CHAPITRE III (1/3)
- Papa, c’est quoi encore ce bordel avec maman ? Je rentre pour souffler un peu, passer des vacances tranquilles, peinardes en famille après une semaine de partiels éprouvants et voilà. Plus de famille, explosée, démantelée à la grâce de deux bourricots immatures qui n’ont même pas été capables de se réconcilier. Conclusion, maman s’est tirée et toi tu te retrouves ici tout seul comme un gland dans ton appartement. J’espère que vous êtes content du haut niveau de votre connerie ?
- Caroline, cool je t’en prie.
- Cool non, pas cool tu veux dire ! Je fais quoi moi ? Je vais où ? Chez qui ? Un week-end chez toi, le suivant chez maman, c’est ça que vous m’avez réservée ? Vous auriez-pu m’en parler merde alors. Je suis majeure et à même de comprendre ces choses là et puis j’aurais peut-être pu vous raisonner tous les deux. Cette séparation, c’est trop stupide. J’espère que c’est juste un galop d’essai, rien de définitif... Moi je vous aime autant l’un que l’autre et j’ai pas envie de vous voir vous déchirer pour des conneries. Et puis vraiment pas de chance, j’ai profité des grandes vacances pour inviter ma nouvelle coloc à venir passer quelques jours avec moi. Bonjour l’ambiance. Je vais lui dire quoi maintenant ?
- Tu lui diras que ton père et ta mère on décidé de vivre chacun de leur côté. Ce n’est ni honteux ni insurmontable quand même ?
- Et on va dormir où ?
- Ah là ! Pas beaucoup d’autre choix que de partager ton lit ma puce. Avec ta mère on a décidé de ne toucher à rien. Elle a pris un appartement en centre ville, tu y auras aussi une chambre si tu veux dormir la-bas. Après c’est toi qui choisira. Tu es libre d’aller où tu veux. Tes choix seront les nôtres. Autant pour moi que pour ta mère, on ne veut absolument pas que tu te sentes tiraillée entre nous.
- Oui mais pour le coup, c’est plutôt raté. Ici j’ai toutes mes affaires : mes doudous, mes livres, mes cours, mes jeux, ma télé, mon bureau, mes vêtements, mon ordi et puis je suis habituée, j'aime bien ma chambre. Ça va être impossible de tout dupliquer. J’imagine même pas le bordel que ça va être parce que chez maman, je n'ai rien de tout cela.
- Et comment crois-tu qu’ils font les autres ?
- Les autres, c’est les autres, moi c’est moi et tout ça me gave profondément Papa. Tu ne peux même pas imaginer.
- Oui je m'en doute Caroline. La situation n’est confortable pour personne.
- Ben il ne fallait pas vous séparer alors !
- Tu sais très bien que ça ne pouvait plus durer comme ça.
- C’est vrai que parfois, c’était chiant de vous voir vous chamailler pour des queues de cerise, l’ambiance lourde quand vous vous faisiez la gueule, quand elle pleurait en silence dans sa chambre pour ne pas que j’entende, aussi lorsque tu t'enfermais dans ton bureau.
- Tu vois !
- Bon c'est fait mais je ne laisserai pas tomber. Passons aux choses pratiques. J’ai ramené mes fringues. La lessive et le repassage, c’est toi qui va t’en charger ?
- Il est grand temps que tu te prennes en charge de ce côté ma puce.
- Mouais, bien sûr. Je ne sais même pas comment on met en route la machine à laver.
- Et bien on va apprendre !
- Ah parce que toi non plus tu ne sais pas ? Ça promet. Bon j’appellerai maman, ça sera plus sûr.
- Et pour la bouffe ?
- Resto ce soir. De toute façon, il n’y a plus de vaisselle et le frigo est vide.
- De mieux en mieux et il faudra inviter Léa aussi. Ça ne te dérange pas j’espère ?
- OK pour un resto à trois avec toi et Léa.
- Et probablement tout comme moi d’ailleurs, il y aura aussi ses fringues à laver...
- Qui peut le plus peut le moins. A trois on finira bien par trouver la solution pour faire tourner ce foutu lave-linge.
- Mouais ! J’ai un gros doute. Je passe voir maman. A tout à l’heure.
- Ça marche. A tout à l’heure ma chérie.
