07-02-2021, 11:40 PM
12 - Yann : Les secrets de Michel
J'ai quitté mes amis après dégustation d'une savoureuse glace pistache-noisettes pour retrouver Michel. Ça fait longtemps que je n'ai pas remis les pieds dans sa piaule.
- Salut, Michel.
- Salut, Yann ! Je commençais à me demander si tu allais revenir un jour ici.
- J'ai dû régler certaines choses.
- Comme redevenir un gentil garçon ?
- Y a de ça.
- J'y crois pas. T'avais la porte de la liberté grande ouverte devant toi et tu l'as fermée. Ça t'a fait si peur que ça ?
- La porte est pas fermée à clé, Michel. Je n'étais tout simplement pas prêt.
- Eh bien, espérons que tu parvienne à la rouvrir un jour.
- Sans problème. Mais j'étais venu te parler d'autre chose.
- Oui ?
- Thierry... Il n'a pas vraiment l'intention de s'en prendre à Julien ?
- Tu plaisantes ? Si son père ne lui avait pas dit de ne pas s'en mêler, il irait l'attendre à la sortie de l'hôpital pour le coller au mur et le cogner jusqu'à ce qu'il y retourne.
- Mais pourquoi ? Il n'y est pour rien !
- Pour rien ? C'est à cause de lui que toute cette affaire merdique a éclaté !
- C'est pas lui qui a parlé ! Tu as lu le journal ? L'article dit qu'il n'a plus prononcé un seul mot depuis l'agression.
- Alors qui ? Ses frères ? Thierry ne va pas perdre son temps à les chercher. Il se fiche d'ailleurs que Julien soit responsable ou non. Il a décidé que c'était lui, point final.
- Tu ne peux pas lui faire entendre raison ?
- Tu plaisantes ou quoi ?
- Essaie, pour moi. Julien est mon ami, c'est un gars super qui n'a jamais fait de mal à une mouche.
- Non, tu ne comprends pas, là. Dit Michel, effaré. Toi, t'es un gars gentil, un peu bagarreur quand on le pousse, mais ça va pas plus loin. Thierry, lui, il est ce que tu ne seras jamais. C'est un tueur. Si je le contredis, il se défoulera sur moi. Je suis plus en sécurité de son côté que du tien, désolé. Je suis un tueur, moi aussi, mais pas dans la même catégorie.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu as tué quelqu'un ?
- Non, mais je rêve de le faire.
- Pardon ?
- J'en rêve toute les nuits, Yann.
Je secoue la tête, incrédule.
- Mais tu plaisantes ou quoi ?
- Non, je ne suis pas un psychopathe ou quoi. Je veux juste...
- Quoi ?
Il regarde dans le vide, un moment, puis détourne la tête.
- Rien. Je ne veux pas en parler. Passe-moi une bière, s'il te plaît. On crève de chaud.
- Tiens.
- Merci. T'en prends pas ?
- Non, j'ai arrêté.
- Je rêve. Ne me fais pas honte, Yann, prends-en une avec moi.
- C'est moi qui me...
Je regarde sa tête dégoûtée.
- Bon, mais juste une.
- Aaah. Tu commençais à m'inquiéter.
- Et Thierry, c'est quel genre de tueur ? Lui dis-je en lui repassant une nouvelle bière.
- Il a besoin de se faire respecter, tu vois ? Il joue les durs au lycée, mais à la maison, c'est pas la même chose. C'est jamais la même chose à la maison... Enfin... Quoi qu'il fasse, aux yeux de son père, c'est un moins que rien, un bon à rien. Un déchet.
- Alors il cherche au lycée le respect qu'il n'a pas chez lui ?
- Ça doit être ça, hein ? Mais il s'en fiche du lycée. C'est de son père qu'il veut le respect. Mais il l'aura pas. Son père est une épave, il ne reconnaîtra jamais la moindre qualité à un fils qu'il déteste.
- C'est triste. Mais en quoi ça ferait de lui un tueur ?
- Tu ne comprends pas ? Tu imagines, chaque jour de ta vie, ne recevoir que des reproches de ton père ? L'entendre dire qu'on n'est rien d'autre qu'une erreur ? Je passais devant chez lui, un jour, et j'ai entendu son père lui dire qu'il n'était rien d'autre que le résultat d'une capote qui s'était déchirée et d'une mère imbécile qui l'avait gardé.
- Merde...
- Ouais, hein ? Tu peux imaginer la rage qu'il a en lui ? Le problème c'est qu'il ne la dirige pas contre la bonne cible. Tu disais que c'était triste ? La véritable tristesse, dans tout ça, c'est qu'il aime son père.
