01-08-2020, 11:24 AM
CHAPITRE 69 : « Centre hospitalier De Bierne » « Afrique »
« Le lendemain matin. »
Nicolas accompagné de Tom son inséparable binôme, entre dans la cuisine où déjà ses parents terminent leur petit-déjeuner, prêts pour ensuite commencer la journée de travail.
La vue des deux garçons les yeux encore gonflés de sommeil amuse particulièrement Catherine, surtout en ayant encore en mémoire les péripéties de la nuit.
Qu’ils entrent tous deux quasiment nus, vêtus juste d’un petit caleçon à peine suffisant pour cacher leurs attributs, ne l’affecte pas outre mesure, y étant habituée de longue date.
- Hum !! On ne dirait pas que vous vous êtes couchés tôt hier à voir la tête que vous faites !!
- Qu’est-ce qu’elles ont nos têtes ?
- Vous passeriez vos nuits à dormir au lieu d’être toujours l’un sur l’autre, elles auraient très certainement l’air plus reposé.
Devant le sourire moqueur de son père, Nicolas a le sang qui ne fait qu’un tour en le prenant à partie.
- De la faute à qui aussi !!
Patrice se sent viser par les paroles de son fils, aussi les fixe-t-il dans les yeux chacun leur tour jusqu’à ce qu’ils comprennent sa pensée sur le sujet évoqué.
Tom de loin le plus diplomate du couple, sourit en retour non sans avoir posé sa main sur le bras de son homme pour l’apaiser.
- Le message est clair ! Hi ! Hi !
- Alors c’est très bien si c’est le cas, inutile de reprocher à l’un ce que l’autre fait sans considération pour les habitants de cette demeure.
- P’pa !!
- Oui fiston ?
Nicolas soupire en souriant à son tour, cette discussion n’étant pas la première sur le même thème qu’il a avec ses parents et connaissant bien sa propension à manquer de tolérance là où lui ne se prive pas.
Il se lève pour venir s’asseoir sur les genoux de son père alors que Tom sans s’être concerté, en fait tout autant sur ceux de Catherine.
Le câlin qui suit son action est de ceux qu’ils apprécient tous autant qu’ils sont, il amène la bonne humeur pour la journée en servant également de pardon pour les remontrances faites juste avant.
Pourtant un fait soudain l’interrompt bien plus tôt qu’à l’ordinaire, quand des pas se font entendre suivis de coups fébriles sur la porte d’entrée.
Patrice fronce les sourcils en repoussant avec douceur son fils de sur ses genoux, se levant pour aller ouvrir et tombant nez à nez avec Dorian et Gérôme, semblant excités au possible.
- Oui ?? Un problème les gars ??
- Pas qu’un peu !! Il faut que tu voies ça avant qu’il ne soit trop tard, habille-toi vite et suis-nous !!
***/***
« Quelque temps plus tôt, très loin de là. »
Le couloir immense amène une nouvelle fois cette sueur au front des deux personnages qui le traversent pour faire leur rapport aux cinq maîtres.
L’appel qu’ils ont reçu n’aurait pas accepté qu’ils ne s’y rendent immédiatement, connaissant le caractère intransigeant de ceux qui sont au-dessus de tout.
Ils retrouvent les cinq puissants exactement à la même place que lorsqu’ils les avaient quittés pour poursuivre leur mission, sentant l’introspection mentale dont ils sont l’objet sitôt qu’ils apparaissent à leur vue.
La peur commence à les rendre nerveux, connaissant parfaitement la seule sentence possible en cas où ils jugeront leurs dernières actions comme marquées d’incompétence.
Le premier s’agenouille suivi immédiatement de son collègue.
- Pardonnez-nous maîtres !!
- Vous pardonner ?? Vous rendez-vous seulement compte que vos actions ont fait découvrir votre présence !!
- Comment pouvions-nous imaginer qu’il ressentirait le flux créé par nos passages ?
- Cette faute ne vous sera pas pardonnée !! Vous avez vécu l’équivalent d’un nombre incalculable de vies grâce à notre générosité et voilà comment nous en sommes remerciés !!
- Nous vous avons servis du mieux possible maîtres !!
- Tss !! Cessez donc vos jérémiades, toute vie a une fin et la vôtre se termine maintenant !!
- Maît…
Un simple geste les efface de la salle, les cinq se détournant pour prendre de nouvelles dispositions.
- Ne serait-il pas finalement celui que nous pensions qu’il était ?
- Qui peut-il être dans ce cas ?
- Se pourrait-il que…
- Je sais à quoi tu penses mon frère, mais comment cela se pourrait-il ?
- Si c’est le cas, la raison serait simple et remettrait en question ce à quoi nous avions cru tout ce temps.
- Le fait qu’il soit plus ancien que nous ne le sommes ?
