08-01-2021, 09:17 PM
2 - Laurent : Il faut qu'on parle
Ce n'est que dans la rue que je me calme un peu. J'ignore où peut bien être Yann, tout ce que je sais, c'est qu'il rentre tard chez lui. Je jette un coup d'œil à ma montre, puis fais demi-tour.
Il ne sert à rien d'errer dans la rue pendant des heures.
Mais s'il rentre plus tôt ? Si je le rate ?
Je retourne vers la maison de Yann.
Pourquoi n'ai-je pas lu cette carte plus tôt ? Mais comment aurais-je pu savoir ce qu'il y avait dessus...
Mais les remarques de David me reviennent en mémoire.
J'ai été stupide. Tout ce temps... Tout était sous mes yeux, et je m'imaginais tout et son contraire, sauf l'évidence... Tous ces moments où nous nous perdions dans nos regards, où tu n'esquivais pas le mien, mais à quoi est-ce que je pensais ?
Hum.
Je ne pensais pas, voilà le problème.
Yann... Alors même que je vois enfin la vérité, tu disparais, tu t'éloignes de nous... De moi... N'as-tu donc pas pu supporter tes sentiments ?
Pourquoi faut-il qu'aimer soit si douloureux ?
Yann
- Faut que j'y aille, j'ai des trucs à faire ce soir... Putain, j'ai pas fait mes devoirs, j'ai rien révisé !
- Bah... C'est toi qui vois. Tu veux faire quoi dans la vie.
- Je voudrais bosser dans l'informatique... J'aime beaucoup, même si je ne sais pas encore quoi précisément. Il y a plein de possibilités...
- Oh là, monsieur est une tête... L'informatique, rien que ça ! À te voir courir partout, j'aurais pensé que tu voudrais en faire ton métier...
- Sportif ? Je fais pas mal de course, c'est vrai, mais pas au niveau qu'il faudrait pour passer pro. Mais, non, de toute façon, je ne veux pas en faire ma vie.
- C'est toi qui vois. Bon, amuse-toi bien, alors...
- Pfff...
Je sors de la cave et me dirige vers ma maison, réfléchissant à mon avenir... Qui me semble compromis, en ce moment...
Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Ces derniers temps, je me laisse aller. Je n'ai rien révisé, rien fait de ce que je devais faire... Merde, il est temps pour moi de me reprendre en mains si je veux l'avoir, ce bac.
Et de le faire sérieusement.
Même si cela signifie laisser ma souffrance revenir... C'est mon avenir qui est en jeu. Une fois que je serai loin d'ici, je pourrai vivre une vie normale... Plus de Laurent pour me troubler.
Je finirai bien par...
Laurent ?
Laurent
Le voilà ! J'ai bien fait de rester ici, finalement !
- Yann ! Bonsoir !
- Salut Laurent.
- Je dois te parler, Yann.
- Euh, ça ne peut pas attendre demain ?
- Non. C'est la croix et la bannière pour t'avoir, vu que tu nous évite comme si on avait la peste.
Ce n'est pas exactement ce que je voulais lui dire... Pourquoi est-ce que je me mets en colère, tout à coup ?
Toutefois, ce n'est pas faux non plus...
- Euh, je ne vous évite pas ! Je... je prends du recul pour réfléchir.
- Écoute, je veux te parler, maintenant, seul à seul, et non, ça ne peut pas attendre.
- Bon... Très bien.
- Suis-moi.
Yann
Laurent me conduit jusqu'à une petite placette perdue dans un cul-de-sac. Une petite fontaine en occupe le centre.
- C'est tranquille ici. Je n'ai jamais vu personne.
- Je ne suis jamais venu. J'ignorais l'existence de cette fontaine, dis-je en examinant les environs. Je finis par repérer une plaque sur un mur, à moitié dissimulée par la vigne vierge.
Place de la fontaine-au-guet
Je me retourne vers Laurent, qui s'est assis sur le rebord. À en juger par l'aspect de la fontaine, il n'a pas coulé d'eau dedans depuis longtemps.
