11-02-2021, 10:45 PM
16 - Julien : Sortie
Mercredi 5 juin
Dehors, enfin ! J'ai bien cru qu'on ne me laisserait jamais sortir d'ici. Les derniers jours ont été épuisants, avec les interrogatoires des policiers qui n'ont pas cessé. Vive mon avocat, je dois une fière chandelle aux parents de Yann.
S'ils savaient... jamais je n'aurais eu cette aide. C'est à en pleurer, mais enfin bon, espérons que cela restera un secret...
À ce propos, il va me falloir affronter mes frères. J'en ai la gorge qui se serre, j'espère que ça va bien se passer.
Ma mère est venue me chercher en voiture, elle n'a pas prononcé un seul mot depuis que je suis sorti. À vrai dire, je ne sais vraiment pas quoi lui dire, de mon côté. Peut-être est-ce la même chose pour elle.
L'aimait-elle seulement ? Je l'ignore. Peut-être le découvrirai-je avec le temps, si elle laisse son chagrin s'exprimer. Pour le moment, son expression est plutôt figée.
La voiture s'arrête devant la maison. Je sors de la voiture puis trouve la force de poser la question.
- Vic et Luc sont là ?
- Oui.
Fin de la conversation.
Pourquoi est-ce que je ne trouve rien à dire ? Peut-être parce que j'ignore ce qu'elle pense de tout ça. Et je ne sais pas comment le lui demander.
Ou peut-être ai-je peur de la réponse.
J'entre dans notre maison, dans ces lieux où j'ai connu tant de terreurs, de rancœurs, de douleurs. Tant de joies aussi, grâce à mes frères. Ils sont là, ils me serrent dans leurs bras, et j'accepte, plein de gratitude, leur joie de me revoir.
- Tu nous as fait si peur, Ju... que c'est bon de te revoir.
Victor semble fort ému, Luc est plus maître de ses émotions dans sa voix et son visage mais il les exprime pleinement dans son étreinte fraternelle.
- Moi aussi je suis content de vous revoir.
- Viens, allons discuter en haut, dit Luc.
Je les suis dans l'escalier et nous entrons dans ma chambre. Victor me regarde avec un grand sourire.
- Le cauchemar est terminé, Julien. Je n'aurais pas imaginé que cela se passe ainsi, mais tu nous as tous sauvés.
- Moi ? Qu'est-ce que vous racontez ?
- J'ai bien vu que Luc et toi vous faisiez dans la surenchère afin d'attirer ce monstre sur vous. C'était vraiment bien de ta part de vouloir protéger Luc comme tu l'as fait, même si ce n'était pas vraiment une bonne idée. Mais quand tu as été jusqu'à prétendre qu'il t'avait rendu homo, je me suis dit qu'il allait avoir une attaque. Et quand il a commencé à te cogner contre le mur en t'étranglant, j'étais horrifié, je voulais prendre quelque chose pour le lui balancer sur la tête, puis j'ai eu l'idée ! J'ai dit la même chose que toi ! Et Luc a compris et il a fait pareil à son tour ! Tu imagines ? Le choc qu'il a eu ? Il t'a lâché aussi sec, à notre grand soulagement, et il nous a regardé tous les deux. J'imaginais très bien ce qu'il devait penser. Ses trois fils sont gay, et ils le lui reprochent à lui de les avoir fait ainsi. J'ai cru qu'il allait nous tuer aussi, mais là, on n'a plus eu peur de lui, tout d'un coup. On était prêts à se battre. Pour toi. Mais il s'est juste effondré sur place. On s'est précipité vers toi, tu avais perdu connaissance, tu nous as fait très peur, tu sais.
Je ne sais quoi répondre à ça. Je ne m'y attendais vraiment pas. Ils ont cru que je mentais en disant que j'étais homo ? Bah mince alors. Je vais devoir y réfléchir. C'est râpé pour le CO en tout cas. Pour le moment... il faudra bien que je le leur dise un jour ou l'autre. Parce que ce sont mes frères, et qu'ils sont tout pour moi. Mais pour le moment, c'est aussi bien comme ça. On a d'autres chats à fouetter.
