28-05-2021, 09:47 PM
* 32 *
Je sors le document que j'ai reçu du laboratoire et le tend d'abord à ma mère.
- On a fait un test ADN. Le résultat est là, en bas. Nous sommes jumeaux.
- Ce n'est pas possible, répond Marie.
Ma mère lui passe le document, qu'elle lit avant de secouer la tête.
- Je ne comprends pas comment une telle chose est possible.
- Notre hypothèse est qu'il a pu se passer quelque chose à l'hôpital.
Ma mère ouvre de grands yeux, soudain.
- Mon dieu... ce n'est pas possible...
- Qu'y a-t-il ?
Elle se tourne vers Marie et lui dit :
- Tu as eu François via un don d'embryons, n'est-ce pas ?
Marie hésite.
- Nous avons appris que le père de François est stérile, dis-je.
- Vous avez été jusqu'à apprendre ça, répond-elle. Je vois...
- Alors ? Et quel est le rapport avec moi ?
- C'est moi qui ai fait ce don, dit ma mère. Je ne savais pas qui recevrait les embryons... Mais la façon dont ça s'est passé n'était pas exactement légale. Le médecin qui s'en est occupé, dans l'hôpital dans lequel se trouve maintenant François, était dans le coup. Et voilà que par un incroyable tour du destin, nous nous retrouvons réunis.
- Mais... alors... non, il y a un truc qui ne colle pas, on est nés prématurément, tous les deux...
- Vous étiez jumeaux, avec un métabolisme identique, les mêmes problèmes sont survenus au même moment.
- Vu comme ça... incroyable... on s'était imaginé toute une histoire d'échange de bébés à l'hôpital, mais on n'aurait jamais pensé à ça. Alors, c'est toi notre mère à tous les deux ? Mais pourquoi as-tu fait ce don ?
- D'abord, Jeremy, je ne suis que la mère biologique de François. Marie s'est occupé de lui toute sa vie et cela fait d'elle sa mère, plus je ne le serai jamais.
- Euh, oui, je...
- D'autre part, il s'est simplement trouvé que j'ai eu recours à une fécondation in vitro, et qu'une partie des embryons m'a été implantée - un seul a pris, et ça a été toi. Mais quand j'ai demandé ce qu'il allait advenir des autres embryons, je n'ai pu accepter l'idée qu'ils seraient détruits... j'ai longuement discuté avec le médecin, et il s'est laissé convaincre... il y a tant de couples qui espèrent avoir un enfant, et la procédure n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui, c'était complexe...
- Ne m'en parle pas, dit Marie. J'ai été si heureuse quand j'ai appris qu'il y avait une possibilité pour moi... mon mari ne pouvait accepter l'idée d'un don de sperme, ça le dérangeait beaucoup. Mais un embryon, ça allait. J'ai dû faire avec, mais ça ne m'a pas facilité du tout les choses, bien au contraire. Cette opportunité a été un don du ciel pour moi.
- Je peux l'imaginer, dit ma mère.
- Une minute, maman... comment ça, tu as eu recours à une fécondation artificielle ?
- Ton père ne pouvait pas concevoir.
- Tout comme mon mari.
- Ah... donc, c'est un autre homme qui est mon père ?
- Oui, un pur anonyme, en fait.
- Et donc, Jean aussi ?
- Oui. J'ai pu obtenir le même donneur pour lui.
- Ce qui explique qu'on se ressemble tous les deux.
- C'était le but... j'ai eu de la chance que le médecin se soit montré compréhensif.
Eh bien, j'en ai appris des choses... j'aurais aimé que François soit là pour les entendre aussi.
- Pas de nouvelles de l'hôpital ?
- Non, rien pour le moment. Il va falloir être patients...
- Rien ne vous oblige à rester ici, dit Marie. Je vous tiendrai au courant s'il y a du nouveau.
- Merci, Marie.
- Merci à toi de m'avoir emmenée.
- C'était la moindre des choses, voyons.
Ma mère lui serre la main, fortement.
- Courage, Marie, il va s'en sortir.
