Entre ombre et lumière (gay, ados, terminé)

[inny-2]

2 - Yann : Tours et détours

La cuisine est toujours aussi excellente, chez Laurent. Je devrais demander asile ici.
...
Je le voudrais tellement, en fait.
Voyons voir... Il faut que je reconsidère mon avenir universitaire, parce qu'avec mes choix actuels, ça le fait pas.
Changer maintenant ? Il va falloir que je me bouge sérieusement alors.
- Tu as l'air bien songeur, me dit Isa.
- Je pense à l'avenir... Si je veux rester avec Laurent, il faut que je revoie mes choix. J'avais opté pour Paris...
- Tu penses arriver à te loger là-bas ? Les loyers sont très élevés.
- Oui, mes parents vont m'aider, et bon, j'ai quelques contacts discrets avec mon oncle, à l'insu de mon père.
- Comment ça ?
- Mon père et mon oncle ne s'entendent pas du tout. Mais bon, grâce au net, on s'échange des emails de temps en temps. Personnellement, je le trouve plus que sympa. Il m'a déjà annoncé que si j'avais des problèmes d'argent pendant mes études, il m'aiderait sans problème.
- Que s'est-il passé entre eux ? Si ce n'est pas indiscret.
- Comment dire... c'est une vieille histoire, entre eux. Ils étaient très proches, avant. Mais ils se sont disputés à plusieurs reprises, je ne sais pas à quel sujet, d'ailleurs. Ils ont fini par ne plus se parler... Mais mon oncle a fait en sorte que je puisse garder le contact avec lui. Il est parti, s'est marié, et a fait fortune. Sa femme est morte l'année dernière. Cancer. Il a compensé en se lançant à corps perdu dans son travail, et est devenu très riche. Maintenant, il décompresse. En ce moment, il est dans le Pacifique, il va d'île en île avec son bateau.
- Eh ben, j'aimerais bien avoir une telle vie. Tu n'as jamais pu aller le voir ?
- Non, mon père s'y est opposé.
- Quel dommage.

- Ça se passe bien entre vous, demande Philippe pour changer de sujet.
- Oui, dis-je, retrouvant ma timidité.
- Très bien, même, dit Laurent.
- Le problème... c'est ce que nous allons faire après le bac. Je suis prêt à rester par ici, quitte à changer de voie...
- Non, c'est moi qui te suivrai, Yann.
Je lui souris, quel merveilleux homme il est, comme je l'aime... Ma main vient serrer la sienne sur la table, je ne me rends compte qu'après coup que je l'ai fait devant tout le monde...
Et puis quoi ? Je suis accepté, ici, pleinement. Ils ne me jugent pas, ils se réjouissent de voir Laurent heureux. Quel bonheur.
Ma main se resserre un peu plus sur la sienne, je la laisse là, pour lui montrer que j'ai franchi cette étape.
Mais il y a tant d'obstacles à franchir sur la route du bonheur...
Un coup d'œil à Laurent me suffit pour être convaincu : nous les franchirons.

Revenus dans la chambre de Laurent, nous retournons aux nouvelles.

Laurent,

Julien est éveillé, mais il ne parle pas. Pas un mot. Les visites sont interdites en dehors des gendarmes.
Voilà, je n'en sais pas plus pour le moment.

Fabien.

- Merde...
- Ouais, dit Laurent. Bordel, je voudrais être avec lui... Il a vraiment besoin d'avoir ses amis à ses côtés, en ce moment.
- Tout à fait, c'est trop bête qu'on ne puisse pas le voir.

Fabien,

Merci de nous avoir donné de ses nouvelles.
J'ai hâte de pouvoir lui rendre visite.

Laurent.

Nous sortons tous les deux, regardant le ciel se couvrir petit à petit de nuages tandis que nous marchons vers la bibliothèque. j'ai des livres à rendre, et bouger nous change un peu les idées.
La grande double porte vitrée est grande ouverte, et nous entrons dans le bâtiment. C'est une autre atmosphère, ici, feutrée. La salle principale est bien éclairée par de grandes fenêtres, j'aime beaucoup.
Je dépose mes livres à l'accueil, c'est Adeline, une charmante jeune femme, qui s'y trouve aujourd'hui.
- Salut, Yann ! Comment va ?
- Très bien, merci, et toi ?
- Super. Bonjour Laurent ! Dites, Rose et moi on va au ciné ce soir, ça vous dirait de venir avec nous ?
Je jette un coup d'œil à Laurent, qui me le retourne.
- Pourquoi pas, dit-il. Ça nous changerait les idées.
- D'accord, alors.
- Super ! On se retrouve à 18 heures devant la bibliothèque, OK ?
- Ça marche. Ah, au fait, le livre que j'avais réservé est arrivé, dis-je en lui donnant la fiche.
- D'accord, voyons voir ça... Il est en réserve, me dit-elle.
Elle se lève et traverse la bibliothèque. Elle déverrouille la porte de la réserve et y entre, laissant la porte se refermer derrière elle.

Réserve. Accès réservé au personnel.
Merci de s'adresser à l'accueil.

Adeline ressort avec le livre, l'enregistre et me le remet. Je le range dans ma sacoche et nous ressortons.
- Si on allait voir David ?
- Oui, bonne idée. D'ailleurs, autant l'inviter lui aussi à aller au ciné.