30-05-2021, 09:16 PM
* 34 *
- Jerem. Ça fait plaisir de te revoir. Ça fait un bail.
- Ouais.
On s'était un peu perdus de vue après l'histoire de ce baiser, mon premier baiser, que je lui avais offert. Mais je n'étais pas prêt à l'époque, et je lui ai dit que j'étais désolé. Il a eu mal, a coupé les ponts pour pouvoir panser ses plaies. Je ne pensais pas le revoir, en fait. Mais bon, en venant manger à côté de l'université, je m'expose à ce genre de rencontres...
- Comment va ?
Il hausse les épaules.
- Ça peut aller, et toi ?
- Pareil.
Un silence gêné s'installe, que je finis par briser.
- Tes études, ça va ?
- Ouais, je m'en sors. Et toi, tu fais quoi en ce moment ?
- Pfff... longue histoire, et c'est pas l'endroit pour en parler.
- On peut se voir après les cours, si tu veux. Tu passes chez moi ?
Pourquoi pas ?
- D'accord, ça marche, dit-il. Euh, dis-moi... tu as quelqu'un ?
- Non, et toi ?
- Non plus. Tu sais, j'ai eu du mal, après... tu sais quoi. Il m'a fallu du temps pour m'en remettre.
- Je suis vraiment désolé.
- Eh, c'est pas de ta faute. Pas du tout. Mais changeons de sujet.
Nous discutons ensuite de choses anodines, le temps que son repas arrive. Je le regarde, essayant de déterminer si, maintenant que je sais que les hommes me plaisent, il m'apparait différemment. Mais je ne saurais me prononcer sur une quelconque attirance que j'éprouverais pour lui, ou pas. De toute évidence, je n'ai pas la tête à ça. Pas une surprise...
Après avoir mangé, il repart à la fac, me laissant seul avec mes pensées.
Antoine... François m'a fait comprendre, en me révélant sa propre expérience, qu'aimer sans retour était des plus douloureux. Mais l'un comme l'autre ont surmonté cette épreuve, et même si elle a laissé des traces, ils ont fini par relever la tête et sont repartis. Et moi, suis-je capable d'une telle force, alors même que j'ignore encore si je suis malade ?
C'est vrai, quoi, si ça se trouve, je m'en fais à mort alors que je n'ai rien. Ce serait le comble. J'ai fait une connerie, bon, qu'elle me serve de leçon - une leçon terrible, d'ailleurs. Mais je ne devrais pas me laisser abattre comme ça...
Belles paroles, mais elles sonnent creux. C'est facile de le dire, mais changer son état d'esprit n'est pas aussi évident. Pourtant, je sens comme un regain de volonté... comme si avoir rencontré Antoine avait changé la donne. Si c'est bien le cas, je dois prendre exemple sur sa force. Et son courage. À sa place, jamais je n'aurais osé avouer mes sentiments à un mec dont j'ignore comment il le prendrait. Mais lui l'a fait.
J'ai vécu ce que je craignais le plus : voir ma vie complètement chamboulée. Même si ça ne s'est pas du tout passé comme je l'imaginais. Non, vraiment pas.
Je suis gay, ou du moins, les mecs ne me laissent pas indifférent, et je ne vois aucun inconvénient à coucher avec. Peut-être suis-je bi, mais ça reste à voir. De toute façon, en ce moment, j'ai d'autres chats à fouetter.
J'ai un frère jumeau. Et l'explication, à laquelle nous n'avions pas pensé, est toute simple. Enfin... quelque chose me dérange, mais je n'arrive pas à comprendre de quoi il s'agit. Quelque chose dans l'explication de ma mère ne me satisfait pas. Je ne suis pas vraiment convaincu, mais pourquoi ?
J'ai échappé de peu - de très peu - à la mort. Et François est dans le coma. Ce coup du destin m'a durement touché. D'autant que je n'ai pas eu d'autre choix que de lui offrir mon sang...
Sang qui est peut-être - et je dois me forcer à dire peut-être, si je veux sortir de cette dépression qui me tend les bras - contaminé à cause de ce connard de Bruno.
Et tout ça m'est arrivé en quelques jours.
- J'aurais mieux fait de rester couché...
Je finis par sortir à mon tour, et tue le temps comme je peux avant l'heure de mon rendez-vous avec Antoine. Je me rends chez lui - il a un petit studio à lui, ce qui est bien pratique quand on a besoin d'intimité.
Il me fait entrer, et nous nous installons dans sa chambre. C'est ici que je l'avais embrassé. Encore un jour où j'aurais mieux fait de rester couché. Je ne voulais pas lui faire tant de mal en lui disant que ça ne serait pas possible entre nous.
Je pourrais lui dire. Lui révéler que j'ai changé, que je suis devenu gay. Il se croirait à Noël.
Mais je n'y arrive pas. J'ignore pourquoi... peut-être n'est-ce pas approprié, peut-être n'est-ce pas le moment. Ou peut-être ne sera-t-il jamais qu'un ami pour moi.
Non, je ne regarde pas la vérité en face. Je me sens indigne de lui. Je me sens souillé par ce que j'ai fait avec Bruno... et je crains que cela va me poursuivre encore un bon moment.
- Alors, raconte-moi, que s'est-il passé ? Je vois bien que c'est grave et que tu es sous le choc.
- Ça se voit tant que ça ?
- Tu as vraiment l'air triste, et tu n'as même pas lancé une vanne, je ne te reconnais plus.
- Je ne crois pas que j'aurai de sitôt le cœur à plaisanter...
- Que t'est-il arrivé ?
- Je vais te le raconter...
