31-05-2021, 09:43 PM
* 35 *
- Tout a commencé il y a... un petit moment, déjà. C'était au début de l'année, de nouveaux voisins ont emménagé à côté de chez nous. Je suis allé les voir pour faire connaissance et c'est là que tout a dérapé. Ils n'étaient que deux, la mère et le fils. Sauf que le gars était mon sosie parfait. Mais en tout point, Antoine. Ça nous a intrigué, et on a comparé nos vies... pour découvrir qu'on est nés prématurément tous les deux, près de Sochaux, qu'on a été dans le même hôpital...
- Mince... ça a dû vous faire un choc !
- Oui, on a décidé de partir sur place pour enquêter. On a été en Suisse faire un test ADN, et on a mené l'enquête en attendant les résultats. On a découvert que le père de François est stérile. Et j'ai appris plus tard que le mien l'est aussi.
- Bah merde, alors...
- Nos tests ADN ont confirmé nos soupçons, nous sommes bien jumeaux. Alors qu'on allait à l'hôpital avec cette preuve, une... une voiture nous a foncé dessus, je l'ai esquivé de justesse, mais François... il...
- Oh, bon sang, je suis sincèrement désolé, Jerem !
- Il est dans le coma... ils pensent qu'il s'en sortira, mais je ne sais pas quand je le reverrai...
Antoine me serre dans ses bras lorsque des larmes se mettent à couler le long de mes joues. J'ai à peine dit la moitié de ce qui me pèse, mais c'est déjà fort douloureux...
- On ne se connaissait que depuis peu, mais...
- Je sais, Jeremy, je sais. Tu avais enfin trouvé quelqu'un qui te correspondait, qui te comprenait.
- C'est ça.
- Et tu l'as perdu alors que tu pensais que ta vie allait changer, que tout pouvait devenir possible.
- Comment peux-tu me comprendre aussi bien ?
- J'ai vécu la même chose avec toi.
Je me raidis, sous le choc de sa réponse et de ce qu'elle implique. Je n'aurais pas pensé qu'il souffrirait autant.
- Excuse-moi, je ne voulais pas dire ça, reprend-il.
- T'en fais pas pour ça, je suis blindé avec tout ce qui m'est arrivé.
- Tu... tu souffres toujours ? Tu es toujours amoureux de moi ?
Son silence, éloquent, vaut toutes les réponses.
- J'aimerais autant changer de sujet. Ce n'est pas la peine de ressasser des espoirs illusoires. C'est de toi que je veux qu'on parle. J'aimerais pouvoir faire quelque chose, n'importe quoi, pour t'aider.
- Je ne crois pas qu'on puisse m'aider, mais ton soutien me fait du bien. Merci.
- Mais je t'en prie.
Je fais décidément souffrir tous ceux qui m'approchent... les filles qui ont espéré quelque chose avec moi avant que je les plante magistralement parce que je n'étais « pas prêt », mon meilleur ami, mon frère... qui va être le prochain ?
Non, je ne dois pas culpabiliser pour les choses sur lesquelles je n'ai aucun contrôle. Si je n'avais pas donné mon sang, François serait mort. Et s'il est contaminé, quelle différence ? Au moins, il est toujours là. Pour le reste, on verra le moment venu.
Pour Antoine non plus, je n'étais pas prêt, et je ne le suis pas plus aujourd'hui, bien que... je sois bien dans ses bras. Je n'ai jamais eu autant besoin d'être dans les bras de quelqu'un. D'avoir son réconfort, sa compréhension, sa sympathie.
Rien à voir avec Bruno, que je déteste chaque jour davantage. Il a ruiné l'image que j'avais de moi. Et même s'il m'a fait découvrir un aspect de moi-même que j'ignorais jusqu'à présent, mais il l'a fait sans le moindre respect de ma personne. Me rabaissant, du coup, à un plan cul. Ce que j'étais à ses yeux, de toute façon. Un parmi d'autres...
Je me demande si François connait quelqu'un ayant vécu quelque chose de semblable, ce qui l'aurait poussé à l'autre extrême, la quête de l'amour romantique. Et moi ?
