CHAPITRE III
Dehors il fait nuit noire. Sylvie claque la porte de son appartement derrière elle en maugréant comme d'habitude. Elle est toujours récalcitrante et elle est souvent obligée de s'y reprendre à plusieurs fois avant de pouvoir tourner la clé dans la serrure. Cette situation l'énerve mais une fois tourné les talons, elle n'y pense plus. Elle descend maintenant allègrement les deux étages par l'escalier en bois ciré avant de pousser le battant de l'immeuble, celui qui donne sur la rue déserte, faiblement éclairée à cette heure matinale.
Le plus court pour rejoindre l'hôpital, c'est de marcher jusqu'à un petit square arboré, le traverser en empruntant un sentier gravillonné qui serpente entre les bosquets touffus sur trois cents mètres environ pour rejoindre un petit portail qui donne directement sur l'arrière du centre hospitalier. A pieds, c'est à peine à dix minutes. En voiture, c'est la galère, il faut compter une bonne demi-heure quand ça roule bien.
En marchant rapidement sur le trottoir, Sylvie pense à la journée qui se profile. Elle voit déjà le sourire d'Anastasia lorsqu'elle pénétrera dans sa chambre. Une énorme complicité s'est instaurée entre-elles ; quelque chose d'impensable, d'inimaginable. Dès qu'elle a compris qu'elle ne pourrait plus jamais faire les choses comme les autres, la gamine s'est réfugiée dans un mutisme absolu, refusant de parler, de s'alimenter ou même de s'hydrater. Les yeux fermés, placée sous perfusion, elle végétait dans la profondeur de son silence jusqu'au jour où endormie, elle s'est réveillée en sursaut, Sylvie à ses côtés. Les premiers sourires n'ont pas trouvé écho et c'est le contact d'une main tout contre sa main qui a vaincu les réticences. Le baiser sur son front puéril a sans doute contribué lui aussi à faire sombrer les résistances.
- T'es qui toi ? Pourquoi tu m'embrasses ?
Et le dialogue s'est instauré, timide pour commencer puis de plus en plus libéré.
- Tu reviendras demain ?
Sylvie malgré elle a failli laisser échapper quelques larmes. Elle s'est très vite reprise, enfermant ses émotions dans le carcan de son futur métier. Sortie de la chambre, dans le couloir central, elle s'est adossée au mur quelques instants, laissant à ses yeux le soin de déposer un filet de tristesse discrète et humide, tout en silence sur son joli visage.
L'entrée du square n'est plus qu'à quelques enjambées. La jeune femme presse le pas. Elle n'aime pas cet endroit qu'elle juge un peu trop sauvage, très faiblement éclairé et surtout très peu fréquenté.
Dehors il fait nuit noire. Sylvie claque la porte de son appartement derrière elle en maugréant comme d'habitude. Elle est toujours récalcitrante et elle est souvent obligée de s'y reprendre à plusieurs fois avant de pouvoir tourner la clé dans la serrure. Cette situation l'énerve mais une fois tourné les talons, elle n'y pense plus. Elle descend maintenant allègrement les deux étages par l'escalier en bois ciré avant de pousser le battant de l'immeuble, celui qui donne sur la rue déserte, faiblement éclairée à cette heure matinale.
Le plus court pour rejoindre l'hôpital, c'est de marcher jusqu'à un petit square arboré, le traverser en empruntant un sentier gravillonné qui serpente entre les bosquets touffus sur trois cents mètres environ pour rejoindre un petit portail qui donne directement sur l'arrière du centre hospitalier. A pieds, c'est à peine à dix minutes. En voiture, c'est la galère, il faut compter une bonne demi-heure quand ça roule bien.
En marchant rapidement sur le trottoir, Sylvie pense à la journée qui se profile. Elle voit déjà le sourire d'Anastasia lorsqu'elle pénétrera dans sa chambre. Une énorme complicité s'est instaurée entre-elles ; quelque chose d'impensable, d'inimaginable. Dès qu'elle a compris qu'elle ne pourrait plus jamais faire les choses comme les autres, la gamine s'est réfugiée dans un mutisme absolu, refusant de parler, de s'alimenter ou même de s'hydrater. Les yeux fermés, placée sous perfusion, elle végétait dans la profondeur de son silence jusqu'au jour où endormie, elle s'est réveillée en sursaut, Sylvie à ses côtés. Les premiers sourires n'ont pas trouvé écho et c'est le contact d'une main tout contre sa main qui a vaincu les réticences. Le baiser sur son front puéril a sans doute contribué lui aussi à faire sombrer les résistances.
- T'es qui toi ? Pourquoi tu m'embrasses ?
Et le dialogue s'est instauré, timide pour commencer puis de plus en plus libéré.
- Tu reviendras demain ?
Sylvie malgré elle a failli laisser échapper quelques larmes. Elle s'est très vite reprise, enfermant ses émotions dans le carcan de son futur métier. Sortie de la chambre, dans le couloir central, elle s'est adossée au mur quelques instants, laissant à ses yeux le soin de déposer un filet de tristesse discrète et humide, tout en silence sur son joli visage.
L'entrée du square n'est plus qu'à quelques enjambées. La jeune femme presse le pas. Elle n'aime pas cet endroit qu'elle juge un peu trop sauvage, très faiblement éclairé et surtout très peu fréquenté.
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