31-03-2021, 11:07 PM
14 - Yann : Intenable
Je ne devrais pas y penser. L'organisation du déménagement m'a pas mal occupé, mais maintenant que tout est prêt, je suis désœuvré et mon cœur se serre à la vue de tous ces cartons.
Je ne veux pas partir. Malgré tous les problèmes qu'il y a ici avec Michel et Steve, je me dis que ma place est ici, auprès de Laurent.
Les souvenirs de tout ce que nous avons partagé ne rendent que plus cruelle notre séparation.
L'ambiance devient si pesante que je décide de sortir. Comme tout le monde est à la fête de Laurent et que je ferais mieux d'éviter de m'y montrer - je ne sais pas comment je réagirais, mais ce ne serait probablement pas bien. Quand je pense qu'ils sont obligés de faire ça pour avoir la paix... je serre les poings tout en courant. La course, voilà qui m'a manqué.
Mes pas me mènent devant le stade, et je décide d'y entrer. Je me souviens de cette courses avec Julien, et souris. Retrouvant quelques camarades du lycée, je me joins à eux et me donne à fond pour ne plus penser à rien.
Je leur fais mes adieux quelques heures plus tard, sachant que je ne les reverrai probablement plus, que nous franchissons une étape avec la vie universitaire qui se profile devant nous.
Je les laisse à la douche, je n'ai pas pris d'affaires avec moi, et ressors fatigué... mais hélas pas apaisé. Maintenant que je ne se suis plus à la course, Laurent me revient en tête, Laurent et Adeline... Non ! Ce n'est pas possible, pas possible qu'on en arrive là à cause de quatre abrutis qui ne peuvent pas accepter ce que nous sommes, ça va trop loin, tout va trop loin... je me rends compte que je me suis mis en route vers la maison de Laurent, pour arrêter tout ça, et je me reprends non sans mal en me forçant à rentrer chez moi.
C'est toujours aussi morne chez moi et ça me déprime encore plus en me rappelant avec force mon départ imminent.
Je monte tout de suite prendre une douche, entre le sport et le rangement de cartons, je suis en nage.
Mais je ne parviens pas à me sortir de la tête que pendant ce temps-là, la fête bat son plein chez Laurent, qu'Adeline l'a embrassé, et...
Mes pensées s'embrasent à ce moment, ma jalousie, ma colère, ma frustration, tout me tombe dessus en même temps, et je réalise à quel point j'ai pris sur moi ces derniers temps. Je suis si las, si blessé par tout ceci que je n'essaie même plus de lutter. La colère est si... apaisante, paradoxalement, quand elle me montre qu'il est si simple de régler les choses.
Je ne suis pas stupide, je sais bien quels sentiments Adeline éprouve pour Laurent, et même s'il m'aime, qu'en sera-t-il quand je ne serai plus là ? Il faut que je fasse quelque chose, et pour moi c'est clair, dans ma tête, il n'y a qu'une seule personne qui est responsable de tous mes malheurs actuels.
Je m'habille, décidé à faire ce que j'aurais dû faire depuis longtemps, depuis que j'ai su...
Je dois agir pour empêcher ça !
Je sors de la maison, il commence à être tard, et je me mets en route, il faut que je règle ça tout de suite, que j'en finisse une fois pour toutes avec ces trahisons, ces mensonges, ces souffrances.
Comment ai-je pu ? Comment est-ce que j'ai pu laisser une telle chose arriver ?
Je suis consumé de jalousie, de colère et de haine. J'arrive au carrefour et traverse en direction de la maison de Laurent, le cœur battant à chaque pas que je fais sur le trottoir. Je ne vois pas les gens que je croise, les voitures qui passent, je suis perdu dans mes pensées, mes souvenirs que je ressasse comme des lames de rasoir sur mon cœur meurtri.
Je dépasse la maison de Laurent avec une souffrance presque physique, des larmes coulent spontanément de mes yeux tandis que je continue ma route et tourne au coin, plus vite, toujours plus vite, je passe par les petites allées pour raccourcir mon trajet, traverse la rue arrivé au bout, emprunte une nouvelle allée, je me souviens que c'est ici que je suis tombé sur Steve et qu'il a tout raconté à Michel et à sa bande, ils ne l'ont pas cru sur le coup, mais Annie leur dira bien, elle qui..
C'est avec surprise que je croise Michel, dans l'allée, venant en sens contraire, portant un jerrycan.
- Ah, salut, Yann !
Je ne réponds pas, je regarde le jerrycan. Des images de flammes dansent dans mon esprit. Il s'explique :
- Cet idiot de Thierry a oublié de faire le plein et il est tombé en rade, et c'est moi qui me tape la corvée... ça va Yann ?
- Comment est-ce que j'ai pu être pote avec un connard comme toi, ça me dépasse.
- Hein ? Qu'est-ce qui te prend ?
