Entre ombre et lumière (gay, ados, terminé)

[inny-2]

15 - Laurent : Miroirs

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, et je sursaute en même temps que Yann. Nous nous tournons vivement vers l'origine de la voix qui ne m'est que trop familière.
- Annie ! Qu'est-ce que tu fous là ?
- Tu vas me poser la question à chaque fois que tu me verras ? Je me demandais ce que tu pouvais bien faire ici la dernière fois, j'ai ma réponse maintenant...
- Qu'est-ce que ça peut te foutre ?
- Moi, rien, à condition toutefois que tu me fiches la paix ! Les affaires de Pascale ne te concernent en rien. Que je ne vous voie pas tourner autour d'elle ou fourrer votre nez dans mes affaires ou tout le lycée sera au courant. Ça risque de jaser...
- Et nous on te refera le portrait. Sauvagement.
La voix de Yann fait peur à entendre tellement il a l'air en colère. Même si je commence à le connaître suffisamment pour sentir sa peur derrière ses menaces.
- Ben voyons. Vous oseriez frapper une fille ?
- Tu veux voir ?
- Laisse, Yann, autant je rêve de lui flanquer les baffes qu'elle mérite, autant ça n'arrangerait pas nos affaires.

Yann serre les poings, il a l'air prêt à se jeter sur Annie, et elle commence à s'en rendre compte.
- Bon, autant ne pas faire de choses que vous pourriez regretter, dit-elle en reculant. Laissez-nous tranquilles et je vous rendrai la pareille.
- Espèce de...
- Pas de vilains mots devant moi, dit une nouvelle voix. Tu t'amuses bien Annie ? Franchement, t'es vraiment à plaindre, t'abaisser à un tel chantage, vraiment !
- Adeline ?
- Eh oui, c'est moi. Tu étais si peu discrète en les suivant tous les deux... tu es vraiment pathétique. Mais bon, tu fais avec les faibles moyens dont tu disposes, ma pauvre. Mais te servir de leurs sentiments pour les faire chanter, c'est dangereux, non ? Tu n'aimerais pas qu'on te rende la pareille, hein ?
- Fous-moi la paix, toi, je ne t'ai pas sonnée !
- J'y suis, j'y reste, désolée ! Et dommage pour toi, je sais bien des choses qui pourraient te causer du tort si j'en parlais moi !
- N'importe quoi ! Vous n'avez pas intérêt à me causer des problèmes, ou ça va barder ! Et fiche le camp, toi !
- L'hôpital qui se fout de la charité ! Bon, très bien, je m'en vais dire à tout le monde que tu es amoureuse de Pascale.
- Aaaah !

Yann et moi échangeons un regard surpris. Mince, je n'aurais jamais imaginé un truc pareil. Laissant les deux filles s'expliquer bruyamment, je réfléchis à mes relations passées avec Annie.
Je comprends pourquoi elle m'a rejeté aussi fermement quand je suis tombé amoureux d'elle. Mais comment ai-je pu être aussi stupide et la considérer comme une femme parfaite, idéale, faut-il que l'amour rende effectivement aveugle ?
Elle est vraiment... enfin, elle se bat de toutes ses forces pour celle qu'elle aime, n'en ai-je pas fait autant pour essayer de la conquérir ? Mais je ne me serais pas abaissé à ça... non ?
Je regarde Annie s'éloigner, visiblement furieuse, mais vaincue.
- Merci Adeline, merci beaucoup.
- Mais de rien, les amies, c'est fait pour ça, non ?
- T'es vraiment la meilleure de toutes.
- C'est gentil ça, ronronne-t-elle. Écoutez, je suis désolée pour David, mais bon, Pascale ne l'aimera jamais. Et avec Annie qui veille dessus comme une tigresse sur ses petits, vous ne pouvez que vous attirer des ennuis à tenter d'intervenir.

- Nous ne ferons rien, à quoi bon d'ailleurs ? Tant qu'elle ne nous embête pas, on ne va pas leur chercher des poux dans la tête. C'est avec David que ça va être difficile.
- Je ne crois pas que vous devriez lui dire, il va être déchiré à la veille des examens, ce ne serait pas une bonne chose.
- Hum... Ça m'embête mais tu as raison.
- Il va beaucoup souffrir, c'est... c'est si dur d'aimer sans espoir...
- Adeline ?
- Sois heureux, Laurent, c'est tout ce qui compte. Profite de chaque instant de bonheur, c'est si fragile...
- Qu'y a-t-il ?
- Je n'ai pas envie d'en parler.
- Bon... Mais tu sais que si tu changes d'avis, nous serons toujours là pour toi.
- Merci, sourit-elle.
- C'est mieux. Et tiens, si on laissait tomber un peu tout notre stress ce soir, nous pourrions voir l'autre film dont nous avons parlé l'autre jour.
- C'est entendu !
- Et on t'invite, bien sûr.