21-05-2021, 09:35 PM
* 25 *
J'ai marché un peu jusqu'à atteindre une place, et m'installe pour prendre un petit café. Je rallume mon portable mais je n'ai pas de message. J'appelle François pour qu'il passe me prendre.
- Salut, tombeur, me dit-il. Dis-moi où tu es.
Je lui donne le lieu et il me dit qu'il arrive.
J'ai le temps de finir mon café, de le payer, et de jouer à un jeu sur mon téléphone avant que sa voiture ne s'arrête devant moi. Je monte et le salue.
- Alors ? C'était bien ?
- Ouais, très bien. Je dois te remercier.
- Pourquoi ?
- T'as fait le bon choix, hier. C'était... plus qu'intéressant.
- De quoi tu parles ?
- De cette boîte gay.
- Tu t'es ennuyé, tu es sorti, et tu es tombé sur une fille ?
- Pas vraiment, non... je... je me suis fait draguer par un mec... et je l'ai suivi jusqu'à chez lui.
Il me regarde, franchement étonné.
- Je me doutais bien que tu étais gay, tu sais, mais je n'aurais pas cru que tu franchirais le pas si vite.
- Il me plaisait, comme aucun autre avant lui.
- Mince alors, il faut que tu me le présente. Je veux voir ce gars.
- Pas question, il est à moi.
- Je m'en doute bien, je te taquine. Mais j'espère qu'il ne voit pas en toi qu'un plan cul.
J'y réfléchis.
- C'est probable... mais il a été gentil.
- Hum...
- On vit à des centaines de kilomètres l'un de l'autre, François. Ce n'est pas possible.
- Certains ne s'arrêtent pas à ça, Jerem.
- Peut-être... mais je ne crois pas être amoureux de lui.
- Vous venez à peine de vous rencontrer, vous ne vous connaissez pas vraiment.
- Ça ne collera pas. Pas sur le long terme, en tout cas.
- Si tu le sens comme ça, autant ne pas insister, en effet. Profites-en bien le temps que ça durera.
- Ouais.
- Et sors couvert !
- Hein ?
- Tu t'es protégé, j'espère ? Ça me déplairait au plus haut point de te perdre pour une connerie pareille.
Une sensation glaciale me serre le cœur. Dans le trouble et l'excitation qui m'avaient emporté hier, je n'y avais pas pensé une seconde. Mon frère a mille fois raison. J'ai merdé, et pas qu'un peu, sur ce coup-là. Je me sens mal, très mal. J'ai été con... vraiment con.
Je reste silencieux un long moment, tentant de me raisonner en me disant que tout le monde n'est pas contaminé, loin s'en faut, et que j'ai toutes les chances de survivre à cette épreuve - et la leçon sera profitable, cette peur qui m'étreint ne me fera plus oublier cette précaution élémentaire que j'ai totalement ignorée.
Mais si c'est trop tard... hmpf...
Bordel... je me disais qu'il ne m'avait pas respecté... mais je me rends compte maintenant à quel point.
Une litanie de jurons et d'insultes adressées à moi-même s'égrène dans mon esprit. Je suis plutôt du genre anxieux, quand les choses ne vont pas.
Mais je ne peux rien y changer. Plus qu'à me faire dépister... il faut que je me renseigne là-dessus.
Je finis par tenter de sortir de cette morosité.
- Où va-t-on ?
- Dans le petit village où je suis né. La deuxième piste.
- D'accord. Il y a un hôpital là-bas ?
- J'ai dû naître à la maison, je vois bien le truc. On va voir si on arrive à tirer quelque chose des habitants.
Je le sens mal, ce coup-là. Déjà que je n'ai pas le moral, il va falloir en plus qu'on fouille dans un village perdu à questionner des gens qui n'ont pas que ça à faire. Génial.
- Y a une mairie là-bas ?
- Ouais. Pas mal pour un village de 76 habitants.
- Un village ? Un hameau tu veux dire.
Nous arrivons bientôt à destination.
C'est encore plus petit que je ne l'imaginais.
- Je te laisse à la mairie, je vais voir du côté de l'ancienne maison de mes parents. Prends mes papiers et fais-toi passer pour moi.
- OK.
Malin le frangin...
Il me dépose et j'entre dans le bâtiment, me dirigeant vers l'accueil où un homme a visiblement l'air de s'ennuyer à mourir.
- Bonjour.
- Bonjour, je suis né ici et je fais des recherches sur mes origines, je voudrais voir les archives autour de ma date de naissance.
- Quel genre d'archives ?
- Les naissances. Tenez, voici ma carte d'identité et mon extrait de naissance.
- Je vois... mais que cherchez-vous en particulier ?
- Je voudrais savoir si des jumeaux sont nés à la même période.
- Étrange recherche.
