CHAPITRE VIII (1/2)
La pose du plâtre n’a pas été une partie de plaisir surtout lorsque le docteur a remis en place la partie fracturée pour repositionner le poignet dans l’axe de son bras. Harmonie a hurlé de douleur malgré l’anesthésie locale et nous n’étions pas trop de deux, l’infirmière et moi, pour contenir la jeune femme.
Ensuite, après une ultime radio pour dissiper toute source d’anomalie future, son poignet a disparu derrière les bandelettes blanches enroulées du coude jusqu’à la phalange de ses doigts.
Je regarde la jeune femme qui très attentive, surveille le déroulement des opérations. De temps en temps elle me glisse un léger sourire. La douleur a disparu et elle est maintenant beaucoup plus détendue.
Elle admire le travail terminé, remercie le médecin et l’infirmière et avant de prendre la direction de la sortie, elle se tourne vers moi.
- Alors, vous vous êtes décidé ? Vous faites quoi ? Vous me gardez ou vous me laissez choir comme une vieille chaussette ?
- Pour maintenant, je ne rattraperai plus le temps perdu. On peut continuer ensemble si vous voulez mais je n’ai pas tout compris. Vous allez où exactement ?
- Je voulais quitter le Nord, les Hauts de France. Le climat est trop humide la-bas. Je choppe toutes les maladies respiratoires qui traînent même en été. Après comme je vous l’ai déjà dit, je n’ai pas de préférence particulière. Je m’adapte partout où je vais.
- Je dois être à Nice ce soir.
- Alors si vous le voulez bien, va pour Nice.
- Dix heures en compagnie d’un petit bourgeois capitaliste, vous allez tenir ?
- Si vous n’êtes pas trop chiant, ça devrait pouvoir le faire et puis, je n’ai jamais dit que j’allais me laisser faire. Je sais être coriace quand il le faut.
- Oui, ça j’ai vu. On se tutoie, se sera plus simple non ?
- D’accord mais si vous m’énervez, je vous vouvoie.
- Et moi si vous êtes insupportable, je vous jette dehors dis-je en riant.
- Ce ne sera que la deuxième fois mais je suis toujours là. Je vais finir par croire que vous tenez un peu à moi.
- J’avoue que vous m’amusez et tout compte fait, j’aime bien votre présence. Histoire de me changer les idées, c’est on ne peut plus réussi.
A treize heures, on quitte enfin l’hôpital. On y est resté trois bonnes heures. Avec tout ces rebondissements, j’ai maintenant cinq heures de retard sur l’horaire initial mais comme personne ne m’attend, tout va bien. Et puis elle m’amuse de plus en plus avec son côté Caliméro. Ni méchante, ni vindicative, ni vulgaire, je ne supporterai pas. Je prends plaisir à la titiller. Je cherche ses limites sans les approcher de trop près, conscient qu’elle pourrait ruer dans les brancards pour un mot mal placé. Le jeu du chat et de la souris et ce n’est pas pour me déplaire.
- On va essayé de trouver quelque chose à manger avant de reprendre l’autoroute.
- Tenez, je vois l’enseigne d’une restauration rapide la-bas.
- Heu ! Comme resto, ce n’est pas terrible ça.
- Oui mais ça au moins, je peux me l’offrir.
Harmonie prend la direction du comptoir pour commander.
- Tu fais quoi ?
- Ben je vais passer commande.
- Viens à la borne, c’est plus rapide.
- Euh, moi je n’ai pas de carte bleue. Tu sais, la banque et moi...
Je l’entraîne de force devant une borne et nous passons commande avant de nous attabler.
- L’air de rien pour un mec, tu as un foutu caractère quand même. Mais tu es sympa et j’apprécie.
Pour la deuxième fois, on se retrouve seuls, face à face. Mais cette fois ci, j’ai tout mon temps pour l’observer. Elle me surprend. Son visage s’est ouvert sur des yeux étincelants, sa bouche banale surmonté d’un petit nez légèrement en trompette, ses sourcils mauves qui contrastent avec la couleur de ses cheveux. Sa peau halée qui égaye son visage, le décolleté de ma chemise qui plonge sur ses seins, ses yeux d’un blanc profond sur lesquels reposent deux petites noisettes qui me scrutent et me dévisagent tout en sourire.
