03-06-2021, 08:14 PM
* 38 *
- Ne dis rien à Jean, s'il te plaît. Je ne sais pas comment il le prendrait.
- Tu sais bien qu'il t'adore.
- Justement... c'est bien pour ça que j'ai du mal. Je lui en parlerai quand je serai sûr de moi.
- Comme tu veux. Et ton père ?
Je prends le temps d'y réfléchir.
- Papa ? Je n'en ai aucune idée...
- Laisse-moi lui en parler à son retour. Je sais le manier.
- Mouais... je vois pas l'intérêt, en fait...
- Éviter qu'il te demande si t'as une copine. Te savoir accepté par nous deux.
- Oui, tu as raison.
- Alors, qu'en est-il, côté cœur ?
- Euh, c'est compliqué.
- Vas-y. Je ne vais pas te manger.
- Tu te souviens d'Antoine ?
- Oui, il est venu assez souvent ici, jusqu'à la mi-aout, et ensuite plus rien. Que s'est-il passé ?
- Il est amoureux de moi. Et il a fini par me le dire, sauf que moi je n'étais pas prêt pour ça. Du coup, on est restés chacun de notre côté, moi parce que c'était embarrassant, et lui parce qu'il souffrait d'aimer sans espoir. Et puis on s'est revus hier... et les choses étaient différentes. Il m'aime toujours, tu te rends compte ? C'est un gars bien, maman. On a décidé de prendre notre temps. Je dois d'abord me remettre de tout ce qui m'est arrivé.
- Il pourrait t'y aider, tu sais.
- Tu crois ?
- Ce serait plus chaleureux que la Bretagne en plein hiver.
- Euh, ouais, c'est possible.
- Vous avez eu raison. Prenez votre temps, c'est tout. Laissez les choses se faire.
- Tu as raison, maman.
- Mais bien sûr que j'ai raison.
Je souris. Même si j'ai dû apprendre à la dure à quel point prendre son temps avait de l'importance.
- Mais, je ne suis pas certain de l'aimer, moi...
- Il faut juste que tu cesses de penser à lui comme ton meilleur ami.
- Euh, oui, mais ça va être dur.
- C'est faisable, Jerem. Je l'ai fait.
- Avec papa ?
- Oui. Je lui avais sorti la célèbre réplique féminine : « Je suis très touchée, mais tu es un ami ». Sauf qu'au lieu de déprimer et partir, il s'est campé devant moi et m'a répondu « Mais qu'est-ce que tu crois ? Que parce que je suis un ami, je suis incapable d'éprouver des sentiments, que je suis une statue de marbre, et que tu peux me repousser comme si j'étais négligeable ? Le fait que tu me fasses horriblement souffrir en me répondant ça t'est totalement indifférent, juste parce que je suis un ami, c'est ça ? » J'ai été bouleversée. J'ai beaucoup culpabilisé et j'ai accepté de le regarder autrement, en tant qu'être humain. Et ça a changé les choses.
- J'aurais cru qu'après une telle tirade, tu l'enverrais paître...
- J'aurais pu, mais je tenais plus à lui que je ne le pensais.
- J'ai hâte qu'il revienne.
- Et moi donc.
- Je veux lui dire en face que le fait qu'il ne soit pas mon père biologique ne change rien pour moi, il est mon père, point barre.
- Je suis certaine que ça lui fera énormément plaisir.
- J'imagine bien.
- On annule la Bretagne, alors ?
- On annule.
- J'en connais un autre qui sera heureux.
- Antoine ? Y a des chances, oui.
- Allez, annonce-lui la bonne nouvelle, et passe une bonne journée.
- Merci, maman. Merci pour tout.
- C'est le rôle d'une mère de s'assurer que ses enfants soient heureux. Et croyez bien que je fais tout ce que je peux pour ça.
- Je le sais. Tu es la meilleure.
Je lui fais une bise et m'éloigne.
- Tu as rendez-vous jeudi avec le psy, lance-t-elle. À 14 heures.
Je me fige sur place, réfléchis...
- OK, je le note.
Ça peut pas faire de mal.
Mais je suis bien enthousiaste à l'idée de revoir Antoine. Alors que je ne sais même pas si j'éprouverai quelque chose pour lui.
Je vais dans ma chambre et prends mon mobile.
J'hésite un moment avant de lui envoyer un sms.
Pourquoi est-ce que je vais vers lui ? Parce que j'ai besoin de réconfort ?
« Je ne pars pas. Jerem. »
Les dés sont jetés. Je crois que je sais ce qui me renvoie vers Antoine.
Avec lui, au moins, j'ai l'occasion de revenir en arrière et de corriger une erreur. Comme si, lorsqu'on s'était embrassé la première fois, je lui avais dit que ce n'était pas désagréable, tout compte fait.
- Si seulement ! Si seulement j'avais compris plus tôt ! Les choses seraient différentes maintenant...