- Nous pensions que nous étions issus du premier univers, l’ultime ascension de tout ce qui vit.
- Peut-être pense-t-il pareil de lui ?
- Nous aurons la réponse quand nous interrogerons cette planète artificielle essaimeuse que nous avons détournée de sa mission première.
- Le temps n’est pas ce qui importe, ne faisons plus rien tant que nous n’aurons pas accès à cette information.
Un silence se fait alors qui dure un temps difficile à concevoir, ne disposant de rien de précis pour comptabiliser.
- Pourquoi les avoir envoyés là dans ce cas ? N’était-ce pas un nouveau risque qu’il l’apprenne ?
- Dans ce cas ça montrera sa véritable puissance s’il arrive jusqu’à nous avec ce simple indice.
***/***
« Complexe De Bierne. »
Patrice suit ses deux amis qui marchent rapidement vers la salle principale des urgences, n’ayant plus le souffle nécessaire pour les interroger tout en continuant à cette allure.
Ce n’est qu’une fois s’être approché suffisamment d’un attroupement où les conversations vont bon train, qu’il commence à comprendre le pourquoi de tout ce remue-ménage.
Deux corps gisent sur le sol, semblant si âgés qu’il paraît impossible qu’ils aient pu arriver jusque-là et Patrice assiste alors à ce qui rend tout le monde autour de lui si fébrile.
Les deux corps semblent se tasser sous ses yeux, l’un d’eux se raccrochant désespérément à la blouse d’une infirmière en tentant de lui faire entendre quelques mots qui semblent de plus en plus difficiles pour lui à prononcer.
Son compagnon est déjà dans un état avancé de putréfaction quand il meurt à son tour, sa chair se ratatinant pour ne laisser bientôt apparaître que le squelette qui à son tour part en lambeaux alors qu’il ne reste déjà de l’autre individu qu’un tas de poussière sur le sol.
Patrice les yeux marquant l’ahurissement le plus complet, attrape le bras de Dorian pour lui parler.
- C’était quoi ça ??
- Tu comprends pourquoi il fallait faire vite ? Quand ils sont arrivés, tu ne leur aurais pas donné vingt ans !!
- Il faut que j’aille récupérer les enregistrements avant qu’ils ne soient automatiquement effacés.
- En l’absence de Damien, toi seul en as les autorisations pour le faire !! C’est pour ça qu’il fallait que tu voies ça !!
CHAPITRE 70 : « Centre hospitalier De Bierne » « Afrique »
« Salle de réunion des cadres et actionnaires du complexe De Bierne, quelques heures plus tard. »
L’enregistrement se termine pour la deuxième fois, quand la lumière revient enfin une fois les doubles rideaux occultant repliés.
Un long silence démontre bien la perplexité de tous, n’ayant jamais peu ou prou déjà vécu un cas semblable de vieillissement spontané.
Philippe malgré ses soixante-quinze ans passés, a encore l’esprit acéré et amène à haute voix sa première analyse, sous le regard attentif de toute l’assemblée.
- Un premier point qui me paraît déjà évident, c’est que cette histoire soit plus que probablement liée à Florian !!
- Je m’étais fait la même réflexion !!
Le psychiatre sourit à ce garçon approchant maintenant la trentaine, qui bien qu’il soit de loin le plus jeune de cette génération ayant vécu toutes ses aventures avec Florian, n’en est pas moins celui dont l’intelligence est reconnue comme la plus vive de tous.
- Peux-tu développer ?
Ludovic se sent la cible soudaine de toute l’attention, il met ses idées en ordre avant de prendre la parole tandis que sa chérie assise près de lui, lui presse doucement la main pour l’encourager.
- J’ai déjà vu plusieurs fois ce genre de scène dans des séries de science-fiction et je trouve l’idée plausible sachant depuis longtemps ce que sont Florian, Thomas et Antonin, sans compter d’autres qui sans doute comme eux ne connaissent pas le vieillissement.
- Tu en déduis quoi ?
Ludovic sourit quand il comprend que ses pensées vont dans le sens de celles de Philippe.
- Que quelqu’un leur a ôté cette opportunité d’éternelle jeunesse et que du coup le temps les a rattrapés, vu ce qu’il en reste j’oserais même aller plus loin et prétendre que sans doute ces deux « personnes » ont vécu vraisemblablement très très longtemps.
- En effet !! Si comme je le pense tu as entièrement raison, le temps nécessaire pour qu’un squelette parte en poussière peut se chiffrer en plusieurs centaines d’années et je suis sans doute loin du compte.
Annie qui les écoute depuis le début, ne peut s’empêcher de prendre à son tour la parole devant une question qui lui vient à l’esprit.
- Ils viendraient de l’imperium alors ?
Ludovic et Philippe, répondent dans un ensemble parfait.
