en suis toute retournée. Tu m’aimes toi ? Me demande t’elle.
- C’est difficile à dire Harmonie, on se connaît à peine. Mais ce que je sais c’est que je suis super content de te retrouver, de te serrer dans mes bras. C’est la première fois qu’on s’est vraiment embrassés et j’ai beaucoup aimé. Je suis heureux d’être venu te rechercher. Allez petit cul, en voiture. On va faire un crochet par le centre ville.
Le chauffeur a assisté à nos retrouvailles, surpris tout autant que médusé devant le décalage social manifeste de nos situations. Dans le rétroviseur, je vois son regard circonspect. Il ne dit mot. Harmonie a déposé son sac à côté d’elle. J’ai habillé son joli visage d’un masque noir qui tranche à merveille avec ses yeux bleus et ses cheveux rouges. Elle s’est laissée faire en me dévorant de ses yeux magnifiques.
- Si tu continues comme ça…
- Chut !
- On va où ?
- On a un peu de temps à tuer avant de reprendre l’avion et du coup on va en profiter pour faire quelques emplettes.
- Encore ? Mais on en a déjà fait tout plein la dernière fois.
Nous avons lâché le taxi aux abords de la rue piétonne et main dans la main, nous avons commencé à arpenter les vitrines. Dans le premier magasin, on a trouvé un peu de lingerie, trois shortys dont un en dentelle, deux petites culottes et un tanga. Je voulais qu’elle prenne aussi un ou deux strings mais Harmonie n’a pas adopté ma proposition, pour une question de confort m’a-t-elle dit. Devant sa détermination, j’ai dû abdiquer mais avec la ferme intention d’y revenir plus tard ; des fesses aussi jolies sans même un string, c’est une offense à la beauté. De même elle a refusé tous les soutien-gorges que je lui ai suggérés au motif que ses seins n’ont pas besoin d’artifice pour être soutenus, ce que je veux bien admettre. Je me rends compte que l’air de rien, elle a du caractère et si elle ne sait pas encore précisément ce qu’elle veut, elle sait pertinemment ce qu’elle ne veut pas. Les cabines d’essayage étant toutes condamnées, nous avons acheté sur taille bien à regrets. Je me faisais déjà une joie d’enlever et de remettre tous ces petits bouts de tissus. Et bien, c’est raté.
Dans la seconde vitrine, un peu plus loin, on a trouvé une petite robe mode noire, à bretelles et lorsque dans la cabine d’essayage, nous nous sommes engouffrés tous les deux, sous le regard inhospitalier des vendeuses...
- Monsieur s’il vous plaît, une personne par cabine.
J’ai dû expliquer avec force et conviction, en passant la tête par devant le rideau tiré, qu’avec un bras dans le plâtre l’essayage allait vite devenir compliqué et que si elles voulaient vendre, il n’y avait pas d’autre solution. Bon grès mal grès, elles nous ont laissé tranquille, se contentant de surveiller de loin ces deux clients hors norme. Derrière le rideau, le sourire d’Harmonie, de plus en plus entreprenant et j’avoue que ce n’est pas pour me déplaire. Son chemisier que je déboutonne et qui tombe discrètement sur la moquette découvrant ses seins nus. Des baisers que je reçois dans mon cou comme autant de papillons volages. Je prends plaisir à la regarder se dévêtir maladroitement l’aidant parfois lorsque d’un regard insistant ou quémandeur elle me supplie de coopérer. Impossible de résister devant ses yeux malicieux et puis j’aime ses lèvres si simples qui m’invitent sans détours, j’adore ses seins d’une blancheur surprenante, ceux que j’avais caressés avec une passion dévorante et qui me toisent maintenant en toute indécence éclairés par les projecteurs de la cabine d’essayage. Nos regards se croisent, se dévorent, s’enflamment. Mes mains partent à l’aventure sur ce terrain déjà si familier, doucement repoussées.
- Pas si vite. Tu peux me passer la robe ?
Elle lève les mains au ciel, ce qui soulève ses seins déjà tous excités. Je glisse l’échancrure du vêtement le long de ses bras et le tissu vient envelopper son corps d’un voile noir juste accroché à ses épaules par deux bretelles que j’ajuste en effleurant légèrement la pointe de ses seins. La réaction ne se fait pas attendre et deux petites pointes téméraires accentuent leur présence sous l’étoffe faiblement comprimée. Son buste est magnifique et ainsi vêtue, elle est encore plus désirable que nue. Il faut dire que ses fesses sont si bien mises en valeur, que la robe qui les recouvre les rend admirables et excitantes. Ainsi habillée, Harmonie est somptueuse même avec ses cheveux rouges et ses bottines de marche. Elle tire le rideau et quitte la cabine pour se mirer dans une glace.
