19-01-2021, 09:45 PM
13 - Yann et Laurent : Entre ombre et lumière
Yann
Je redeviens nerveux, le moment est venu pour moi de rentrer, et j'angoisse à l'idée de l'accueil qui va m'être fait. Même si je l'ai mérité, j'ai des circonstances atténuantes, non ? Mais ce n'est pas vraiment le point de vue de mes parents.
Je me rhabille en soupirant, range mes affaires, et sors tête basse du complexe.
- Yann, ça ne va pas ? Demande Laurent.
- Non... Je sens que ça va encore être la guerre avec ma famille.
- Il faut que tu désamorces la situation, Yann.
- Ce soir, je ne crois pas être de taille.
- Hum...
Laurent s'éloigne, songeur, avant de prendre son téléphone et d'appeler...
Laurent
- Allô, maman ? C'est Lo, tu peux me passer Isa, s'il te plaît ?
- Bien sûr. Isa ! C'est Lo.
- Allô ?
- Isa, j'aurais besoin de ton aide. Yann est dans une sale passe avec sa famille, en ce moment.
- Oui, Stef m'en a parlé, il est désespéré, là.
- Il est à la maison ?
- Oui.
- Ah, eh bien, ça tombe bien. Tu veux bien faire en sorte qu'il y reste, le temps qu'on arrive ?
- Pas de problème.
Je peux presque voir son sourire.
- Yann, tu viens avec moi. Ton frère est à la maison, il vaudrait mieux que tu en parles d'abord avec lui, avant d'affronter tes parents, non ?
- Oui... C'est vrai.
- Il est super, ton frangin, il te soutiendra, mais joue franc jeu avec lui.
- Impossible ! Je ne peux pas lui dire.
- Comme tu le sens, mais parle-lui au moins de ta souffrance, mets-la sur le compte d'un mal-être, mais fais-lui comprendre que tu est vraiment dans une situations difficile.
- C'est ce que je vais faire. Oui, il pourra au moins préparer le terrain avant que je vienne parler à mon tour à mes parents.
- Je suis sûr qu'il pourra grandement arranger les choses.
- Merci, Lo, encore une fois.
- Mais de rien, mon... Yann.
Il me regarde, me sourit, il est si beau quand il sourit, je suis sous le charme. Je fais attention, juste à temps, de ne pas me perdre dans ses yeux, et pourtant, j'aimerais...
Nous avançons côte à côte, dans la pénombre de la rue, passant des ombres projetées par les lampadaires, dans lesquelles nos mains se frôlent, à la lumière crue, accusatrice, où elles se séparent, innocentes.
Nous marchons ainsi entre ombre et lumière, à l'image de nos vies de gay où nous oscillons entre mensonge et vérité, entre souffrances et amour, entre peur et bonheur.
Nous arrivons chez moi, et j'ouvre la porte, faisant entrer Yann avant de refermer.
- C'est moi !
Nous saluons mes parents, qui accueillent Yann chaleureusement, puis nous montons à l'étage. Après un bref passage dans ma chambre pour déposer nos affaires, je frappe à la porte d'Isa.
- Oui, entre !
Nous entrons tous les deux, et je salue Stef et Isa.
- Bon, on vous laisse tous les deux, dit Isa. Sois gentil avec ton petit frère, tu veux bien ? Il a beaucoup plus souffert que tu ne le penses. Ce dont il a besoin, c'est d'une main tendue, pas qu'on l'assaille ou qu'on le rejette.
- Ne t'en fais pas, Isa, je l'adore mon petit Yann, ça m'attriste beaucoup de le voir souffrir.
Nous ressortons, les laissant discuter, et descendons rejoindre mes parents.
Yann
Je m'assois à la place d'Isa, regardant mon frère et repensant à ce qu'il vient de me dire, ses paroles m'ont beaucoup soulagé. Je me rends compte de la tension qui était la mienne. Mais elle n'est pas totalement envolée, hélas, et il s'y ajoute beaucoup de regrets. Dont celui de devoir rester à l'ombre de la vérité. Enfin, juste ce qu'il faut.
- Raconte-moi, Yann.
- Je n'en peux plus, Stef. Je souffre de l'incompréhension de mes parents, ils ne vivent pas dans le même siècle que moi ! Je ne peux plus les supporter, ce n'est plus vivable.
- C'est vraiment ça qui te perturbe ?