- Mais comment peut-il l'aimer ?
- Tu as envie de lui poser la question ? T'es bien jeune pour mourir. Pfff. Il reste de la bière ?
- Plein.
- Reprends-en une. Eh, mais t'as toujours pas fini la tienne depuis tout à l'heure ?
- Et chez toi ? Ton père, il te traite bien ?
- C'est mon beau-père. Un gars bien. Je lui fous la paix, il me fout la paix. Mon père... il est en prison, puisse-t-il y pourrir pour le restant de ses jours. Mais si il sort... Si jamais il sort...
- Quoi ?
- Je serai là. Je l'attendrai et je le buterai.
- Mais pourquoi ça ?
- J'ai pas envie d'en parler, OK ?
- OK...
Autant changer de sujet...
- Ça va bientôt être la fin. Adieu le lycée. Adieu miss horreur 2002.
- Cette chère prof de maths... tu sais bien qu'elle est modeste. Horreur est un bien trop grand compliment pour elle.
- Hé-hé ! Oui, en effet. Adieu le prof de gym...
- Pourquoi ça ?
- Ne me dis pas que tu n'as rien remarqué ?
- Remarqué quoi ?
- Que c'est un pédé, bien sûr.
- Lui ? Mais à quoi tu vois ça ?
- Au prochain cours, regarde comment il nous mate.
- Euh... il nous surveille, Michel. C'est un prof. De sport.
- Non, regarde-le bien, ce salopard. Tu verras.
- Mais qu'est-ce que t'as contre les gay ?
Il ouvre de grands yeux incrédules.
- Ce que j'ai contre... tu plaisantes ou quoi ?
- Bah, qu'est-ce que tu leur reproche ?
- Mais c'est des... des animaux ! Des pervers ! On devrait les enfermer ! Les tuer !
- Attends, mais tu racontes quoi là ? Qu'est-ce qui te fait dire une chose pareille ?
- Mais je le sais !
- Tu sais ? Quoi ? Ils t'ont fait quelque chose ? Non ! Rien du tout. Alors ne...
- NE DIS PAS QU'ILS NE M'ONT RIEN FAIT !
Je sursaute et le regarde, ébahi, totalement pris par surprise par sa réaction. Il se dresse devant moi, haletant, le visage rouge.
- Ne parle pas de ce que tu ne connais pas ! Tu ne sais rien ! Tu vis ta petite vie tranquille de gentil garçon, mais tu ne sais rien !
- Explique-toi...
- Tu veux savoir ? Tu veux savoir quel genre de monstre c'est ?
Il me regarde, hésitant entre colère et prudence.
- Écoute, je sais que certains sont des salauds, mais il ne faut pas généra...
- T'as été violé ? Est-ce que t'as été violé, hein ? Tu chanterais une autre chanson si c'était le cas !
Je sens un nœud se serrer dans ma gorge. Je sais ce qu'il ressent...
- Oui, si tu veux savoir.
Il ouvre de grands yeux. Il ne s'attendait pas à une réponse pareille.
- Et tu... tu oses me demander ce que j'ai contre les gay ? Mais t'es frappé ou quoi ? Me dis pas que t'as aimé ça !
- Non, bien sûr que non !
- Et combien de fois tu l'as été, hein ?!
- Une fois...
- Trois ans ! Pendant trois ans j'ai subi mon père et son copain !
- Oh, mon dieu... Michel...
- Ah, tais-toi ! Je ne veux pas de ta pitié !
Pauvre gars... Je ne pourrai jamais lui faire entendre raison après le calvaire qu'il a vécu.
Mieux vaut détourner ses soupçons ou je ne sortirai pas d'ici sans me battre.
- Je te comprends pas. Tu lui as pardonné, à ton violeur ? Comment est-ce que tu peux ne pas les détester ?
Oups, ça commence...
- Mais je déteste les salauds qui font ce genre de choses !
- Alors ? Pourquoi tu m'as posé la question ?
- J'étais curieux... Je voulais savoir ce qu'il en était pour toi.
Il me regarde d'un air soupçonneux, me mettant très mal à l'aise.
Je retiens un soupir de soulagement lorsqu'il baisse la tête.
- Je préfère qu'on ne revienne pas sur ce sujet.
- Oui, dis-je.
- Et que je n'entende pas parler de cette histoire...
- Ça va pas ? Je n'ai pas plus envie d'entendre parler de la mienne.
Je termine ma bière histoire de me donner une contenance.
- Je suis désolé, je n'aurais jamais dû en parler.
