24-06-2021, 07:57 AM
CHAPITRE XI 2/2
Harmonie revient hanter mes pensées, loin, bien loin de l’expérience que je viens de vivre. Mais je me rends compte que j’étais avec elle dans la piscine, que c’est à elle que je faisais l’amour, que s’est à n’en pas douter son sourire délicat, rêveur, enthousiasmé, émerveillé que je voulais voir accroché à ses lèvres. Je suis déstabilisé par l’attirance que j’ai pour cette femme. L’ascendant qu’elle a suscité sur moi est si énorme qu’elle me manque déjà.
Victoria est revenue de la baignade accompagnée des deux autres filles. Les transats s’agglutinent, le champagne coule dans les verres jusqu’à épuisement.
- Mélanie et Aurore.
- Patrick
Après la piscine, nous nous sommes donnés rendez-vous pour le repas du soir. Mélanie et Aurore sont ensembles. Impossible de s’y tromper. La trentaine pour l’une, une vingtaine bien tassée pour l’autre, je ne peux m’empêcher d’associer leur couple à Léa et Caroline. Aurore, la plus âgée, a un comportement plus masculin et elle semble beaucoup plus engagée dans sa relation que Mélanie qui donne le sentiment d’être un peu plus volage. D’ailleurs dans la piscine, c’est cette dernière qui s’est approchée de moi, elle qui m’a embrassé, elle qui est venue prendre la température et je me suis même demandé ce qu’il serait advenu si j’avais eu encore un peu de tenue. Faute de velléité, la question ne s’est pas posée.
A table, les discussions vont bon train. Je m’attendais à passer une soirée monotone seul dans ma cabine et j’avoue qu’en si charmante compagnie, ça change radicalement l’horizon. On apprendra que les filles ont loué un petit appartement à Porto-Vecchio, sur la côte Est, légèrement retiré dans les terres, entouré de pins, pour être plus tranquilles. Ma résidence secondaire est elle aussi sur la côte Est mais un peu plus haut en direction de Bastia, un mas perdu entre châtaigneraie et mer, à proximité d’Aléria. Elles sont toutes deux passionnées de chevaux, de nature, de randonnées et de sports nautiques et en cela, elles s’accordent à la perfection avec Victoria. Leur couple, comme j’ai pu le voir dans la piscine, est ouvert à toutes suggestions, plutôt opportuniste, fantasque même avec l’ivresse des sens en lame de fond, le plaisir corporel comme une devise ancrée dans leur façon de vivre, sans jalousie, sans possession, sans rivalité. Victoria qui ne m’a pas parue bien farouche dans la relation femme-femme, avoue avoir déjà flirté avec l’homosexualité mais à petite dose. Et là, elle a été sublimée. Je remarque et je ne suis pas le seul, qu’Aurore dévore Victoria des yeux et pas seulement au-dessus de la table. Mélanie en a profité pour se rapprocher de moi, indifférente au comportement on ne peut plus manifeste de son amie.
On rit, on mange, on boit, on s’échange nos numéros de téléphone. La fin de la soirée approche et le tangage du bateau s’est intensifié. Le vent secoue les vagues accentuant ainsi le roulis du navire.
Sur le pont difficile de lutter et il faut s’accrocher farouchement aux rambardes. Les bourrasques gonflent ma chemise et soulèvent le voilage des filles pour notre plus grand plaisir, dévoilant string, tanga et des fesses toutes nues. Heureusement que je suis là pour donner un avis masculin. Toutes ces images magnifiques perdues dans la nuit ; un pur gâchis d'érotisme et de sensualité. La houle s’est largement formée et unis par nos mains, on monte une chaîne humaine dans laquelle les lèvres de Mélanie n’hésitent pas à venir effleurer les miennes. Aurore et Victoria ne sont pas en reste. L’humour et la bonne humeur s’est installé dans notre petit groupe. Les éclats de nos rires puissants et effrontés sont balayés par le vent et lorsque nous regagnons ensemble les coursives, je vois venir la suite et j’appréhende.
Victoria et Aurore ont disparu au détour d’un couloir. Il ne reste que Mélanie et moi mais je vois que ça ne va pas fort. Elle est devenue toute pâle d’un seul coup.
- Je crois que je ne me sens pas bien Patrick. Je vais aller…
Je ne détaillerai pas ici ce qu’il s’est passé par la suite. J’ai eu juste le temps de faire un bond sur le côté. Un membre de l’équipage averti, a accouru avec seau et serpillière et j’ai reconduit Mélanie à sa cabine. J’ai regagné la mienne tranquillement devant cette soirée qui s’est achevée de façon impromptue.