- De quoi voulais-tu me parler ?
Laurent baisse la tête un moment.
Il a l'air de chercher ses mots... Il veut me parler du fait que je les ai tous laissés tomber, ces derniers temps. Ils doivent se poser des questions, peut-être même se sentir trahis. Et je suis pleinement responsable. Je les ai fui.
Non...
Je me suis fui.
Laurent relève enfin la tête, et me regarde droit dans les yeux. Ce qu'il me dit alors me tétanise.
- J'ai lu ta carte.
Je rougis violemment. J'avais caressé l'idée de revenir chez lui pour la reprendre discrètement, honteux de ce que j'y avais inscrit.
Trop tard maintenant.
- Ah... euh... c'est...
Il se lève, et s'approche de moi de quelques pas.
- Yann... Quand j'ai lu ces mots, je n'en ai pas cru mes yeux.
Je cherche désespérément quelque chose à dire, mais ce que j'ai écrit est tellement explicite...
- Regarde-moi.
Je relève les yeux vers lui, mort de honte... J'étais sincère, totalement sincère, quand j'ai écrit ces mots, mais je ne peux les assumer, pas à jeun, pas devant lui, pas...
- Yann... Je t'aime.
- Je suis désolé si je...
Je m'interromps en comprenant ce qu'il vient de me dire.
- Quoi ? Reprends-je d'une petite voix.
- Je t'aime, Yann. Depuis ce jour, dans ma chambre, où nos regards se sont croisés pour la première fois. Et je sais que toi aussi, tu m'aimes.
- Laurent... Je t'en prie... Je n'arrive pas à accepter mes sentiments... À assumer ce qu'ils impliquent...
- Mais tu m'aimes, n'est-ce pas ?
- Je...
Je baisse la tête, déchiré.
Je n'ai jamais autant souffert, que c'est dur, que c'est terrible, deux jeunes gens qui s'aiment, qui se l'avouent, ce devrait être un moment merveilleux, et pas un terrible déchirement comme celui que je vis.
Je ressens pourtant une chose merveilleuse en moi à savoir qu'il m'aime, lui aussi ! Mais quoi ? Puis-je seulement accepter mes sentiments ? Ces sentiments que ma famille considèreraient comme pervers ?
Laurent
Je vois Yann sangloter, et cela me serre la gorge. Je m'approche de lui et le serre contre moi, à l'abri d'un arbuste et du mur.
- Yann, je t'en supplie, regarde au fond de toi ! Regarde ton amour, la plus belle, la plus merveilleuse des choses ! Regarde-le en face ! Est-il sale ? Est-il répugnant ? Non ! Ce sont les autres qui le pensent, les imbéciles. Mais nous deux, nous savons qu'il est pur, parce que nous aimons, nous nous aimons. Vis donc pour toi-même, et non pas pour les autres !
Il relève la tête, semblant réagir à ces derniers mots.
- C'est si dur... J'ai si mal, Laurent !
- Ferme les yeux un instant, attends un peu, et dis-moi ce que tu ressens.
Il obéit, et je dépose alors sur ses lèvres le plus doux, le plus tendre des baisers.
Il prend une forte inspiration.
- Qu'as-tu ressenti ?
Il rouvre les yeux, lève une main, touche ses lèvres d'un doigt, comme s'il ne parvenait pas à y croire.
Il se laisse alors aller contre moi, posant sa tête contre mon épaule, et me souffle à l'oreille :
- J'ai ressenti... quelque chose d'indescriptible. C'était... c'était...
J'attends patiemment.
- Ce n'était pas ce que je pensais, ce que j'imaginais, ce que je craignais... C'était... beau.
Je souris.
- Laurent... je... je t'aime.
Il s'écarte alors de moi, l'air effrayé, puis me souffle:
- Je suis désolé...
Je le vois alors partir en courant.
Un instant stupéfié, je pars à sa poursuite, mais il est rapide, le bougre, et il finit par me laisser au carrefour donnant dans notre rue. Je ne peux que le voir disparaître vers sa maison, et je ne vais pas l'y poursuivre...