- Ouais... mais j'aurais ma vengeance, je te le jure.
J'ai quitté mes amis après dégustation d'une savoureuse glace pistache-noisettes pour retrouver Michel. Ça fait longtemps que je n'ai pas remis les pieds dans sa piaule.
- Salut, Michel.
- Salut, Yann ! Je commençais à me demander si tu allais revenir un jour ici.
- J'ai dû régler certaines choses.
- Comme redevenir un gentil garçon ?
- Y a de ça.
- J'y crois pas. T'avais la porte de la liberté grande ouverte devant toi et tu l'as fermée. Ça t'a fait si peur que ça ?
- La porte est pas fermée à clé, Michel. Je n'étais tout simplement pas prêt.
- Eh bien, espérons que tu parvienne à la rouvrir un jour.
- Sans problème. Mais j'étais venu te parler d'autre chose.
- Oui ?
- Thierry... Il n'a pas vraiment l'intention de s'en prendre à Julien ?
- Tu plaisantes ? Si son père ne lui avait pas dit de ne pas s'en mêler, il irait l'attendre à la sortie de l'hôpital pour le coller au mur et le cogner jusqu'à ce qu'il y retourne.
- Mais pourquoi ? Il n'y est pour rien !
- Pour rien ? C'est à cause de lui que toute cette affaire merdique a éclaté !
- C'est pas lui qui a parlé ! Tu as lu le journal ? L'article dit qu'il n'a plus prononcé un seul mot depuis l'agression.
- Alors qui ? Ses frères ? Thierry ne va pas perdre son temps à les chercher. Il se fiche d'ailleurs que Julien soit responsable ou non. Il a décidé que c'était lui, point final.
- Tu ne peux pas lui faire entendre raison ?
- Tu plaisantes ou quoi ?
- Essaie, pour moi. Julien est mon ami, c'est un gars super qui n'a jamais fait de mal à une mouche.
- Non, tu ne comprends pas, là. Dit Michel, effaré. Toi, t'es un gars gentil, un peu bagarreur quand on le pousse, mais ça va pas plus loin. Thierry, lui, il est ce que tu ne seras jamais. C'est un tueur. Si je le contredis, il se défoulera sur moi. Je suis plus en sécurité de son côté que du tien, désolé. Je suis un tueur, moi aussi, mais pas dans la même catégorie.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu as tué quelqu'un ?
- Non, mais je rêve de le faire.
- Pardon ?
- J'en rêve toute les nuits, Yann.
Je secoue la tête, incrédule.
- Mais tu plaisantes ou quoi ?
- Non, je ne suis pas un psychopathe ou quoi. Je veux juste...
- Quoi ?
Il regarde dans le vide, un moment, puis détourne la tête.
- Rien. Je ne veux pas en parler. Passe-moi une bière, s'il te plaît. On crève de chaud.
- Tiens.
- Merci. T'en prends pas ?
- Non, j'ai arrêté.
- Je rêve. Ne me fais pas honte, Yann, prends-en une avec moi.
- C'est moi qui me...
Je regarde sa tête dégoûtée.
- Bon, mais juste une.
- Aaah. Tu commençais à m'inquiéter.
- Et Thierry, c'est quel genre de tueur ? Lui dis-je en lui repassant une nouvelle bière.
- Il a besoin de se faire respecter, tu vois ? Il joue les durs au lycée, mais à la maison, c'est pas la même chose. C'est jamais la même chose à la maison... Enfin... Quoi qu'il fasse, aux yeux de son père, c'est un moins que rien, un bon à rien. Un déchet.
- Alors il cherche au lycée le respect qu'il n'a pas chez lui ?
- Ça doit être ça, hein ? Mais il s'en fiche du lycée. C'est de son père qu'il veut le respect. Mais il l'aura pas. Son père est une épave, il ne reconnaîtra jamais la moindre qualité à un fils qu'il déteste.
- C'est triste. Mais en quoi ça ferait de lui un tueur ?
- Tu ne comprends pas ? Tu imagines, chaque jour de ta vie, ne recevoir que des reproches de ton père ? L'entendre dire qu'on n'est rien d'autre qu'une erreur ? Je passais devant chez lui, un jour, et j'ai entendu son père lui dire qu'il n'était rien d'autre que le résultat d'une capote qui s'était déchirée et d'une mère imbécile qui l'avait gardé.
- Merde...
- Ouais, hein ? Tu peux imaginer la rage qu'il a en lui ? Le problème c'est qu'il ne la dirige pas contre la bonne cible. Tu disais que c'était triste ? La véritable tristesse, dans tout ça, c'est qu'il aime son père.