- Elle vous va comme un gant. On dirait qu’elle a été conçue pour vous, pour votre corps s’exclame l’une des vendeuses en lui ajustant un pli. Et cette transition, le rouge et le noir…
- Henry Beyle
- Comment ?
- Non rien, ce n’est pas important.
- Vous la prenez ?
Harmonie se tourne vers moi.
- Tu en penses quoi ?
- Tu es magnifique ma chérie.
- Alors je la prends ?
- Évidemment et je te propose même de la garder.
Dans la rue piétonne, les regards se font plus insistants, plus pressants aussi. Harmonie s’arrête, se tourne vers moi.
- Embrasse-moi. J’ai vraiment envie maintenant. J’avais si peur de te décevoir.
Le frigidaire est désertique. Je pars au ravitaillement. Dans le village, j’ai mes habitudes. La boulangère toujours très sympathique, le boucher particulièrement jovial avec un humour détonnant et l’épicière un peu coquine avec son regard de braise. Je peux enfin reprendre pieds à la vie locale et ce n’est pas pour me déplaire. Et puis, j’ai le cœur léger et pour cause, demain je vais la retrouver. Un véritable gamin.
Au marché, je déambule entre les étals. J’aime cette ambiance vacances. Fruits, légumes, saucisson et fromage, je les préfère locaux. Sourire, humour, dialecte parfois incompréhensible mais toujours charmant, soleil et effluves parfumées, cigales et visages burinés, mini-jupe et short rikiki trop mimi devant les formes admirables qu’il faut masquer le moins possible.
Je m’arrête devant un stand d’olives en tout genre.
- Christelle ?
- Bonjour Patrick. De retour parmi nous ?
- Je suis ici pour deux à trois semaines. Tu t’es reconvertie dans les olives ?
- Il a bien fallu. Avec la Covid-19, tous ceux qui comme vous avait une résidence secondaire n’ont plus été en mesure de venir y séjourner et je me suis retrouvée sans travail. La galère. Avec le marché, la vente des olives, ça m’occupe au plus deux jours par semaine, c’est toujours mieux que rien.
- Si tu as encore un peu de disponibilité, j’aurai un peu de ménage et de repassage à te faire faire.
- Vous êtes bien sympathique Patrick et je vous aime bien mais avec madame Elena, le courant n’est pas passé la dernière fois alors, je préfère éviter les problèmes.
- Mon épouse n’est pas venue et je cherche une personne de confiance. Donc si tu veux ou si tu connais quelqu’un, je suis preneur.
- Ah OK. Dans ce cas, ça change tout. Demain c’est possible pour vous ?
- Demain matin je fais un aller-retour sur le continent mais tu peux passer quand même.
- OK. Vous n’avez qu’à laisser les clés à l’entrée sous le paillasson. Je me débrouillerai. Merci beaucoup Patrick.
Ce que j’aime chez Christelle, c’est le soleil qu’elle a dans la peau et comme elle est plutôt économe en tissu, avec une minuscule brassière pour contenir ses seins et éviter qu’ils ne passent par-dessus bord et son short taillé dans un mouchoir de poche, la regarder est un plaisir de tous les instants.
Je comprends qu’avec Eléna le courant ne soit pas passé. La petite à un corps de rêve même si de visage elle est plutôt quelconque avec ses grands cheveux châtains foncés qui ondulent jusqu’au bas de ses fesses et ses yeux d’un noir profond. Et puis en jupette, sans culotte d’après les dires d’Eléna, elle aiguise toutes les curiosités dont la mienne évidemment. Mais qu’importe, ce n’est pas de Christelle dont j’ai envie, juste le plaisir des yeux et celui d’être bien entouré.
- °° -
Sur le siège passager, une jeune femme regarde par le hublot, toute aussi craintive qu’admirative. Elle pose sa main chaude et moite sur la mienne. Parfois, elle me jette des coups d’œil furtifs pour s’assurer que je ne suis pas en mode panique, serrant mes doigts à chaque cahot, chaque tremblement.
- C’est normal que ça secoue aussi fort ?
