18-06-2021, 09:39 PM
* 52 *
8 février 2009
Ma mère nous conduit vers Sochaux en voiture dès le lendemain. Marie est assise derrière moi, à côté de Jean qui a tenu à nous accompagner. Ça m'étonne, je pense - et je lui ai dit - que c'est encore trop tôt mais il m'a regardé, sérieux, et m'a dit :
- J'ai un frère à connaître.
- Mais tu auras l'occasion de le voir plus tard. Tu n'as pas envie de profiter de ce dimanche, seul avec ta copine ?
Il a réfléchi, tenté - qui ne le serait pas, d'ailleurs ? - mais a secoué la tête, négativement.
- Non, je veux faire sa connaissance.
- Comme tu veux.
Nous sommes donc quatre à sortir de la voiture à notre arrivée. Je marche avec soulagement. Je n'aime pas ces longs trajets qui ankylosent mes jambes. Je crois que je prendrai une moto plutôt qu'une voiture. Enfin, ce n'est pas le moment de penser à ça.
Nous entrons dans le hall de l'hôpital et rejoignons bientôt la chambre de François. Le médecin ne nous permet qu'une courte visite, et nous décidons de laisser Marie entrer seule et passer un moment avec lui.
Lorsqu'elle finit par ressortir, je rentre ensuite, désireux moi aussi de lui parler seul à seul.
Je l'examine attentivement. Il a une cicatrice sur la tempe, mais à part ça, il a l'air d'aller plutôt bien.
- Salut. Tu m'as fait sacrément peur, tu sais.
- Je m'en doute.
- Ça va ?
- Ça pourrait aller mieux... après avoir fait la plus belle grasse matinée de ma vie, je vais avoir besoin d'un peu de temps pour remarcher, d'autant qu'un abruti a cassé pas mal de mes os...
- Je suis vraiment désolé.
- Eh, t'as pas à l'être. Je suis heureux que tu en aies réchappé. Les médecins pensent que je n'aurai pas de séquelles, ce qui me remonte le moral. Je m'en sortirai.
- Tant mieux !
- Dis-moi... j'imagine qu'avec tout ça tu n'as pas pu terminer ce qu'on avait entrepris ?
- Non... mais j'ai discuté avec ma mère et la tienne, et elles m'ont raconté leur version des faits.
Je lui résume l'histoire de ma mère et il ferme les yeux un moment avant de les rouvrir. Il a l'air songeur.
- Je dois réfléchir à ça. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que quelque chose cloche dans cette histoire.
- Pourquoi aurait-elle menti ?
- La question mérite d'être posée.
- Je préfère ne pas y penser...
- S'il te plaît, Jeremy... j'ai besoin de connaître la vérité.
- Pourquoi ? Celle-ci ne te convient pas ?
- Je ne supporte pas l'idée qu'on puisse me mentir sur mes origines.
- Hum...
Toi non plus, tu ne me dis pas tout, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas moi qui te jetterai la pierre sur ce sujet. J'ai moi aussi des choses que je préfère garder pour moi.
Quand bien même ce secret m'inflige bien des tourments. Regrets, culpabilité...
Mieux vaut changer de sujet, ou je vais encore déprimer.
- Mon petit frère est là. Il a envie de te connaître. Il te considère comme un frère perdu, et j'aimerais que tu lui fasses bon accueil. Je l'adore, tu sais.
- Pas de problème, je serais heureux d'avoir un petit frère.
- Mouais, enfin, petit, il a quinze ans quand même. Et trois centimètres de moins que moi... je sens qu'il va me dépasser, le bougre.
- Fais-le entrer, je vais pas le manger ton frère.
- Oui, dis-je en riant.
J'ouvre la porte et fais signe à Jean.
- François, je te présente Jean, mon petit frère.
- Salut. Ton... mon... notre frère m'a beaucoup parlé de toi, je suis ravi de te connaître.
- Moi aussi. Je suis désolé de ne pas avoir été te voir. Jerem raconte tellement de bêtises que je ne l'ai pas cru quand il a dit avoir rencontré un sosie.
- Ce n'est pas grave. Je regrette juste qu'on fasse connaissance ici.
- Quand tu sortiras, on fera une fête tous ensemble, pas vrai Jerem ?
- Et comment ! Tu peux y compter.
- Merci, ça me fera plaisir, dit François. Dis, Jerem, tu pourrais me rendre un service, s'il te plaît ?
- Bien sûr.
- Le rapport d'analyse que je t'avais filé avant l'accident... La directrice de l'hôpital voulait le voir, tu te souviens ?
Misère. Il ne lâche pas l'affaire. Pfff...
- Oui, avec toute cette histoire, je l'avais gardé dans ma sacoche.
- Je comprends que tu ais eu autre chose en tête après l'accident.
- Je m'en occupe tout de suite. Je te laisse avec Jean et ma mère. Soyez sages.
Je sors et m'approche de ma mère.
- Faites connaissance, tous les deux. Je dois m'occuper d'un dossier, après la transfusion que j'ai faite dans l'ambulance, je vous rejoindrai soit ici soit au parking.
- D'accord.
Le papier est toujours dans la pochette de ma sacoche. Alors que je rejoins le service maternité, mon cœur se met à battre. Je vais accomplir la démarche que nous étions sur le point de faire juste avant l'accident. Amener la preuve de notre fraternité convaincra la responsable de regarder dans les dossiers. Mais que va-t-il en sortir ?