- Je me suis découvert un frère jumeau, et vu que nos parents jurent que nous sommes nés seuls, j'ai un horrible doute quant à ce qui s'est passé à l'hôpital où nous sommes nés. Nous cherchons à connaître la vérité.
- Mon dieu, si vous avez raison, ce serait terrible... je vais regarder ça tout de suite, ça ne devrait pas être long.
Il regarde ma date de naissance et s'éloigne vers un autre bureau dans lequel il donne des instructions.
- Allez-y, me dit-il, mon assistante va s'occuper de vous.
Son assistante ? C'est le maire que j'ai en face de moi, qui fait l'accueil ? Il doit vraiment s'ennuyer...
La femme qui est en train de fouiller dans une armoire à documents a des cheveux entièrement blancs. Elle me tourne le dos, examinant chaque dossier avant d'en sortir un et de le poser sur son bureau. Pas un instant elle ne me regarde. Elle tourne les pages du dossier, examinant chaque inscription, avant de s'arrêter.
- Voilà, Frédéric et Guillaume Ravaux.
- Des jumeaux ?
- Oui, nés en même temps ici-même.
- Comme moi, alors... c'est intéressant, ça. Comment se fait-il que tant de naissances se soit déroulées ici ? Il n'y a pas d'hôpital.
- Il faudrait demander ça au médecin, il a pris sa retraite depuis le temps, mais il vit toujours ici. Je vous fait une photocopie de ça et je vous donne son adresse.
- Merci !
- De rien jeune homme.
Je sors de la mairie en remerciant tout le monde, et envoie un texto à François pour l'informer. La femme m'a indiqué comment rejoindre le médecin, et le hameau n'est pas grand. J'y suis rapidement, et sonne à la porte.
Un vieil homme m'ouvre et me regarde d'un air interrogateur.
- Oui ?
- Monsieur Famel ?
- C'est moi. Que voulez-vous ?
J'explique de nouveau ce qui m'amène ici, et son regard se trouble.
- Revenez avec votre frère, dit-il avant de refermer la porte.
- Mais... pourquoi ?
Mais la porte ne se rouvre pas. J'envoie un nouveau message et François me répond qu'il sera bientôt là.
J'ai donc quelques minutes de libre pour repenser à moi.
- Je suis trop con...
Je n'en ai pas fini avec les reproches... Mais il y en a un que je compte bien interroger, ce soir. J'ai été stupide... mais lui n'a eu aucun respect pour ma vie.
J'ai marché un peu jusqu'à atteindre une place, et m'installe pour prendre un petit café. Je rallume mon portable mais je n'ai pas de message. J'appelle François pour qu'il passe me prendre.
- Salut, tombeur, me dit-il. Dis-moi où tu es.
Je lui donne le lieu et il me dit qu'il arrive.
J'ai le temps de finir mon café, de le payer, et de jouer à un jeu sur mon téléphone avant que sa voiture ne s'arrête devant moi. Je monte et le salue.
- Alors ? C'était bien ?
- Ouais, très bien. Je dois te remercier.
- Pourquoi ?
- T'as fait le bon choix, hier. C'était... plus qu'intéressant.
- De quoi tu parles ?
- De cette boîte gay.
- Tu t'es ennuyé, tu es sorti, et tu es tombé sur une fille ?
- Pas vraiment, non... je... je me suis fait draguer par un mec... et je l'ai suivi jusqu'à chez lui.
Il me regarde, franchement étonné.
- Je me doutais bien que tu étais gay, tu sais, mais je n'aurais pas cru que tu franchirais le pas si vite.
- Il me plaisait, comme aucun autre avant lui.
- Mince alors, il faut que tu me le présente. Je veux voir ce gars.
- Pas question, il est à moi.
- Je m'en doute bien, je te taquine. Mais j'espère qu'il ne voit pas en toi qu'un plan cul.
J'y réfléchis.
- C'est probable... mais il a été gentil.
- Hum...
- On vit à des centaines de kilomètres l'un de l'autre, François. Ce n'est pas possible.
- Certains ne s'arrêtent pas à ça, Jerem.
- Peut-être... mais je ne crois pas être amoureux de lui.
- Vous venez à peine de vous rencontrer, vous ne vous connaissez pas vraiment.
- Ça ne collera pas. Pas sur le long terme, en tout cas.
- Si tu le sens comme ça, autant ne pas insister, en effet. Profites-en bien le temps que ça durera.
- Ouais.
- Et sors couvert !
- Hein ?
- Tu t'es protégé, j'espère ? Ça me déplairait au plus haut point de te perdre pour une connerie pareille.
Une sensation glaciale me serre le cœur. Dans le trouble et l'excitation qui m'avaient emporté hier, je n'y avais pas pensé une seconde. Mon frère a mille fois raison. J'ai merdé, et pas qu'un peu, sur ce coup-là. Je me sens mal, très mal. J'ai été con... vraiment con.
