Entre ombre et lumière (gay, ados, terminé)

[inny-2]

22 -Yann : Entre potes

- Tiens, dit Michel, qui vient nous voir ?
- Tout le monde est là ? Fais-je en voyant Thierry dans la salle.
- Juste nous deux. Mais t'as amené de quoi boire, c'est cool ça.
- Oui, vous avez soif ?
- Et comment !
Ils se rassemblent tous deux près de moi, la glace est brisée, l'offrande acceptée, et nous nous installons sur les sièges et le canapé.
- Alors, on te voit plus beaucoup. T'as tout arrangé avec ta famille ?
- Non... on se parle le moins possible, je préfère ça, mais ils ont décidé de déménager pendant les vacances pour s'installer près de la fac, moi qui pensais être débarrassé d'eux...
- Ils tiennent à rester avec leur petit chéri...
- Tu parles, je vais me prendre une chambre d'étudiant, oui, ils peuvent toujours courir pour que je m'installe avec eux.

- Et puis c'est plus pratique pour inviter les copines, dit Thierry, l'air égrillard.
- Ou les copains, dit Michel...
- Pourvu qu'ils apportent leur bière, répons-je aussitôt, les faisant tous rire.
Michel a-t-il lancé une pique, ou c'est ma parano qui me fait voir un double sens à sa remarque ? Mais non, après ce qu'il a vécu, s'il me soupçonnait réellement, je serais déjà par terre. Du calme... au moins, j'ai joliment esquivé. Et il a beau être bourrin, il sait bien que ce n'est pas en me posant la question que je vais lui répondre la vérité. Dois-je en rajouter ? Essayons un truc...
- C'est pas mal, ici, mais, y a un truc qui manque...
- Et c'est quoi ?
- Bah des filles, tiens ! Du genre facile...
- Bah pourquoi tu nous amène pas ta copine ?
- Pfff, d'ici qu'elle soit d'accord pour coucher avec moi celle-là, j'aurai une barbe blanche !

- Montre lui que t'es un homme, dit Michel, toujours prêt à donner de « bons » conseils en la matière.
C'est-à-dire, à m'indiquer tout ce qu'il ne faut pas faire... Même si je soupçonne que ça doit marcher avec certaines. Après tout, il y a de tout dans le monde... y compris des femmes qui aiment les machos. Quand je pense à la mère de Julien... Enfin, mieux vaut penser à autre chose. Je choisis de m'amuser en écoutant ce que Michel a à me dire.
- Vas-y, explique-moi.
- J'y crois pas... tu sais pas être un homme ?
- C'est juste que je comprends pas comment tu y arrives aussi bien avec les filles, dis-je, le cerveau en ébullition après sa recherche en urgence d'une réponse adéquate. Bon sang, le terrain est dangereux même quand on parle filles... Mais là, j'ai tapé juste, il sourit avec fierté.
- Eh, je leur montre simplement que je suis viril. Je leur fait clairement comprendre que la place qui est la leur est celle d'une femme, et que celui qui commande, c'est moi. Si j'ai envie de l'embrasser, je l'embrasse, et si elle est pas d'accord, je la vire, parce que j'ai pas besoin d'une fille qui fait semblant de s'attacher à moi, tu piges ?

- Ah ouais... t'arrives à les garder longtemps comme ça ?
- Pas toutes, mais celles qui restent... héhé...
- Ouais, je vois.
Bon sang, il y croit vraiment... ou y a-t-il vraiment autant de filles disposées à se soumettre à lui ? Je décide de le regarder tel qu'il est, de l'évaluer en tant que mec et non en tant que pote du genre taureau dangereux. Vu comme ça... il est vrai qu'il est pas mal. Belle carrure, même s'il n'a pas que du muscle, je parie, mais il donne l'impression de faire du rugby ou du football américain, il doit certainement attirer le genre de filles qui apprécient les mecs virils, d'autant que son visage n'est pas dégeu... c'est juste son attitude qui est rebutante au possible. C'est dommage...
- Allez, dit Thierry, allons nous amuser un peu !
- Ouais, dit Michel. Viens avec nous, Yann !
- Vous allez où ?
- Tu vas apprécier, ça c'est sûr ! Viens !

Je découvre que Thierry a une voiture, enfin, c'est plus probablement celle de son père... attends, non, je vois mal son gendarme de père lui laisser prendre sa bagnole comme ça, je me trompe peut-être d'ailleurs, mais...
- C'est ta voiture ?
- Pour ce soir, ça l'est !
- Comment ça, pour ce soir ?
- T'occupe, monte !
Pas la peine de tenter de reculer, je vide ma bière et monte dans la voiture.
- Alors, où va-t-on ?
- Tu te plaignais que ça manque de filles ? T'as bien raison tu sais. Alors on va en chercher, pardi !
Michel me tend une nouvelle canette que j'accepte avec gratitude. Dans quoi me suis-je fourré ?