01-04-2021, 09:15 PM
15 - Yann : Dans les ombres
L'expression de dégoût sur le visage de Michel me fait mal au cœur, je comprends à quel point je me suis aveuglé, qu'est-ce que j'espérais faire ? Il est maintenant trop tard, trop tard pour revenir en arrière, et alors que je cherche en vain quoi dire, quoi faire pour tenter tout de même d'arranger les choses, je vois Michel s'avancer vers moi puis me lancer son poing à la figure. Un coup tellement visible que je peux tranquillement l'éviter.
- Michel, arrête, écoute-moi !
- Depuis tout ce temps j'étais avec un pédé !
- Et quoi ? Je ne t'ai rien fait, que je sache, non ? Arrête de me voir à travers tes préjugés, bordel !
Mais ce qu'il voit en moi, dans son esprit tordu, déviant, c'est son père, et il est incapable de surmonter ça. Il se jette littéralement sur moi pour me plaquer au sol, et je ne peux que lui coller mon poing sur le visage, trop tard cependant pour éviter d'être jeté à terre. Nous nous battons avec une rage désespérée, car je comprends qu'il ne veut qu'une chose : me tuer. Ou plutôt, tuer son père, mais cela m'importe peu dans la situation présente, car je n'ai aucune envie de mourir.
Mes capacités d'anticipation ne me sont que de peu d'utilité à une si courte distance, et je m'efforce de le renverser mais il est très massif, suite à l'absorption de nombreuses bières et mauvais repas.
Quant à moi, qu'est-ce que j'ai pour moi ? Je n'ai jamais vraiment appris à me battre, parce que paradoxalement je savais que je serais trop avantagé par mon talent. Une sorte de sens de l'honneur qui pourrait bien m'envoyer dans la tombe aujourd'hui. Moi, j'ai juste un peu de tennis, de natation... et beaucoup de course à pied, qui m'ont donné de fortes jambes, hélas pratiquement inutilisables dans la position où je suis. La seule chose que je puisse faire c'est... changer de stratégie.
J'envoie un poing le frapper, puis, au lieu de le ramener vers moi pour en envoyer un autre, je rabats mon coude sur son entrejambe. Il se plie en deux, altérant son équilibre et me permettant de le faire basculer.
Je n'ai hélas pas pu frapper assez fort pour le neutraliser, je l'ai juste rendu un peu plus furieux, un peu plus fou. Il se relève, le regard crispé par la douleur, et sa main droite part vers son dos... pour ressortir avec un cran d'arrêt dont il déploie la lame avec un déclic funeste.
Les choses vont beaucoup trop loin à mon goût, je suis en réel danger de mort, et je recule, effrayé, mais il avance, la douleur de son entrejambe refluant, il reprend du poil de la bête et savoure ma terreur.
- J'vais te crever !
- Arrête, mais arrête ! T'es malade !
Oui, il l'est, et je ne m'en étais jamais rendu compte jusqu'à maintenant. Trop tard pour avoir des regrets...
- J'vais te crever, et après j'irai tuer ta copine, ton ptit Laurent ! J'vais foutre le feu à sa maison, cette nuit, ouais, dit-il en passant à côté du jerrycan qu'il avait lâché au début de notre rencontre.
- T'es complètement malade !
- C'est toi le malade, mais j'vais te soigner, ouais !
Il se jette sur moi, une lueur de folie dans son regard, et je comprends que je ne peux pas fuir, quand bien même je cours plus vite que lui, lui tourner le dos serait fatal, et je ne peux plus faire qu'une chose, pour moi, pour Laurent, pour sa famille, Je ne peux que lui faire face, quand bien même ce serait du suicide... mon don pour anticiper les mouvements n'a pas intérêt à me lâcher.
Parce que je me bats pour mon amour, pour sauver sa vie encore plus que la mienne, je me bats comme jamais je ne l'ai fait jusqu'à présent, même contre Steve, je n'ai pas ressenti en moi une telle rage, je donne tout ce que j'ai...
Le voir amorcer un coup, calculer le mouvement, décider de la réponse à donner : le dévier ou esquiver ? Et quelle riposte choisir, c'est si facile tant Michel donne l'impression de se mouvoir au ralenti, je vois les failles dans sa garde et je peux envoyer mon poing en étant pratiquement certain que mon coup portera.
Je deviens probablement trop confiant après l'avoir touché quatre ou cinq fois, oubliant que sa folie décuple son énergie, il emploie la même tactique que précédemment : il se jette de nouveau sur moi, sachant que ça avait déjà marché.
Et je me fais avoir encore une fois, m'étranglant de terreur et attrapant son poignet avant de heurter le mur derrière moi, sachant qu'avec son poids, il va m'embrocher, je tords ce couteau mortel pour le neutraliser, tout se passe si vite, je vais mourir, je vais mourir !