Et oui, et moi ? Avant de regarder Bruno, je devrais peut-être me regarder moi-même. Je savais que c'était un plan cul. Je le savais bien, avant même que tout ceci commence. C'est même pour ça que j'ai cédé si facilement, non ? On vit à des centaines de kilomètres l'un de l'autre, c'était purement temporaire, on n'avait pas le temps de faire dans la finesse, ces pensées ont dû passer dans mon inconscient à un moment ou à un autre, non ? Reproche à Bruno ce qu'il y a à lui reprocher, et non d'avoir fait de toi un coup d'un soir. Sa seule faute est de ne pas voir d'intérêt au préservatif. Et si c'est une faute grave, ce n'est certes pas une raison pour lui faire des reproches injustes.
Peut-être qu'Antoine me fait plus de bien que je ne l'imaginais. J'ai pu faire le point avec certaines choses, et je me sens nettement mieux. Et même s'il reste des choses à régler, je me sens prêt à affronter l'avenir. Enfin, mieux que ce matin.
En parlant de choses à régler, il y en a une qui mérite mon attention. Je dois vraiment y réfléchir sérieusement, car même si en ce moment c'est loin d'être ma priorité, il s'est produit en moi un changement indéfinissable.
- Merci, Antoine. Vraiment. Je me sens mieux.
- Pas de problème. Tu passes quand tu veux. Tu as toujours mon numéro ?
- Oui.
Il sourit. Je ne lui ai même pas dit que je suis gay. Il m'a remonté le moral et aidé, par sa simple présence, à réfléchir clairement à ma situation, et moi je m'apprête à partir en le laissant dans sa détresse. Je suis un beau sal...
Non !
- Beaucoup de choses ont changé depuis qu'on s'est séparés, 'toine.
- Je vois ça.
Qu'est-ce que je peux bien lui dire ? Je ne veux pas qu'il se fasse de faux espoirs, une nouvelle fois, et qu'il souffre encore à cause de moi.
Parce que c'est un gars super, qui est sincèrement amoureux de moi depuis des années, et... et qu'est-ce que je lui reproche, en fait ? Mon sentiment de culpabilité pour ne pas avoir tilté la première fois ?
Chaque chose en son temps. Je me suis vautré en beauté, la dernière fois, parce que je me suis précipité. Et puis... qu'est-ce que je suis en train de faire ?
Ce ne serait pas une espèce de fuite en avant, une de plus, pour m'éloigner de mes problèmes ?
Aahh, c'est compliqué tout ça !
- Tout a commencé il y a... un petit moment, déjà. C'était au début de l'année, de nouveaux voisins ont emménagé à côté de chez nous. Je suis allé les voir pour faire connaissance et c'est là que tout a dérapé. Ils n'étaient que deux, la mère et le fils. Sauf que le gars était mon sosie parfait. Mais en tout point, Antoine. Ça nous a intrigué, et on a comparé nos vies... pour découvrir qu'on est nés prématurément tous les deux, près de Sochaux, qu'on a été dans le même hôpital...
- Mince... ça a dû vous faire un choc !
- Oui, on a décidé de partir sur place pour enquêter. On a été en Suisse faire un test ADN, et on a mené l'enquête en attendant les résultats. On a découvert que le père de François est stérile. Et j'ai appris plus tard que le mien l'est aussi.
- Bah merde, alors...
- Nos tests ADN ont confirmé nos soupçons, nous sommes bien jumeaux. Alors qu'on allait à l'hôpital avec cette preuve, une... une voiture nous a foncé dessus, je l'ai esquivé de justesse, mais François... il...
- Oh, bon sang, je suis sincèrement désolé, Jerem !
- Il est dans le coma... ils pensent qu'il s'en sortira, mais je ne sais pas quand je le reverrai...
Antoine me serre dans ses bras lorsque des larmes se mettent à couler le long de mes joues. J'ai à peine dit la moitié de ce qui me pèse, mais c'est déjà fort douloureux...
- On ne se connaissait que depuis peu, mais...
- Je sais, Jeremy, je sais. Tu avais enfin trouvé quelqu'un qui te correspondait, qui te comprenait.
- C'est ça.
- Et tu l'as perdu alors que tu pensais que ta vie allait changer, que tout pouvait devenir possible.
- Comment peux-tu me comprendre aussi bien ?
- J'ai vécu la même chose avec toi.
Je me raidis, sous le choc de sa réponse et de ce qu'elle implique. Je n'aurais pas pensé qu'il souffrirait autant.
- Excuse-moi, je ne voulais pas dire ça, reprend-il.
- T'en fais pas pour ça, je suis blindé avec tout ce qui m'est arrivé.