Caroline, c’est la prunelle de mes yeux. Mon bébé, celle que j’ai vu naître, que j’ai choyé avec un amour démesuré. Pour elle, je donnerai tout, mon souffle, mon corps, ma vie s’il le fallait. Et pourtant, au départ je n’étais pas très adepte des enfants mais la chair de ma chair, ma fille, cette toute petite partie de moi que je n'ai pas vu grandir, c’est autrement différent et comme tous les pères, elle ne m’a pas ménagé :
Ahuri lorsqu’elle s’est mise à marcher toute seule, la gorge nouée lorsqu’elle m’a appelée Papa pour la première fois, méfiant lorsque je devais la changer (mais ça n’a pas suffit :), affolé lors de la percée de sa première dent, déconcerté devant tous les pourquoi, fier de la voir partir toute seule à l’école, courroucé devant ses premiers bulletins scolaires, déstabilisé devant ses réparties, préoccupé par les garçons qui lui tournaient autour, inquiet lorsqu’elle sortait en boîte de nuit avec toujours une bonne excuse pour ne pas rentrer à l’heure, crispé lorsqu’elle prenait le volant (les chiens ne font pas de chat), anxieux lorsqu’elle s’est installée dans son appartement mais tellement heureux d’avoir pu vivre toutes ces adorables petites choses avec elle. Gamin, j’étais à mille lieux d’imaginer qu’un enfant puisse apporter autant de bonheur à ses géniteurs même si parfois elle aurait bien mérité quelques sacrilèges ; une ou deux claques et deux ou trois fessées. Heureusement pour elle, depuis quelques temps, c’est plutôt mal vu et de plus, ce n'est pas dans ma nature.
A dix-neuf ans maintenant, Caroline est devenue une charmante jeune femme au caractère bien trempé, dynamique, sûre d’elle en apparence mais plutôt stressée pour tout ce qui sort de l’ordinaire ; grande brunette aux cheveux à la garçonne, un sourire à faire craquer n’importe qui, des yeux noisettes qui trahissent en profondeur l’intégralité de ses émotions, un corps agréable avec des formes presque effacées sous les inlassables jeans/polos qu’elle porte à longueur d’année.
- Papa, c’est quoi encore ce bordel avec maman ? Je rentre pour souffler un peu, passer des vacances tranquilles, peinardes en famille après une semaine de partiels éprouvants et voilà. Plus de famille, explosée, démantelée à la grâce de deux bourricots immatures qui n’ont même pas été capables de se réconcilier. Conclusion, maman s’est tirée et toi tu te retrouves ici tout seul comme un gland dans ton appartement. J’espère que vous êtes content du haut niveau de votre connerie ?
- Caroline, cool je t’en prie.
- Cool non, pas cool tu veux dire ! Je fais quoi moi ? Je vais où ? Chez qui ? Un week-end chez toi, le suivant chez maman, c’est ça que vous m’avez réservée ? Vous auriez-pu m’en parler merde alors. Je suis majeure et à même de comprendre ces choses là et puis j’aurais peut-être pu vous raisonner tous les deux. Cette séparation, c’est trop stupide. J’espère que c’est juste un galop d’essai, rien de définitif... Moi je vous aime autant l’un que l’autre et j’ai pas envie de vous voir vous déchirer pour des conneries. Et puis vraiment pas de chance, j’ai profité des grandes vacances pour inviter ma nouvelle coloc à venir passer quelques jours avec moi. Bonjour l’ambiance. Je vais lui dire quoi maintenant ?
- Tu lui diras que ton père et ta mère on décidé de vivre chacun de leur côté. Ce n’est ni honteux ni insurmontable quand même ?
- Et on va dormir où ?
- Ah là ! Pas beaucoup d’autre choix que de partager ton lit ma puce. Avec ta mère on a décidé de ne toucher à rien. Elle a pris un appartement en centre ville, tu y auras aussi une chambre si tu veux dormir la-bas. Après c’est toi qui choisira. Tu es libre d’aller où tu veux. Tes choix seront les nôtres. Autant pour moi que pour ta mère, on ne veut absolument pas que tu te sentes tiraillée entre nous.