- Merci. Et merci à toi, Jeremy, de tout mon cœur, merci !
Je reste silencieux dans la voiture de ma mère, lors du long trajet qui nous ramène chez nous. À hauteur de Lyon, nous nous arrêtons pour manger un sandwich.
- Tu comptes le dire à Jean ?
- Maintenant que la vérité a éclaté, je ne vois pas pourquoi continuer à la nier.
- Ça ne change rien pour moi. Je vois toujours mon père comme tel et il me manque toujours autant.
- Voilà qui lui fera plaisir.
- Je pense que ça sera pareil pour Jean.
- Espérons-le...
Je retourne à mon silence.
- Tu tiens le coup ?
- C'est dur... j'ai à peine trouvé un frère jumeau que j'ai manqué le perdre.
- Je vais faire en sorte que tu voie un psy.
- Ça ira, maman, je suis choqué, c'est tout.
- Justement. Et de toute façon, après ce qui s'est passé, ça ne peut que t'aider. Et je ne discuterai pas là-dessus.
Quand ma mère sort cette dernière phrase, elle ne plaisante pas. Même papa laisse tomber. Et au bout d'un moment, je me dis qu'un psy pourrait peut-être m'aider, en effet. J'en ai gros sur le cœur, beaucoup plus que ne saurait l'imaginer ma mère. Il faut que j'arrive à y voir clair en moi... si toutefois je trouve le courage de parler de tout ça, ce qui n'est pas gagné...
Le reste du trajet se fait sans histoire, je retrouve mon chez moi. Il me semble l'avoir quitté il y a des années.
J'ai à peine fait quelques pas dans l'appartement que Jean bondit sur moi.
- Ça va ? Tu n'as rien ?
- Ça va, frérot, merci de t'en inquiéter, mais je vais bien.
Je le serre soudain dans mes bras, amenant ma mère auprès de nous par la même occasion.
- J'ai failli vous perdre, dis-je, réalisant enfin pleinement.
- Ça va aller, Jerem. Tu es là, maintenant.
Pour combien de temps encore ? Quel avenir m'attend ?
Je sors le document que j'ai reçu du laboratoire et le tend d'abord à ma mère.
- On a fait un test ADN. Le résultat est là, en bas. Nous sommes jumeaux.
- Ce n'est pas possible, répond Marie.
Ma mère lui passe le document, qu'elle lit avant de secouer la tête.
- Je ne comprends pas comment une telle chose est possible.
- Notre hypothèse est qu'il a pu se passer quelque chose à l'hôpital.
Ma mère ouvre de grands yeux, soudain.
- Mon dieu... ce n'est pas possible...
- Qu'y a-t-il ?
Elle se tourne vers Marie et lui dit :
- Tu as eu François via un don d'embryons, n'est-ce pas ?
Marie hésite.
- Nous avons appris que le père de François est stérile, dis-je.
- Vous avez été jusqu'à apprendre ça, répond-elle. Je vois...
- Alors ? Et quel est le rapport avec moi ?
- C'est moi qui ai fait ce don, dit ma mère. Je ne savais pas qui recevrait les embryons... Mais la façon dont ça s'est passé n'était pas exactement légale. Le médecin qui s'en est occupé, dans l'hôpital dans lequel se trouve maintenant François, était dans le coup. Et voilà que par un incroyable tour du destin, nous nous retrouvons réunis.
- Mais... alors... non, il y a un truc qui ne colle pas, on est nés prématurément, tous les deux...
- Vous étiez jumeaux, avec un métabolisme identique, les mêmes problèmes sont survenus au même moment.
- Vu comme ça... incroyable... on s'était imaginé toute une histoire d'échange de bébés à l'hôpital, mais on n'aurait jamais pensé à ça. Alors, c'est toi notre mère à tous les deux ? Mais pourquoi as-tu fait ce don ?
- D'abord, Jeremy, je ne suis que la mère biologique de François. Marie s'est occupé de lui toute sa vie et cela fait d'elle sa mère, plus je ne le serai jamais.
- Euh, oui, je...
