20-02-2021, 04:08 AM
CHAPITRE X
Rien ne se passe comme prévu. je n'ai pas la tête à la compétition. Mes pensées sont ailleurs très loin des chevaux de feu, de l'odeur de la gomme surchauffée et des vapeurs d'essence. La seconde série de qualification ne donne rien. Je m'accroche avec un concurrent et nous finissons tous les deux dans le gravier, spectateurs malgré nous de la course des autres.
Pour la finale, je pars bon dernier mais je n'ai qu'une envie, en finir rapidement et rentrer au plus vite. je range mon matériel sans même attendre le classement définitif et je quitte le circuit entièrement déstabilisé.
Sur le chemin du retour, mon esprit est auprès de Sylvie. je me demande comment réagir. J'appréhende ce contact, conscient qu'il sera loin d'être facile. Je perçois qu'il me faudra reléguer mon humour légendaire aux calandres grecques, que de titillage, il ne sera plus question, que le sérieux ne me semble pas non plus de circonstance. je suis indécis, je suis perdu. je n'ai pas la solution et ça me perturbe. Je pense à elle, ce qu'elle doit ressentir dans son corps, dans sa tête. Mais peut-on en pareille circonstance se mettre à la place des autres ? Je doute. Je dois être à dix mille lieux de la profonde réalité.
Lorsqu'elle arrivera, j'aimerais l'emmener un peu à l'écart de sa famille, m'asseoir en face d'elle, lui prendre la main, la regarder parce que je ne sais pas quoi faire d'autre. Et d'un seul coup, je réalise que je suis un homme moi aussi avec un sexe, tout comme celui qui l'a violé, que j'ai moi aussi ce potentiel intégré dans mes gènes réfréné uniquement par la force de l'interdit, de l'éducation, de la représentation sociale qui m'a été inculquée, frêles remparts aux caprices démesurés des phantasmes masculins. Je prends conscience avec horreur que l'instinct de posséder est en moi et que le sexe est un moyen d'assurer l'hégémonie du mâle dominant à l'image de mon père, la supériorité de l'homme sur la femme par la pénétration, pénétration physique, pénétration de l'esprit, pénétration de la honte et j'ai profondément honte. Pour la première fois de ma vie, j'ai honte d'être un homme.
Maintenant, en y réfléchissant, j'ai peur de ce contact manuel, de la façon dont elle réagira si je venais à la toucher, à poser ma main contre la sienne ou même sur la sienne. L'acceptera t'elle ? Prendra t'elle cela comme une nouvelle agression, un peu comme une peur viscérale qui prendrait naissance de l'intérieur pour inonder la représentation masculine dans son ensemble ? Je ne sais pas. Je suis désemparé. Ma maturité me fait défaut et j'en ai conscience. A vingt deux ans, j'ignore comment l'élever à un niveau acceptable. Je me sens minable car j'ai conscience que je ne suis qu'un gosse insouciant sorti de l'adolescence. Un garçon privilégié qui se veut homme, qui se croit homme mais qui est encore bien loin d'être tout à fait à la hauteur. Fragile destinée mise à bas devant certains comportements déviants, offensants, pur outrage à la féminité si fragile, si douce et si sensuelle qu'il faille la posséder, la violer de la pire des façons qui soit, juste pour assouvir l'espace d'un instant un plaisir machiavélique, sournois, insidieux et si perfide qu'il en est que plus fallacieux.
Rien ne se passe comme prévu. je n'ai pas la tête à la compétition. Mes pensées sont ailleurs très loin des chevaux de feu, de l'odeur de la gomme surchauffée et des vapeurs d'essence. La seconde série de qualification ne donne rien. Je m'accroche avec un concurrent et nous finissons tous les deux dans le gravier, spectateurs malgré nous de la course des autres.
Pour la finale, je pars bon dernier mais je n'ai qu'une envie, en finir rapidement et rentrer au plus vite. je range mon matériel sans même attendre le classement définitif et je quitte le circuit entièrement déstabilisé.
Sur le chemin du retour, mon esprit est auprès de Sylvie. je me demande comment réagir. J'appréhende ce contact, conscient qu'il sera loin d'être facile. Je perçois qu'il me faudra reléguer mon humour légendaire aux calandres grecques, que de titillage, il ne sera plus question, que le sérieux ne me semble pas non plus de circonstance. je suis indécis, je suis perdu. je n'ai pas la solution et ça me perturbe. Je pense à elle, ce qu'elle doit ressentir dans son corps, dans sa tête. Mais peut-on en pareille circonstance se mettre à la place des autres ? Je doute. Je dois être à dix mille lieux de la profonde réalité.
Lorsqu'elle arrivera, j'aimerais l'emmener un peu à l'écart de sa famille, m'asseoir en face d'elle, lui prendre la main, la regarder parce que je ne sais pas quoi faire d'autre. Et d'un seul coup, je réalise que je suis un homme moi aussi avec un sexe, tout comme celui qui l'a violé, que j'ai moi aussi ce potentiel intégré dans mes gènes réfréné uniquement par la force de l'interdit, de l'éducation, de la représentation sociale qui m'a été inculquée, frêles remparts aux caprices démesurés des phantasmes masculins. Je prends conscience avec horreur que l'instinct de posséder est en moi et que le sexe est un moyen d'assurer l'hégémonie du mâle dominant à l'image de mon père, la supériorité de l'homme sur la femme par la pénétration, pénétration physique, pénétration de l'esprit, pénétration de la honte et j'ai profondément honte. Pour la première fois de ma vie, j'ai honte d'être un homme.
Maintenant, en y réfléchissant, j'ai peur de ce contact manuel, de la façon dont elle réagira si je venais à la toucher, à poser ma main contre la sienne ou même sur la sienne. L'acceptera t'elle ? Prendra t'elle cela comme une nouvelle agression, un peu comme une peur viscérale qui prendrait naissance de l'intérieur pour inonder la représentation masculine dans son ensemble ? Je ne sais pas. Je suis désemparé. Ma maturité me fait défaut et j'en ai conscience. A vingt deux ans, j'ignore comment l'élever à un niveau acceptable. Je me sens minable car j'ai conscience que je ne suis qu'un gosse insouciant sorti de l'adolescence. Un garçon privilégié qui se veut homme, qui se croit homme mais qui est encore bien loin d'être tout à fait à la hauteur. Fragile destinée mise à bas devant certains comportements déviants, offensants, pur outrage à la féminité si fragile, si douce et si sensuelle qu'il faille la posséder, la violer de la pire des façons qui soit, juste pour assouvir l'espace d'un instant un plaisir machiavélique, sournois, insidieux et si perfide qu'il en est que plus fallacieux.
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