- Ne dis rien à Jean, s'il te plaît. Je ne sais pas comment il le prendrait.
- Tu sais bien qu'il t'adore.
- Justement... c'est bien pour ça que j'ai du mal. Je lui en parlerai quand je serai sûr de moi.
- Comme tu veux. Et ton père ?
Je prends le temps d'y réfléchir.
- Papa ? Je n'en ai aucune idée...
- Laisse-moi lui en parler à son retour. Je sais le manier.
- Mouais... je vois pas l'intérêt, en fait...
- Éviter qu'il te demande si t'as une copine. Te savoir accepté par nous deux.
- Oui, tu as raison.
- Alors, qu'en est-il, côté cœur ?
- Euh, c'est compliqué.
- Vas-y. Je ne vais pas te manger.
- Tu te souviens d'Antoine ?
- Oui, il est venu assez souvent ici, jusqu'à la mi-aout, et ensuite plus rien. Que s'est-il passé ?
- Il est amoureux de moi. Et il a fini par me le dire, sauf que moi je n'étais pas prêt pour ça. Du coup, on est restés chacun de notre côté, moi parce que c'était embarrassant, et lui parce qu'il souffrait d'aimer sans espoir. Et puis on s'est revus hier... et les choses étaient différentes. Il m'aime toujours, tu te rends compte ? C'est un gars bien, maman. On a décidé de prendre notre temps. Je dois d'abord me remettre de tout ce qui m'est arrivé.
- Il pourrait t'y aider, tu sais.
- Tu crois ?
- Ce serait plus chaleureux que la Bretagne en plein hiver.
- Euh, ouais, c'est possible.
- Vous avez eu raison. Prenez votre temps, c'est tout. Laissez les choses se faire.
- Tu as raison, maman.
- Mais bien sûr que j'ai raison.
Je souris. Même si j'ai dû apprendre à la dure à quel point prendre son temps avait de l'importance.
- Mais, je ne suis pas certain de l'aimer, moi...
- Il faut juste que tu cesses de penser à lui comme ton meilleur ami.
- Euh, oui, mais ça va être dur.
- C'est faisable, Jerem. Je l'ai fait.
- Avec papa ?
- Oui. Je lui avais sorti la célèbre réplique féminine : « Je suis très touchée, mais tu es un ami ». Sauf qu'au lieu de déprimer et partir, il s'est campé devant moi et m'a répondu « Mais qu'est-ce que tu crois ? Que parce que je suis un ami, je suis incapable d'éprouver des sentiments, que je suis une statue de marbre, et que tu peux me repousser comme si j'étais négligeable ? Le fait que tu me fasses horriblement souffrir en me répondant ça t'est totalement indifférent, juste parce que je suis un ami, c'est ça ? » J'ai été bouleversée. J'ai beaucoup culpabilisé et j'ai accepté de le regarder autrement, en tant qu'être humain. Et ça a changé les choses.
- J'aurais cru qu'après une telle tirade, tu l'enverrais paître...
- J'aurais pu, mais je tenais plus à lui que je ne le pensais.
- J'ai hâte qu'il revienne.
- Et moi donc.
- Je veux lui dire en face que le fait qu'il ne soit pas mon père biologique ne change rien pour moi, il est mon père, point barre.
- Je suis certaine que ça lui fera énormément plaisir.
- J'imagine bien.
- On annule la Bretagne, alors ?
- On annule.
- J'en connais un autre qui sera heureux.
- Antoine ? Y a des chances, oui.
- Allez, annonce-lui la bonne nouvelle, et passe une bonne journée.
- Merci, maman. Merci pour tout.
- C'est le rôle d'une mère de s'assurer que ses enfants soient heureux. Et croyez bien que je fais tout ce que je peux pour ça.
- Je le sais. Tu es la meilleure.
Je lui fais une bise et m'éloigne.
- Tu as rendez-vous jeudi avec le psy, lance-t-elle. À 14 heures.
Je me fige sur place, réfléchis...
- OK, je le note.
Ça peut pas faire de mal.
Mais je suis bien enthousiaste à l'idée de revoir Antoine. Alors que je ne sais même pas si j'éprouverai quelque chose pour lui.
Je vais dans ma chambre et prends mon mobile.
J'hésite un moment avant de lui envoyer un sms.
Pourquoi est-ce que je vais vers lui ? Parce que j'ai besoin de réconfort ?
« Je ne pars pas. Jerem. »
Les dés sont jetés. Je crois que je sais ce qui me renvoie vers Antoine.
Avec lui, au moins, j'ai l'occasion de revenir en arrière et de corriger une erreur. Comme si, lorsqu'on s'était embrassé la première fois, je lui avais dit que ce n'était pas désagréable, tout compte fait.
- Si seulement ! Si seulement j'avais compris plus tôt ! Les choses seraient différentes maintenant...
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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