09-01-2021, 09:22 PM
3 – Julien : Une main tendue
Quelques mois... Il faut juste que je tienne quelques mois... Mais je n'en peux plus de vivre sous une telle pression, la peur au ventre... Même si Fabien s'est proposé de nous aider, il ne peut rien faire pour nous...
Flashback : samedi 25 mai
– Allô, Fabien ? C'est Julien.
– Salut, alors, ça a été hier ?
– Oui, mon père est arrivé tard, il ne s'est rendu compte de rien.
– Ouf ! Écoute, je voudrais en parler avec toi, tu veux bien ? Tu n'as qu'à venir chez moi.
– Euh, OK, si tu veux.
Je n'ai pas vraiment envie d'en parler, mais pour revoir Fabien, je marcherais volontiers sur les mains s'il le fallait...
J'ai bien embrassé un lampadaire, alors...
En arrivant dans la rue, j'ai une petite pensée reconnaissante à l'attention du lampadaire en question, avant d'aller sonner.
Le portail s'ouvre après une longue minute d'attente, et je retrouve mon bel Apollon, qui m'invite à entrer en souriant.
– Salut Fab.
– Salut Ju.
Je lui souris en retour, tandis que nous traversons le jardin.
Assis dans le salon, un verre à la main, je ne le quitte toujours pas du regard... Et pourquoi le ferais-je, d'ailleurs ?
– Ça a l'air d'aller mieux.
– Oui, merci à toi.
– Mais de rien, c'est normal.
– Du tout. La plupart des gens seraient restés bien sagement chez eux.
– Ce n'est pas mon genre. Tu sais, mes parents s'occupent d'organisations caritatives, et j'ai fait pas mal de bénévolat moi aussi.
– Pas mal !
Je regarde autour de moi. Ce n'est pas en faisant du bénévolat qu'on peut se payer une maison pareille, en tout cas.
Ils peuvent se permettre, ils en ont les moyens... Non, ce n'est pas ce que je dois penser d'eux... Leur fortune n'enlève rien à la valeur de l'aide qu'ils apportent.
– Tu veux bien me parler de ce que tu vis chez toi ?
– Je n'en ai pas vraiment envie, tu sais. C'est dur...
– Écoute, je voudrais pouvoir t'aider...
– Personne ne peut m'aider. Mon père a des amis partout, surtout à la gendarmerie, ils se connaissent depuis des années, ils pensent comme lui, d'après ce qu'il nous dit... Si jamais on se plaignait, il serait mis au courant et nous tomberait dessus... Et c'est un ancien champion de lutte. Même si on s'y mettait à trois, on n'aurait pas une chance de nous défendre.
– C'est pas croyable. Ça me révulse d'entendre ça.
– Tant que je suis ici, je n'ai aucune possibilité de m'en sortir... Et même après, j'ai des doutes. Avec les liens qu'il a, même si on s'enfuit à l'autre bout de la France, j'ai peur qu'il nous retrouve.
– Va te plaindre dans une autre ville.
– Avec quelles preuves ? Il veille à ne pas laisser de marques, il n'est pas fou... Sinon ça ferait longtemps qu'on aurait fait ça. Ce serait notre parole contre la sienne, et ses amis interviendraient pour l'aider... Et ça nous retomberait dessus. Non, je dois attendre, mais je n'en peux plus. Je ne sais pas si je tiendrai encore ces quelques mois qui me restent avant d'avoir mon bac et de pouvoir aller dans une fac, loin d'ici.
Fabien tape du poing sur le canapé, frustré. Ça me touche beaucoup qu'il prenne ma situation aussi à cœur.
– C'est quand, ton anniversaire ?
– Le 23 août.
– Tiens bon, Julien. Je vais parler à mes parents, voir ce qui peut être fait.
– Pas de bêtises, surtout ! Si la moindre information filtre, je suis mort !
– Ne t'en fais pas, je leur dirai bien d'être discrets.
Je prends sa main dans la mienne.
– Merci, Fabien, je ne sais pas quoi dire...
– Allons, c'est bien normal, non ? Je ne vais pas rester les bras croisés alors que tu vis un enfer.
– Mais si, tu es vraiment un gars bien. Nos voisins savent tout, tu sais, depuis des années. Ils ne lèveraient pas le petit doigt pour nous aider. Mais toi, qui me connaît à peine, tu...
Je ne peux continuer, j'ai une boule dans la gorge.
– Je sais, nous vivons dans un monde terrible, où ceux qui ont besoin d'aide ne reçoivent qu'indifférence, et ceux qui aspirent à l'indifférence sont harcelés... Mais il y a aussi des gens bien. Et pour ceux-là, ça vaut la peine de se battre.
Il sourit, et c'est un réel plaisir de le voir ainsi. Je sens sa main accentuer légèrement sa pression sur la mienne, un moment, avant qu'il ne la relâche.
Il est vraiment incroyable ce gars-là. Si seulement tout le monde était comme lui.