Dans ma couchette, mes pensées se tournent automatiquement vers Harmonie. Je me demande à cette heure tardive si elle est tout comme moi allongée sur son lit, le regard perdu sur les murs délavés de sa chambre ou si elle est debout, sa frimousse à la fenêtre grande ouverte pour respirer l’air frais extérieur derrière les barreaux d’acier. Je pense qu’ici elle aurait été émerveillée, émerveillée par le hublot d’où on peut voir l’écume perler au sommet des vagues, émerveillée aussi par la décoration sophistiquée qui orne les cloisons. Je me demande où vont ses pensées. Pourquoi, elle qui a connu tout compte fait une enfance difficile dans un cadre plutôt préservé, elle se retrouve maintenant à vivre dans la rue ? Quelque chose m‘échappe. Ses parents ? Probablement son père ? J’ai évité de la questionner par peur de ce que je pouvais trouver en réponse. Mais une chose est sûre. Sous ses aspects de marginale, elle a une certaine culture, une façon de s’exprimer qui est en décalage avec la position sociale qu’elle affiche même si elle le cache sous un vocabulaire parfois familier, un masque dont elle s’est affublée, un déguisement vestimentaire pour mieux se fondre dans la masse.
Cette fin de nuit, j’ai rêvé d’une femme battue, violée, soumise aux affres des hommes. Une femme sur laquelle on s’acharnait violemment, comme une hérétique innocente, coupable d’être présente. Dans mon délire nocturne, menotté, attaché par de lourdes chaînes presque identiques à celle trouvées dans une voiture, je ne pouvais que pleurer, incapable de la sauver.
Le lendemain matin, à peine le temps de prendre un café qu’il faut rejoindre nos véhicules en cale.
Deux voitures devant moi, j’aperçois Aurore et Mélanie qui attendent impatiemment elles aussi pour quitter le navire. Je vais leurs faire un petit coucou. Mélanie est encore toute pale, à peine remise.
- Je me suis vidée toute la nuit. Même quand il n’y avait plus rien, il y en avait encore. C’était horrible.
On promet de se revoir très rapidement. La file dans laquelle nous sommes s’ébranle tout doucement. Je regagne ma Mercedes et me voilà enfin à l’air libre.
Harmonie revient hanter mes pensées, loin, bien loin de l’expérience que je viens de vivre. Mais je me rends compte que j’étais avec elle dans la piscine, que c’est à elle que je faisais l’amour, que s’est à n’en pas douter son sourire délicat, rêveur, enthousiasmé, émerveillé que je voulais voir accroché à ses lèvres. Je suis déstabilisé par l’attirance que j’ai pour cette femme. L’ascendant qu’elle a suscité sur moi est si énorme qu’elle me manque déjà.
Victoria est revenue de la baignade accompagnée des deux autres filles. Les transats s’agglutinent, le champagne coule dans les verres jusqu’à épuisement.
- Mélanie et Aurore.
- Patrick
- °° -
Après la piscine, nous nous sommes donnés rendez-vous pour le repas du soir. Mélanie et Aurore sont ensembles. Impossible de s’y tromper. La trentaine pour l’une, une vingtaine bien tassée pour l’autre, je ne peux m’empêcher d’associer leur couple à Léa et Caroline. Aurore, la plus âgée, a un comportement plus masculin et elle semble beaucoup plus engagée dans sa relation que Mélanie qui donne le sentiment d’être un peu plus volage. D’ailleurs dans la piscine, c’est cette dernière qui s’est approchée de moi, elle qui m’a embrassé, elle qui est venue prendre la température et je me suis même demandé ce qu’il serait advenu si j’avais eu encore un peu de tenue. Faute de velléité, la question ne s’est pas posée.
A table, les discussions vont bon train. Je m’attendais à passer une soirée monotone seul dans ma cabine et j’avoue qu’en si charmante compagnie, ça change radicalement l’horizon. On apprendra que les filles ont loué un petit appartement à Porto-Vecchio, sur la côte Est, légèrement retiré dans les terres, entouré de pins, pour être plus tranquilles. Ma résidence secondaire est elle aussi sur la côte Est mais un peu plus haut en direction de Bastia, un mas perdu entre châtaigneraie et mer, à proximité d’Aléria. Elles sont toutes deux passionnées de chevaux, de nature, de randonnées et de sports nautiques et en cela, elles s’accordent à la perfection avec Victoria. Leur couple, comme j’ai pu le voir dans la piscine, est ouvert à toutes suggestions, plutôt opportuniste, fantasque même avec l’ivresse des sens en lame de fond, le plaisir corporel comme une devise ancrée dans leur façon de vivre, sans jalousie, sans possession, sans rivalité. Victoria qui ne m’a pas parue bien farouche dans la relation femme-femme, avoue avoir déjà flirté avec l’homosexualité mais à petite dose. Et là, elle a été sublimée. Je remarque et je ne suis pas le seul, qu’Aurore dévore Victoria des yeux et pas seulement au-dessus de la table. Mélanie en a profité pour se rapprocher de moi, indifférente au comportement on ne peut plus manifeste de son amie.