- Pfff... Je ne sais pas, je ne sais plus où j'en suis, je suis mal dans ma peau, et ça me met sur les nerfs, je réagis au quart de tour, ou je sombre dans la dépression... J'ai essayé de fuir tout ça dans l'alcool, Stef, et j'en ai honte. Je me suis fait la promesse d'arrêter de boire, et je la tiendrai, je te le jure, mais il me faut du soutien, parce que si je dois encore affronter maman, je ne sais pas ce qui arrivera, mais je sais que je vais craquer complètement.
- Je vois... Écoute, je vais voir ce que je peux faire auprès des parents. Ils ont été trop loin, je le reconnais, mais bon, ils sont ce qu'ils sont, et ce n'est pas facile pour eux non plus, et ils n'étaient pas préparés à te voir grandir aussi vite, ni à te voir soudain faire ta crise d'adolescence maintenant.
Ma crise d'adolescence...
Je baisse la tête, plaquant mes mains sur mon visage, et me retiens de rire à grand-peine.
- Non, Yann, ne pleure pas, me dit-il en me serrant dans ses bras. Je sens que mon rire menace d'échapper à tout contrôle, mes nerfs aspirent à ce soulagement qui me trahirait, ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes que je finis par retrouver une maîtrise de moi suffisante.
- Excuse-moi...
Je me lève et vais dans la salle de bains, j'ai besoin d'être seul un moment pour finir de me calmer, l'eau froide m'aide beaucoup. Je ressors, et vois Stef sortir de la chambre à son tour.
- Je vais arranger ça, je te le promets.
- Merci.
- Mais de rien, mon petit Yann. Mais, je pense qu'il vaut mieux que j'aie le temps de préparer le terrain, et eux d'y réfléchir. Tu peux passer la nuit chez un de tes amis ? Ce n'est pas trop tard ?
- Je suis certain que l'un d'entre eux se fera une joie, ne serait-ce que Laurent, ou même David.
- D'accord, ce sera mieux ainsi, pour le moment, ils sont encore assez remontés, ce ne serait pas bon du tout si tu rentrais maintenant.
- J'imagine.
Je vais poser la question à la famille de Laurent, je suis certain de leur réponse, et je ne me trompe pas, bien sûr.
Stef nous quitte après les avoir remercié.
- Yann, me dit la mère de Laurent, nous savons que tu traverses des moments difficiles avec ta famille, Stef nous en a parlé, même s'il ne sait pas pourquoi c'est si dur pour toi, je tiens à ce que tu saches que nous, nous t'aimons et te comprenons.
- Merci, ça me touche beaucoup, dis-je, surpris.
- Mais je t'en prie. Considère donc notre maison comme un deuxième chez toi. Regarde donc notre Laurent, jamais il n'a été aussi heureux que depuis ces derniers jours, c'est tout ce que nous désirons pour lui. Qu'il soit gay ou hétéro ou bi, quelle importance, tant qu'il est heureux ?
- Vous êtes vraiment... des gens bien, comme il y en a peu.
- As-tu fini par t'accepter ? Demande-t-elle, détournant modestement la conversation des compliments que je lui adresse.
- Eh bien... oui, euh...
- Maman, il n'a pas l'habitude d'en parler aussi ouvertement. Pense à ce qu'il a vécu dans sa famille. Laisse-lui le temps de mieux vous connaître.
- Excuse-moi, Yann, je suis désolée.
- Non, c'est moi. Je... ça viendra. Je suis horriblement timide...
Le repas se passe mieux, les sujets délicats sont évités, et ils s'efforcent de me mettre à l'aise. La qualité de la nourriture, je dois dire, contribue beaucoup à la réussite de l'opération... Et aussi la présence de Laurent, juste à côté de moi.
Je félicite sa mère pour sa cuisine, la faisant sourire, et nous nous levons. Je vois déclinée gentiment ma proposition d'aide, et je sors du salon avec Laurent.
- Je vais prendre un lit de camp à la cave. Tu dormiras dans ma chambre, comme la dernière fois.
- D'accord.
Laurent
Il est clair que je ne ferai pas deux fois la même erreur. Quelque part, ce que j'ai fait avec Julien me rend service, comme un cruel rappel de ce que je ne dois pas faire. D'autant plus que c'est Yann. Je descends chercher le lit de camp, suivi par Yann qui n'avait pas encore visité cette partie de la maison.
- Ouah ! C'est bien aménagé.
- C'est clair, c'est cool ici, tu verrais comme c'est agréable en été.
- J'imagine.
Je prends le lit, et nous le montons dans ma chambre, avant de l'installer. Nous nous asseyons pour discuter, parlons de diverses choses, puis revenons en riant sur la scène du vestiaire. Sacré David.
- Il est vraiment super, ce David, une perle, ce mec.
