25-02-2021, 05:14 AM
(Modification du message : 25-02-2021, 11:32 AM par fablelionsilencieux.)
Cinquième odyssée,
Jeudi 3 octobre 1968, je profite de ce jour d’inactivité[sup]1[/sup] scolaire pour aller au cinéma, Pathé Gaumont, de la petite ville provinciale où je vis.
Après l’achat de mon ticket pour la séance de neuf heures, je rejoins la salle et suis l’ouvreuse avec sa lampe de poche, son panier rempli d’esquimaux, de chocolats et autres confiseries qui me font saliver.
Les publicités ont commencé et installé dans la pénombre, j’achète un ‘Mikostar’ – esquimau de glace vanille enrobée de chocolat aux éclats de noisette – puis le savoure en attendant le début du film.
2001 : L'Odyssée de l'espace, commence et pendant plus de deux heures et demi, je pars à la conquête de l’espace, ce rêve mit de façon magistrale sur la pellicule par Stanley Kubrick, où un vaisseau spatial évolue en orbite lunaire au rythme langoureux du "Beau Danube Bleu". À son bord, le Dr. Heywood Floyd enquête secrètement sur la découverte d'un monolithe noir qui émet d'étranges signaux…
Les séquences psychédéliques, inoubliables, s’ajoutent au climat mystique dans toutes les apparitions du fameux monolithe. Enfin, les effets spéciaux sont tout simplement éblouissants et les décors absolument parfaits !
Bref, je n’ai sûrement pas tout compris dans sa façon d’aborder les thématiques (l’outil, l’évolution, la quête mystique des origines, la technologie et l'intelligence artificielle, la perspective d'une vie extraterrestre…) ou ses métaphores s’y rapportant (principalement celle où le personnage central se contemple en train de vieillir avant de se changer en fœtus) mais j’ai adoré me laisser hypnotiser par ce défilé d'images et de prises de vues dantesques, par cette musique tonitruante et ces silences assourdissants. Par cet œil rouge, qui s'imprègne du ressenti du spectateur – halluciné, dans mon cas.
C’est la tête remplie d’images et les oreilles encore sous l’emprise de la fameuse ouverture de ‘Ainsi parlait Zarathoustra’ que je quitte la salle obscure.
Je cligne des yeux en sortant du bâtiment, malgré le ciel gris et fort nuageux, la luminosité basse m’agresse. Je me retourne, car j’entends une voix qui m’appelle. S’approche un bel éphèbe au look coloré des hippies américains, le genre un peu "baba cool". Sous sa veste en daim à franges, une chemise "pelle à tarte" fleurie, un pantalon moule-burnes à pattes d’eph – il porte son attirail à gauche, sans conteste –, des boots brunes et évidemment des colliers perlés et les cheveux longs. Mon nez détecte sa fragrance, il embaume le patchouli.
C’est Christophe. Il sort du même endroit que moi. Il a seize ans, comme moi, et c’est un de mes récents camarades de classe – que je connais fort peu encore, puisqu’il n’y a qu’une dizaine de jours² que les cours ont repris. Mais très sympa, pour ce que j’en sais.
— Hé, salut Chris ! Toi aussi, tu as vu le nouveau Kubrick ? C’est ballot, on aurait pu le voir ensemble.
— Oui ! Mais ça n’empêche pas d’en discuter… À moins que tu sois pressé ?
— Pas spécialement, à part mon estomac qui risque de se réveiller d’ici une petite heure, rien d’impératif avant dix-huit heures. Heure de retour de mes vieux.
— Nos horaires concordent ! Donc, si tu le veux bien, je t’invite à partager les spaghettis bolo qui m’attendent au frigo, ma mère en fait toujours trop. Je suis pourtant fils unique ou alors elle veut m’engraisser ! se marre-t-il. Ça serait l’occasion de faire mieux connaissance et de plus, sa sauce est une tuerie !
— Si tu me prends par les sentiments, je te suis, bien sûr !