- Courage, Yann, dis-je doucement. Courage.
Ce n'est que dans la rue que je me calme un peu. J'ignore où peut bien être Yann, tout ce que je sais, c'est qu'il rentre tard chez lui. Je jette un coup d'œil à ma montre, puis fais demi-tour.
Il ne sert à rien d'errer dans la rue pendant des heures.
Mais s'il rentre plus tôt ? Si je le rate ?
Je retourne vers la maison de Yann.
Pourquoi n'ai-je pas lu cette carte plus tôt ? Mais comment aurais-je pu savoir ce qu'il y avait dessus...
Mais les remarques de David me reviennent en mémoire.
J'ai été stupide. Tout ce temps... Tout était sous mes yeux, et je m'imaginais tout et son contraire, sauf l'évidence... Tous ces moments où nous nous perdions dans nos regards, où tu n'esquivais pas le mien, mais à quoi est-ce que je pensais ?
Hum.
Je ne pensais pas, voilà le problème.
Yann... Alors même que je vois enfin la vérité, tu disparais, tu t'éloignes de nous... De moi... N'as-tu donc pas pu supporter tes sentiments ?
Pourquoi faut-il qu'aimer soit si douloureux ?
Yann
- Faut que j'y aille, j'ai des trucs à faire ce soir... Putain, j'ai pas fait mes devoirs, j'ai rien révisé !
- Bah... C'est toi qui vois. Tu veux faire quoi dans la vie.
- Je voudrais bosser dans l'informatique... J'aime beaucoup, même si je ne sais pas encore quoi précisément. Il y a plein de possibilités...
- Oh là, monsieur est une tête... L'informatique, rien que ça ! À te voir courir partout, j'aurais pensé que tu voudrais en faire ton métier...
- Sportif ? Je fais pas mal de course, c'est vrai, mais pas au niveau qu'il faudrait pour passer pro. Mais, non, de toute façon, je ne veux pas en faire ma vie.
- C'est toi qui vois. Bon, amuse-toi bien, alors...
- Pfff...
Je sors de la cave et me dirige vers ma maison, réfléchissant à mon avenir... Qui me semble compromis, en ce moment...
Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Ces derniers temps, je me laisse aller. Je n'ai rien révisé, rien fait de ce que je devais faire... Merde, il est temps pour moi de me reprendre en mains si je veux l'avoir, ce bac.
Et de le faire sérieusement.
Même si cela signifie laisser ma souffrance revenir... C'est mon avenir qui est en jeu. Une fois que je serai loin d'ici, je pourrai vivre une vie normale... Plus de Laurent pour me troubler.
Je finirai bien par...
Laurent ?
Laurent
Le voilà ! J'ai bien fait de rester ici, finalement !
- Yann ! Bonsoir !
- Salut Laurent.
- Je dois te parler, Yann.
- Euh, ça ne peut pas attendre demain ?
- Non. C'est la croix et la bannière pour t'avoir, vu que tu nous évite comme si on avait la peste.
Ce n'est pas exactement ce que je voulais lui dire... Pourquoi est-ce que je me mets en colère, tout à coup ?
Toutefois, ce n'est pas faux non plus...
- Euh, je ne vous évite pas ! Je... je prends du recul pour réfléchir.
- Écoute, je veux te parler, maintenant, seul à seul, et non, ça ne peut pas attendre.
- Bon... Très bien.
- Suis-moi.
Yann
Laurent me conduit jusqu'à une petite placette perdue dans un cul-de-sac. Une petite fontaine en occupe le centre.
- C'est tranquille ici. Je n'ai jamais vu personne.
- Je ne suis jamais venu. J'ignorais l'existence de cette fontaine, dis-je en examinant les environs. Je finis par repérer une plaque sur un mur, à moitié dissimulée par la vigne vierge.
Place de la fontaine-au-guet
Je me retourne vers Laurent, qui s'est assis sur le rebord. À en juger par l'aspect de la fontaine, il n'a pas coulé d'eau dedans depuis longtemps.