- Pas nécessairement !!
- Alors je ne comprends plus rien de rien !!
Raphaël lève la main pour attirer l’attention vers lui qui est à l’autre bout de la table.
- Ne devrions-nous pas contacter « Flo » plutôt que de nous perdre en conjectures ?
Yuan regarde sa montre puis rajoute le changement de fuseau horaire avant d’émettre son opinion.
- J’appellerai mon fils un peu plus tard dans la journée pour lui demander de prévenir Florian, je suis convaincu qu’il n’y aura que lui pour faire le lien si lien il y a à faire avec cette étrange affaire.
La conversation se perd petit à petit dans des conjectures n’aboutissant à rien d’autre qu’à des impasses, faute d’avoir les connaissances nécessaires sur le sujet.
Éric envoie un léger coup de coude à son chéri en approchant ses lèvres de son oreille, pour lui murmurer ce qui depuis un moment lui amène le trouble à un endroit qui serait des plus visible si heureusement pour lui il n’était pas assis.
- Je me disais qu’il y avait un moment que « Yu » n’était pas venu nous voir, tu pourrais lui passer le message des fois que…
Raphaël prend le même ton de voix pour lui répondre, un sourire entendu aux lèvres du fait qu’il y pensait justement en observant Yuan qui décidément reste toujours le même beau mec et que la maturité des traits n’a fait que l’embellir davantage.
- Pourquoi ce devrait toujours être moi qui m’y colle ?
- Parce que tu as le chic pour ça, c’est ton côté félin qui devient irrésistible quand tu as envie d’un câlin.
Raphaël se rembrunit en se disant que ça ne marchait plus aussi bien qu’avant, ne serait-ce déjà Florian qui depuis bien trop longtemps à son goût semble l’éviter alors que ce genre de pensées lui traverse l’esprit.
- Hum !! Il y en a qui ne s’y laissent plus prendre.
- Eux, c’est normal, nous avons maintenant deux fois leur âge alors mets-toi à leur place aussi !!
La réunion semble se terminer, plusieurs de leurs amis rangent déjà divers papiers qu’ils avaient sortis de leur attaché-case et se lèvent ensuite avec des gestes d’au revoir de la main.
Éric redonne un coup de coude à son chéri, en voyant Yuan faire comme les autres.
- Dépêche avant qu’il soit parti !!
- Ne me dis pas que tu as envie tout de suite ??
- Bien sûr que si !! Sinon je vais être énervé toute la journée ! Hi ! Hi ! En plus ça nous changera un peu de la chambre, j’en suis tout excité rien qu’à l’idée… tu veux voir à quel point ?
Raphaël a juste à baisser les yeux pour voir à quel point le « à quel point » est bien réel, il relève la tête vers son chéri en se mettant en mode foutage de gueule.
- Je me demande des fois quel âge tu as !!
- Ah oui ? Mais bon !! Tu te le demanderas plus tard, pour l’instant contente-toi d’aller passer le message à « Yu » avant qu’il aille au taf !!
Le grand rouquin soupire un bon coup tout en se levant pour ensuite aller barrer le chemin à son deuxième chéri qui depuis qu’avec Thomas, Florian et parfois Antonin, ils ont cessé tous rapports, est devenu leur seul ami avec qui ils partagent encore leurs corps à l’occasion et ce tout du moins jusqu’à l’arrivée d’Alexandre le petit dernier, qui pour l’instant n’a pas encore été plus loin que quelques bisous depuis son retour ne datant que de la veille.
C’est donc avec un des petits sourires dont il a le secret, qu’il bloque Yuan en venant se serrer contre lui pour lui susurrer quelques mots sans équivoque sur ses intentions.
- Tu nous manques !!
- Hein !!
Yuan tout d’abord surpris, pose son regard en premier lieu sur le grand rouquin qui s’est à l’évidence mis en mode dragueur et ensuite sur son alter ego qui s’en mord déjà les lèvres d’envie.
Il va pour leur dire qu’il passera chez eux pour la soirée, quand leurs façons d’être l’interpellent et qu’il comprenne que la proposition semble être des plus urgentes.
- Quoi ?? Maintenant ??
- Éric n’y tient plus et je t’avouerai que pour moi c’est pareil, ça nous rappellera des souvenirs !!
- Quel âge vous avez donc tous les deux ! Hi ! Hi !
- Aller « Yu », s’t’plaît !! Aller, aller, hein, hein !!
Raphaël effleure à peine la braguette de Yuan du dos de la main, qu’il sourit en se rendant compte que l’envie est également là pour son ami.
- Il n’y a personne aux archives à cette heure, rejoins-nous là-bas d’ici cinq minutes !! En plus tu bandes comme un cochon, alors j’ai bien compris que tu en as envie autant que nous !!
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