- Écoute, Ju, on va pas se laisser avoir.
J'écoute mes frères discuter de ce qu'ils comptent faire, même si c'est important, je n'arrive pas à me concentrer. Je n'arrive pas à me réjouir. Je me sens tellement vide. Je finis par leur dire que je suis fatigué et ils me laissent seul dans ma chambre. Je m'allonge en réfléchissant, tentant de mettre le doigt sur ce qui ne va pas, sans y parvenir. Je finis par m'endormir.
Lorsque je rouvre les yeux, un peu plus tard, je me relève et descends l'escalier. Je croise Luc en bas.
- Ça va mieux ?
- Mouais. J'ai besoin de prendre l'air. Je suis trop longtemps resté enfermé.
- J'imagine. Je viens avec toi.
- Je ne suis pas en sucre, Luc. Je ne vais pas loin.
- D'accord.
Mes pas me conduisent jusqu'à la maison de Fabien. J'y sonne, mais ne reçois aucune réponse. Je m'éloigne sans direction précise, mais l'instinct me guide sur des chemins familiers et je m'immobilise devant chez Laurent. Trop tôt, il est encore au lycée. Je repasserai.
Je reviens à la maison pour attendre un peu, tournant en rond dans ma chambre puis ressortant pour voir ce que font mes frères. Je les trouve plongés dans une masse de paperasseries. Luc relève la tête en me voyant approcher.
- Ça va ?
- Toujours depuis la dernière fois que tu m'as posé la question. Qu'est-ce que vous faites ?
Je n'aurais pas dû poser la question. Je ne suis pas en état de me préoccuper des affaires de la famille. Apparemment, maman non plus, et il faut bien que quelqu'un le fasse. Je les remercie tous les deux, puis récupère une lettre que me tend Victor. Je retourne dans ma chambre, l'ouvre et regarde qui a bien pu m'écrire.
La vie continue.
Mercredi 5 juin
Dehors, enfin ! J'ai bien cru qu'on ne me laisserait jamais sortir d'ici. Les derniers jours ont été épuisants, avec les interrogatoires des policiers qui n'ont pas cessé. Vive mon avocat, je dois une fière chandelle aux parents de Yann.
S'ils savaient... jamais je n'aurais eu cette aide. C'est à en pleurer, mais enfin bon, espérons que cela restera un secret...
À ce propos, il va me falloir affronter mes frères. J'en ai la gorge qui se serre, j'espère que ça va bien se passer.
Ma mère est venue me chercher en voiture, elle n'a pas prononcé un seul mot depuis que je suis sorti. À vrai dire, je ne sais vraiment pas quoi lui dire, de mon côté. Peut-être est-ce la même chose pour elle.
L'aimait-elle seulement ? Je l'ignore. Peut-être le découvrirai-je avec le temps, si elle laisse son chagrin s'exprimer. Pour le moment, son expression est plutôt figée.
La voiture s'arrête devant la maison. Je sors de la voiture puis trouve la force de poser la question.
- Vic et Luc sont là ?
- Oui.
Fin de la conversation.
Pourquoi est-ce que je ne trouve rien à dire ? Peut-être parce que j'ignore ce qu'elle pense de tout ça. Et je ne sais pas comment le lui demander.
Ou peut-être ai-je peur de la réponse.
J'entre dans notre maison, dans ces lieux où j'ai connu tant de terreurs, de rancœurs, de douleurs. Tant de joies aussi, grâce à mes frères. Ils sont là, ils me serrent dans leurs bras, et j'accepte, plein de gratitude, leur joie de me revoir.
- Tu nous as fait si peur, Ju... que c'est bon de te revoir.
Victor semble fort ému, Luc est plus maître de ses émotions dans sa voix et son visage mais il les exprime pleinement dans son étreinte fraternelle.
- Moi aussi je suis content de vous revoir.