- Mais comment peut-il l'aimer ?
- Tu as envie de lui poser la question ? T'es bien jeune pour mourir. Pfff. Il reste de la bière ?
- Plein.
- Reprends-en une. Eh, mais t'as toujours pas fini la tienne depuis tout à l'heure ?
- Et chez toi ? Ton père, il te traite bien ?
- C'est mon beau-père. Un gars bien. Je lui fous la paix, il me fout la paix. Mon père... il est en prison, puisse-t-il y pourrir pour le restant de ses jours. Mais si il sort... Si jamais il sort...
- Quoi ?
- Je serai là. Je l'attendrai et je le buterai.
- Mais pourquoi ça ?
- J'ai pas envie d'en parler, OK ?
- OK...
Autant changer de sujet...
- Ça va bientôt être la fin. Adieu le lycée. Adieu miss horreur 2002.
- Cette chère prof de maths... tu sais bien qu'elle est modeste. Horreur est un bien trop grand compliment pour elle.
- Hé-hé ! Oui, en effet. Adieu le prof de gym...
- Pourquoi ça ?
- Ne me dis pas que tu n'as rien remarqué ?
- Remarqué quoi ?
- Que c'est un pédé, bien sûr.
- Lui ? Mais à quoi tu vois ça ?
- Au prochain cours, regarde comment il nous mate.
- Euh... il nous surveille, Michel. C'est un prof. De sport.
- Non, regarde-le bien, ce salopard. Tu verras.
- Mais qu'est-ce que t'as contre les gay ?
Il ouvre de grands yeux incrédules.
- Ce que j'ai contre... tu plaisantes ou quoi ?
- Bah, qu'est-ce que tu leur reproche ?
- Mais c'est des... des animaux ! Des pervers ! On devrait les enfermer ! Les tuer !
- Attends, mais tu racontes quoi là ? Qu'est-ce qui te fait dire une chose pareille ?
- Mais je le sais !
- Tu sais ? Quoi ? Ils t'ont fait quelque chose ? Non ! Rien du tout. Alors ne...
- NE DIS PAS QU'ILS NE M'ONT RIEN FAIT !
Je sursaute et le regarde, ébahi, totalement pris par surprise par sa réaction. Il se dresse devant moi, haletant, le visage rouge.
- Ne parle pas de ce que tu ne connais pas ! Tu ne sais rien ! Tu vis ta petite vie tranquille de gentil garçon, mais tu ne sais rien !
- Explique-toi...
- Tu veux savoir ? Tu veux savoir quel genre de monstre c'est ?
Il me regarde, hésitant entre colère et prudence.
- Écoute, je sais que certains sont des salauds, mais il ne faut pas généra...
- T'as été violé ? Est-ce que t'as été violé, hein ? Tu chanterais une autre chanson si c'était le cas !
Je sens un nœud se serrer dans ma gorge. Je sais ce qu'il ressent...
- Oui, si tu veux savoir.
Il ouvre de grands yeux. Il ne s'attendait pas à une réponse pareille.
- Et tu... tu oses me demander ce que j'ai contre les gay ? Mais t'es frappé ou quoi ? Me dis pas que t'as aimé ça !
- Non, bien sûr que non !
- Et combien de fois tu l'as été, hein ?!
- Une fois...
- Trois ans ! Pendant trois ans j'ai subi mon père et son copain !
- Oh, mon dieu... Michel...
- Ah, tais-toi ! Je ne veux pas de ta pitié !
Pauvre gars... Je ne pourrai jamais lui faire entendre raison après le calvaire qu'il a vécu.
Mieux vaut détourner ses soupçons ou je ne sortirai pas d'ici sans me battre.
- Je te comprends pas. Tu lui as pardonné, à ton violeur ? Comment est-ce que tu peux ne pas les détester ?
Oups, ça commence...
- Mais je déteste les salauds qui font ce genre de choses !
- Alors ? Pourquoi tu m'as posé la question ?
- J'étais curieux... Je voulais savoir ce qu'il en était pour toi.
Il me regarde d'un air soupçonneux, me mettant très mal à l'aise.
Je retiens un soupir de soulagement lorsqu'il baisse la tête.
- Je préfère qu'on ne revienne pas sur ce sujet.
- Oui, dis-je.
- Et que je n'entende pas parler de cette histoire...
- Ça va pas ? Je n'ai pas plus envie d'entendre parler de la mienne.
Je termine ma bière histoire de me donner une contenance.
- Je suis désolé, je n'aurais jamais dû en parler.
- Ouais... mais j'aurais ma vengeance, je te le jure.
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