04-03-2021, 09:48 PM
23 - Yann : Virée nocturne
La gorge serrée, je monte dans la voiture, à l'arrière, Michel s'installant à la place du mort, je me mets derrière lui et réfléchis furieusement à un moyen de me sortir de là. Je n'en vois malheureusement aucun...
Moi et ma grande gueule...
Plusieurs idées me viennent à l'esprit, mais je dois les rejeter à regret, les unes après les autres.
Las, je n'ai pas d'idée géniale, c'est à mon enterrement que je vais... ou pas ?
Je m'interroge. Serais-je capable de faire semblant ? Je ne me suis jamais intéressé aux filles. Pourrais-je faire ce qu'il faut, pourrais-je me montrer à la hauteur ? Je n'en ai aucune idée.
- Où comptez-vous trouver des filles ? Au supermarché ?
- Très drôle... où veux-tu qu'elles soient, un vendredi soir ?
- En boîte ? Ils ne nous laisseront pas entrer...
- Héhé... y a pas que les boîtes, Yann, tu verras, tu vas apprendre des choses...
- T'es puceau ? Demande Thierry à brûle-pourpoint.
- Euh... en fait...
- C'est oui, conclut-il. Eh bien, demain matin, ce sera réglé, alors souris, grand !
Ouais, mon sort sera bel et bien réglé, demain...
- Pas sans capote !
Bonne idée... sauvé ?
- Qu'est-ce que tu crois, on en a tout un stock ! File-lui en, Michel.
Ce dernier fouille dans ses poches et me tend une petite boîte que je prend avec fatalisme.
Raté.
Je la range dans la poche de mon jean et regarde défiler les lampadaires. Me mettent-ils à l'épreuve, ou est-ce là encore ma parano qui me souffle des idées inquiétantes ? Peut-être pensent-ils faire un bon cadeau à un pote, faire de moi un homme... auquel cas, je me dois de répondre...
- Merci les gars... c'est vraiment sympa de votre part.
Ils rient.
- Ouais, on voit bien que t'as jamais touché à une fille... t'es trop timide, c'est ça ? Dit Thierry.
- Oui. J'ai vraiment du mal...
- Tu manques de confiance en toi, c'est tout. Mais tu verras, une fois que tu y auras goûté, plus rien ne sera comme avant.
Je me concentre sur l'image de Laurent. Tout ceci n'est qu'un cauchemar, je vais me réveiller...
Laurent... tu m'as apporté plus qu'un sentiment de confiance en moi, tu m'as apporté plus que le bonheur... comme je voudrais être dans tes bras en ce moment.
Je me déconnecte de la réalité en plongeant dans une rêverie dans laquelle tout va bien, Laurent est là, pour moi, et rien ne peut m'atteindre. Je comprends que je me suis endormi lorsque la voiture s'arrête, me tirant d'un beau rêve.
- Terminus ! On est arrivés.
Un peu embrumé, je descends et regarde avec curiosité les environs, mais ne reconnais rien, un immeuble se dresse devant moi, mais l'éclairage est étrangement absent dans la rue.
- Dis donc, dit Michel en sortant de la voiture, t'as l'air d'apprécier l'idée !
- Hein ?
Il fait un geste vers mon pantalon, éclairé par la lumière de l'habitacle qui met en relief le résultat de mon rêve précédent...
- Ah, mince, je m'en étais même pas rendu compte.
- T'en fais pas, tu vas bientôt pouvoir t'en servir... par là, dit-il en m'indiquant l'entrée de l'immeuble.
- C'est pas une boîte...
- Non, c'est juste un squat où on se retrouve pour faire la fête. Ça fait des années que l'immeuble aurait dû être démoli, mais ils ne l'ont jamais fait.
Je m'avance à sa suite, et commence à entendre des battements rythmiques, nous grimpons l'escalier, guidés par la lampe torche que manie Thierry, nous atteignons le deuxième étage.
- Tout l'immeuble est occupé, mais ici c'est le bar.
Nous entrons dans un appartement et mes oreilles, déjà agressées par la musique à mi-couloir, me font aussitôt souffrir. Je n'ai pas l'habitude d'un volume aussi agressif, ce n'est plus de la musique, c'est du bruit pur et simple !
- Y a pas foule ce soir ! Crie Michel.
- Tant mieux, dit Thierry, allons au bar !
Ouais... là, je sens que je vais avoir besoin de beaucoup d'alcool. Je vois bien quelques filles dans la pièce mais elles ne sont pas seules, ce qui me soulage grandement.