- Viens, allons discuter en haut, dit Luc.
Je les suis dans l'escalier et nous entrons dans ma chambre. Victor me regarde avec un grand sourire.
- Le cauchemar est terminé, Julien. Je n'aurais pas imaginé que cela se passe ainsi, mais tu nous as tous sauvés.
- Moi ? Qu'est-ce que vous racontez ?
- J'ai bien vu que Luc et toi vous faisiez dans la surenchère afin d'attirer ce monstre sur vous. C'était vraiment bien de ta part de vouloir protéger Luc comme tu l'as fait, même si ce n'était pas vraiment une bonne idée. Mais quand tu as été jusqu'à prétendre qu'il t'avait rendu homo, je me suis dit qu'il allait avoir une attaque. Et quand il a commencé à te cogner contre le mur en t'étranglant, j'étais horrifié, je voulais prendre quelque chose pour le lui balancer sur la tête, puis j'ai eu l'idée ! J'ai dit la même chose que toi ! Et Luc a compris et il a fait pareil à son tour ! Tu imagines ? Le choc qu'il a eu ? Il t'a lâché aussi sec, à notre grand soulagement, et il nous a regardé tous les deux. J'imaginais très bien ce qu'il devait penser. Ses trois fils sont gay, et ils le lui reprochent à lui de les avoir fait ainsi. J'ai cru qu'il allait nous tuer aussi, mais là, on n'a plus eu peur de lui, tout d'un coup. On était prêts à se battre. Pour toi. Mais il s'est juste effondré sur place. On s'est précipité vers toi, tu avais perdu connaissance, tu nous as fait très peur, tu sais.
Je ne sais quoi répondre à ça. Je ne m'y attendais vraiment pas. Ils ont cru que je mentais en disant que j'étais homo ? Bah mince alors. Je vais devoir y réfléchir. C'est râpé pour le CO en tout cas. Pour le moment... il faudra bien que je le leur dise un jour ou l'autre. Parce que ce sont mes frères, et qu'ils sont tout pour moi. Mais pour le moment, c'est aussi bien comme ça. On a d'autres chats à fouetter.
- Écoute, Ju, on va pas se laisser avoir.
J'écoute mes frères discuter de ce qu'ils comptent faire, même si c'est important, je n'arrive pas à me concentrer. Je n'arrive pas à me réjouir. Je me sens tellement vide. Je finis par leur dire que je suis fatigué et ils me laissent seul dans ma chambre. Je m'allonge en réfléchissant, tentant de mettre le doigt sur ce qui ne va pas, sans y parvenir. Je finis par m'endormir.
Lorsque je rouvre les yeux, un peu plus tard, je me relève et descends l'escalier. Je croise Luc en bas.
- Ça va mieux ?
- Mouais. J'ai besoin de prendre l'air. Je suis trop longtemps resté enfermé.
- J'imagine. Je viens avec toi.
- Je ne suis pas en sucre, Luc. Je ne vais pas loin.
- D'accord.
Mes pas me conduisent jusqu'à la maison de Fabien. J'y sonne, mais ne reçois aucune réponse. Je m'éloigne sans direction précise, mais l'instinct me guide sur des chemins familiers et je m'immobilise devant chez Laurent. Trop tôt, il est encore au lycée. Je repasserai.
Je reviens à la maison pour attendre un peu, tournant en rond dans ma chambre puis ressortant pour voir ce que font mes frères. Je les trouve plongés dans une masse de paperasseries. Luc relève la tête en me voyant approcher.
- Ça va ?
- Toujours depuis la dernière fois que tu m'as posé la question. Qu'est-ce que vous faites ?
Je n'aurais pas dû poser la question. Je ne suis pas en état de me préoccuper des affaires de la famille. Apparemment, maman non plus, et il faut bien que quelqu'un le fasse. Je les remercie tous les deux, puis récupère une lettre que me tend Victor. Je retourne dans ma chambre, l'ouvre et regarde qui a bien pu m'écrire.
La vie continue.
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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