- Oui rassure-toi, au décollage, c’est toujours comme ça.
- C’est la première fois que je prends l’avion. Ça me fait tout drôle.
- Tiens regarde, les voitures. Elles sont toutes petites maintenant.
- C’est surprenant. On a le sentiment d’être accroché en l’air comme sur un nuage, sans bouger et pourtant on sent bien que ça monte.
Ses yeux sont émerveillés. Son sourire est radieux avec parfois une once d’anxiété qui parcourt son épiderme.
- Waouh la mer, vue d’en haut. Comme c’est beau.
L’avion a pris son altitude de croisière. Par le hublot, il n’y a plus que le bleu de la Méditerranée ; quelques bateaux, des grands et des petits qui laissent loin derrière eux un sillage d’écume impressionnant.
Harmonie tourne son visage vers moi. J’aime cette présence fragile, ce regard craintif que j’ai envie d’apaiser. J’adore son sourire mi angoissé mi confiant, sa tête qu’elle vient se poser maintenant sur mon épaule, les yeux fermés pour mieux voyager dans ses propres pensées.
- Le Rouge et le Noir ma chérie, s'était de Stendhal.
- Pfff, tu n'y connais rien mais ce n'est pas grave parce que j'adore quand tu m'appelles ma chérie.
- °° -
Elle m’attendait de pieds fermes en faisant les cents pas devant le portail de l’établissement où elle a séjourné. Et lorsque le taxi s’est arrêté, elle s’est figée quelques instants, me laissant à peine le temps de sortir de la voiture pour se précipiter et me sauter dans les bras. J’ai serré son petit corps tout frêle jusqu’à sentir sa chaleur corporelle traverser ma chemise. Ses seins contre mon torse, un peu gêné par son bras en écharpe, sa tête maquillée aux cheveux rouges très bien coiffé, son petit short en jean qui souligne les courbes somptueuses de ses fesses, nul doute qu’elle a fait un effort vestimentaire pour m’accueillir.
- Je me suis faite belle rien que pour toi et j’ai mis du rouge à lèvres. Je trouve que ça va bien avec mes cheveux.
- Oui je vois.
- Tu aimes ?
- Le rouge à lèvres, pas trop mais ça n’a pas d’importance parce que je te trouve très jolie.
- Merci. J’ai fais la manche hier pour pouvoir me le payer et tu ne devineras jamais ; avec mon plâtre ça paye vachement bien. Je me suis fais plus de cinquante euros dans l’après-midi. Je n’en revenais pas.
- Possible aussi que les gens soient plus généreux ici qu’ailleurs.
- Peut-être. Bon, je l’enlève si tu n’aimes pas et comme j’ai très envie de t’embrasser…
Deux kleenex ont suffi pour disperser l’onctuosité du produit qui recouvre ses lèvres. Je m’amuse des mimiques qu’elle prend, des moues expressives qu’elle simule, des grimaces forcées qu’elle fait pour exposer à mes doigts délicats le moindre recoin de sa bouche.
Nos lèvres maintenant se frôlent, se touchent, s’apprivoisent. Nos langues s’amusent lentement et dans les yeux d’Harmonie il y a un je ne sais quoi de merveilleux, de pétillant, un bonheur suprême.
- Je ne sais pas si je t’aime mais je me sens si bien avec toi que j’en suis toute retournée. Tu m’aimes toi ? Me demande t’elle.
- C’est difficile à dire Harmonie, on se connaît à peine. Mais ce que je sais c’est que je suis super content de te retrouver, de te serrer dans mes bras. C’est la première fois qu’on s’est vraiment embrassés et j’ai beaucoup aimé. Je suis heureux d’être venu te rechercher. Allez petit cul, en voiture. On va faire un crochet par le centre ville.
Le chauffeur a assisté à nos retrouvailles, surpris tout autant que médusé devant le décalage social manifeste de nos situations. Dans le rétroviseur, je vois son regard circonspect. Il ne dit mot. Harmonie a déposé son sac à côté d’elle. J’ai habillé son joli visage d’un masque noir qui tranche à merveille avec ses yeux bleus et ses cheveux rouges. Elle s’est laissée faire en me dévorant de ses yeux magnifiques.
- Si tu continues comme ça…
- Chut !
- On va où ?
- On a un peu de temps à tuer avant de reprendre l’avion et du coup on va en profiter pour faire quelques emplettes.
