24-05-2021, 09:23 PM
* 28 *
Je n'ai pas vraiment pu apprécier la balade à sa juste valeur, vu mon état d'esprit, mais j'ai fait de mon mieux. À l'approche de midi, j'ai laissé mon frère un moment et je me suis éloigné pour pouvoir parler tranquillement. Sauf qu'il y a du monde partout, dans les rues de Genève, et je ne me sens pas capable de parler de ça à haute voix au milieu de la foule. Je finis par trouver une ruelle, dans laquelle j'attends avec impatience un appel qui tarde à venir. Je suis frigorifié lorsque le téléphone sonne, et mes doigts engourdis manquent de le laisser tomber lorsque je prends l'appel.
Je n'ai pas pris de gants, entre autres choses qui me manquent. Décidément, je ne suis pas doué pour me couvrir...
- Allô ?
- Chéri, comment ça se passe, ton voyage ?
- Maman, je suis occupé, là, je te rappelle.
- D'accord.
Je laisse échapper un long soupir d'exaspération après avoir raccroché. L'attente reprend... et deux minutes plus tard, nouvel appel. Je regarde cette fois l'écran, c'est bien Bruno. L'heure des explications a sonné...
- Salut, Jeremy, ça va ?
- Euh, j'ai une question importante à te poser.
- Oui ? Qu'y a-t-il ?
- Ce matin... j'ai réalisé qu'on ne s'est pas protégés. Et maintenant, je me pose des... des questions sur...
Je n'arrive pas à finir ma phrase, mais il a compris où je veux en venir.
- Eh, t'occupe pas de ça, bonhomme. Je suis clean.
- T'as fait un test pour le savoir ?
- Pas besoin de test pour ça, je suis pas malade. Je ne couche pas avec n'importe qui, tu sais.
J'ai un doute, personnellement... vu la manière qu'il a eu de me mettre dans son lit moins d'une heure après m'avoir remarqué dans la boîte de nuit, j'ai un énorme doute... et je me sens de plus en plus mal.
- Tu ne t'es jamais protégé, c'est ça ?
- Non, j'aime pas ça, et alors ?
Il est complètement inconscient. Ma gorge se serre de plus en plus.
- Bordel, Bruno... tu... tu peux attraper n'importe quelle maladie comme ça ! Ça ne se voit pas juste à la bonne mine du gars !
- Eh, si t'as décidé de me faire la morale, je raccroche, OK ? Je ne me souviens pas que tu aies protesté, hier.
- Fais pas l'innocent ! Tu m'as rendu fou de désir, je ne savais plus où j'en étais, et tu as fait de moi ce que tu voulais ! Après... je ne réfléchissais plus du tout...
- Tu vois, c'est exactement ça. Cesse donc de réfléchir et de te tracasser pour des broutilles. Profite du moment présent et vis ta vie à fond, c'est comme ça que tu seras heureux.
- Ça n'empêche pas de prendre des précautions, bordel ! Ce n'est pas seulement ta vie qui est en jeu, c'est aussi celle des gars avec qui tu couches !
- Pfff... t'en fais pas pour ça, je t'ai dit. Tu sais où me trouver si tu te calmes, et sinon, bah, bon retour chez toi.
Clic.
Je passe une longue minute à l'insulter dans le vide. Je me suis fait avoir comme un bleu par un salaud qui ne pense qu'au sexe et ne voit pas plus loin. Tout ce qui l'intéressait, c'était de me sauter... et il s'y est pris comme il fallait pour me mettre en confiance et me chauffer. Désolant. Je plaindrais sa pauvre existence si je n'étais pas autant dans la merde. Parce que les implications de ce que je viens d'apprendre sont terribles.
Il faudrait un réel coup de bol pour qu'il soit passé entre les mailles du filet - des filets, devrais-je dire : sida, hépatite, herpès, etc... la loterie du désastre.