- Oui mais pour le coup, c’est plutôt raté. Ici j’ai toutes mes affaires : mes doudous, mes livres, mes cours, mes jeux, ma télé, mon bureau, mes vêtements, mon ordi et puis je suis habituée, j'aime bien ma chambre. Ça va être impossible de tout dupliquer. J’imagine même pas le bordel que ça va être parce que chez maman, je n'ai rien de tout cela.
- Et comment crois-tu qu’ils font les autres ?
- Les autres, c’est les autres, moi c’est moi et tout ça me gave profondément Papa. Tu ne peux même pas imaginer.
- Oui je m'en doute Caroline. La situation n’est confortable pour personne.
- Ben il ne fallait pas vous séparer alors !
- Tu sais très bien que ça ne pouvait plus durer comme ça.
- C’est vrai que parfois, c’était chiant de vous voir vous chamailler pour des queues de cerise, l’ambiance lourde quand vous vous faisiez la gueule, quand elle pleurait en silence dans sa chambre pour ne pas que j’entende, aussi lorsque tu t'enfermais dans ton bureau.
- Tu vois !
- Bon c'est fait mais je ne laisserai pas tomber. Passons aux choses pratiques. J’ai ramené mes fringues. La lessive et le repassage, c’est toi qui va t’en charger ?
- Il est grand temps que tu te prennes en charge de ce côté ma puce.
- Mouais, bien sûr. Je ne sais même pas comment on met en route la machine à laver.
- Et bien on va apprendre !
- Ah parce que toi non plus tu ne sais pas ? Ça promet. Bon j’appellerai maman, ça sera plus sûr.
- Et pour la bouffe ?
- Resto ce soir. De toute façon, il n’y a plus de vaisselle et le frigo est vide.
- De mieux en mieux et il faudra inviter Léa aussi. Ça ne te dérange pas j’espère ?
- OK pour un resto à trois avec toi et Léa.
- Et probablement tout comme moi d’ailleurs, il y aura aussi ses fringues à laver...
- Qui peut le plus peut le moins. A trois on finira bien par trouver la solution pour faire tourner ce foutu lave-linge.
- Mouais ! J’ai un gros doute. Je passe voir maman. A tout à l’heure.
- Ça marche. A tout à l’heure ma chérie.
Caroline, c’est la prunelle de mes yeux. Mon bébé, celle que j’ai vu naître, que j’ai choyé avec un amour démesuré. Pour elle, je donnerai tout, mon souffle, mon corps, ma vie s’il le fallait. Et pourtant, au départ je n’étais pas très adepte des enfants mais la chair de ma chair, ma fille, cette toute petite partie de moi que je n'ai pas vu grandir, c’est autrement différent et comme tous les pères, elle ne m’a pas ménagé :
Ahuri lorsqu’elle s’est mise à marcher toute seule, la gorge nouée lorsqu’elle m’a appelée Papa pour la première fois, méfiant lorsque je devais la changer (mais ça n’a pas suffit :), affolé lors de la percée de sa première dent, déconcerté devant tous les pourquoi, fier de la voir partir toute seule à l’école, courroucé devant ses premiers bulletins scolaires, déstabilisé devant ses réparties, préoccupé par les garçons qui lui tournaient autour, inquiet lorsqu’elle sortait en boîte de nuit avec toujours une bonne excuse pour ne pas rentrer à l’heure, crispé lorsqu’elle prenait le volant (les chiens ne font pas de chat), anxieux lorsqu’elle s’est installée dans son appartement mais tellement heureux d’avoir pu vivre toutes ces adorables petites choses avec elle. Gamin, j’étais à mille lieux d’imaginer qu’un enfant puisse apporter autant de bonheur à ses géniteurs même si parfois elle aurait bien mérité quelques sacrilèges ; une ou deux claques et deux ou trois fessées. Heureusement pour elle, depuis quelques temps, c’est plutôt mal vu et de plus, ce n'est pas dans ma nature.
A dix-neuf ans maintenant, Caroline est devenue une charmante jeune femme au caractère bien trempé, dynamique, sûre d’elle en apparence mais plutôt stressée pour tout ce qui sort de l’ordinaire ; grande brunette aux cheveux à la garçonne, un sourire à faire craquer n’importe qui, des yeux noisettes qui trahissent en profondeur l’intégralité de ses émotions, un corps agréable avec des formes presque effacées sous les inlassables jeans/polos qu’elle porte à longueur d’année.
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