- Encore ? Mais on en a déjà fait tout plein la dernière fois.
Nous avons lâché le taxi aux abords de la rue piétonne et main dans la main, nous avons commencé à arpenter les vitrines. Dans le premier magasin, on a trouvé un peu de lingerie, trois shortys dont un en dentelle, deux petites culottes et un tanga. Je voulais qu’elle prenne aussi un ou deux strings mais Harmonie n’a pas adopté ma proposition, pour une question de confort m’a-t-elle dit. Devant sa détermination, j’ai dû abdiquer mais avec la ferme intention d’y revenir plus tard ; des fesses aussi jolies sans même un string, c’est une offense à la beauté. De même elle a refusé tous les soutien-gorges que je lui ai suggérés au motif que ses seins n’ont pas besoin d’artifice pour être soutenus, ce que je veux bien admettre. Je me rends compte que l’air de rien, elle a du caractère et si elle ne sait pas encore précisément ce qu’elle veut, elle sait pertinemment ce qu’elle ne veut pas. Les cabines d’essayage étant toutes condamnées, nous avons acheté sur taille bien à regrets. Je me faisais déjà une joie d’enlever et de remettre tous ces petits bouts de tissus. Et bien, c’est raté.
Dans la seconde vitrine, un peu plus loin, on a trouvé une petite robe mode noire, à bretelles et lorsque dans la cabine d’essayage, nous nous sommes engouffrés tous les deux, sous le regard inhospitalier des vendeuses...
- Monsieur s’il vous plaît, une personne par cabine.
J’ai dû expliquer avec force et conviction, en passant la tête par devant le rideau tiré, qu’avec un bras dans le plâtre l’essayage allait vite devenir compliqué et que si elles voulaient vendre, il n’y avait pas d’autre solution. Bon grès mal grès, elles nous ont laissé tranquille, se contentant de surveiller de loin ces deux clients hors norme. Derrière le rideau, le sourire d’Harmonie, de plus en plus entreprenant et j’avoue que ce n’est pas pour me déplaire. Son chemisier que je déboutonne et qui tombe discrètement sur la moquette découvrant ses seins nus. Des baisers que je reçois dans mon cou comme autant de papillons volages. Je prends plaisir à la regarder se dévêtir maladroitement l’aidant parfois lorsque d’un regard insistant ou quémandeur elle me supplie de coopérer. Impossible de résister devant ses yeux malicieux et puis j’aime ses lèvres si simples qui m’invitent sans détours, j’adore ses seins d’une blancheur surprenante, ceux que j’avais caressés avec une passion dévorante et qui me toisent maintenant en toute indécence éclairés par les projecteurs de la cabine d’essayage. Nos regards se croisent, se dévorent, s’enflamment. Mes mains partent à l’aventure sur ce terrain déjà si familier, doucement repoussées.
- Pas si vite. Tu peux me passer la robe ?
Elle lève les mains au ciel, ce qui soulève ses seins déjà tous excités. Je glisse l’échancrure du vêtement le long de ses bras et le tissu vient envelopper son corps d’un voile noir juste accroché à ses épaules par deux bretelles que j’ajuste en effleurant légèrement la pointe de ses seins. La réaction ne se fait pas attendre et deux petites pointes téméraires accentuent leur présence sous l’étoffe faiblement comprimée. Son buste est magnifique et ainsi vêtue, elle est encore plus désirable que nue. Il faut dire que ses fesses sont si bien mises en valeur, que la robe qui les recouvre les rend admirables et excitantes. Ainsi habillée, Harmonie est somptueuse même avec ses cheveux rouges et ses bottines de marche. Elle tire le rideau et quitte la cabine pour se mirer dans une glace.
- Elle vous va comme un gant. On dirait qu’elle a été conçue pour vous, pour votre corps s’exclame l’une des vendeuses en lui ajustant un pli. Et cette transition, le rouge et le noir…
- Henry Beyle
- Comment ?
- Non rien, ce n’est pas important.
- Vous la prenez ?
Harmonie se tourne vers moi.
- Tu en penses quoi ?
- Tu es magnifique ma chérie.
- Alors je la prends ?
- Évidemment et je te propose même de la garder.
Dans la rue piétonne, les regards se font plus insistants, plus pressants aussi. Harmonie s’arrête, se tourne vers moi.
- Embrasse-moi. J’ai vraiment envie maintenant. J’avais si peur de te décevoir.
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