Je prends un whisky-coca tout en me demandant d'où vient l'argent pour payer tout ça, mais, aussi près des enceintes, ce n'est même pas la peine de poser la question. L'alcool me monte très vite à la tête, sensation familière mais nettement plus rapide qu'avec la bière. Chouette. J'en reprends un.
À moitié anesthésié, je me laisse entraîner dans une autre partie du bâtiment, l'endroit est plus tranquille, mes oreilles peuvent enfin récupérer de l'ambiance du bar.
- Installe-toi ici, tu seras peinard.
Je constate que c'est une petite pièce dans laquelle un vieux matelas a été posé à même le sol.
- Hein ?
- Timide comme tu es, tu ramèneras pas de filles mon pauvre, mais on s'occupe de tout. Ce sera ta chambre pour la nuit bonhomme. Et demain, y aura interro sur tes exploits, alors t'as intérêt à assurer !
- T'en fais pas pour ça, dis-je, pensant tout le contraire.
Je suis dégrisé lorsque la porte se referme derrière moi. Que faire ? Partir ? Je ne sais même pas où je suis. Et pour le coup, je serai grillé. Merde... mais c'est une blague, ils ne vont pas ramener de filles, elles ne sont pas aussi faciles qu'ils ne le pensent, ces deux crétins...
Ainsi rassuré, je plonge mes mains dans mes poches, et touche la boîte de capotes.
Ils ont l'habitude de venir ici...
L'attente est la pire que j'aie pu vivre, je pense. Pour faire passer le temps plus vite, je décide d'ouvrir l'autre porte, et constate qu'elle donne sur des toilettes... qui n'ont plus d'eau depuis longtemps. Je referme en frissonnant.
Les bougies qui éclairent faiblement la pièce voient leur flamme trembler sous l'effet de l'air déplacé par la porte, et une nouvelle fois lorsque s'ouvre la principale, sur un Michel tout souriant.
- Dis bonsoir à ta nouvelle copine... il s'écarte pour laisser passer une petite brune qui rit en me voyant.
- Dis donc, t'es mignon comme tout toi, il se fout de moi ton copain, t'es pas puceau toi !
- Euh...
C'est tout ce que je trouve à dire.
- Tu vois comme il est timide ? Tu comprends maintenant ?
- Ouais, je vois, dit-elle, un peu refroidie.
J'ai déjà pu constater l'effet que ma timidité a sur certaines personnes, qui ont l'air de prendre mes hésitations comme une attaque personnelle.
Michel a l'air de s'en rendre compte, et il lui murmure quelque chose à l'oreille. Je parviens à percevoir la fin : « ...pas me décevoir, hein ? »
- Bien sûr que non, répond-elle en secouant la tête.
- Visiblement, elle ne m'aime pas du tout, je...
- T'occupe, c'est juste qu'elle a eu une mauvaise journée, mais tu vas la lui faire oublier, pas vrai ?
- Ouais, dis-je, faussement réjoui.
Il se retire en me jetant un dernier regard égrillard, puis ferme la porte.
Bon... que faire, maintenant ?
- T'es pas obligée, si tu veux pas, dis-je à la fille.
Moi, en tout cas, je ne veux pas !
- T'occupe, allonge-toi, et qu'on en finisse.
Je suis plus intrigué qu'autre chose.
- Il te force à faire ça ?
- C'est pas tes oignons.
- Dans la mesure où je suis concerné, oui, plutôt.
- Ferme-là et qu'on en finisse.
- Dis-moi ce qui se passe.
- Encore un mot et je vais dire à Michel que tu veux pas. Et vu que tu m'emmerdes, là, je me ferai une joie de le faire.
- Comme tu veux, j'abandonne.
Je suis dégouté. Il est évident qu'elle fait ça d'aussi mauvaise grâce que moi, et pourquoi ? Mais je n'ai plus le choix... ça se confirme donc, Michel m'a bel et bien tendu un piège, en forme de cadeau.
Cherchant toujours une échappatoire, je rejoins le lit, avant de décider qu'il n'y en a aucune. Je vais devoir faire de mon mieux...
J'ôte mon t-shirt, et m'assieds sur le lit pour enlever mes chaussures. Si je ne parviens pas à mes fins, je mourrai demain, c'est une certitude.
Non loin de là, la fille se déshabille en silence. Je déglutis. Je ne parviens pas à me forcer à ôter mon pantalon, c'est plus fort que moi, je n'ai pas ma place ici... Je m'allonge donc tel quel, de plus en plus désespéré, fermant les yeux à la recherche d'une idée de dernière minute.
Si seulement je n'étais pas aussi fatigué...
Lorsque la fille s'approche du lit, elle est accueillie par mes ronflements.