- Tu... tu souffres toujours ? Tu es toujours amoureux de moi ?
Son silence, éloquent, vaut toutes les réponses.
- J'aimerais autant changer de sujet. Ce n'est pas la peine de ressasser des espoirs illusoires. C'est de toi que je veux qu'on parle. J'aimerais pouvoir faire quelque chose, n'importe quoi, pour t'aider.
- Je ne crois pas qu'on puisse m'aider, mais ton soutien me fait du bien. Merci.
- Mais je t'en prie.
Je fais décidément souffrir tous ceux qui m'approchent... les filles qui ont espéré quelque chose avec moi avant que je les plante magistralement parce que je n'étais « pas prêt », mon meilleur ami, mon frère... qui va être le prochain ?
Non, je ne dois pas culpabiliser pour les choses sur lesquelles je n'ai aucun contrôle. Si je n'avais pas donné mon sang, François serait mort. Et s'il est contaminé, quelle différence ? Au moins, il est toujours là. Pour le reste, on verra le moment venu.
Pour Antoine non plus, je n'étais pas prêt, et je ne le suis pas plus aujourd'hui, bien que... je sois bien dans ses bras. Je n'ai jamais eu autant besoin d'être dans les bras de quelqu'un. D'avoir son réconfort, sa compréhension, sa sympathie.
Rien à voir avec Bruno, que je déteste chaque jour davantage. Il a ruiné l'image que j'avais de moi. Et même s'il m'a fait découvrir un aspect de moi-même que j'ignorais jusqu'à présent, mais il l'a fait sans le moindre respect de ma personne. Me rabaissant, du coup, à un plan cul. Ce que j'étais à ses yeux, de toute façon. Un parmi d'autres...
Je me demande si François connait quelqu'un ayant vécu quelque chose de semblable, ce qui l'aurait poussé à l'autre extrême, la quête de l'amour romantique. Et moi ?
Et oui, et moi ? Avant de regarder Bruno, je devrais peut-être me regarder moi-même. Je savais que c'était un plan cul. Je le savais bien, avant même que tout ceci commence. C'est même pour ça que j'ai cédé si facilement, non ? On vit à des centaines de kilomètres l'un de l'autre, c'était purement temporaire, on n'avait pas le temps de faire dans la finesse, ces pensées ont dû passer dans mon inconscient à un moment ou à un autre, non ? Reproche à Bruno ce qu'il y a à lui reprocher, et non d'avoir fait de toi un coup d'un soir. Sa seule faute est de ne pas voir d'intérêt au préservatif. Et si c'est une faute grave, ce n'est certes pas une raison pour lui faire des reproches injustes.
Peut-être qu'Antoine me fait plus de bien que je ne l'imaginais. J'ai pu faire le point avec certaines choses, et je me sens nettement mieux. Et même s'il reste des choses à régler, je me sens prêt à affronter l'avenir. Enfin, mieux que ce matin.
En parlant de choses à régler, il y en a une qui mérite mon attention. Je dois vraiment y réfléchir sérieusement, car même si en ce moment c'est loin d'être ma priorité, il s'est produit en moi un changement indéfinissable.
- Merci, Antoine. Vraiment. Je me sens mieux.
- Pas de problème. Tu passes quand tu veux. Tu as toujours mon numéro ?
- Oui.
Il sourit. Je ne lui ai même pas dit que je suis gay. Il m'a remonté le moral et aidé, par sa simple présence, à réfléchir clairement à ma situation, et moi je m'apprête à partir en le laissant dans sa détresse. Je suis un beau sal...
Non !
- Beaucoup de choses ont changé depuis qu'on s'est séparés, 'toine.
- Je vois ça.
Qu'est-ce que je peux bien lui dire ? Je ne veux pas qu'il se fasse de faux espoirs, une nouvelle fois, et qu'il souffre encore à cause de moi.
Parce que c'est un gars super, qui est sincèrement amoureux de moi depuis des années, et... et qu'est-ce que je lui reproche, en fait ? Mon sentiment de culpabilité pour ne pas avoir tilté la première fois ?
Chaque chose en son temps. Je me suis vautré en beauté, la dernière fois, parce que je me suis précipité. Et puis... qu'est-ce que je suis en train de faire ?
Ce ne serait pas une espèce de fuite en avant, une de plus, pour m'éloigner de mes problèmes ?
Aahh, c'est compliqué tout ça !
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)