Je reste silencieux un long moment, tentant de me raisonner en me disant que tout le monde n'est pas contaminé, loin s'en faut, et que j'ai toutes les chances de survivre à cette épreuve - et la leçon sera profitable, cette peur qui m'étreint ne me fera plus oublier cette précaution élémentaire que j'ai totalement ignorée.
Mais si c'est trop tard... hmpf...
Bordel... je me disais qu'il ne m'avait pas respecté... mais je me rends compte maintenant à quel point.
Une litanie de jurons et d'insultes adressées à moi-même s'égrène dans mon esprit. Je suis plutôt du genre anxieux, quand les choses ne vont pas.
Mais je ne peux rien y changer. Plus qu'à me faire dépister... il faut que je me renseigne là-dessus.
Je finis par tenter de sortir de cette morosité.
- Où va-t-on ?
- Dans le petit village où je suis né. La deuxième piste.
- D'accord. Il y a un hôpital là-bas ?
- J'ai dû naître à la maison, je vois bien le truc. On va voir si on arrive à tirer quelque chose des habitants.
Je le sens mal, ce coup-là. Déjà que je n'ai pas le moral, il va falloir en plus qu'on fouille dans un village perdu à questionner des gens qui n'ont pas que ça à faire. Génial.
- Y a une mairie là-bas ?
- Ouais. Pas mal pour un village de 76 habitants.
- Un village ? Un hameau tu veux dire.
Nous arrivons bientôt à destination.
C'est encore plus petit que je ne l'imaginais.
- Je te laisse à la mairie, je vais voir du côté de l'ancienne maison de mes parents. Prends mes papiers et fais-toi passer pour moi.
- OK.
Malin le frangin...
Il me dépose et j'entre dans le bâtiment, me dirigeant vers l'accueil où un homme a visiblement l'air de s'ennuyer à mourir.
- Bonjour.
- Bonjour, je suis né ici et je fais des recherches sur mes origines, je voudrais voir les archives autour de ma date de naissance.
- Quel genre d'archives ?
- Les naissances. Tenez, voici ma carte d'identité et mon extrait de naissance.
- Je vois... mais que cherchez-vous en particulier ?
- Je voudrais savoir si des jumeaux sont nés à la même période.
- Étrange recherche.
- Je me suis découvert un frère jumeau, et vu que nos parents jurent que nous sommes nés seuls, j'ai un horrible doute quant à ce qui s'est passé à l'hôpital où nous sommes nés. Nous cherchons à connaître la vérité.
- Mon dieu, si vous avez raison, ce serait terrible... je vais regarder ça tout de suite, ça ne devrait pas être long.
Il regarde ma date de naissance et s'éloigne vers un autre bureau dans lequel il donne des instructions.
- Allez-y, me dit-il, mon assistante va s'occuper de vous.
Son assistante ? C'est le maire que j'ai en face de moi, qui fait l'accueil ? Il doit vraiment s'ennuyer...
La femme qui est en train de fouiller dans une armoire à documents a des cheveux entièrement blancs. Elle me tourne le dos, examinant chaque dossier avant d'en sortir un et de le poser sur son bureau. Pas un instant elle ne me regarde. Elle tourne les pages du dossier, examinant chaque inscription, avant de s'arrêter.
- Voilà, Frédéric et Guillaume Ravaux.
- Des jumeaux ?
- Oui, nés en même temps ici-même.
- Comme moi, alors... c'est intéressant, ça. Comment se fait-il que tant de naissances se soit déroulées ici ? Il n'y a pas d'hôpital.
- Il faudrait demander ça au médecin, il a pris sa retraite depuis le temps, mais il vit toujours ici. Je vous fait une photocopie de ça et je vous donne son adresse.
- Merci !
- De rien jeune homme.
Je sors de la mairie en remerciant tout le monde, et envoie un texto à François pour l'informer. La femme m'a indiqué comment rejoindre le médecin, et le hameau n'est pas grand. J'y suis rapidement, et sonne à la porte.
Un vieil homme m'ouvre et me regarde d'un air interrogateur.
- Oui ?
- Monsieur Famel ?
- C'est moi. Que voulez-vous ?
J'explique de nouveau ce qui m'amène ici, et son regard se trouble.
- Revenez avec votre frère, dit-il avant de refermer la porte.
- Mais... pourquoi ?
Mais la porte ne se rouvre pas. J'envoie un nouveau message et François me répond qu'il sera bientôt là.
J'ai donc quelques minutes de libre pour repenser à moi.
- Je suis trop con...
Je n'en ai pas fini avec les reproches... Mais il y en a un que je compte bien interroger, ce soir. J'ai été stupide... mais lui n'a eu aucun respect pour ma vie.
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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