- Oui, c'est clair. Le voir nous accepter aussi bien...
- Il est comme ma famille, il se réjouit de nous voir heureux.
- Et je le suis, Lo. Je le suis.
- Moi aussi. Je t'aime.
- Je t'aime.
Je plonge mon regard dans le sien, et nous nous y perdons, tout à notre bonheur, le reste du monde oublié, il n'y a plus que nous deux. Je tends une main, doucement, et caresse sa joue, et il ferme les yeux, penchant légèrement la tête vers ma main, je m'approche alors, et dépose doucement sur ses lèvres le même baiser que la première fois, près de la fontaine.
Il laisse échapper un léger soupir, rouvre les yeux, me regarde intensément, puis se rapproche de moi à son tour pour me rendre ce baiser, doucement, il se retire, hésite, puis revient pour me le redonner au centuple.
Je le serre dans mes bras, réponds à son baiser, puis m'écarte pour murmurer de tendres mots à son oreille.
Yann
Je ne suis plus moi-même, je suis sur un nuage, je n'ai plus mal, je suis heureux au-delà des mots, et Laurent qui me dit à l'oreille qu'il m'a attendu toute sa vie sans le savoir, et d'autres choses merveilleuses, comment ai-je pu craindre qu'il soit comme Seb ? C'est le jour et la nuit, deux extrêmes, je lui réponds qu'il est la lumière qui éclaire pour la première fois de ma vie les ténèbres de mon existence, que moi aussi, je l'ai attendu toute ma vie, je lui redis que je l'aime, je le couvre de baisers, je suis...
...heureux.
Laurent
Yann...
Je t'aime au-delà de tout, je croyais savoir ce qu'était l'amour, mais j'étais loin du compte, l'amour, non, l'Amour, je l'ai là, dans mes bras, au bout de mes lèvres, dans mon cœur, dans mon âme, l'Amour, c'est nous deux.
Je ne saurais dire pendant combien de temps nous échangeons de tendres baisers, des caresses, toujours est-il que la fatigue de cette journée finit par avoir raison de nous, mais nous séparer nous est intolérable, et nous finissons par nous coucher ensemble, l'un contre l'autre, nous souhaitant bonne nuit, et sachant qu'elle sera la plus belle de nos jeunes existences. Le sommeil nous emporte, toujours tendrement enlacés, vers une nouvelle journée.
Yann
Je redeviens nerveux, le moment est venu pour moi de rentrer, et j'angoisse à l'idée de l'accueil qui va m'être fait. Même si je l'ai mérité, j'ai des circonstances atténuantes, non ? Mais ce n'est pas vraiment le point de vue de mes parents.
Je me rhabille en soupirant, range mes affaires, et sors tête basse du complexe.
- Yann, ça ne va pas ? Demande Laurent.
- Non... Je sens que ça va encore être la guerre avec ma famille.
- Il faut que tu désamorces la situation, Yann.
- Ce soir, je ne crois pas être de taille.
- Hum...
Laurent s'éloigne, songeur, avant de prendre son téléphone et d'appeler...
Laurent
- Allô, maman ? C'est Lo, tu peux me passer Isa, s'il te plaît ?
- Bien sûr. Isa ! C'est Lo.
- Allô ?
- Isa, j'aurais besoin de ton aide. Yann est dans une sale passe avec sa famille, en ce moment.
- Oui, Stef m'en a parlé, il est désespéré, là.
- Il est à la maison ?
- Oui.
- Ah, eh bien, ça tombe bien. Tu veux bien faire en sorte qu'il y reste, le temps qu'on arrive ?
- Pas de problème.
Je peux presque voir son sourire.
- Yann, tu viens avec moi. Ton frère est à la maison, il vaudrait mieux que tu en parles d'abord avec lui, avant d'affronter tes parents, non ?
- Oui... C'est vrai.
- Il est super, ton frangin, il te soutiendra, mais joue franc jeu avec lui.
- Impossible ! Je ne peux pas lui dire.
- Comme tu le sens, mais parle-lui au moins de ta souffrance, mets-la sur le compte d'un mal-être, mais fais-lui comprendre que tu est vraiment dans une situations difficile.
- C'est ce que je vais faire. Oui, il pourra au moins préparer le terrain avant que je vienne parler à mon tour à mes parents.
- Je suis sûr qu'il pourra grandement arranger les choses.
- Merci, Lo, encore une fois.
- Mais de rien, mon... Yann.
Il me regarde, me sourit, il est si beau quand il sourit, je suis sous le charme. Je fais attention, juste à temps, de ne pas me perdre dans ses yeux, et pourtant, j'aimerais...