- Bordel, au collège, je me moquais des autres qui pensaient avec leur sexe, mais je vois qu'en grandissant, certains n'ont pas changé du tout... Comment, mais comment, à l'heure actuelle, peut-on être aussi inconscient ? Même si je l'ai été moi-même, sur ce coup-là... je n'ai décidément pas fini de m'adresser des reproches.
Je rejoins François, qui remarque aussitôt mon humeur.
- Qu'y a-t-il ?
- Rien.
- Vous vous êtes disputés ?
- Oui. J'ai pas envie d'en parler.
- Bon, comme tu veux. Mais tu sais que je tiens à toi. Si tu veux des conseils, ou un soutien, je serai là, Jerem.
- Merci... on va manger ?
Je n'ai pas très faim, mais je ne veux plus parler de ça.
À vrai dire, la fondue que nous mangeons dans un restaurant est si bonne que je me surprends moi-même. Je me suis vraiment régalé.
- Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?
Il regarde son portable.
- Encore quatre heures.
- Pfff.
- Un ciné, plus le trajet, ça devrait le faire.
- D'accord. J'ai hâte, vraiment hâte de savoir. Même si je n'ai plus de doutes sur le résultat.
- Nous verrons bien.
Le film... je serais incapable, en sortant du cinéma, de dire de quoi il parlait. François nous conduit vers le laboratoire qui détient un résultat capable de bouleverser nos vies, et celles de nos familles. Que va-t-on découvrir ?
Et si tout cela n'était qu'une incroyable coïncidence, il n'en reste pas moins un mystère, celui du père de François. Mais je ne pense plus qu'il s'agit d'une coïncidence. Des explications vont être nécessaires, et je redoute le moment où je devrai en parler à ma mère.
Sans parler du fait que mon père travaille toujours en Égypte et qu'il ne reviendra pas avant le mois prochain. Galère.
Il y a tant de secrets entre nous... « Bonjour papa, maman, j'ai des trucs à vous dire : je suis homo, j'ai peut-être le sida, j'ai un frère jumeau, ce qui veut dire que vous n'êtes peut-être pas mes parents après tout, mais sinon, ça va. Un commentaire ? »
Je n'ai pas vraiment pu apprécier la balade à sa juste valeur, vu mon état d'esprit, mais j'ai fait de mon mieux. À l'approche de midi, j'ai laissé mon frère un moment et je me suis éloigné pour pouvoir parler tranquillement. Sauf qu'il y a du monde partout, dans les rues de Genève, et je ne me sens pas capable de parler de ça à haute voix au milieu de la foule. Je finis par trouver une ruelle, dans laquelle j'attends avec impatience un appel qui tarde à venir. Je suis frigorifié lorsque le téléphone sonne, et mes doigts engourdis manquent de le laisser tomber lorsque je prends l'appel.
Je n'ai pas pris de gants, entre autres choses qui me manquent. Décidément, je ne suis pas doué pour me couvrir...
- Allô ?
- Chéri, comment ça se passe, ton voyage ?
- Maman, je suis occupé, là, je te rappelle.
- D'accord.
Je laisse échapper un long soupir d'exaspération après avoir raccroché. L'attente reprend... et deux minutes plus tard, nouvel appel. Je regarde cette fois l'écran, c'est bien Bruno. L'heure des explications a sonné...
- Salut, Jeremy, ça va ?
- Euh, j'ai une question importante à te poser.
- Oui ? Qu'y a-t-il ?
- Ce matin... j'ai réalisé qu'on ne s'est pas protégés. Et maintenant, je me pose des... des questions sur...
Je n'arrive pas à finir ma phrase, mais il a compris où je veux en venir.
- Eh, t'occupe pas de ça, bonhomme. Je suis clean.
- T'as fait un test pour le savoir ?
- Pas besoin de test pour ça, je suis pas malade. Je ne couche pas avec n'importe qui, tu sais.
J'ai un doute, personnellement... vu la manière qu'il a eu de me mettre dans son lit moins d'une heure après m'avoir remarqué dans la boîte de nuit, j'ai un énorme doute... et je me sens de plus en plus mal.