- Super, dit-elle... avant de me faire les poches.
La gorge serrée, je monte dans la voiture, à l'arrière, Michel s'installant à la place du mort, je me mets derrière lui et réfléchis furieusement à un moyen de me sortir de là. Je n'en vois malheureusement aucun...
Moi et ma grande gueule...
Plusieurs idées me viennent à l'esprit, mais je dois les rejeter à regret, les unes après les autres.
Las, je n'ai pas d'idée géniale, c'est à mon enterrement que je vais... ou pas ?
Je m'interroge. Serais-je capable de faire semblant ? Je ne me suis jamais intéressé aux filles. Pourrais-je faire ce qu'il faut, pourrais-je me montrer à la hauteur ? Je n'en ai aucune idée.
- Où comptez-vous trouver des filles ? Au supermarché ?
- Très drôle... où veux-tu qu'elles soient, un vendredi soir ?
- En boîte ? Ils ne nous laisseront pas entrer...
- Héhé... y a pas que les boîtes, Yann, tu verras, tu vas apprendre des choses...
- T'es puceau ? Demande Thierry à brûle-pourpoint.
- Euh... en fait...
- C'est oui, conclut-il. Eh bien, demain matin, ce sera réglé, alors souris, grand !
Ouais, mon sort sera bel et bien réglé, demain...
- Pas sans capote !
Bonne idée... sauvé ?
- Qu'est-ce que tu crois, on en a tout un stock ! File-lui en, Michel.
Ce dernier fouille dans ses poches et me tend une petite boîte que je prend avec fatalisme.
Raté.
Je la range dans la poche de mon jean et regarde défiler les lampadaires. Me mettent-ils à l'épreuve, ou est-ce là encore ma parano qui me souffle des idées inquiétantes ? Peut-être pensent-ils faire un bon cadeau à un pote, faire de moi un homme... auquel cas, je me dois de répondre...
- Merci les gars... c'est vraiment sympa de votre part.
Ils rient.
- Ouais, on voit bien que t'as jamais touché à une fille... t'es trop timide, c'est ça ? Dit Thierry.
- Oui. J'ai vraiment du mal...
- Tu manques de confiance en toi, c'est tout. Mais tu verras, une fois que tu y auras goûté, plus rien ne sera comme avant.
Je me concentre sur l'image de Laurent. Tout ceci n'est qu'un cauchemar, je vais me réveiller...
Laurent... tu m'as apporté plus qu'un sentiment de confiance en moi, tu m'as apporté plus que le bonheur... comme je voudrais être dans tes bras en ce moment.
Je me déconnecte de la réalité en plongeant dans une rêverie dans laquelle tout va bien, Laurent est là, pour moi, et rien ne peut m'atteindre. Je comprends que je me suis endormi lorsque la voiture s'arrête, me tirant d'un beau rêve.
- Terminus ! On est arrivés.
Un peu embrumé, je descends et regarde avec curiosité les environs, mais ne reconnais rien, un immeuble se dresse devant moi, mais l'éclairage est étrangement absent dans la rue.
- Dis donc, dit Michel en sortant de la voiture, t'as l'air d'apprécier l'idée !
- Hein ?
Il fait un geste vers mon pantalon, éclairé par la lumière de l'habitacle qui met en relief le résultat de mon rêve précédent...
- Ah, mince, je m'en étais même pas rendu compte.
- T'en fais pas, tu vas bientôt pouvoir t'en servir... par là, dit-il en m'indiquant l'entrée de l'immeuble.
- C'est pas une boîte...
- Non, c'est juste un squat où on se retrouve pour faire la fête. Ça fait des années que l'immeuble aurait dû être démoli, mais ils ne l'ont jamais fait.
Je m'avance à sa suite, et commence à entendre des battements rythmiques, nous grimpons l'escalier, guidés par la lampe torche que manie Thierry, nous atteignons le deuxième étage.
- Tout l'immeuble est occupé, mais ici c'est le bar.
Nous entrons dans un appartement et mes oreilles, déjà agressées par la musique à mi-couloir, me font aussitôt souffrir. Je n'ai pas l'habitude d'un volume aussi agressif, ce n'est plus de la musique, c'est du bruit pur et simple !
- Y a pas foule ce soir ! Crie Michel.
- Tant mieux, dit Thierry, allons au bar !
Ouais... là, je sens que je vais avoir besoin de beaucoup d'alcool. Je vois bien quelques filles dans la pièce mais elles ne sont pas seules, ce qui me soulage grandement.