***
Pendant notre marche vers son habitation, on parle cinoche, du bahut, mais aussi des idées nouvelles qui percent doucement depuis mai, comme l'autogestion et l'écologie par exemple. Puis on dévie dans les arts, la musique psychédélique, la "Nouvelle Vague" française, le pop-rock anglo-saxon et même du pop’art. On se découvre des tas de goûts communs, et quelques-uns beaucoup moins, sur lesquels on se dispute en riant.
Il m'explique être adepte du "Flower Power" et adhérer à la philosophie de l'amour libre, prônant le naturisme, le polyamour et le mélange des genres.
Je n’ai pas le temps d’analyser ses paroles que le ciel ouvre ses vannes. En quelques secondes, ce sont des trombes d’eau qui nous tombent dessus. Christophe me hurle de courir, jurant comme un charretier, « Bordel de merde, on était presque arrivés ! Nom de Dieu de saloperie de temps… Grouille !».
Le court trajet, que nous faisons pourtant au triple galop, suffit à gorger nos fringues de flotte. Le froid et l’humidité ont percés jusqu’à mes chaussettes et je sens l’eau couler entre mes omoplates. Nous bifurquons vers l’entrée d’un petit immeuble à appartements…
Nous sommes enfin au sec, mais transit de froid !
C'est quatre à quatre que l'on gravit les escaliers jusqu’à notre destination, la porte du troisième gauche. L'urgence commande de se réchauffer au plus vite pour nous éviter des ennuis de santé. Mais pour cela, il faut tout d'abord retirer nos vêtements trempés.
Dans le couloir, on dégouline sur le faux-marbre du linoléum et on se dépêche de rejoindre la salle de bain avant d’inonder l’appart. Pour limiter les dégâts, il m’entraîne carrément dans la baignoire. Là, on est obligé de s’aider pour se déloquer… si nous ne claquions pas des dents ce serait à mourir de rire – ce qui ne nous empêche pas de pouffer, moi principalement. Dommage que je n’aie pas de caméra super 8 pour immortaliser la scène, surtout quand il ne nous reste que nos pantalons et qu’il me faut l’aider pour son froc séré…
Au moins dix minutes à nous battre avec le jeans qui lui colle à la peau, lui râlant, moi riant, et tous les deux glissant sur la céramique mouillée. C’est finalement en s’accrochant des deux mains à la barre douche qu’il réussit à tenir debout et moi, accroupi, je fais glisser centimètre par centimètres le tissu vers le bas et plus il râle, plus je me marre. Ce qui n’aide pas vraiment, je l’avoue, mais permet d’oublier le froid. Le galbe des cuisses dépassé, je poigne fermement dans les pattes d’eph et il n’a plus qu’à lever les jambes pour être libre. Aussitôt fait, il vire son slip et sa zigounette, toute recroquevillée et ratatinée, montre son mécontentement d’avoir eu à subir pareille froidure aqueuse. Sans attendre, il me fait changer de place avec lui et s’agrippe à mon falzar pour me l’ôter. Mon jeans ayant une coupe moins près du corps, l’acte ne prit pas une minute, l’énergique traction emportant mon caleçon dans l’opération, libérant mon zozieau tout aussi rabougri que le sien et pas plus à son avantage.
enfin, sortis de la baignoire et armés de serviettes éponges, on se sèche énergiquement, se frictionnant même le dos l’un l’autre pour nous réchauffer. Chose faite, nos bébêtes ont repris figures humaines – si j’ose dire. Et pour emballer nos carcasses il me tend le peignoir de sa mère – court, rose et un peu petit pour moi. Il endosse le même en bleu, mais à sa taille. Je lui demande s’il n’a pas plutôt celui de son paternel. C'est ainsi que j'apprends qu'il habite seul avec sa mère dans ce F3. Il était encore un bambin quand son père est parti avec une autre. Il dis ne pas le regretter, sa pension alimentaire compensant l’absence du ‘connard’ selon son terme. Mais il ne crie pas sur les toits qu’il est fils de divorcés, c’est encore assez mal vu !
Pendant ses explications il tire un système de cordes à linge rétractable par-dessus la longueur de la baignoire, transformant ainsi cet espace en étendoir de séchage.
Et en deux temps, trois mouvements, nos frusques y sont installées et nous quittons la pièce pour rejoindre la cuisine. Nos estomacs gargouillant depuis quelques minutes.