- Tu ne t'es jamais protégé, c'est ça ?
- Non, j'aime pas ça, et alors ?
Il est complètement inconscient. Ma gorge se serre de plus en plus.
- Bordel, Bruno... tu... tu peux attraper n'importe quelle maladie comme ça ! Ça ne se voit pas juste à la bonne mine du gars !
- Eh, si t'as décidé de me faire la morale, je raccroche, OK ? Je ne me souviens pas que tu aies protesté, hier.
- Fais pas l'innocent ! Tu m'as rendu fou de désir, je ne savais plus où j'en étais, et tu as fait de moi ce que tu voulais ! Après... je ne réfléchissais plus du tout...
- Tu vois, c'est exactement ça. Cesse donc de réfléchir et de te tracasser pour des broutilles. Profite du moment présent et vis ta vie à fond, c'est comme ça que tu seras heureux.
- Ça n'empêche pas de prendre des précautions, bordel ! Ce n'est pas seulement ta vie qui est en jeu, c'est aussi celle des gars avec qui tu couches !
- Pfff... t'en fais pas pour ça, je t'ai dit. Tu sais où me trouver si tu te calmes, et sinon, bah, bon retour chez toi.
Clic.
Je passe une longue minute à l'insulter dans le vide. Je me suis fait avoir comme un bleu par un salaud qui ne pense qu'au sexe et ne voit pas plus loin. Tout ce qui l'intéressait, c'était de me sauter... et il s'y est pris comme il fallait pour me mettre en confiance et me chauffer. Désolant. Je plaindrais sa pauvre existence si je n'étais pas autant dans la merde. Parce que les implications de ce que je viens d'apprendre sont terribles.
Il faudrait un réel coup de bol pour qu'il soit passé entre les mailles du filet - des filets, devrais-je dire : sida, hépatite, herpès, etc... la loterie du désastre.
- Bordel, au collège, je me moquais des autres qui pensaient avec leur sexe, mais je vois qu'en grandissant, certains n'ont pas changé du tout... Comment, mais comment, à l'heure actuelle, peut-on être aussi inconscient ? Même si je l'ai été moi-même, sur ce coup-là... je n'ai décidément pas fini de m'adresser des reproches.
Je rejoins François, qui remarque aussitôt mon humeur.
- Qu'y a-t-il ?
- Rien.
- Vous vous êtes disputés ?
- Oui. J'ai pas envie d'en parler.
- Bon, comme tu veux. Mais tu sais que je tiens à toi. Si tu veux des conseils, ou un soutien, je serai là, Jerem.
- Merci... on va manger ?
Je n'ai pas très faim, mais je ne veux plus parler de ça.
À vrai dire, la fondue que nous mangeons dans un restaurant est si bonne que je me surprends moi-même. Je me suis vraiment régalé.
- Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?
Il regarde son portable.
- Encore quatre heures.
- Pfff.
- Un ciné, plus le trajet, ça devrait le faire.
- D'accord. J'ai hâte, vraiment hâte de savoir. Même si je n'ai plus de doutes sur le résultat.
- Nous verrons bien.
Le film... je serais incapable, en sortant du cinéma, de dire de quoi il parlait. François nous conduit vers le laboratoire qui détient un résultat capable de bouleverser nos vies, et celles de nos familles. Que va-t-on découvrir ?
Et si tout cela n'était qu'une incroyable coïncidence, il n'en reste pas moins un mystère, celui du père de François. Mais je ne pense plus qu'il s'agit d'une coïncidence. Des explications vont être nécessaires, et je redoute le moment où je devrai en parler à ma mère.
Sans parler du fait que mon père travaille toujours en Égypte et qu'il ne reviendra pas avant le mois prochain. Galère.
Il y a tant de secrets entre nous... « Bonjour papa, maman, j'ai des trucs à vous dire : je suis homo, j'ai peut-être le sida, j'ai un frère jumeau, ce qui veut dire que vous n'êtes peut-être pas mes parents après tout, mais sinon, ça va. Un commentaire ? »
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