11-01-2021, 10:19 PM
5 - Laurent : Un sentiment partagé
- Je t'ai rarement vu avec un tel sourire, à cette heure matinale. Ça fait plaisir à voir. Toujours aussi heureux, à ce que je vois.
- Oui ! Je suis juste un peu nerveux. Il y a encore tant de choses qui peuvent mal tourner... Yann est vraiment fragile, maman. Il doit se battre contre toute son éducation pour s'accepter tel qu'il est... Mais il a fait de gros progrès, ces derniers temps.
- J'en suis heureuse. Je croise les doigts.
- Moi aussi, dit Isa. Courage, Lolo.
- Merci. Je n'en reviens toujours pas... Il m'a dit qu'il...
- ...m'aimait, finissent-ils tous en chœur.
- Je crois que ça fait douze fois que tu nous le dit, dit Phil.
- Pfff.
Ils sourient tous, et je finis par leur sourire en retour.
- Je suis vraiment heureux que vous soyez tels que vous êtes. Quand je vois la souffrance de Yann...
- C'est vraiment regrettable, à notre époque, de voir de telles choses arriver. Mais il faut garder espoir, les choses changent.
- Ce que je regrette, c'est... que le sujet soit resté quand même tabou dans nos discussions. Ne sachant rien de vos sentiments sur le sujet, je n'ai pas pu me faire à ce que je ressentais. J'en ai beaucoup souffert.
- J'en suis vraiment désolée, dit ma mère.
- C'est vrai, nous sommes tous coupables, dit Isa. Jamais nous n'avons osé évoqué le sujet. On peut être ouvert d'esprit, le sujet n'est pas simple à aborder. Surtout entre générations. Tu as raison, ça reste un tabou... qui entraîne ignorance et souffrances.
- On ne peut revenir sur le passé... Mais on peut apprendre de nos erreurs pour ne pas les reproduire à l'avenir, dis-je. Je ne vous en veux pas... C'était juste un regret.
- Nous nous efforcerons de ne pas la reproduire, dit Philippe.
Je sors de chez moi, remontant la rue vers le croisement... vers Yann. Je suis vraiment nerveux, j'espère qu'il n'a pas trop mal vécu cet aveu... Que je n'ai pas été trop loin...
Je le vois enfin ! Il marche tranquillement de son côté de la rue, s'arrête avant de traverser... Je le sens hésiter... Puis il me rejoint, à mon grand soulagement.
- Salut Yann !
- Salut, fait-il timidement.
- Ça va ?
- Oui... Il me faudra du temps, Laurent, mais je... je vais suivre ton conseil, et vivre pour moi-même. Enfin, je vais essayer.
- Ça me fait vraiment plaisir d'entendre ça. Je m'étais vraiment inquiété pour toi.
- Ah oui ? Oh, mon, euh, départ précipité... Je...
- Ne t'en fais pas pour ça, je te comprends. Je sais que ce n'est pas facile du tout pour toi. Mais je fais sans cesse des vœux pour que tu réussisses cette épreuve. Pour que tu puisses vivre ta vie pleinement, sans souffrir, pour que tu puisses...
- Aimer... Ça me touche beaucoup, Lo. Tu me donnes la force de vaincre mes peurs, mes préjugés, tu me permets d'aller de l'avant... Quand tu emplis mes pensées, complètement, je ne souffre plus... Je suis heureux... Je pensais ne jamais vivre ça. Je change, je m'ouvre enfin à mes sentiments sans les rejeter automatiquement... Et ça, je n'aurais jamais pu le faire pour un autre que toi.
Je suis plus que touché par ce qu'il vient de me dire, je suis si ému que mes yeux sont humides.
Je regarde autour de moi, puis je lui dis:
- Merci, Yann, on ne m'avait jamais rien dit d'aussi beau.
Il sourit, et rougit.
- Merci à toi, Laurent.
Je voudrais tant pouvoir le serrer contre moi, l'embrasser, ou simplement marcher avec lui main dans la main, mais je sais que ce serait une erreur fatale. Qu'il est regrettable qu'à notre époque, aimer s'accompagne de tant de peurs et de souffrances.
Nous devons nous contenter de marcher côte à côte... Je suis bien conscient du fait qu'il reste encore beaucoup de chemin à faire, mais quelque chose a commencé, quelque chose est né, qui va changer nos vies... À jamais...