Nous avançons côte à côte, dans la pénombre de la rue, passant des ombres projetées par les lampadaires, dans lesquelles nos mains se frôlent, à la lumière crue, accusatrice, où elles se séparent, innocentes.
Nous marchons ainsi entre ombre et lumière, à l'image de nos vies de gay où nous oscillons entre mensonge et vérité, entre souffrances et amour, entre peur et bonheur.
Nous arrivons chez moi, et j'ouvre la porte, faisant entrer Yann avant de refermer.
- C'est moi !
Nous saluons mes parents, qui accueillent Yann chaleureusement, puis nous montons à l'étage. Après un bref passage dans ma chambre pour déposer nos affaires, je frappe à la porte d'Isa.
- Oui, entre !
Nous entrons tous les deux, et je salue Stef et Isa.
- Bon, on vous laisse tous les deux, dit Isa. Sois gentil avec ton petit frère, tu veux bien ? Il a beaucoup plus souffert que tu ne le penses. Ce dont il a besoin, c'est d'une main tendue, pas qu'on l'assaille ou qu'on le rejette.
- Ne t'en fais pas, Isa, je l'adore mon petit Yann, ça m'attriste beaucoup de le voir souffrir.
Nous ressortons, les laissant discuter, et descendons rejoindre mes parents.
Yann
Je m'assois à la place d'Isa, regardant mon frère et repensant à ce qu'il vient de me dire, ses paroles m'ont beaucoup soulagé. Je me rends compte de la tension qui était la mienne. Mais elle n'est pas totalement envolée, hélas, et il s'y ajoute beaucoup de regrets. Dont celui de devoir rester à l'ombre de la vérité. Enfin, juste ce qu'il faut.
- Raconte-moi, Yann.
- Je n'en peux plus, Stef. Je souffre de l'incompréhension de mes parents, ils ne vivent pas dans le même siècle que moi ! Je ne peux plus les supporter, ce n'est plus vivable.
- C'est vraiment ça qui te perturbe ?
- Pfff... Je ne sais pas, je ne sais plus où j'en suis, je suis mal dans ma peau, et ça me met sur les nerfs, je réagis au quart de tour, ou je sombre dans la dépression... J'ai essayé de fuir tout ça dans l'alcool, Stef, et j'en ai honte. Je me suis fait la promesse d'arrêter de boire, et je la tiendrai, je te le jure, mais il me faut du soutien, parce que si je dois encore affronter maman, je ne sais pas ce qui arrivera, mais je sais que je vais craquer complètement.
- Je vois... Écoute, je vais voir ce que je peux faire auprès des parents. Ils ont été trop loin, je le reconnais, mais bon, ils sont ce qu'ils sont, et ce n'est pas facile pour eux non plus, et ils n'étaient pas préparés à te voir grandir aussi vite, ni à te voir soudain faire ta crise d'adolescence maintenant.
Ma crise d'adolescence...
Je baisse la tête, plaquant mes mains sur mon visage, et me retiens de rire à grand-peine.
- Non, Yann, ne pleure pas, me dit-il en me serrant dans ses bras. Je sens que mon rire menace d'échapper à tout contrôle, mes nerfs aspirent à ce soulagement qui me trahirait, ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes que je finis par retrouver une maîtrise de moi suffisante.
- Excuse-moi...
Je me lève et vais dans la salle de bains, j'ai besoin d'être seul un moment pour finir de me calmer, l'eau froide m'aide beaucoup. Je ressors, et vois Stef sortir de la chambre à son tour.
- Je vais arranger ça, je te le promets.
- Merci.
- Mais de rien, mon petit Yann. Mais, je pense qu'il vaut mieux que j'aie le temps de préparer le terrain, et eux d'y réfléchir. Tu peux passer la nuit chez un de tes amis ? Ce n'est pas trop tard ?
- Je suis certain que l'un d'entre eux se fera une joie, ne serait-ce que Laurent, ou même David.
- D'accord, ce sera mieux ainsi, pour le moment, ils sont encore assez remontés, ce ne serait pas bon du tout si tu rentrais maintenant.
- J'imagine.
Je vais poser la question à la famille de Laurent, je suis certain de leur réponse, et je ne me trompe pas, bien sûr.
Stef nous quitte après les avoir remercié.
- Yann, me dit la mère de Laurent, nous savons que tu traverses des moments difficiles avec ta famille, Stef nous en a parlé, même s'il ne sait pas pourquoi c'est si dur pour toi, je tiens à ce que tu saches que nous, nous t'aimons et te comprenons.