L’eau est vite mise à bouillir et la sauce sur feu doux. Alors que je mets le couvert sous ses directives, il prépare la tambouille, l’odeur de la bolo qui réchauffe me fait saliver.
Il me fait un clin d’œil, tandis qu'il débouche une grande bouteille de Margnat Village (vin rouge de table), m’annonçant très fier « celui-là, c'est mon petit plaisir du jeudi. Ma mère n'est pas au courant... ça le rend encore meilleur ! » glousse-t-il en remplissant deux verres à moutarde en apéro.
L’assiette de spaghettis arrive, elle est volumineuse et la sauce s'avère réellement délicieuse et relevée à souhait.
Le repas se passe presque en silence, deux morfales qui parlent peu en se goinfrant. Réellement, on ne mange pas, on dévore et on se ressert de pâtes, comme de pinard…
Spaghettis, vin rouge, on a tout englouti !
D’ailleurs, en plus d’être repus, on est un peu pompette – on a défait les ceintures de nos sorties de bains, pour être à l’aise. Chris me dis de laisser la vaisselle pour après la digestion et me demande de le suivre.
Sa chambre est moins bordélique que la mienne, par contre question déco il me bat, tous les murs sont couverts de posters ; de Bob Dylan, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Pink Floyd et The Doors qui côtoient les français, Brel, Brassens, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Hugues Auffray, Antoine, Juliette Gréco, Annie Cordy et d’autres d’acteurs... je souris devant ce beau mélange de tous styles !
Il met un 33 tours sur son tourne disque et vient s’assoir à côté de moi et, à moitié avachi, on repart dans la conversation, elle roule quelques instants sur la musique mais, comme une étincelle dans mon cerveau, je réentend mentalement la phrase dite avant notre cavalcade sous le déluge.
J’imagine des choses et veux revenir sur le sujet, ayant dans l’idée qu’il pourrait ne plus être puceau, lui, et m’éclairer sur le sujet autrement qu’en feuilletant le catalogue des 3 suisses.
Forcément, penser sexe fait travailler mes hormones et, entre les pans du peignoir, ma queue se réveille… se déploie irrémédiablement. Je ne fais rien pour occulter cette réaction, surement désinhibé par Bacchus, et lorsque Chris le voit, la sienne prend le même chemin… Il me dit alors avec une certaine malice dans le ton :
— On dirait bien que les épices nous font effets !
— Je crois aussi, j’ai même, très, très chaud, là !
Je lui réponds en laissant glisser le tissu éponge de sur mes épaules.
En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, Christophe est nu et sur moi. Nos bouches s’unissent, nos épidermes s’électrisent et puis…
Là, c’est ‘la planète des singes’, version bonobos… c’est ‘1968 : la conquête de l’espèce’, mon monolithe visite sa lune et j’adore ça…
On culmine quasi en simultané, s'accompagnant dans une jouissance bruyante !
On met du temps à revenir sur terre après pareille mise sur orbite. On réitère l’exercice deux fois dans l’après-midi. Je crois que grâce à Christophe j’ai découvert ma nature profonde… et peut-être un futur à deux, qui sait, en cette période de révolutions.
Je quitte Christophe vers dix-sept heures en sachant déjà quel film j’irais voir la semaine prochaine…
Avec lui, bien sûr !
• [sup]1[/sup] En France, les élèves du collège et du lycée n'allaient pas en classe le jeudi jusqu'en septembre 1969 mais avaient cours le samedi matin, de 1969 à 1972 les élèves vont à l'école le jeudi matin (en remplacement du samedi), le jeudi matin est aujourd'hui remplacé par le mercredi matin depuis 1972.
• [sup]2[/sup] La rentrée scolaire en 1968 se déroule courant fin septembre. Elle tient compte des secousses de la révolution étudiante et des événements du printemps : à preuve, le port de la blouse devient beaucoup moins systématique ; auparavant, même dans le secondaire, l’uniforme était la règle. Cette année-là, la rentrée se distingue aussi par une mixité accrue des classes.
Jeudi 3 octobre 1968, je profite de ce jour d’inactivité[sup]1[/sup] scolaire pour aller au cinéma, Pathé Gaumont, de la petite ville provinciale où je vis.
