Entre ombre et lumière (gay, ados, terminé)

[inny-2]

20 - Laurent : Où est Julien ?

Vendredi 31 mai

- Salut Yann !
- Yo Lo ! Me dit-il en souriant. Tu vas bien ?
- Oui, et toi ?
- Ça va. J'ai hâte d'être à demain.
- Et moi donc ! Et c'est pareil pour Julien, il va compter les heures aujourd'hui. Je suis sûr que sa dernière pensée, hier, avant de s'endormir, a été pour Fabien.
- Hé-hé.
- Tu sais, Yann, je mesure le chemin que tu as parcouru. Ça me fait vraiment plaisir de te voir t'accepter ainsi.
- Eh bien... c'est vrai, mais c'est juste que je ne me pose plus de questions. J'ai tout rejeté, pour toi, Laurent. Et... pour moi, aussi. Je n'en pouvais plus d'être déchiré. Je te dois tellement. Sans toi, j'aurais continué à souffrir pendant des années, peut-être toute ma vie.
- Laissons donc le passé derrière nous. Mais... Il y a quelque chose qui me fait de plus en plus mal, en ce moment.
- Quoi donc ?
- Tu vas où, après le bac ? Moi, j'espère bien rester ici, je veux aller dans la même fac qu'Isa et ton frère.
- Ah.... Tiens, Ju n'est pas là ?
- En effet... Bon, je vais lui faire le coup du « tu dors ? », pour une fois.
Je sors mon portable et l'appelle.
- Messagerie... Il doit vraiment dormir, ce coup-ci.
- Eh. Bon, il nous rattrapera.

- Salut Dave !
- Salut vous deux ! Il est pas là, Julien ?
- Nan, j'ai essayé de l'appeler sur son portable, mais ça donne sur sa messagerie.
- Pfff. On va pouvoir le charrier en beauté, ce coup-ci.
- C'est clair.
- Alors, tu as parlé à Pascale ?
- Oui...
- Et ?
- Elle m'a dit qu'elle ne savait plus où elle en était... j'ai essayé de comprendre, mais peine perdue.
- Euh, essaies toujours, on peut peut-être y arriver...
David secoue la tête et se détourne.
- Dave ?
- Elle m'a dit qu'elle voulait prendre du recul pour faire le point... Mais pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe, bon sang ?
Annie... toi et moi, on va avoir une explication... Et j'aurai des réponses.

Nous avons passé un bon moment à tenter de remonter le moral de David, d'habitude c'est l'inverse qui se passe. Et l'absence de Julien commence à m'inquiéter, il n'était pas en cours... David se reprend rapidement, lui aussi s'inquiète pour Julien.
Il est incroyable ce gars. Qu'un de ses potes soit dans l'embarras et il jette tous ses soucis de côté pour l'aider.
À midi, nous partons tous les trois vers la maison de Julien. Je tente de l'appeler une dernière fois, mais en vain.
Je sonne à sa porte, sans réponse.
- Bah mince alors, qu'est-ce qui se passe, ici ?
David va parler avec un voisin, il s'entend très vite avec lui, et nous entendons des nouvelles inquiétantes.
- Oh, mais vous ne les verrez pas, je ne sais pas ce qui se passe, mais les gendarmes sont venus, avec une ambulance, et ils ont emmené tout le monde. Personne n'est encore revenu.
- Quoi ?! Une ambulance ? Vous savez qui elle a emmené ?
- Je ne sais pas, non...
Nous nous éloignons, consternés.
- C'est pas vrai ! Ça devait bien finir par arriver ! Ah, misère, comment savoir ce qui s'est passé ?
- Par Fabien, dit David.
- Fabien ?
- Ses parents sont dans une assoce qui travaille avec divers hôpitaux... Et vu les liens qu'il y a entre Fabien et Julien...
- Ça vaut le coup d'essayer. Mais il vit où ?
- Cherchons un lampadaire abîmé, dit Yann.

Les renseignements nous ont été plus utiles, Julien nous ayant suffisamment parlé de Fabien pour nous donner son nom de famille.
Je décide de lui téléphoner, sans trop d'espoir de le voir répondre, mais sait-on jamais...
- Allô ?
- Allô, bonjour, vous êtes Fabien ?
- Oui, c'est bien moi.
- Je suis un ami de Julien, il lui est arrivé quelque chose, j'aurais besoin de votre aide.
- Quoi ? Que lui est-il arrivé ?
Je lui raconte la situation, et lui donne mon numéro de téléphone. Il me promet de faire le maximum pour se renseigner.
- Merci.
- De rien, je te rappelle dès que j'ai des informations.

L'après-midi s'écoule interminablement et péniblement, et, lorsque la fin des cours arrive enfin, nous n'avons toujours pas reçu de nouvelles.
- On restera en contact sur le net, dis-je à David à la sortie du lycée.
- D'accord. Dès que tu auras des nouvelles. Je vais dire à mes parents ce qui se passe.
- Je ferai de même, dis-je.
Nous avançons tristement le long du chemin qui nous ramène chez nous, je jette un regard dans la rue qui conduit vers chez Julien, puis quitte Yann au croisement suivant.

- Allô ? C'est Fabien.
- Ah ! Vous avez des nouvelles ?
- Ça a pris du temps, désolé, mais oui, j'en ai. Euh, je ne sais pas comment t'annoncer ça...
- C'est grave ? Je vous en prie, dites-moi qu'il est vivant !
- Il est vivant, oui. Blessé, mais vivant. Il est à Sainte-Françoise.
- Que s'est-il passé ?
- Difficile à dire, les gendarmes verrouillent toutes les informations. Ils ont interdit les visites. Il y a... ah... je ne sais pas si je peux te le dire.
- Je vous en prie ! C'est mon meilleur ami. Je sais ce qui se passait chez lui. C'est son père qui l'a battu, n'est-ce pas ?
- Certainement... Mais là, il ne le fera plus.
- Il a été trop loin cette fois-ci en envoyant Julien à l'hôpital, il est bon pour un procès - et la prison !
- Non. Il n'y aura pas de procès contre lui.
- Quoi ?! Et pourquoi donc ?
- Parce qu'il est mort.

Fin du livre IV