8 février 2009
Ma mère nous conduit vers Sochaux en voiture dès le lendemain. Marie est assise derrière moi, à côté de Jean qui a tenu à nous accompagner. Ça m'étonne, je pense - et je lui ai dit - que c'est encore trop tôt mais il m'a regardé, sérieux, et m'a dit :
- J'ai un frère à connaître.
- Mais tu auras l'occasion de le voir plus tard. Tu n'as pas envie de profiter de ce dimanche, seul avec ta copine ?
Il a réfléchi, tenté - qui ne le serait pas, d'ailleurs ? - mais a secoué la tête, négativement.
- Non, je veux faire sa connaissance.
- Comme tu veux.
Nous sommes donc quatre à sortir de la voiture à notre arrivée. Je marche avec soulagement. Je n'aime pas ces longs trajets qui ankylosent mes jambes. Je crois que je prendrai une moto plutôt qu'une voiture. Enfin, ce n'est pas le moment de penser à ça.
Nous entrons dans le hall de l'hôpital et rejoignons bientôt la chambre de François. Le médecin ne nous permet qu'une courte visite, et nous décidons de laisser Marie entrer seule et passer un moment avec lui.
Lorsqu'elle finit par ressortir, je rentre ensuite, désireux moi aussi de lui parler seul à seul.
Je l'examine attentivement. Il a une cicatrice sur la tempe, mais à part ça, il a l'air d'aller plutôt bien.
- Salut. Tu m'as fait sacrément peur, tu sais.
- Je m'en doute.
- Ça va ?
- Ça pourrait aller mieux... après avoir fait la plus belle grasse matinée de ma vie, je vais avoir besoin d'un peu de temps pour remarcher, d'autant qu'un abruti a cassé pas mal de mes os...
- Je suis vraiment désolé.
- Eh, t'as pas à l'être. Je suis heureux que tu en aies réchappé. Les médecins pensent que je n'aurai pas de séquelles, ce qui me remonte le moral. Je m'en sortirai.
- Tant mieux !
- Dis-moi... j'imagine qu'avec tout ça tu n'as pas pu terminer ce qu'on avait entrepris ?
- Non... mais j'ai discuté avec ma mère et la tienne, et elles m'ont raconté leur version des faits.
Je lui résume l'histoire de ma mère et il ferme les yeux un moment avant de les rouvrir. Il a l'air songeur.
- Je dois réfléchir à ça. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que quelque chose cloche dans cette histoire.
- Pourquoi aurait-elle menti ?
- La question mérite d'être posée.
- Je préfère ne pas y penser...
- S'il te plaît, Jeremy... j'ai besoin de connaître la vérité.
- Pourquoi ? Celle-ci ne te convient pas ?
- Je ne supporte pas l'idée qu'on puisse me mentir sur mes origines.
- Hum...
Toi non plus, tu ne me dis pas tout, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas moi qui te jetterai la pierre sur ce sujet. J'ai moi aussi des choses que je préfère garder pour moi.
Quand bien même ce secret m'inflige bien des tourments. Regrets, culpabilité...
Mieux vaut changer de sujet, ou je vais encore déprimer.
- Mon petit frère est là. Il a envie de te connaître. Il te considère comme un frère perdu, et j'aimerais que tu lui fasses bon accueil. Je l'adore, tu sais.
- Pas de problème, je serais heureux d'avoir un petit frère.
- Mouais, enfin, petit, il a quinze ans quand même. Et trois centimètres de moins que moi... je sens qu'il va me dépasser, le bougre.
- Fais-le entrer, je vais pas le manger ton frère.
- Oui, dis-je en riant.
J'ouvre la porte et fais signe à Jean.
- François, je te présente Jean, mon petit frère.
- Salut. Ton... mon... notre frère m'a beaucoup parlé de toi, je suis ravi de te connaître.
- Moi aussi. Je suis désolé de ne pas avoir été te voir. Jerem raconte tellement de bêtises que je ne l'ai pas cru quand il a dit avoir rencontré un sosie.
- Ce n'est pas grave. Je regrette juste qu'on fasse connaissance ici.
- Quand tu sortiras, on fera une fête tous ensemble, pas vrai Jerem ?
- Et comment ! Tu peux y compter.
- Merci, ça me fera plaisir, dit François. Dis, Jerem, tu pourrais me rendre un service, s'il te plaît ?
- Bien sûr.
- Le rapport d'analyse que je t'avais filé avant l'accident... La directrice de l'hôpital voulait le voir, tu te souviens ?
Misère. Il ne lâche pas l'affaire. Pfff...
- Oui, avec toute cette histoire, je l'avais gardé dans ma sacoche.
- Je comprends que tu ais eu autre chose en tête après l'accident.
- Je m'en occupe tout de suite. Je te laisse avec Jean et ma mère. Soyez sages.
Je sors et m'approche de ma mère.
- Faites connaissance, tous les deux. Je dois m'occuper d'un dossier, après la transfusion que j'ai faite dans l'ambulance, je vous rejoindrai soit ici soit au parking.
- D'accord.
Le papier est toujours dans la pochette de ma sacoche. Alors que je rejoins le service maternité, mon cœur se met à battre. Je vais accomplir la démarche que nous étions sur le point de faire juste avant l'accident. Amener la preuve de notre fraternité convaincra la responsable de regarder dans les dossiers. Mais que va-t-il en sortir ?
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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