29-05-2021, 09:21 PM
* 33 *
19 janvier 2009
Je prends mes médicaments dans la salle de bains, tôt le matin - j'ai perdu l'habitude de me réveiller tard, on dirait. Mais je vais devoir trouver quelque chose avant de me faire surprendre. Une bouteille d'eau en permanence dans la chambre, par exemple. Je ne peux tout simplement pas parler de mon problème à ma mère. Du moins, pas tant que je n'aurai pas fait le test. Si je suis passé à travers, il aura été inutile de l'inquiéter. Elle a déjà suffisamment de soucis avec tout ce qui s'est passé.
Nous n'avons pas encore révélé la vérité à Jean. Ce n'était pas le moment. Lui aussi a été très éprouvé par cette histoire. Plus tard.
Je vais dans la cuisine rejoindre les autres.
- B'jour, Jerem ! Ça va ?
- Oui, ptit gars, ça va, merci.
Mon frère tourne la tête partout dans la cuisine avant de revenir vers moi.
- Où est-ce que tu vois un petit, toi ? Tu ferais mieux de retourner dormir.
Je m'assois en riant... m'étonne de rire... rire qui disparaît et laisse la place à une sombre humeur.
- Jerem ? Qu'y a-t-il ?
- Ça va aller.
Il n'insiste pas mais me lance des regards tout en mangeant. Ma mère arrive à ce moment.
- Bonjour, tu t'es levé tôt dis donc.
- François est un lève-tôt, lui, il m'a filé le virus on dirait.
Je manque de m'étrangler. Je ne pouvais pas choisir phrase plus malheureuse.
Je m'effondre intérieurement. Ne voulant pas le montrer, je me lève brusquement pour filer dans ma chambre, sous le regard stupéfait de Jean.
J'ai mal. Je me sens horriblement mal. Je n'en peux plus de ne pas savoir. Ça me tue. J'ai fait la pire connerie de ma vie, et pourquoi ? Pour un connard. Je le déteste. Je me déteste.
J'aurais voulu qu'on ne se rencontre jamais. Je n'aurais pas fait une telle erreur, et mon frère ne serait pas à l'hôpital. On mènerait nos vies tranquillement.
À la place...
J'entends discuter ma mère et Jean, toujours dans la cuisine. Je ne peux comprendre ce qu'ils disent, mais je peux le deviner. Et mon frère devant aller au lycée, je pense que les révélations seront pour ce soir.
Je me retourne dans mon lit, tentant d'échapper à tout ça, désireux de sombrer dans le néant du sommeil et de ne plus avoir à faire face à tout ça. Jusqu'à présent, j'ai toujours pris la fuite face à mes responsabilités, et je me rends compte que ça n'a pas changé. François n'a eu aucun traitement d'urgence, lui. Je n'ai rien dit quand j'ai offert mon sang. Je n'ai rien dit après non plus. J'avais trop honte.
Honte de tant de choses...
Je me rends compte que je déprime total, et que rester enfermé ne va pas arranger les choses. Mais je n'ai pas le cœur à sortir. Et si je sors quand même, je ne sais pas si je reviendrai... j'ai trop mal, beaucoup trop mal... tout est de ma faute.
Je n'en peux plus. En fin de compte, sortir me fera du bien.
Marcher, me vider l'esprit, jusqu'à ce que je sois trop fatigué pour faire autre chose que dormir.
Je m'habille, prends mon blouson et sors, me lançant au hasard des rues dans une très longue promenade.
Je ne sais pas jusqu'où elle me mènera, et de toute façon, je m'en fiche. Quelle importance, de toute façon ? Je suis un minable.
Cette marche ne me change pas du tout les idées, loin s'en faut. En plus, j'ai faim. Et froid. Mais je continue, bien décidé à m'en tenir à mon programme.
Au bout d'un bon moment, je me rends compte que mes pas m'ont conduit aux abords de la fac. J'ai pas mal marché...
Fatigué - et de plus en plus affamé - je décide d'entrer dans un bar.
Le café me réchauffe agréablement. Je commence à regagner des forces. Je me penche sur le menu pour regarder ce que je pourrais bien manger et me décide pour une omelette.
Un jeune homme à la table voisine attire mon attention. Je crois que je le connais, il était au lycée, dans une autre classe. Mais je n'ai pas envie de discuter avec quelqu'un. Je me contente de le regarder, car son manège m'intrigue. Il ne cesse d'observer le serveur. Je le regarde à mon tour, curieux de savoir ce qu'il peut bien avoir.
Beau. C'est la première idée qui me vient à l'esprit. Ce qui montre bien que Bruno n'était pas une exception. Jusqu'à présent, je m'étais tout simplement interdit de regarder les mecs. En tout cas, mon voisin de table a l'air d'avoir littéralement flashé sur lui. Je lui souhaite mentalement bon courage - et bonne chance, aussi.
Je dévore l'omelette et me demande ce que je vais faire ensuite. Je n'ai pas trop envie de bouger pour le moment. Je vais rester ici, alors.
Je voudrais noyer mon humeur dans l'alcool, mais je me suis fait une promesse - et en plus, je suis sous traitement. En parlant de ça... j'ai ma dose à prendre. Un mois à ce régime... je la paie très cher, ma faute. Vraiment très cher.
Décidément, je n'échapperai pas à ces pensées. Je reporte mon attention sur mon voisin, qui regarde partir le serveur - et baisse la tête, dégoûté, en le voyant enlacer une fille.
Désolé pour toi, vieux.
Il s'en va peu après, et je retourne seul à mes réflexions. Pas longtemps, car quelqu'un s'installe à ma table. Je lève la tête pour voir qui a eu cette audace, et m'exclame, surpris :
- Antoine ?