Sous la chemisette que je lui ai laissée, elle a des épaules osseuses, plutôt maigrichonne. J’ai été surpris par la pilosité qu’elle a développée sous les bras. Pour une femme c’est plutôt rare et de fil en aiguille, je me suis demandé en cachette ce qu’il en est un peu plus bas. Ses bras sont tout menus avec quelques tatouages originaux, en couleur pour certain, parfaitement disposé, dosés sans excès. Seuls les motifs interpellent.
J’ai adoré ses seins. Petits comme je les aime même si elle a tout fait pour les cacher et comme le sort s’est acharné contre elle, elle n’a pas eut d’autre choix que de capituler. Ma chemisette blanche lui va très bien et elle se coordonne parfaitement avec son jean noir, faisant ressortir son visage basané.
Manger avec un seul bras valide, ce n’est pas simple surtout que le menu ne s’y prête pas trop. J’aide Harmonie tant que faire ce peux. Un fois rassasiés, on quitte la table en terrasse, laissant aux moineaux le soin de finir le ménage.
- Je vais aux toilettes. Attends moi dans la voiture.
Je regagne ma Mercedes et j’allume la radio. Une minute passe, deux, puis trois. Harmonie frappe au carreau.
- Ca va ?
- Euh non. J’ai un problème ; je n’arrive pas à baisser mon pantalon.
- Et ?
- Tu peux venir ?
Dans les toilettes des femmes, toutes les cabines sont occupés. Nous attendons sagement que l’une d’elles se libère. Dire qu’on nous regarde bizarrement relève à n’en pas douter de l’euphémisme. Les mines outrées et désapprobatrices au possible soulevées par le look d’Harmonie et surtout ma présence incongrue en ce lieu purement féminin trahissent le malaise général. Harmonie me regarde et elle éclate de rire devant la gêne que je manifeste. J’avoue que je suis plutôt embarrassé ne sachant pas trop quelle contenance adopter.
- Il faudrait qu’elles se dépêchent. Je vais pisser dans ma culotte.
La pose du plâtre n’a pas été une partie de plaisir surtout lorsque le docteur a remis en place la partie fracturée pour repositionner le poignet dans l’axe de son bras. Harmonie a hurlé de douleur malgré l’anesthésie locale et nous n’étions pas trop de deux, l’infirmière et moi, pour contenir la jeune femme.
Ensuite, après une ultime radio pour dissiper toute source d’anomalie future, son poignet a disparu derrière les bandelettes blanches enroulées du coude jusqu’à la phalange de ses doigts.
Je regarde la jeune femme qui très attentive, surveille le déroulement des opérations. De temps en temps elle me glisse un léger sourire. La douleur a disparu et elle est maintenant beaucoup plus détendue.
Elle admire le travail terminé, remercie le médecin et l’infirmière et avant de prendre la direction de la sortie, elle se tourne vers moi.
- Alors, vous vous êtes décidé ? Vous faites quoi ? Vous me gardez ou vous me laissez choir comme une vieille chaussette ?
- Pour maintenant, je ne rattraperai plus le temps perdu. On peut continuer ensemble si vous voulez mais je n’ai pas tout compris. Vous allez où exactement ?
- Je voulais quitter le Nord, les Hauts de France. Le climat est trop humide la-bas. Je choppe toutes les maladies respiratoires qui traînent même en été. Après comme je vous l’ai déjà dit, je n’ai pas de préférence particulière. Je m’adapte partout où je vais.
- Je dois être à Nice ce soir.
- Alors si vous le voulez bien, va pour Nice.
- Dix heures en compagnie d’un petit bourgeois capitaliste, vous allez tenir ?
- Si vous n’êtes pas trop chiant, ça devrait pouvoir le faire et puis, je n’ai jamais dit que j’allais me laisser faire. Je sais être coriace quand il le faut.
- Oui, ça j’ai vu. On se tutoie, se sera plus simple non ?
- D’accord mais si vous m’énervez, je vous vouvoie.
- Et moi si vous êtes insupportable, je vous jette dehors dis-je en riant.