- Merci, ça me touche beaucoup, dis-je, surpris.
- Mais je t'en prie. Considère donc notre maison comme un deuxième chez toi. Regarde donc notre Laurent, jamais il n'a été aussi heureux que depuis ces derniers jours, c'est tout ce que nous désirons pour lui. Qu'il soit gay ou hétéro ou bi, quelle importance, tant qu'il est heureux ?
- Vous êtes vraiment... des gens bien, comme il y en a peu.
- As-tu fini par t'accepter ? Demande-t-elle, détournant modestement la conversation des compliments que je lui adresse.
- Eh bien... oui, euh...
- Maman, il n'a pas l'habitude d'en parler aussi ouvertement. Pense à ce qu'il a vécu dans sa famille. Laisse-lui le temps de mieux vous connaître.
- Excuse-moi, Yann, je suis désolée.
- Non, c'est moi. Je... ça viendra. Je suis horriblement timide...
Le repas se passe mieux, les sujets délicats sont évités, et ils s'efforcent de me mettre à l'aise. La qualité de la nourriture, je dois dire, contribue beaucoup à la réussite de l'opération... Et aussi la présence de Laurent, juste à côté de moi.
Je félicite sa mère pour sa cuisine, la faisant sourire, et nous nous levons. Je vois déclinée gentiment ma proposition d'aide, et je sors du salon avec Laurent.
- Je vais prendre un lit de camp à la cave. Tu dormiras dans ma chambre, comme la dernière fois.
- D'accord.
Laurent
Il est clair que je ne ferai pas deux fois la même erreur. Quelque part, ce que j'ai fait avec Julien me rend service, comme un cruel rappel de ce que je ne dois pas faire. D'autant plus que c'est Yann. Je descends chercher le lit de camp, suivi par Yann qui n'avait pas encore visité cette partie de la maison.
- Ouah ! C'est bien aménagé.
- C'est clair, c'est cool ici, tu verrais comme c'est agréable en été.
- J'imagine.
Je prends le lit, et nous le montons dans ma chambre, avant de l'installer. Nous nous asseyons pour discuter, parlons de diverses choses, puis revenons en riant sur la scène du vestiaire. Sacré David.
- Il est vraiment super, ce David, une perle, ce mec.
- Oui, c'est clair. Le voir nous accepter aussi bien...
- Il est comme ma famille, il se réjouit de nous voir heureux.
- Et je le suis, Lo. Je le suis.
- Moi aussi. Je t'aime.
- Je t'aime.
Je plonge mon regard dans le sien, et nous nous y perdons, tout à notre bonheur, le reste du monde oublié, il n'y a plus que nous deux. Je tends une main, doucement, et caresse sa joue, et il ferme les yeux, penchant légèrement la tête vers ma main, je m'approche alors, et dépose doucement sur ses lèvres le même baiser que la première fois, près de la fontaine.
Il laisse échapper un léger soupir, rouvre les yeux, me regarde intensément, puis se rapproche de moi à son tour pour me rendre ce baiser, doucement, il se retire, hésite, puis revient pour me le redonner au centuple.
Je le serre dans mes bras, réponds à son baiser, puis m'écarte pour murmurer de tendres mots à son oreille.
Yann
Je ne suis plus moi-même, je suis sur un nuage, je n'ai plus mal, je suis heureux au-delà des mots, et Laurent qui me dit à l'oreille qu'il m'a attendu toute sa vie sans le savoir, et d'autres choses merveilleuses, comment ai-je pu craindre qu'il soit comme Seb ? C'est le jour et la nuit, deux extrêmes, je lui réponds qu'il est la lumière qui éclaire pour la première fois de ma vie les ténèbres de mon existence, que moi aussi, je l'ai attendu toute ma vie, je lui redis que je l'aime, je le couvre de baisers, je suis...
...heureux.
Laurent
Yann...
Je t'aime au-delà de tout, je croyais savoir ce qu'était l'amour, mais j'étais loin du compte, l'amour, non, l'Amour, je l'ai là, dans mes bras, au bout de mes lèvres, dans mon cœur, dans mon âme, l'Amour, c'est nous deux.
Je ne saurais dire pendant combien de temps nous échangeons de tendres baisers, des caresses, toujours est-il que la fatigue de cette journée finit par avoir raison de nous, mais nous séparer nous est intolérable, et nous finissons par nous coucher ensemble, l'un contre l'autre, nous souhaitant bonne nuit, et sachant qu'elle sera la plus belle de nos jeunes existences. Le sommeil nous emporte, toujours tendrement enlacés, vers une nouvelle journée.
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