- D'autre part, il s'est simplement trouvé que j'ai eu recours à une fécondation in vitro, et qu'une partie des embryons m'a été implantée - un seul a pris, et ça a été toi. Mais quand j'ai demandé ce qu'il allait advenir des autres embryons, je n'ai pu accepter l'idée qu'ils seraient détruits... j'ai longuement discuté avec le médecin, et il s'est laissé convaincre... il y a tant de couples qui espèrent avoir un enfant, et la procédure n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui, c'était complexe...
- Ne m'en parle pas, dit Marie. J'ai été si heureuse quand j'ai appris qu'il y avait une possibilité pour moi... mon mari ne pouvait accepter l'idée d'un don de sperme, ça le dérangeait beaucoup. Mais un embryon, ça allait. J'ai dû faire avec, mais ça ne m'a pas facilité du tout les choses, bien au contraire. Cette opportunité a été un don du ciel pour moi.
- Je peux l'imaginer, dit ma mère.
- Une minute, maman... comment ça, tu as eu recours à une fécondation artificielle ?
- Ton père ne pouvait pas concevoir.
- Tout comme mon mari.
- Ah... donc, c'est un autre homme qui est mon père ?
- Oui, un pur anonyme, en fait.
- Et donc, Jean aussi ?
- Oui. J'ai pu obtenir le même donneur pour lui.
- Ce qui explique qu'on se ressemble tous les deux.
- C'était le but... j'ai eu de la chance que le médecin se soit montré compréhensif.
Eh bien, j'en ai appris des choses... j'aurais aimé que François soit là pour les entendre aussi.
- Pas de nouvelles de l'hôpital ?
- Non, rien pour le moment. Il va falloir être patients...
- Rien ne vous oblige à rester ici, dit Marie. Je vous tiendrai au courant s'il y a du nouveau.
- Merci, Marie.
- Merci à toi de m'avoir emmenée.
- C'était la moindre des choses, voyons.
Ma mère lui serre la main, fortement.
- Courage, Marie, il va s'en sortir.
- Merci. Et merci à toi, Jeremy, de tout mon cœur, merci !
Je reste silencieux dans la voiture de ma mère, lors du long trajet qui nous ramène chez nous. À hauteur de Lyon, nous nous arrêtons pour manger un sandwich.
- Tu comptes le dire à Jean ?
- Maintenant que la vérité a éclaté, je ne vois pas pourquoi continuer à la nier.
- Ça ne change rien pour moi. Je vois toujours mon père comme tel et il me manque toujours autant.
- Voilà qui lui fera plaisir.
- Je pense que ça sera pareil pour Jean.
- Espérons-le...
Je retourne à mon silence.
- Tu tiens le coup ?
- C'est dur... j'ai à peine trouvé un frère jumeau que j'ai manqué le perdre.
- Je vais faire en sorte que tu voie un psy.
- Ça ira, maman, je suis choqué, c'est tout.
- Justement. Et de toute façon, après ce qui s'est passé, ça ne peut que t'aider. Et je ne discuterai pas là-dessus.
Quand ma mère sort cette dernière phrase, elle ne plaisante pas. Même papa laisse tomber. Et au bout d'un moment, je me dis qu'un psy pourrait peut-être m'aider, en effet. J'en ai gros sur le cœur, beaucoup plus que ne saurait l'imaginer ma mère. Il faut que j'arrive à y voir clair en moi... si toutefois je trouve le courage de parler de tout ça, ce qui n'est pas gagné...
Le reste du trajet se fait sans histoire, je retrouve mon chez moi. Il me semble l'avoir quitté il y a des années.
J'ai à peine fait quelques pas dans l'appartement que Jean bondit sur moi.
- Ça va ? Tu n'as rien ?
- Ça va, frérot, merci de t'en inquiéter, mais je vais bien.
Je le serre soudain dans mes bras, amenant ma mère auprès de nous par la même occasion.
- J'ai failli vous perdre, dis-je, réalisant enfin pleinement.
- Ça va aller, Jerem. Tu es là, maintenant.
Pour combien de temps encore ? Quel avenir m'attend ?
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