Le choc est rude, encore une fois, c'est qu'il pèse son poids, et je me crispe, attendant de ressentir une atroce souffrance, mais je ne sens rien, mes mains sont crispées sur son couteau, mais il n'essaie pas de lutter, étrangement, et c'est quand un liquide chaud coule sur mes doigts que je me rends compte que quelque chose ne va pas.
Michel s'effondre, alors que je lâche le couteau, horrifié, et contemple mes mains pleines de sang. Je le regarde alors, voyant une tâche rouge s'élargir sur sa poitrine, je reste figé, horrifié, la gorge nouée, incapable d'accepter ce qui vient de se passer. Il cesse bientôt de bouger, ses mains, toujours crispées sur le couteau se détendent, son regard devient vitreux... c'est ça, plus que le sang, qui me ramène à la réalité.
- Oh mon dieu ! Michel... oh merde !
Une vague d'horreur m'envahit, je recule, heurte le mur avec un cri de peur, puis prends la fuite, pris de panique, empruntant les petites allées, me cachant en attendant qu'il n'y ait plus personne en vue avant de traverser une rue, je fuis un long moment sans même savoir vers où, mais mon instinct m'a ramené à la maison, que j'aborde par l'arrière, je suis encore paniqué, je ne veux pas qu'on me voie, qu'on sache ce que j'ai fait, oh mon dieu, j'ai tué quelqu'un, ce n'est pas possible...
Un cri s'étrangle dans ma gorge quand, voulant ouvrir la porte-fenêtre qui donne sur le jardin, je revois le sang sur mes mains. Regardant autour de moi, je vois le robinet qui nous servait à arroser et je m'y précipite, me lavant abondamment les mains, puis regardant mes vêtements... par miracle, il n'y a pas de sang ! Je rince le robinet que j'ai souillé en l'ouvrant, puis je m'efforce de respirer, de composer une bonne figure, mais ça ne doit pas être glorieux... Je rentre discrètement dans la maison, puis file vers la salle de bains. Je me regarde dans la glace - j'ai pris des coups, et je ne pourrai pas le cacher - puis reprend une douche.
Je crois bien que je ne me suis jamais lavé avec une telle maniaquerie. Je ressors plus propre physiquement mais certainement pas moralement...
Je ne veux même plus penser à ce qui s'est passé, je jette mes vêtements au panier et sors nu - mes parents sont en bas, dans la cuisine - et me précipite dans ma chambre.
Je referme et me jette sur mon lit, je suis rapidement secoué d'une crise de tremblements nerveux, tandis que je m'efforce de refouler les images qui blessent mon esprit, choqué au-delà du raisonnable.
L'expression de dégoût sur le visage de Michel me fait mal au cœur, je comprends à quel point je me suis aveuglé, qu'est-ce que j'espérais faire ? Il est maintenant trop tard, trop tard pour revenir en arrière, et alors que je cherche en vain quoi dire, quoi faire pour tenter tout de même d'arranger les choses, je vois Michel s'avancer vers moi puis me lancer son poing à la figure. Un coup tellement visible que je peux tranquillement l'éviter.
- Michel, arrête, écoute-moi !
- Depuis tout ce temps j'étais avec un pédé !
- Et quoi ? Je ne t'ai rien fait, que je sache, non ? Arrête de me voir à travers tes préjugés, bordel !
Mais ce qu'il voit en moi, dans son esprit tordu, déviant, c'est son père, et il est incapable de surmonter ça. Il se jette littéralement sur moi pour me plaquer au sol, et je ne peux que lui coller mon poing sur le visage, trop tard cependant pour éviter d'être jeté à terre. Nous nous battons avec une rage désespérée, car je comprends qu'il ne veut qu'une chose : me tuer. Ou plutôt, tuer son père, mais cela m'importe peu dans la situation présente, car je n'ai aucune envie de mourir.
Mes capacités d'anticipation ne me sont que de peu d'utilité à une si courte distance, et je m'efforce de le renverser mais il est très massif, suite à l'absorption de nombreuses bières et mauvais repas.
Quant à moi, qu'est-ce que j'ai pour moi ? Je n'ai jamais vraiment appris à me battre, parce que paradoxalement je savais que je serais trop avantagé par mon talent. Une sorte de sens de l'honneur qui pourrait bien m'envoyer dans la tombe aujourd'hui. Moi, j'ai juste un peu de tennis, de natation... et beaucoup de course à pied, qui m'ont donné de fortes jambes, hélas pratiquement inutilisables dans la position où je suis. La seule chose que je puisse faire c'est... changer de stratégie.
J'envoie un poing le frapper, puis, au lieu de le ramener vers moi pour en envoyer un autre, je rabats mon coude sur son entrejambe. Il se plie en deux, altérant son équilibre et me permettant de le faire basculer.
Je n'ai hélas pas pu frapper assez fort pour le neutraliser, je l'ai juste rendu un peu plus furieux, un peu plus fou. Il se relève, le regard crispé par la douleur, et sa main droite part vers son dos... pour ressortir avec un cran d'arrêt dont il déploie la lame avec un déclic funeste.