Après l’achat de mon ticket pour la séance de neuf heures, je rejoins la salle et suis l’ouvreuse avec sa lampe de poche, son panier rempli d’esquimaux, de chocolats et autres confiseries qui me font saliver.
Les publicités ont commencé et installé dans la pénombre, j’achète un ‘Mikostar’ – esquimau de glace vanille enrobée de chocolat aux éclats de noisette – puis le savoure en attendant le début du film.
2001 : L'Odyssée de l'espace, commence et pendant plus de deux heures et demi, je pars à la conquête de l’espace, ce rêve mit de façon magistrale sur la pellicule par Stanley Kubrick, où un vaisseau spatial évolue en orbite lunaire au rythme langoureux du "Beau Danube Bleu". À son bord, le Dr. Heywood Floyd enquête secrètement sur la découverte d'un monolithe noir qui émet d'étranges signaux…
Les séquences psychédéliques, inoubliables, s’ajoutent au climat mystique dans toutes les apparitions du fameux monolithe. Enfin, les effets spéciaux sont tout simplement éblouissants et les décors absolument parfaits !
Bref, je n’ai sûrement pas tout compris dans sa façon d’aborder les thématiques (l’outil, l’évolution, la quête mystique des origines, la technologie et l'intelligence artificielle, la perspective d'une vie extraterrestre…) ou ses métaphores s’y rapportant (principalement celle où le personnage central se contemple en train de vieillir avant de se changer en fœtus) mais j’ai adoré me laisser hypnotiser par ce défilé d'images et de prises de vues dantesques, par cette musique tonitruante et ces silences assourdissants. Par cet œil rouge, qui s'imprègne du ressenti du spectateur – halluciné, dans mon cas.
C’est la tête remplie d’images et les oreilles encore sous l’emprise de la fameuse ouverture de ‘Ainsi parlait Zarathoustra’ que je quitte la salle obscure.
Je cligne des yeux en sortant du bâtiment, malgré le ciel gris et fort nuageux, la luminosité basse m’agresse. Je me retourne, car j’entends une voix qui m’appelle. S’approche un bel éphèbe au look coloré des hippies américains, le genre un peu "baba cool". Sous sa veste en daim à franges, une chemise "pelle à tarte" fleurie, un pantalon moule-burnes à pattes d’eph – il porte son attirail à gauche, sans conteste –, des boots brunes et évidemment des colliers perlés et les cheveux longs. Mon nez détecte sa fragrance, il embaume le patchouli.
C’est Christophe. Il sort du même endroit que moi. Il a seize ans, comme moi, et c’est un de mes récents camarades de classe – que je connais fort peu encore, puisqu’il n’y a qu’une dizaine de jours² que les cours ont repris. Mais très sympa, pour ce que j’en sais.
— Hé, salut Chris ! Toi aussi, tu as vu le nouveau Kubrick ? C’est ballot, on aurait pu le voir ensemble.
— Oui ! Mais ça n’empêche pas d’en discuter… À moins que tu sois pressé ?
— Pas spécialement, à part mon estomac qui risque de se réveiller d’ici une petite heure, rien d’impératif avant dix-huit heures. Heure de retour de mes vieux.
— Nos horaires concordent ! Donc, si tu le veux bien, je t’invite à partager les spaghettis bolo qui m’attendent au frigo, ma mère en fait toujours trop. Je suis pourtant fils unique ou alors elle veut m’engraisser ! se marre-t-il. Ça serait l’occasion de faire mieux connaissance et de plus, sa sauce est une tuerie !
— Si tu me prends par les sentiments, je te suis, bien sûr !
***
Pendant notre marche vers son habitation, on parle cinoche, du bahut, mais aussi des idées nouvelles qui percent doucement depuis mai, comme l'autogestion et l'écologie par exemple. Puis on dévie dans les arts, la musique psychédélique, la "Nouvelle Vague" française, le pop-rock anglo-saxon et même du pop’art. On se découvre des tas de goûts communs, et quelques-uns beaucoup moins, sur lesquels on se dispute en riant.