- Tu veux savoir ce qui me prend ? Tu t'es fait violer par ton père, et qui tu accuses ? Tous les homos du monde, au point de rêver d'en crever un ? Qu'est-ce qu'ils t'ont fait, eux ? Rien, tu m'entends ? RIEN ! T'est juste tellement débile que tu sait même pas faire la différence entre un pédophile et un homosexuel, qui lui ne touche pas aux gosses !
Michel me regarde, les yeux ronds, ma tirade était bien la dernière chose qu'il s'attendait à entendre de ma part.
Je reprends, sans lui laisser le temps de parler.
- Moi aussi on a abusé de moi, moins gravement certes mais bordel je n'accuse pas tout le monde de ce qui m'est arrivé ! Il n'y a qu'un coupable, Michel, un seul, pas le reste du monde, pas plein de gens, un seul ! Mais toi tu t'es noyé dans ta haine, tu as décidé que toute une catégorie de personnes qui ne t'ont rien fait mérite la mort ! Pauvre type !
- Putain mais qu'est-ce qui te prend ?
- Est-ce que tu comprends seulement ce que je te dis ?
- Eh, calme-toi, je sais pas ce que t'as fumé mais tu ferais mieux de te calmer !
Je le saisis par le col et le plaque contre le grillage.
Je dois faire passer le message... si je veux protéger Laurent, protéger mon couple, mon amour, je dois faire comprendre à Michel qu'il est dans l'erreur. Mais il se débat, et ma colère, qui ne s'est toujours pas apaisée, loin de là, ne me rend pas très diplomate.
- Putain mais lâche moi !
- Je t'ai demandé si tu as compris !
- Mais bordel, qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce que t'as avec les pédés, t'en es un, c'est ça, il avait raison Steve ? C'est pour ça que tu les défend ?
- Et ça change quoi ? Tu as vu que je suis un gars comme les autres, tu m'as accepté comme ami sans la moindre arrière-pensée, je suis comme tout le monde, très loin de l'image que tu te fais !
- Oh, putain, lâche moi ! LÂCHE MOI !
- Tu ne comprends pas que tu te trompes ?!
Il me frappe, j'évite son coup mais suis obligé de le lâcher. Il s'éloigne de moi comme si j'avais la peste.
Il est irrécupérable... et maintenant, c'est obligé qu'il s'en prenne à Laurent, maintenant il sait, il sait et c'est de ma faute, j'ai merdé, si j'étais resté chez moi comme je devais, mais merde, c'est de sa faute, c'est lui, c'est lui depuis le début...
Je ne devrais pas y penser. L'organisation du déménagement m'a pas mal occupé, mais maintenant que tout est prêt, je suis désœuvré et mon cœur se serre à la vue de tous ces cartons.
Je ne veux pas partir. Malgré tous les problèmes qu'il y a ici avec Michel et Steve, je me dis que ma place est ici, auprès de Laurent.
Les souvenirs de tout ce que nous avons partagé ne rendent que plus cruelle notre séparation.
L'ambiance devient si pesante que je décide de sortir. Comme tout le monde est à la fête de Laurent et que je ferais mieux d'éviter de m'y montrer - je ne sais pas comment je réagirais, mais ce ne serait probablement pas bien. Quand je pense qu'ils sont obligés de faire ça pour avoir la paix... je serre les poings tout en courant. La course, voilà qui m'a manqué.
Mes pas me mènent devant le stade, et je décide d'y entrer. Je me souviens de cette courses avec Julien, et souris. Retrouvant quelques camarades du lycée, je me joins à eux et me donne à fond pour ne plus penser à rien.
Je leur fais mes adieux quelques heures plus tard, sachant que je ne les reverrai probablement plus, que nous franchissons une étape avec la vie universitaire qui se profile devant nous.
Je les laisse à la douche, je n'ai pas pris d'affaires avec moi, et ressors fatigué... mais hélas pas apaisé. Maintenant que je ne se suis plus à la course, Laurent me revient en tête, Laurent et Adeline... Non ! Ce n'est pas possible, pas possible qu'on en arrive là à cause de quatre abrutis qui ne peuvent pas accepter ce que nous sommes, ça va trop loin, tout va trop loin... je me rends compte que je me suis mis en route vers la maison de Laurent, pour arrêter tout ça, et je me reprends non sans mal en me forçant à rentrer chez moi.
C'est toujours aussi morne chez moi et ça me déprime encore plus en me rappelant avec force mon départ imminent.
Je monte tout de suite prendre une douche, entre le sport et le rangement de cartons, je suis en nage.
Mais je ne parviens pas à me sortir de la tête que pendant ce temps-là, la fête bat son plein chez Laurent, qu'Adeline l'a embrassé, et...
Mes pensées s'embrasent à ce moment, ma jalousie, ma colère, ma frustration, tout me tombe dessus en même temps, et je réalise à quel point j'ai pris sur moi ces derniers temps. Je suis si las, si blessé par tout ceci que je n'essaie même plus de lutter. La colère est si... apaisante, paradoxalement, quand elle me montre qu'il est si simple de régler les choses.