On rit, on mange, on boit, on s’échange nos numéros de téléphone. La fin de la soirée approche et le tangage du bateau s’est intensifié. Le vent secoue les vagues accentuant ainsi le roulis du navire.
Sur le pont difficile de lutter et il faut s’accrocher farouchement aux rambardes. Les bourrasques gonflent ma chemise et soulèvent le voilage des filles pour notre plus grand plaisir, dévoilant string, tanga et des fesses toutes nues. Heureusement que je suis là pour donner un avis masculin. Toutes ces images magnifiques perdues dans la nuit ; un pur gâchis d'érotisme et de sensualité. La houle s’est largement formée et unis par nos mains, on monte une chaîne humaine dans laquelle les lèvres de Mélanie n’hésitent pas à venir effleurer les miennes. Aurore et Victoria ne sont pas en reste. L’humour et la bonne humeur s’est installé dans notre petit groupe. Les éclats de nos rires puissants et effrontés sont balayés par le vent et lorsque nous regagnons ensemble les coursives, je vois venir la suite et j’appréhende.
- °° -
Victoria et Aurore ont disparu au détour d’un couloir. Il ne reste que Mélanie et moi mais je vois que ça ne va pas fort. Elle est devenue toute pâle d’un seul coup.
- Je crois que je ne me sens pas bien Patrick. Je vais aller…
Je ne détaillerai pas ici ce qu’il s’est passé par la suite. J’ai eu juste le temps de faire un bond sur le côté. Un membre de l’équipage averti, a accouru avec seau et serpillière et j’ai reconduit Mélanie à sa cabine. J’ai regagné la mienne tranquillement devant cette soirée qui s’est achevée de façon impromptue.
Dans ma couchette, mes pensées se tournent automatiquement vers Harmonie. Je me demande à cette heure tardive si elle est tout comme moi allongée sur son lit, le regard perdu sur les murs délavés de sa chambre ou si elle est debout, sa frimousse à la fenêtre grande ouverte pour respirer l’air frais extérieur derrière les barreaux d’acier. Je pense qu’ici elle aurait été émerveillée, émerveillée par le hublot d’où on peut voir l’écume perler au sommet des vagues, émerveillée aussi par la décoration sophistiquée qui orne les cloisons. Je me demande où vont ses pensées. Pourquoi, elle qui a connu tout compte fait une enfance difficile dans un cadre plutôt préservé, elle se retrouve maintenant à vivre dans la rue ? Quelque chose m‘échappe. Ses parents ? Probablement son père ? J’ai évité de la questionner par peur de ce que je pouvais trouver en réponse. Mais une chose est sûre. Sous ses aspects de marginale, elle a une certaine culture, une façon de s’exprimer qui est en décalage avec la position sociale qu’elle affiche même si elle le cache sous un vocabulaire parfois familier, un masque dont elle s’est affublée, un déguisement vestimentaire pour mieux se fondre dans la masse.
Cette fin de nuit, j’ai rêvé d’une femme battue, violée, soumise aux affres des hommes. Une femme sur laquelle on s’acharnait violemment, comme une hérétique innocente, coupable d’être présente. Dans mon délire nocturne, menotté, attaché par de lourdes chaînes presque identiques à celle trouvées dans une voiture, je ne pouvais que pleurer, incapable de la sauver.
- °° -
Le lendemain matin, à peine le temps de prendre un café qu’il faut rejoindre nos véhicules en cale.
Deux voitures devant moi, j’aperçois Aurore et Mélanie qui attendent impatiemment elles aussi pour quitter le navire. Je vais leurs faire un petit coucou. Mélanie est encore toute pale, à peine remise.
- Je me suis vidée toute la nuit. Même quand il n’y avait plus rien, il y en avait encore. C’était horrible.
On promet de se revoir très rapidement. La file dans laquelle nous sommes s’ébranle tout doucement. Je regagne ma Mercedes et me voilà enfin à l’air libre.
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