Je prends un whisky-coca tout en me demandant d'où vient l'argent pour payer tout ça, mais, aussi près des enceintes, ce n'est même pas la peine de poser la question. L'alcool me monte très vite à la tête, sensation familière mais nettement plus rapide qu'avec la bière. Chouette. J'en reprends un.
À moitié anesthésié, je me laisse entraîner dans une autre partie du bâtiment, l'endroit est plus tranquille, mes oreilles peuvent enfin récupérer de l'ambiance du bar.
- Installe-toi ici, tu seras peinard.
Je constate que c'est une petite pièce dans laquelle un vieux matelas a été posé à même le sol.
- Hein ?
- Timide comme tu es, tu ramèneras pas de filles mon pauvre, mais on s'occupe de tout. Ce sera ta chambre pour la nuit bonhomme. Et demain, y aura interro sur tes exploits, alors t'as intérêt à assurer !
- T'en fais pas pour ça, dis-je, pensant tout le contraire.
Je suis dégrisé lorsque la porte se referme derrière moi. Que faire ? Partir ? Je ne sais même pas où je suis. Et pour le coup, je serai grillé. Merde... mais c'est une blague, ils ne vont pas ramener de filles, elles ne sont pas aussi faciles qu'ils ne le pensent, ces deux crétins...
Ainsi rassuré, je plonge mes mains dans mes poches, et touche la boîte de capotes.
Ils ont l'habitude de venir ici...
L'attente est la pire que j'aie pu vivre, je pense. Pour faire passer le temps plus vite, je décide d'ouvrir l'autre porte, et constate qu'elle donne sur des toilettes... qui n'ont plus d'eau depuis longtemps. Je referme en frissonnant.
Les bougies qui éclairent faiblement la pièce voient leur flamme trembler sous l'effet de l'air déplacé par la porte, et une nouvelle fois lorsque s'ouvre la principale, sur un Michel tout souriant.
- Dis bonsoir à ta nouvelle copine... il s'écarte pour laisser passer une petite brune qui rit en me voyant.
- Dis donc, t'es mignon comme tout toi, il se fout de moi ton copain, t'es pas puceau toi !
- Euh...
C'est tout ce que je trouve à dire.
- Tu vois comme il est timide ? Tu comprends maintenant ?
- Ouais, je vois, dit-elle, un peu refroidie.
J'ai déjà pu constater l'effet que ma timidité a sur certaines personnes, qui ont l'air de prendre mes hésitations comme une attaque personnelle.
Michel a l'air de s'en rendre compte, et il lui murmure quelque chose à l'oreille. Je parviens à percevoir la fin : « ...pas me décevoir, hein ? »
- Bien sûr que non, répond-elle en secouant la tête.
- Visiblement, elle ne m'aime pas du tout, je...
- T'occupe, c'est juste qu'elle a eu une mauvaise journée, mais tu vas la lui faire oublier, pas vrai ?
- Ouais, dis-je, faussement réjoui.
Il se retire en me jetant un dernier regard égrillard, puis ferme la porte.
Bon... que faire, maintenant ?
- T'es pas obligée, si tu veux pas, dis-je à la fille.
Moi, en tout cas, je ne veux pas !
- T'occupe, allonge-toi, et qu'on en finisse.
Je suis plus intrigué qu'autre chose.
- Il te force à faire ça ?
- C'est pas tes oignons.
- Dans la mesure où je suis concerné, oui, plutôt.
- Ferme-là et qu'on en finisse.
- Dis-moi ce qui se passe.
- Encore un mot et je vais dire à Michel que tu veux pas. Et vu que tu m'emmerdes, là, je me ferai une joie de le faire.
- Comme tu veux, j'abandonne.
Je suis dégouté. Il est évident qu'elle fait ça d'aussi mauvaise grâce que moi, et pourquoi ? Mais je n'ai plus le choix... ça se confirme donc, Michel m'a bel et bien tendu un piège, en forme de cadeau.
Cherchant toujours une échappatoire, je rejoins le lit, avant de décider qu'il n'y en a aucune. Je vais devoir faire de mon mieux...
J'ôte mon t-shirt, et m'assieds sur le lit pour enlever mes chaussures. Si je ne parviens pas à mes fins, je mourrai demain, c'est une certitude.
Non loin de là, la fille se déshabille en silence. Je déglutis. Je ne parviens pas à me forcer à ôter mon pantalon, c'est plus fort que moi, je n'ai pas ma place ici... Je m'allonge donc tel quel, de plus en plus désespéré, fermant les yeux à la recherche d'une idée de dernière minute.
Si seulement je n'étais pas aussi fatigué...
Lorsque la fille s'approche du lit, elle est accueillie par mes ronflements.
- Super, dit-elle... avant de me faire les poches.
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