Il m'explique être adepte du "Flower Power" et adhérer à la philosophie de l'amour libre, prônant le naturisme, le polyamour et le mélange des genres.
Je n’ai pas le temps d’analyser ses paroles que le ciel ouvre ses vannes. En quelques secondes, ce sont des trombes d’eau qui nous tombent dessus. Christophe me hurle de courir, jurant comme un charretier, « Bordel de merde, on était presque arrivés ! Nom de Dieu de saloperie de temps… Grouille !».
Le court trajet, que nous faisons pourtant au triple galop, suffit à gorger nos fringues de flotte. Le froid et l’humidité ont percés jusqu’à mes chaussettes et je sens l’eau couler entre mes omoplates. Nous bifurquons vers l’entrée d’un petit immeuble à appartements…
Nous sommes enfin au sec, mais transit de froid !
C'est quatre à quatre que l'on gravit les escaliers jusqu’à notre destination, la porte du troisième gauche. L'urgence commande de se réchauffer au plus vite pour nous éviter des ennuis de santé. Mais pour cela, il faut tout d'abord retirer nos vêtements trempés.
Dans le couloir, on dégouline sur le faux-marbre du linoléum et on se dépêche de rejoindre la salle de bain avant d’inonder l’appart. Pour limiter les dégâts, il m’entraîne carrément dans la baignoire. Là, on est obligé de s’aider pour se déloquer… si nous ne claquions pas des dents ce serait à mourir de rire – ce qui ne nous empêche pas de pouffer, moi principalement. Dommage que je n’aie pas de caméra super 8 pour immortaliser la scène, surtout quand il ne nous reste que nos pantalons et qu’il me faut l’aider pour son froc séré…
Au moins dix minutes à nous battre avec le jeans qui lui colle à la peau, lui râlant, moi riant, et tous les deux glissant sur la céramique mouillée. C’est finalement en s’accrochant des deux mains à la barre douche qu’il réussit à tenir debout et moi, accroupi, je fais glisser centimètre par centimètres le tissu vers le bas et plus il râle, plus je me marre. Ce qui n’aide pas vraiment, je l’avoue, mais permet d’oublier le froid. Le galbe des cuisses dépassé, je poigne fermement dans les pattes d’eph et il n’a plus qu’à lever les jambes pour être libre. Aussitôt fait, il vire son slip et sa zigounette, toute recroquevillée et ratatinée, montre son mécontentement d’avoir eu à subir pareille froidure aqueuse. Sans attendre, il me fait changer de place avec lui et s’agrippe à mon falzar pour me l’ôter. Mon jeans ayant une coupe moins près du corps, l’acte ne prit pas une minute, l’énergique traction emportant mon caleçon dans l’opération, libérant mon zozieau tout aussi rabougri que le sien et pas plus à son avantage.
enfin, sortis de la baignoire et armés de serviettes éponges, on se sèche énergiquement, se frictionnant même le dos l’un l’autre pour nous réchauffer. Chose faite, nos bébêtes ont repris figures humaines – si j’ose dire. Et pour emballer nos carcasses il me tend le peignoir de sa mère – court, rose et un peu petit pour moi. Il endosse le même en bleu, mais à sa taille. Je lui demande s’il n’a pas plutôt celui de son paternel. C'est ainsi que j'apprends qu'il habite seul avec sa mère dans ce F3. Il était encore un bambin quand son père est parti avec une autre. Il dis ne pas le regretter, sa pension alimentaire compensant l’absence du ‘connard’ selon son terme. Mais il ne crie pas sur les toits qu’il est fils de divorcés, c’est encore assez mal vu !
Pendant ses explications il tire un système de cordes à linge rétractable par-dessus la longueur de la baignoire, transformant ainsi cet espace en étendoir de séchage.
Et en deux temps, trois mouvements, nos frusques y sont installées et nous quittons la pièce pour rejoindre la cuisine. Nos estomacs gargouillant depuis quelques minutes.
L’eau est vite mise à bouillir et la sauce sur feu doux. Alors que je mets le couvert sous ses directives, il prépare la tambouille, l’odeur de la bolo qui réchauffe me fait saliver.
