22-06-2021, 08:51 PM
* 56 *
12 février 2009
- Bonjour m'man.
- Bonjour Jeremy, ça va mieux ?
- Oui, j'ai eu un coup de barre hier, désolé.
- Tu sais que tu peux m'en parler si ça ne va pas, répond ma mère qui n'est pas dupe.
Maman, j'ai fait une connerie, et j'ai peut-être le sida... Non, je me vois mal en parler... je ne peux pas... j'ai trop honte.
Et de toute façon, tant que je ne serai pas fixé, à quoi bon dire quoi que ce soit ? J'ai assez de mes propres inquiétudes sans rajouter les leurs.
Je prends mon petit-déjeuner avec mon frère qui me lance des regards par-dessus son bol.
- Je vais bien, Jean.
Il reste silencieux jusqu'à ce que ma mère soit sortie vérifier la boîte aux lettres. Elle n'aime pas laisser traîner le courrier, de peur qu'on nous le vole.
- Pendant que tu étais sous la douche, ce matin, j'ai été dans ta chambre, me sort-il alors.
Je le fixe, mais il soutient mon regard, sérieux.
- Y en a qui ne se gênent pas, dis-je, tout en sachant très bien ce qu'il a été faire. Et merde...
- Je m'inquiétais pour toi, figure-toi. Alors j'ai été voir ce que c'était que ces médicaments. Je... je croyais que c'était de la méthadone.
- Oh, merci pour ta confiance ! Non, je ne me drogue pas, j'ai assez de problèmes comme ça.
- Oui, je... je suis désolé, Jerem.
Il se lève et va me serrer dans ses bras, à ma grande surprise.
- Je ne veux pas que tu meures ! Lâche-t-il.
Touché, je m'empresse de le rassurer.
- Jean, c'est juste un traitement d'urgence, au cas où... rien ne dit que je sois contaminé, et si je l'ai été, ça fait maintenant presque un mois que je suis traité, le virus n'y survivra pas, t'en fais pas. Et dans le pire des cas, les traitements récents sont assez efficaces. Ce sera un peu comme si j'étais diabétique, astreint à vie à un traitement, ce sera pénible mais je ne mourrai pas de sitôt, t'en fais pas.
Il ne répond rien, aussi je continue.
- S'il te plaît, n'en parle pas à maman. Je ne veux pas l'inquiéter pour rien. Si jamais je n'ai rien, à quoi ça aura servi ?
- D'accord, promet-il. Mais tu ne me cache plus rien, promis ?
- Eh, j'ai droit à une vie privée, non mais ! Tu veux pas que je t'invite dans ma chambre quand je suis avec Paul, non plus ?
- Euh, non merci. Dis... tu te protèges, hein, maintenant ?
- J'aime Paul, vraiment, Jean. Je ne veux pas qu'il vive ce que je vis en ce moment. Bien sûr que je me protège.
Je le serre un peu plus fort dans mes bras et le renvoie finir son bol.
- Allez, t'es pas encore en vacances ptit frère, va pas rater le lycée.
- Plus que quelques jours, se réjouit-il une poignée de secondes avant de reprendre un air sérieux.
- T'en fais pas pour moi, dis-je.
Au moment où je commence à m'inquiéter de ne pas revoir ma mère, elle rentre et dépose une lettre à côté de moi en entrant dans la cuisine.
- J'ai discuté un moment avec Marie, dit-elle.
- Comment va-t-elle ? Dis-je en examinant l'enveloppe.
C'est une enveloppe classique, blanche.
- Beaucoup mieux depuis que François est sorti du coma.
Je n'en reconnais pas l'écriture.
- J'imagine.
Je laisse un moment l'enveloppe de côté pour finir mon bol et ma dernière tartine.
- Par contre, elle a peur pour autre chose.
- Quoi donc ?
Je retourne l'enveloppe pour voir s'il y a une adresse d'expéditeur. Oui, il y en a une.
C'est Bruno qui m'a écrit.
- Elle s'inquiète de savoir s'il pourra remarcher. Les médecins disent qu'il ne devrait pas y avoir de problème, mais elle n'arrive pas à se rassurer.
- Ouais, fais-je, indifférent, sans avoir rien entendu de ce que disait ma mère.
- Tu m'écoutes ?
- Hein ?
Elle répète ce qu'elle vient de dire. Je m'efforce de répondre normalement.
- Chacun a ses petites frayeurs, je pense, certaines ont peur qu'on leur vole leur courrier...
- Bah tiens, ça pourrait très bien arriver !
- Qu'est-ce que je disais ?
Je me lève, ignorant les protestations de ma mère - le sujet a maintes fois été évoqué - et lave mon bol et mes couverts avant de me cloîtrer dans ma chambre avec l'enveloppe.
Elle m'emplit d'une étrange sensation. Bruno est mort, je n'arrive toujours pas à le réaliser vraiment... et j'ai le sentiment que cette lettre va m'y contraindre, me mettre en face de réalités que je préfèrerais ne pas connaître. Malheureusement, je n'ai pas le choix... je dois savoir.
Non sans hésitations, j'ouvre l'enveloppe et en sors plusieurs feuillets.
Je les pose sur la table, les triant, et prends une grande inspiration en m'asseyant pour lire la première page.