- Ce ne sera que la deuxième fois mais je suis toujours là. Je vais finir par croire que vous tenez un peu à moi.
- J’avoue que vous m’amusez et tout compte fait, j’aime bien votre présence. Histoire de me changer les idées, c’est on ne peut plus réussi.
A treize heures, on quitte enfin l’hôpital. On y est resté trois bonnes heures. Avec tout ces rebondissements, j’ai maintenant cinq heures de retard sur l’horaire initial mais comme personne ne m’attend, tout va bien. Et puis elle m’amuse de plus en plus avec son côté Caliméro. Ni méchante, ni vindicative, ni vulgaire, je ne supporterai pas. Je prends plaisir à la titiller. Je cherche ses limites sans les approcher de trop près, conscient qu’elle pourrait ruer dans les brancards pour un mot mal placé. Le jeu du chat et de la souris et ce n’est pas pour me déplaire.
- On va essayé de trouver quelque chose à manger avant de reprendre l’autoroute.
- Tenez, je vois l’enseigne d’une restauration rapide la-bas.
- Heu ! Comme resto, ce n’est pas terrible ça.
- Oui mais ça au moins, je peux me l’offrir.
Harmonie prend la direction du comptoir pour commander.
- Tu fais quoi ?
- Ben je vais passer commande.
- Viens à la borne, c’est plus rapide.
- Euh, moi je n’ai pas de carte bleue. Tu sais, la banque et moi...
Je l’entraîne de force devant une borne et nous passons commande avant de nous attabler.
- L’air de rien pour un mec, tu as un foutu caractère quand même. Mais tu es sympa et j’apprécie.
Pour la deuxième fois, on se retrouve seuls, face à face. Mais cette fois ci, j’ai tout mon temps pour l’observer. Elle me surprend. Son visage s’est ouvert sur des yeux étincelants, sa bouche banale surmonté d’un petit nez légèrement en trompette, ses sourcils mauves qui contrastent avec la couleur de ses cheveux. Sa peau halée qui égaye son visage, le décolleté de ma chemise qui plonge sur ses seins, ses yeux d’un blanc profond sur lesquels reposent deux petites noisettes qui me scrutent et me dévisagent tout en sourire.
Sous la chemisette que je lui ai laissée, elle a des épaules osseuses, plutôt maigrichonne. J’ai été surpris par la pilosité qu’elle a développée sous les bras. Pour une femme c’est plutôt rare et de fil en aiguille, je me suis demandé en cachette ce qu’il en est un peu plus bas. Ses bras sont tout menus avec quelques tatouages originaux, en couleur pour certain, parfaitement disposé, dosés sans excès. Seuls les motifs interpellent.
J’ai adoré ses seins. Petits comme je les aime même si elle a tout fait pour les cacher et comme le sort s’est acharné contre elle, elle n’a pas eut d’autre choix que de capituler. Ma chemisette blanche lui va très bien et elle se coordonne parfaitement avec son jean noir, faisant ressortir son visage basané.
Manger avec un seul bras valide, ce n’est pas simple surtout que le menu ne s’y prête pas trop. J’aide Harmonie tant que faire ce peux. Un fois rassasiés, on quitte la table en terrasse, laissant aux moineaux le soin de finir le ménage.
- Je vais aux toilettes. Attends moi dans la voiture.
Je regagne ma Mercedes et j’allume la radio. Une minute passe, deux, puis trois. Harmonie frappe au carreau.
- Ca va ?
- Euh non. J’ai un problème ; je n’arrive pas à baisser mon pantalon.
- Et ?
- Tu peux venir ?
Dans les toilettes des femmes, toutes les cabines sont occupés. Nous attendons sagement que l’une d’elles se libère. Dire qu’on nous regarde bizarrement relève à n’en pas douter de l’euphémisme. Les mines outrées et désapprobatrices au possible soulevées par le look d’Harmonie et surtout ma présence incongrue en ce lieu purement féminin trahissent le malaise général. Harmonie me regarde et elle éclate de rire devant la gêne que je manifeste. J’avoue que je suis plutôt embarrassé ne sachant pas trop quelle contenance adopter.
- Il faudrait qu’elles se dépêchent. Je vais pisser dans ma culotte.
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