- Je t'ai rarement vu avec un tel sourire, à cette heure matinale. Ça fait plaisir à voir. Toujours aussi heureux, à ce que je vois.
- Oui ! Je suis juste un peu nerveux. Il y a encore tant de choses qui peuvent mal tourner... Yann est vraiment fragile, maman. Il doit se battre contre toute son éducation pour s'accepter tel qu'il est... Mais il a fait de gros progrès, ces derniers temps.
- J'en suis heureuse. Je croise les doigts.
- Moi aussi, dit Isa. Courage, Lolo.
- Merci. Je n'en reviens toujours pas... Il m'a dit qu'il...
- ...m'aimait, finissent-ils tous en chœur.
- Je crois que ça fait douze fois que tu nous le dit, dit Phil.
- Pfff.
Ils sourient tous, et je finis par leur sourire en retour.
- Je suis vraiment heureux que vous soyez tels que vous êtes. Quand je vois la souffrance de Yann...
- C'est vraiment regrettable, à notre époque, de voir de telles choses arriver. Mais il faut garder espoir, les choses changent.
- Ce que je regrette, c'est... que le sujet soit resté quand même tabou dans nos discussions. Ne sachant rien de vos sentiments sur le sujet, je n'ai pas pu me faire à ce que je ressentais. J'en ai beaucoup souffert.
- J'en suis vraiment désolée, dit ma mère.
- C'est vrai, nous sommes tous coupables, dit Isa. Jamais nous n'avons osé évoqué le sujet. On peut être ouvert d'esprit, le sujet n'est pas simple à aborder. Surtout entre générations. Tu as raison, ça reste un tabou... qui entraîne ignorance et souffrances.
- On ne peut revenir sur le passé... Mais on peut apprendre de nos erreurs pour ne pas les reproduire à l'avenir, dis-je. Je ne vous en veux pas... C'était juste un regret.
- Nous nous efforcerons de ne pas la reproduire, dit Philippe.
Je sors de chez moi, remontant la rue vers le croisement... vers Yann. Je suis vraiment nerveux, j'espère qu'il n'a pas trop mal vécu cet aveu... Que je n'ai pas été trop loin...
Je le vois enfin ! Il marche tranquillement de son côté de la rue, s'arrête avant de traverser... Je le sens hésiter... Puis il me rejoint, à mon grand soulagement.
- Salut Yann !
- Salut, fait-il timidement.
- Ça va ?
- Oui... Il me faudra du temps, Laurent, mais je... je vais suivre ton conseil, et vivre pour moi-même. Enfin, je vais essayer.
- Ça me fait vraiment plaisir d'entendre ça. Je m'étais vraiment inquiété pour toi.
- Ah oui ? Oh, mon, euh, départ précipité... Je...
- Ne t'en fais pas pour ça, je te comprends. Je sais que ce n'est pas facile du tout pour toi. Mais je fais sans cesse des vœux pour que tu réussisses cette épreuve. Pour que tu puisses vivre ta vie pleinement, sans souffrir, pour que tu puisses...
- Aimer... Ça me touche beaucoup, Lo. Tu me donnes la force de vaincre mes peurs, mes préjugés, tu me permets d'aller de l'avant... Quand tu emplis mes pensées, complètement, je ne souffre plus... Je suis heureux... Je pensais ne jamais vivre ça. Je change, je m'ouvre enfin à mes sentiments sans les rejeter automatiquement... Et ça, je n'aurais jamais pu le faire pour un autre que toi.
Je suis plus que touché par ce qu'il vient de me dire, je suis si ému que mes yeux sont humides.
Je regarde autour de moi, puis je lui dis:
- Merci, Yann, on ne m'avait jamais rien dit d'aussi beau.
Il sourit, et rougit.
- Merci à toi, Laurent.
Je voudrais tant pouvoir le serrer contre moi, l'embrasser, ou simplement marcher avec lui main dans la main, mais je sais que ce serait une erreur fatale. Qu'il est regrettable qu'à notre époque, aimer s'accompagne de tant de peurs et de souffrances.
Nous devons nous contenter de marcher côte à côte... Je suis bien conscient du fait qu'il reste encore beaucoup de chemin à faire, mais quelque chose a commencé, quelque chose est né, qui va changer nos vies... À jamais...
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