19 janvier 2009
Je prends mes médicaments dans la salle de bains, tôt le matin - j'ai perdu l'habitude de me réveiller tard, on dirait. Mais je vais devoir trouver quelque chose avant de me faire surprendre. Une bouteille d'eau en permanence dans la chambre, par exemple. Je ne peux tout simplement pas parler de mon problème à ma mère. Du moins, pas tant que je n'aurai pas fait le test. Si je suis passé à travers, il aura été inutile de l'inquiéter. Elle a déjà suffisamment de soucis avec tout ce qui s'est passé.
Nous n'avons pas encore révélé la vérité à Jean. Ce n'était pas le moment. Lui aussi a été très éprouvé par cette histoire. Plus tard.
Je vais dans la cuisine rejoindre les autres.
- B'jour, Jerem ! Ça va ?
- Oui, ptit gars, ça va, merci.
Mon frère tourne la tête partout dans la cuisine avant de revenir vers moi.
- Où est-ce que tu vois un petit, toi ? Tu ferais mieux de retourner dormir.
Je m'assois en riant... m'étonne de rire... rire qui disparaît et laisse la place à une sombre humeur.
- Jerem ? Qu'y a-t-il ?
- Ça va aller.
Il n'insiste pas mais me lance des regards tout en mangeant. Ma mère arrive à ce moment.
- Bonjour, tu t'es levé tôt dis donc.
- François est un lève-tôt, lui, il m'a filé le virus on dirait.
Je manque de m'étrangler. Je ne pouvais pas choisir phrase plus malheureuse.
Je m'effondre intérieurement. Ne voulant pas le montrer, je me lève brusquement pour filer dans ma chambre, sous le regard stupéfait de Jean.
J'ai mal. Je me sens horriblement mal. Je n'en peux plus de ne pas savoir. Ça me tue. J'ai fait la pire connerie de ma vie, et pourquoi ? Pour un connard. Je le déteste. Je me déteste.
J'aurais voulu qu'on ne se rencontre jamais. Je n'aurais pas fait une telle erreur, et mon frère ne serait pas à l'hôpital. On mènerait nos vies tranquillement.
À la place...
J'entends discuter ma mère et Jean, toujours dans la cuisine. Je ne peux comprendre ce qu'ils disent, mais je peux le deviner. Et mon frère devant aller au lycée, je pense que les révélations seront pour ce soir.
Je me retourne dans mon lit, tentant d'échapper à tout ça, désireux de sombrer dans le néant du sommeil et de ne plus avoir à faire face à tout ça. Jusqu'à présent, j'ai toujours pris la fuite face à mes responsabilités, et je me rends compte que ça n'a pas changé. François n'a eu aucun traitement d'urgence, lui. Je n'ai rien dit quand j'ai offert mon sang. Je n'ai rien dit après non plus. J'avais trop honte.
Honte de tant de choses...
Je me rends compte que je déprime total, et que rester enfermé ne va pas arranger les choses. Mais je n'ai pas le cœur à sortir. Et si je sors quand même, je ne sais pas si je reviendrai... j'ai trop mal, beaucoup trop mal... tout est de ma faute.
Je n'en peux plus. En fin de compte, sortir me fera du bien.
Marcher, me vider l'esprit, jusqu'à ce que je sois trop fatigué pour faire autre chose que dormir.
Je m'habille, prends mon blouson et sors, me lançant au hasard des rues dans une très longue promenade.
Je ne sais pas jusqu'où elle me mènera, et de toute façon, je m'en fiche. Quelle importance, de toute façon ? Je suis un minable.
Cette marche ne me change pas du tout les idées, loin s'en faut. En plus, j'ai faim. Et froid. Mais je continue, bien décidé à m'en tenir à mon programme.
Au bout d'un bon moment, je me rends compte que mes pas m'ont conduit aux abords de la fac. J'ai pas mal marché...
Fatigué - et de plus en plus affamé - je décide d'entrer dans un bar.
Le café me réchauffe agréablement. Je commence à regagner des forces. Je me penche sur le menu pour regarder ce que je pourrais bien manger et me décide pour une omelette.
Un jeune homme à la table voisine attire mon attention. Je crois que je le connais, il était au lycée, dans une autre classe. Mais je n'ai pas envie de discuter avec quelqu'un. Je me contente de le regarder, car son manège m'intrigue. Il ne cesse d'observer le serveur. Je le regarde à mon tour, curieux de savoir ce qu'il peut bien avoir.
Beau. C'est la première idée qui me vient à l'esprit. Ce qui montre bien que Bruno n'était pas une exception. Jusqu'à présent, je m'étais tout simplement interdit de regarder les mecs. En tout cas, mon voisin de table a l'air d'avoir littéralement flashé sur lui. Je lui souhaite mentalement bon courage - et bonne chance, aussi.
Je dévore l'omelette et me demande ce que je vais faire ensuite. Je n'ai pas trop envie de bouger pour le moment. Je vais rester ici, alors.
Je voudrais noyer mon humeur dans l'alcool, mais je me suis fait une promesse - et en plus, je suis sous traitement. En parlant de ça... j'ai ma dose à prendre. Un mois à ce régime... je la paie très cher, ma faute. Vraiment très cher.
Décidément, je n'échapperai pas à ces pensées. Je reporte mon attention sur mon voisin, qui regarde partir le serveur - et baisse la tête, dégoûté, en le voyant enlacer une fille.
Désolé pour toi, vieux.
Il s'en va peu après, et je retourne seul à mes réflexions. Pas longtemps, car quelqu'un s'installe à ma table. Je lève la tête pour voir qui a eu cette audace, et m'exclame, surpris :
- Antoine ?
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