Quelques mois... Il faut juste que je tienne quelques mois... Mais je n'en peux plus de vivre sous une telle pression, la peur au ventre... Même si Fabien s'est proposé de nous aider, il ne peut rien faire pour nous...
Flashback : samedi 25 mai
– Allô, Fabien ? C'est Julien.
– Salut, alors, ça a été hier ?
– Oui, mon père est arrivé tard, il ne s'est rendu compte de rien.
– Ouf ! Écoute, je voudrais en parler avec toi, tu veux bien ? Tu n'as qu'à venir chez moi.
– Euh, OK, si tu veux.
Je n'ai pas vraiment envie d'en parler, mais pour revoir Fabien, je marcherais volontiers sur les mains s'il le fallait...
J'ai bien embrassé un lampadaire, alors...
En arrivant dans la rue, j'ai une petite pensée reconnaissante à l'attention du lampadaire en question, avant d'aller sonner.
Le portail s'ouvre après une longue minute d'attente, et je retrouve mon bel Apollon, qui m'invite à entrer en souriant.
– Salut Fab.
– Salut Ju.
Je lui souris en retour, tandis que nous traversons le jardin.
Assis dans le salon, un verre à la main, je ne le quitte toujours pas du regard... Et pourquoi le ferais-je, d'ailleurs ?
– Ça a l'air d'aller mieux.
– Oui, merci à toi.
– Mais de rien, c'est normal.
– Du tout. La plupart des gens seraient restés bien sagement chez eux.
– Ce n'est pas mon genre. Tu sais, mes parents s'occupent d'organisations caritatives, et j'ai fait pas mal de bénévolat moi aussi.
– Pas mal !
Je regarde autour de moi. Ce n'est pas en faisant du bénévolat qu'on peut se payer une maison pareille, en tout cas.
Ils peuvent se permettre, ils en ont les moyens... Non, ce n'est pas ce que je dois penser d'eux... Leur fortune n'enlève rien à la valeur de l'aide qu'ils apportent.
– Tu veux bien me parler de ce que tu vis chez toi ?
– Je n'en ai pas vraiment envie, tu sais. C'est dur...
– Écoute, je voudrais pouvoir t'aider...
– Personne ne peut m'aider. Mon père a des amis partout, surtout à la gendarmerie, ils se connaissent depuis des années, ils pensent comme lui, d'après ce qu'il nous dit... Si jamais on se plaignait, il serait mis au courant et nous tomberait dessus... Et c'est un ancien champion de lutte. Même si on s'y mettait à trois, on n'aurait pas une chance de nous défendre.
– C'est pas croyable. Ça me révulse d'entendre ça.
– Tant que je suis ici, je n'ai aucune possibilité de m'en sortir... Et même après, j'ai des doutes. Avec les liens qu'il a, même si on s'enfuit à l'autre bout de la France, j'ai peur qu'il nous retrouve.
– Va te plaindre dans une autre ville.
– Avec quelles preuves ? Il veille à ne pas laisser de marques, il n'est pas fou... Sinon ça ferait longtemps qu'on aurait fait ça. Ce serait notre parole contre la sienne, et ses amis interviendraient pour l'aider... Et ça nous retomberait dessus. Non, je dois attendre, mais je n'en peux plus. Je ne sais pas si je tiendrai encore ces quelques mois qui me restent avant d'avoir mon bac et de pouvoir aller dans une fac, loin d'ici.
Fabien tape du poing sur le canapé, frustré. Ça me touche beaucoup qu'il prenne ma situation aussi à cœur.
– C'est quand, ton anniversaire ?
– Le 23 août.
– Tiens bon, Julien. Je vais parler à mes parents, voir ce qui peut être fait.
– Pas de bêtises, surtout ! Si la moindre information filtre, je suis mort !
– Ne t'en fais pas, je leur dirai bien d'être discrets.
Je prends sa main dans la mienne.
– Merci, Fabien, je ne sais pas quoi dire...
– Allons, c'est bien normal, non ? Je ne vais pas rester les bras croisés alors que tu vis un enfer.
– Mais si, tu es vraiment un gars bien. Nos voisins savent tout, tu sais, depuis des années. Ils ne lèveraient pas le petit doigt pour nous aider. Mais toi, qui me connaît à peine, tu...
Je ne peux continuer, j'ai une boule dans la gorge.
– Je sais, nous vivons dans un monde terrible, où ceux qui ont besoin d'aide ne reçoivent qu'indifférence, et ceux qui aspirent à l'indifférence sont harcelés... Mais il y a aussi des gens bien. Et pour ceux-là, ça vaut la peine de se battre.
Il sourit, et c'est un réel plaisir de le voir ainsi. Je sens sa main accentuer légèrement sa pression sur la mienne, un moment, avant qu'il ne la relâche.
Il est vraiment incroyable ce gars-là. Si seulement tout le monde était comme lui.
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Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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