Les choses vont beaucoup trop loin à mon goût, je suis en réel danger de mort, et je recule, effrayé, mais il avance, la douleur de son entrejambe refluant, il reprend du poil de la bête et savoure ma terreur.
- J'vais te crever !
- Arrête, mais arrête ! T'es malade !
Oui, il l'est, et je ne m'en étais jamais rendu compte jusqu'à maintenant. Trop tard pour avoir des regrets...
- J'vais te crever, et après j'irai tuer ta copine, ton ptit Laurent ! J'vais foutre le feu à sa maison, cette nuit, ouais, dit-il en passant à côté du jerrycan qu'il avait lâché au début de notre rencontre.
- T'es complètement malade !
- C'est toi le malade, mais j'vais te soigner, ouais !
Il se jette sur moi, une lueur de folie dans son regard, et je comprends que je ne peux pas fuir, quand bien même je cours plus vite que lui, lui tourner le dos serait fatal, et je ne peux plus faire qu'une chose, pour moi, pour Laurent, pour sa famille, Je ne peux que lui faire face, quand bien même ce serait du suicide... mon don pour anticiper les mouvements n'a pas intérêt à me lâcher.
Parce que je me bats pour mon amour, pour sauver sa vie encore plus que la mienne, je me bats comme jamais je ne l'ai fait jusqu'à présent, même contre Steve, je n'ai pas ressenti en moi une telle rage, je donne tout ce que j'ai...
Le voir amorcer un coup, calculer le mouvement, décider de la réponse à donner : le dévier ou esquiver ? Et quelle riposte choisir, c'est si facile tant Michel donne l'impression de se mouvoir au ralenti, je vois les failles dans sa garde et je peux envoyer mon poing en étant pratiquement certain que mon coup portera.
Je deviens probablement trop confiant après l'avoir touché quatre ou cinq fois, oubliant que sa folie décuple son énergie, il emploie la même tactique que précédemment : il se jette de nouveau sur moi, sachant que ça avait déjà marché.
Et je me fais avoir encore une fois, m'étranglant de terreur et attrapant son poignet avant de heurter le mur derrière moi, sachant qu'avec son poids, il va m'embrocher, je tords ce couteau mortel pour le neutraliser, tout se passe si vite, je vais mourir, je vais mourir !
Le choc est rude, encore une fois, c'est qu'il pèse son poids, et je me crispe, attendant de ressentir une atroce souffrance, mais je ne sens rien, mes mains sont crispées sur son couteau, mais il n'essaie pas de lutter, étrangement, et c'est quand un liquide chaud coule sur mes doigts que je me rends compte que quelque chose ne va pas.
Michel s'effondre, alors que je lâche le couteau, horrifié, et contemple mes mains pleines de sang. Je le regarde alors, voyant une tâche rouge s'élargir sur sa poitrine, je reste figé, horrifié, la gorge nouée, incapable d'accepter ce qui vient de se passer. Il cesse bientôt de bouger, ses mains, toujours crispées sur le couteau se détendent, son regard devient vitreux... c'est ça, plus que le sang, qui me ramène à la réalité.
- Oh mon dieu ! Michel... oh merde !
Une vague d'horreur m'envahit, je recule, heurte le mur avec un cri de peur, puis prends la fuite, pris de panique, empruntant les petites allées, me cachant en attendant qu'il n'y ait plus personne en vue avant de traverser une rue, je fuis un long moment sans même savoir vers où, mais mon instinct m'a ramené à la maison, que j'aborde par l'arrière, je suis encore paniqué, je ne veux pas qu'on me voie, qu'on sache ce que j'ai fait, oh mon dieu, j'ai tué quelqu'un, ce n'est pas possible...
Un cri s'étrangle dans ma gorge quand, voulant ouvrir la porte-fenêtre qui donne sur le jardin, je revois le sang sur mes mains. Regardant autour de moi, je vois le robinet qui nous servait à arroser et je m'y précipite, me lavant abondamment les mains, puis regardant mes vêtements... par miracle, il n'y a pas de sang ! Je rince le robinet que j'ai souillé en l'ouvrant, puis je m'efforce de respirer, de composer une bonne figure, mais ça ne doit pas être glorieux... Je rentre discrètement dans la maison, puis file vers la salle de bains. Je me regarde dans la glace - j'ai pris des coups, et je ne pourrai pas le cacher - puis reprend une douche.
Je crois bien que je ne me suis jamais lavé avec une telle maniaquerie. Je ressors plus propre physiquement mais certainement pas moralement...
Je ne veux même plus penser à ce qui s'est passé, je jette mes vêtements au panier et sors nu - mes parents sont en bas, dans la cuisine - et me précipite dans ma chambre.
Je referme et me jette sur mon lit, je suis rapidement secoué d'une crise de tremblements nerveux, tandis que je m'efforce de refouler les images qui blessent mon esprit, choqué au-delà du raisonnable.
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