Je ne suis pas stupide, je sais bien quels sentiments Adeline éprouve pour Laurent, et même s'il m'aime, qu'en sera-t-il quand je ne serai plus là ? Il faut que je fasse quelque chose, et pour moi c'est clair, dans ma tête, il n'y a qu'une seule personne qui est responsable de tous mes malheurs actuels.
Je m'habille, décidé à faire ce que j'aurais dû faire depuis longtemps, depuis que j'ai su...
Je dois agir pour empêcher ça !
Je sors de la maison, il commence à être tard, et je me mets en route, il faut que je règle ça tout de suite, que j'en finisse une fois pour toutes avec ces trahisons, ces mensonges, ces souffrances.
Comment ai-je pu ? Comment est-ce que j'ai pu laisser une telle chose arriver ?
Je suis consumé de jalousie, de colère et de haine. J'arrive au carrefour et traverse en direction de la maison de Laurent, le cœur battant à chaque pas que je fais sur le trottoir. Je ne vois pas les gens que je croise, les voitures qui passent, je suis perdu dans mes pensées, mes souvenirs que je ressasse comme des lames de rasoir sur mon cœur meurtri.
Je dépasse la maison de Laurent avec une souffrance presque physique, des larmes coulent spontanément de mes yeux tandis que je continue ma route et tourne au coin, plus vite, toujours plus vite, je passe par les petites allées pour raccourcir mon trajet, traverse la rue arrivé au bout, emprunte une nouvelle allée, je me souviens que c'est ici que je suis tombé sur Steve et qu'il a tout raconté à Michel et à sa bande, ils ne l'ont pas cru sur le coup, mais Annie leur dira bien, elle qui..
C'est avec surprise que je croise Michel, dans l'allée, venant en sens contraire, portant un jerrycan.
- Ah, salut, Yann !
Je ne réponds pas, je regarde le jerrycan. Des images de flammes dansent dans mon esprit. Il s'explique :
- Cet idiot de Thierry a oublié de faire le plein et il est tombé en rade, et c'est moi qui me tape la corvée... ça va Yann ?
- Comment est-ce que j'ai pu être pote avec un connard comme toi, ça me dépasse.
- Hein ? Qu'est-ce qui te prend ?
- Tu veux savoir ce qui me prend ? Tu t'es fait violer par ton père, et qui tu accuses ? Tous les homos du monde, au point de rêver d'en crever un ? Qu'est-ce qu'ils t'ont fait, eux ? Rien, tu m'entends ? RIEN ! T'est juste tellement débile que tu sait même pas faire la différence entre un pédophile et un homosexuel, qui lui ne touche pas aux gosses !
Michel me regarde, les yeux ronds, ma tirade était bien la dernière chose qu'il s'attendait à entendre de ma part.
Je reprends, sans lui laisser le temps de parler.
- Moi aussi on a abusé de moi, moins gravement certes mais bordel je n'accuse pas tout le monde de ce qui m'est arrivé ! Il n'y a qu'un coupable, Michel, un seul, pas le reste du monde, pas plein de gens, un seul ! Mais toi tu t'es noyé dans ta haine, tu as décidé que toute une catégorie de personnes qui ne t'ont rien fait mérite la mort ! Pauvre type !
- Putain mais qu'est-ce qui te prend ?
- Est-ce que tu comprends seulement ce que je te dis ?
- Eh, calme-toi, je sais pas ce que t'as fumé mais tu ferais mieux de te calmer !
Je le saisis par le col et le plaque contre le grillage.
Je dois faire passer le message... si je veux protéger Laurent, protéger mon couple, mon amour, je dois faire comprendre à Michel qu'il est dans l'erreur. Mais il se débat, et ma colère, qui ne s'est toujours pas apaisée, loin de là, ne me rend pas très diplomate.
- Putain mais lâche moi !
- Je t'ai demandé si tu as compris !
- Mais bordel, qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce que t'as avec les pédés, t'en es un, c'est ça, il avait raison Steve ? C'est pour ça que tu les défend ?
- Et ça change quoi ? Tu as vu que je suis un gars comme les autres, tu m'as accepté comme ami sans la moindre arrière-pensée, je suis comme tout le monde, très loin de l'image que tu te fais !
- Oh, putain, lâche moi ! LÂCHE MOI !
- Tu ne comprends pas que tu te trompes ?!
Il me frappe, j'évite son coup mais suis obligé de le lâcher. Il s'éloigne de moi comme si j'avais la peste.
Il est irrécupérable... et maintenant, c'est obligé qu'il s'en prenne à Laurent, maintenant il sait, il sait et c'est de ma faute, j'ai merdé, si j'étais resté chez moi comme je devais, mais merde, c'est de sa faute, c'est lui, c'est lui depuis le début...
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