CHAPITRE CXVIII
''Iterume atque iterum''
''Iterume atque iterum''
Ils mirent quinze jours à atteindre Haï'Fone, la capitale du royaume d'Happ'Eule. Ils cheminaient le jour et s'arrêtaient à la tombée de la nuit, dans une auberge, chez l'habitant ou à la belle étoile. Les nuits étaient douces et ils se réchauffaient en faisant l'amour et en s'enlaçant tendrement.
Pendant que son minet dormait profondément, la tête posée sur un de ses pecs, Burydan le regard perdu vers les étoiles, était... inquiet. Enfin, pas vraiment inquiet mais... si en fait, inquiet. Et Burydan de Malkchour n'aimait pas être inquiet.
Deux choses le tabustaient : d'abord, Rhonin. Il ne pouvait plus se passer de son petit blond, c'était clair. Il l'aimait à perdre la raison et Rhonin l'aimait lui aussi. Ceci aurait dû le combler de joie, et c'était le cas, mais c'était le sexe qui l'inquiétait. Rhonin était toujours partant pour une partie de jambes en l'air, demandeur même parfois, et leurs joutes sensuelles étaient, à chaque fois, un plaisir nouveau, mais ça n'allait pas durer. En fait, il n'y a pas 36 000 façons de faire l'amour à un garçon. Burydan avait peur de finir par tourner en rond et par se lasser. Par faire l'amour mécaniquement. La façon la plus pathétique de faire l'amour... Alors, que devait-il faire ? Espacer ses moments de sensualité torride avec son blondinet ? Ne plus lui faire l'amour tous les soirs ? Et éviter au maximum, quand ils s'arrêtaient pour déjeuner, de l'entraîner vers un fourré et de le besogner jusqu'à ce qu'ils jouissent l'un dans l'autre ? Éviter de ne penser qu'à ça à chaque fois qu'il posait les yeux sur lui ? Oui, sans doute... Et il avait essayé. Il avait dû se faire violence pour ne pas se jeter sur son petit blond, mais il avait essayé. Et avait échoué. A cause de Rhonin.
Après s'être déshabillé, Burydan s'était couché et avait attendu que Rhonin le rejoigne. Mais, au lieu de se jeter sur lui avec fougue, il s'était contenté de le prendre tendrement dans ses bras et de le caresser un long moment.
Rhonin avait relevé la tête et l'avait regardé :
- Vous... vous ai-je déplu, maître ?
- Déplu ? Non, pourquoi ?
- Alors vous... vous n'avez plus... appétit à moi ?
- Bien sûr que si...
- Non, maître, je le vois bien. D'habitude vous seriez déjà en train de lécher mon petit corps en me faisant gémir comme un perdu... et là, vous vous contentez de me caresser... j'aime vos caresses, certes... mai j'ai tellement envie que vous me fassiez crier de plaisir...
Burydan plaqua Rhonin sur le dos en le saisissant à la gorge. Il prit une voix dure et dit :
- J'ai bien entendu, esclave, tu as osé dire ''non, maître'' ?
- Oh, je suis désolé, maître, je...
- Silence ! Je vais devoir te punir pour t'apprendre à être un esclave bien docile... tu le sais n'est-ce pas ?
- Ou... oui, maître...
- Supplie moi !
- Je vous en supplie, maître, corrigez moi... j'ai été un vilain garçon, je mérite la fessée...
Et Burydan donna la fessée à son esclave. Et, comme d’habitude, les claques se transformèrent en douces caresses sensuelles et Burydan fit l'amour à son minet avec passion.
Mais Burydan ne pouvait s'empêcher d'être inquiet. Et de plus, il voyait bien comment certaines chambrières regardaient son blondinet. Il faut dire qu'il était tellement beau... Et Burydan se demandait si Rhonin, qui n'avait jamais connu que des hommes par ''obligation'', n'avait pas envie d'essayer... autre chose... un corps de femme, pour être précis. Il aurait pu lui proposer d’essayer, mais Burydan avait trop peur que Rhonin y prenne goût ou, pire, qu'il préfère...
Et il y avait une deuxième chose qui l'inquiétait : qu'allait-il faire de Rhonin une fois de retour en Utopia ? A moins que le Duc eut été renversé pendant son voyage, la bougrerie était toujours hors la loi. Et Burydan n'avait plus l'impunité des chasseurs de prime. Certes, il savait qu'à Malienda, il n'avait rien à craindre, Bratac viendrait au moins le prévenir s'il recevait l'ordre de l'arrêter et il aurait le temps de filer, mais dans le reste du duché ? Il pourrait être arrêté n'importe où... Burydan secoua la tête. Certes il n'était plus chasseur de prime, mais il était toujours Burydan de Malkchour. Son simple nom faisait enlever leurs bonnets à tous les bandits de Britania et leurs chapeaux à la plupart des miliciens... et il affranchirait Rhonin dés son arrivée à Malienda.
Haï'Fone était une immense ville, très semblable à Insta'Gramm... Et comme d'habitude Burydan prit une auberge. Comme d'habitude il alla voir l'ami d'Oli'. Comme d'habitude celui-ci avait ses entrées au palais. Comme d'habitude il fut convoqué au palais pour faire une démonstration de son art. Comme d'habitude Burydan battit le maître d'arme du roi Mac'Intosh. Comme d'habitude, le roi lui envoya un petit présent pour le remercier. Burydan ne savait pas si c'était une coutume simérienne, mais 10 000 lunars lui arrivèrent dan un nouveau coffret richement ouvragé, qu'il envoya également à Oli'.
Burydan et Rhonin ne s'attardèrent pas à Haï'Fone. Ils prirent le chemin de la côte et dirent adieu à Siméria. Trois semaines de traversée devait les emmener à Mesmera.