Je sais déjà ce que je vais y trouver.
12 février 2009
- Bonjour m'man.
- Bonjour Jeremy, ça va mieux ?
- Oui, j'ai eu un coup de barre hier, désolé.
- Tu sais que tu peux m'en parler si ça ne va pas, répond ma mère qui n'est pas dupe.
Maman, j'ai fait une connerie, et j'ai peut-être le sida... Non, je me vois mal en parler... je ne peux pas... j'ai trop honte.
Et de toute façon, tant que je ne serai pas fixé, à quoi bon dire quoi que ce soit ? J'ai assez de mes propres inquiétudes sans rajouter les leurs.
Je prends mon petit-déjeuner avec mon frère qui me lance des regards par-dessus son bol.
- Je vais bien, Jean.
Il reste silencieux jusqu'à ce que ma mère soit sortie vérifier la boîte aux lettres. Elle n'aime pas laisser traîner le courrier, de peur qu'on nous le vole.
- Pendant que tu étais sous la douche, ce matin, j'ai été dans ta chambre, me sort-il alors.
Je le fixe, mais il soutient mon regard, sérieux.
- Y en a qui ne se gênent pas, dis-je, tout en sachant très bien ce qu'il a été faire. Et merde...
- Je m'inquiétais pour toi, figure-toi. Alors j'ai été voir ce que c'était que ces médicaments. Je... je croyais que c'était de la méthadone.
- Oh, merci pour ta confiance ! Non, je ne me drogue pas, j'ai assez de problèmes comme ça.
- Oui, je... je suis désolé, Jerem.
Il se lève et va me serrer dans ses bras, à ma grande surprise.
- Je ne veux pas que tu meures ! Lâche-t-il.
Touché, je m'empresse de le rassurer.
- Jean, c'est juste un traitement d'urgence, au cas où... rien ne dit que je sois contaminé, et si je l'ai été, ça fait maintenant presque un mois que je suis traité, le virus n'y survivra pas, t'en fais pas. Et dans le pire des cas, les traitements récents sont assez efficaces. Ce sera un peu comme si j'étais diabétique, astreint à vie à un traitement, ce sera pénible mais je ne mourrai pas de sitôt, t'en fais pas.
Il ne répond rien, aussi je continue.
- S'il te plaît, n'en parle pas à maman. Je ne veux pas l'inquiéter pour rien. Si jamais je n'ai rien, à quoi ça aura servi ?
- D'accord, promet-il. Mais tu ne me cache plus rien, promis ?
- Eh, j'ai droit à une vie privée, non mais ! Tu veux pas que je t'invite dans ma chambre quand je suis avec Paul, non plus ?
- Euh, non merci. Dis... tu te protèges, hein, maintenant ?
- J'aime Paul, vraiment, Jean. Je ne veux pas qu'il vive ce que je vis en ce moment. Bien sûr que je me protège.
Je le serre un peu plus fort dans mes bras et le renvoie finir son bol.
- Allez, t'es pas encore en vacances ptit frère, va pas rater le lycée.
- Plus que quelques jours, se réjouit-il une poignée de secondes avant de reprendre un air sérieux.
- T'en fais pas pour moi, dis-je.
Au moment où je commence à m'inquiéter de ne pas revoir ma mère, elle rentre et dépose une lettre à côté de moi en entrant dans la cuisine.
- J'ai discuté un moment avec Marie, dit-elle.
- Comment va-t-elle ? Dis-je en examinant l'enveloppe.
C'est une enveloppe classique, blanche.
- Beaucoup mieux depuis que François est sorti du coma.
Je n'en reconnais pas l'écriture.
- J'imagine.
Je laisse un moment l'enveloppe de côté pour finir mon bol et ma dernière tartine.
- Par contre, elle a peur pour autre chose.
- Quoi donc ?
Je retourne l'enveloppe pour voir s'il y a une adresse d'expéditeur. Oui, il y en a une.
C'est Bruno qui m'a écrit.
- Elle s'inquiète de savoir s'il pourra remarcher. Les médecins disent qu'il ne devrait pas y avoir de problème, mais elle n'arrive pas à se rassurer.
- Ouais, fais-je, indifférent, sans avoir rien entendu de ce que disait ma mère.
- Tu m'écoutes ?
- Hein ?
Elle répète ce qu'elle vient de dire. Je m'efforce de répondre normalement.
- Chacun a ses petites frayeurs, je pense, certaines ont peur qu'on leur vole leur courrier...
- Bah tiens, ça pourrait très bien arriver !
- Qu'est-ce que je disais ?
Je me lève, ignorant les protestations de ma mère - le sujet a maintes fois été évoqué - et lave mon bol et mes couverts avant de me cloîtrer dans ma chambre avec l'enveloppe.
Elle m'emplit d'une étrange sensation. Bruno est mort, je n'arrive toujours pas à le réaliser vraiment... et j'ai le sentiment que cette lettre va m'y contraindre, me mettre en face de réalités que je préfèrerais ne pas connaître. Malheureusement, je n'ai pas le choix... je dois savoir.
Non sans hésitations, j'ouvre l'enveloppe et en sors plusieurs feuillets.
Je les pose sur la table, les triant, et prends une grande inspiration en m'asseyant pour lire la première page.
Je sais déjà ce que je vais y trouver.
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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