Amputé de l'histoire avec Bruno...
- Jerem. Ça fait plaisir de te revoir. Ça fait un bail.
- Ouais.
On s'était un peu perdus de vue après l'histoire de ce baiser, mon premier baiser, que je lui avais offert. Mais je n'étais pas prêt à l'époque, et je lui ai dit que j'étais désolé. Il a eu mal, a coupé les ponts pour pouvoir panser ses plaies. Je ne pensais pas le revoir, en fait. Mais bon, en venant manger à côté de l'université, je m'expose à ce genre de rencontres...
- Comment va ?
Il hausse les épaules.
- Ça peut aller, et toi ?
- Pareil.
Un silence gêné s'installe, que je finis par briser.
- Tes études, ça va ?
- Ouais, je m'en sors. Et toi, tu fais quoi en ce moment ?
- Pfff... longue histoire, et c'est pas l'endroit pour en parler.
- On peut se voir après les cours, si tu veux. Tu passes chez moi ?
Pourquoi pas ?
- D'accord, ça marche, dit-il. Euh, dis-moi... tu as quelqu'un ?
- Non, et toi ?
- Non plus. Tu sais, j'ai eu du mal, après... tu sais quoi. Il m'a fallu du temps pour m'en remettre.
- Je suis vraiment désolé.
- Eh, c'est pas de ta faute. Pas du tout. Mais changeons de sujet.
Nous discutons ensuite de choses anodines, le temps que son repas arrive. Je le regarde, essayant de déterminer si, maintenant que je sais que les hommes me plaisent, il m'apparait différemment. Mais je ne saurais me prononcer sur une quelconque attirance que j'éprouverais pour lui, ou pas. De toute évidence, je n'ai pas la tête à ça. Pas une surprise...
Après avoir mangé, il repart à la fac, me laissant seul avec mes pensées.
Antoine... François m'a fait comprendre, en me révélant sa propre expérience, qu'aimer sans retour était des plus douloureux. Mais l'un comme l'autre ont surmonté cette épreuve, et même si elle a laissé des traces, ils ont fini par relever la tête et sont repartis. Et moi, suis-je capable d'une telle force, alors même que j'ignore encore si je suis malade ?
C'est vrai, quoi, si ça se trouve, je m'en fais à mort alors que je n'ai rien. Ce serait le comble. J'ai fait une connerie, bon, qu'elle me serve de leçon - une leçon terrible, d'ailleurs. Mais je ne devrais pas me laisser abattre comme ça...
Belles paroles, mais elles sonnent creux. C'est facile de le dire, mais changer son état d'esprit n'est pas aussi évident. Pourtant, je sens comme un regain de volonté... comme si avoir rencontré Antoine avait changé la donne. Si c'est bien le cas, je dois prendre exemple sur sa force. Et son courage. À sa place, jamais je n'aurais osé avouer mes sentiments à un mec dont j'ignore comment il le prendrait. Mais lui l'a fait.
J'ai vécu ce que je craignais le plus : voir ma vie complètement chamboulée. Même si ça ne s'est pas du tout passé comme je l'imaginais. Non, vraiment pas.
Je suis gay, ou du moins, les mecs ne me laissent pas indifférent, et je ne vois aucun inconvénient à coucher avec. Peut-être suis-je bi, mais ça reste à voir. De toute façon, en ce moment, j'ai d'autres chats à fouetter.
J'ai un frère jumeau. Et l'explication, à laquelle nous n'avions pas pensé, est toute simple. Enfin... quelque chose me dérange, mais je n'arrive pas à comprendre de quoi il s'agit. Quelque chose dans l'explication de ma mère ne me satisfait pas. Je ne suis pas vraiment convaincu, mais pourquoi ?
J'ai échappé de peu - de très peu - à la mort. Et François est dans le coma. Ce coup du destin m'a durement touché. D'autant que je n'ai pas eu d'autre choix que de lui offrir mon sang...
Sang qui est peut-être - et je dois me forcer à dire peut-être, si je veux sortir de cette dépression qui me tend les bras - contaminé à cause de ce connard de Bruno.
Et tout ça m'est arrivé en quelques jours.
- J'aurais mieux fait de rester couché...
Je finis par sortir à mon tour, et tue le temps comme je peux avant l'heure de mon rendez-vous avec Antoine. Je me rends chez lui - il a un petit studio à lui, ce qui est bien pratique quand on a besoin d'intimité.
Il me fait entrer, et nous nous installons dans sa chambre. C'est ici que je l'avais embrassé. Encore un jour où j'aurais mieux fait de rester couché. Je ne voulais pas lui faire tant de mal en lui disant que ça ne serait pas possible entre nous.
Je pourrais lui dire. Lui révéler que j'ai changé, que je suis devenu gay. Il se croirait à Noël.
Mais je n'y arrive pas. J'ignore pourquoi... peut-être n'est-ce pas approprié, peut-être n'est-ce pas le moment. Ou peut-être ne sera-t-il jamais qu'un ami pour moi.
Non, je ne regarde pas la vérité en face. Je me sens indigne de lui. Je me sens souillé par ce que j'ai fait avec Bruno... et je crains que cela va me poursuivre encore un bon moment.
- Alors, raconte-moi, que s'est-il passé ? Je vois bien que c'est grave et que tu es sous le choc.
- Ça se voit tant que ça ?
- Tu as vraiment l'air triste, et tu n'as même pas lancé une vanne, je ne te reconnais plus.
- Je ne crois pas que j'aurai de sitôt le cœur à plaisanter...
- Que t'est-il arrivé ?
- Je vais te le raconter...
Amputé de l'histoire avec Bruno...
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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