CHAPITRE CXXV
''Pulcherrimus in mundo''
''Pulcherrimus in mundo''
Trois jours de chevauchée plus tard, arrêté en haut d'une colline, Burydan la vit enfin. Lutecia, la capitale de Mesmera et la plus grande ville de tout Genesia.
Lutecia, la mégapole de la démesure.
Elle comptait plus d'un million d'habitants, deux immenses rues la traversaient du Nord au Sud et d'Est en Ouest, les remparts de l'ancienne ville se voyaient encore, mais ne représentaient plus qu'un des quartiers de la cité. Elle s'étalait entre cinq collines, bordée par la forêt, qui reculait au fur et à mesure que la ville s'étendait, traversée par le fleuve Tibert.
Lutécia, la ville aux 40 arcs de triomphe, 12 forums, 28 bibliothèques, 11 grands thermes et 1 000 bains publics, 100 temples, 3 500 statues en métal de personnages illustres, 160 en astrium et ivoire de dieux et déesses, 25 statues équestres, 15 obélisques, 46 lupanars, 11 aqueducs et 1 352 fontaines publiques, 2 cirques pour les courses de char (le plus grand, le Circus Maximus pouvant accueillir près de 400 000 personnes), 2 amphithéâtres pour les combats de gladiateurs (le plus imposant, le Coliséum disposant de 60 000 places), 4 théâtres, 2 immenses ''naumachies'' (lacs artificiels destinés aux spectacles aquatiques) et 1 stade de 30 000 places pour les compétions d'athlétisme.
Et des parcs, des places arborées, des jardins aux fleurs multicolores et aux parfums enivrant, et la foule. L'immense foule qui se pressait aux différentes entrées de la ville : chariots, cavaliers, piétons...
Burydan et Rhonin durent prendre patience avant de pénétrer enfin dans la cité. Et même là, la presse était grande. Burydan repéra l'une des succursales de Grinn'Gotts et s'y arrêta pour pendre quelques pécunes.
- Connaissez-vous une bonne auberge au calme ? demanda-t-il au guichetier.
- Oui monsieur. Lorsque vous sortirez d'ici, prenez la première route à senestre et ce sera la... troisième rue à dextre. Vous ne pouvez pas vous tromper, c'est une impasse. Tout au bout il y a ''La Sole Pleureuse'', c'est une très bonne auberge, proprette et la nourriture y est de qualité.
Burydan remercia et se retrouva assez vite devant ''La Sole Pleureuse''. Elle était effectivement au bout d'une impasse de forme circulaire avec une fontaine en son centre. Un palefrenier dégingandé vint à leur rencontre.
- Bonjour voyageurs, vous allez gîter à l’auberge ?
- Oui da.
- Vous voulez que je m'occupe de vos chevaux.
- Si tu t'en occupes bien, dit Burydan en lui lançant une pièce.
- Comme si c’était les miens...
Burydan fut surpris par la façade de l'auberge. Elle était composée de grandes fenêtres. Le verre était tellement cher qu'il se demanda les prix qu'on pratiquait dans cet établissement.
Ils entrèrent. A cette heure avancée de la journée (on était presque à l'heure du dîner) il n'y avait que quelques clients attablés. Une femme d'une quarantaine d'années, aussi haute que large, s'approcha d'eux avec un immense sourire.
- Bonjour messieurs, soyez les bienvenus céans. Je suis Cunégonde, la patronne. Que puis-je pour vous ?
- A manger pour trois chevaux, pour deux hommes, et une chambre. Avec salle d'eau et commodités indépendantes... si tu as cela, évidemment...
- J'ai... mais ladite chambre coûte le double d'une chambre classique...
- Ce n'est pas un problème...
- Mais... il n'y a qu'un lit...
- Ce n'est pas un problème non plus... bien au contraire...
- Ah... je vois... Mais qui dort dîne...
- Et petit déjeune, et déjeune...
- Combien de temps allez-vous restez ?
- Aucune idée...
- Monsieur... monsieur ?
- Appelle moi Burydan...
- Eh bien Burydan, verriez vous offense à ce que je vous demande une avance... de deux ou trois jours...
- Je vais te payer une avance de quinze jours, que nous restions quinze jours ou non...
- Ah, voilà un client comme je les aime.
Burydan paya donc quinze jours d'avance. Le prix était correct et il ne barguigna même pas.
- A quelle heure est servit le dîner ?
- Eh bien vous pouvez vous installer... maintenant.
- Très bien. Le temps de déposer nos bagues dans la chambre.
- Maria ? Maria !
- Oui maîtresse.
- Ah, amène ces deux messieurs à la chambre du troisième... et vitement, fainéante... et prends leurs bagues...
- Oui maîtresse.
La dite Maria, jeune brunette de 16 ou 17 ans, voulu prendre les bagages mais Burydan comme à son habitude, dit :
- Laisse, Maria, nous allons le faire...
- La grand merci à vous,
- Mais c'est son travail et... commença Cunégonde.
- Et le client est roi... et c'est notre bon plaisir de monter nous-mêmes nos bagues...
Cunégonde n'insista pas et Maria lança à Burydan un regard de gratitude.
Belle chambre spacieuse. Une petite salle d'eau attenante, des commodités sur le palier, une grande fenêtre qui donnait sur l'arrière du bâtiment avec un petit balcon. Le grand luxe.
- Ces messieurs ont-ils besoin de quelque chose ?
- Oui, une carafe d'eau, un cruche de picrate premier choix et deux gobelets... Maria, ta maîtresse a-t-elle un service de lavandières ?
- Oui monsieur.
- Très bien, je te laisserai nos habits sales demain.
- Bien monsieur.
Maria partit sur une petite révérence et revint avec l'eau et le picrate.
- La grand merci à toi jolie Maria, dit Burydan en lui glissant un petite pièce dans la main.
Maria rougit.
- Oh, merci monsieur...
Elle glissa la pièce dans son cotillon et partit avec une nouvelle révérence.
Burydan et Rhonin descendirent et dînèrent. Comme d'habitude Rhonin mangea à tas et se frotta le ventre à la fin du repas.
- Tu as suffisamment manger, bébé ?
- Oh oui maître, c'était délicieux...
Burydan lui sourit et ils remontèrent dans leur chambre.
- Esclave, dit Burydan, range tes affaires et les miennes...
- Bien maître...