Il me fait un clin d’œil, tandis qu'il débouche une grande bouteille de Margnat Village (vin rouge de table), m’annonçant très fier « celui-là, c'est mon petit plaisir du jeudi. Ma mère n'est pas au courant... ça le rend encore meilleur ! » glousse-t-il en remplissant deux verres à moutarde en apéro.
L’assiette de spaghettis arrive, elle est volumineuse et la sauce s'avère réellement délicieuse et relevée à souhait.
Le repas se passe presque en silence, deux morfales qui parlent peu en se goinfrant. Réellement, on ne mange pas, on dévore et on se ressert de pâtes, comme de pinard…
Spaghettis, vin rouge, on a tout englouti !
D’ailleurs, en plus d’être repus, on est un peu pompette – on a défait les ceintures de nos sorties de bains, pour être à l’aise. Chris me dis de laisser la vaisselle pour après la digestion et me demande de le suivre.
Sa chambre est moins bordélique que la mienne, par contre question déco il me bat, tous les murs sont couverts de posters ; de Bob Dylan, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Pink Floyd et The Doors qui côtoient les français, Brel, Brassens, Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Hugues Auffray, Antoine, Juliette Gréco, Annie Cordy et d’autres d’acteurs... je souris devant ce beau mélange de tous styles !
Il met un 33 tours sur son tourne disque et vient s’assoir à côté de moi et, à moitié avachi, on repart dans la conversation, elle roule quelques instants sur la musique mais, comme une étincelle dans mon cerveau, je réentend mentalement la phrase dite avant notre cavalcade sous le déluge.
J’imagine des choses et veux revenir sur le sujet, ayant dans l’idée qu’il pourrait ne plus être puceau, lui, et m’éclairer sur le sujet autrement qu’en feuilletant le catalogue des 3 suisses.
Forcément, penser sexe fait travailler mes hormones et, entre les pans du peignoir, ma queue se réveille… se déploie irrémédiablement. Je ne fais rien pour occulter cette réaction, surement désinhibé par Bacchus, et lorsque Chris le voit, la sienne prend le même chemin… Il me dit alors avec une certaine malice dans le ton :
— On dirait bien que les épices nous font effets !
— Je crois aussi, j’ai même, très, très chaud, là !
Je lui réponds en laissant glisser le tissu éponge de sur mes épaules.
En moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, Christophe est nu et sur moi. Nos bouches s’unissent, nos épidermes s’électrisent et puis…
Là, c’est ‘la planète des singes’, version bonobos… c’est ‘1968 : la conquête de l’espèce’, mon monolithe visite sa lune et j’adore ça…
On culmine quasi en simultané, s'accompagnant dans une jouissance bruyante !
On met du temps à revenir sur terre après pareille mise sur orbite. On réitère l’exercice deux fois dans l’après-midi. Je crois que grâce à Christophe j’ai découvert ma nature profonde… et peut-être un futur à deux, qui sait, en cette période de révolutions.
Je quitte Christophe vers dix-sept heures en sachant déjà quel film j’irais voir la semaine prochaine…
Avec lui, bien sûr !
Fin
• [sup]1[/sup] En France, les élèves du collège et du lycée n'allaient pas en classe le jeudi jusqu'en septembre 1969 mais avaient cours le samedi matin, de 1969 à 1972 les élèves vont à l'école le jeudi matin (en remplacement du samedi), le jeudi matin est aujourd'hui remplacé par le mercredi matin depuis 1972.
• [sup]2[/sup] La rentrée scolaire en 1968 se déroule courant fin septembre. Elle tient compte des secousses de la révolution étudiante et des événements du printemps : à preuve, le port de la blouse devient beaucoup moins systématique ; auparavant, même dans le secondaire, l’uniforme était la règle. Cette année-là, la rentrée se distingue aussi par une mixité accrue des classes.
Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) (slygame.fr)
à chacun son histoire bis (mais ici ce sont des anciennes (g@y-tous styles) ) (slygame.fr)
La "hot" du père Noël ! (GAY-ADO-OS) (slygame.fr)
Piscine...et plaisir aqueux (OS-minet-gay) (slygame.fr)
-La tête dans les étoiles (aquatique)-(fanfiction - gay - humour) (slygame.fr)
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