- De quoi voulais-tu me parler ?
Laurent baisse la tête un moment.
Il a l'air de chercher ses mots... Il veut me parler du fait que je les ai tous laissés tomber, ces derniers temps. Ils doivent se poser des questions, peut-être même se sentir trahis. Et je suis pleinement responsable. Je les ai fui.
Non...
Je me suis fui.
Laurent relève enfin la tête, et me regarde droit dans les yeux. Ce qu'il me dit alors me tétanise.
- J'ai lu ta carte.
Je rougis violemment. J'avais caressé l'idée de revenir chez lui pour la reprendre discrètement, honteux de ce que j'y avais inscrit.
Trop tard maintenant.
- Ah... euh... c'est...
Il se lève, et s'approche de moi de quelques pas.
- Yann... Quand j'ai lu ces mots, je n'en ai pas cru mes yeux.
Je cherche désespérément quelque chose à dire, mais ce que j'ai écrit est tellement explicite...
- Regarde-moi.
Je relève les yeux vers lui, mort de honte... J'étais sincère, totalement sincère, quand j'ai écrit ces mots, mais je ne peux les assumer, pas à jeun, pas devant lui, pas...
- Yann... Je t'aime.
- Je suis désolé si je...
Je m'interromps en comprenant ce qu'il vient de me dire.
- Quoi ? Reprends-je d'une petite voix.
- Je t'aime, Yann. Depuis ce jour, dans ma chambre, où nos regards se sont croisés pour la première fois. Et je sais que toi aussi, tu m'aimes.
- Laurent... Je t'en prie... Je n'arrive pas à accepter mes sentiments... À assumer ce qu'ils impliquent...
- Mais tu m'aimes, n'est-ce pas ?
- Je...
Je baisse la tête, déchiré.
Je n'ai jamais autant souffert, que c'est dur, que c'est terrible, deux jeunes gens qui s'aiment, qui se l'avouent, ce devrait être un moment merveilleux, et pas un terrible déchirement comme celui que je vis.
Je ressens pourtant une chose merveilleuse en moi à savoir qu'il m'aime, lui aussi ! Mais quoi ? Puis-je seulement accepter mes sentiments ? Ces sentiments que ma famille considèreraient comme pervers ?
Laurent
Je vois Yann sangloter, et cela me serre la gorge. Je m'approche de lui et le serre contre moi, à l'abri d'un arbuste et du mur.
- Yann, je t'en supplie, regarde au fond de toi ! Regarde ton amour, la plus belle, la plus merveilleuse des choses ! Regarde-le en face ! Est-il sale ? Est-il répugnant ? Non ! Ce sont les autres qui le pensent, les imbéciles. Mais nous deux, nous savons qu'il est pur, parce que nous aimons, nous nous aimons. Vis donc pour toi-même, et non pas pour les autres !
Il relève la tête, semblant réagir à ces derniers mots.
- C'est si dur... J'ai si mal, Laurent !
- Ferme les yeux un instant, attends un peu, et dis-moi ce que tu ressens.
Il obéit, et je dépose alors sur ses lèvres le plus doux, le plus tendre des baisers.
Il prend une forte inspiration.
- Qu'as-tu ressenti ?
Il rouvre les yeux, lève une main, touche ses lèvres d'un doigt, comme s'il ne parvenait pas à y croire.
Il se laisse alors aller contre moi, posant sa tête contre mon épaule, et me souffle à l'oreille :
- J'ai ressenti... quelque chose d'indescriptible. C'était... c'était...
J'attends patiemment.
- Ce n'était pas ce que je pensais, ce que j'imaginais, ce que je craignais... C'était... beau.
Je souris.
- Laurent... je... je t'aime.
Il s'écarte alors de moi, l'air effrayé, puis me souffle:
- Je suis désolé...
Je le vois alors partir en courant.
Un instant stupéfié, je pars à sa poursuite, mais il est rapide, le bougre, et il finit par me laisser au carrefour donnant dans notre rue. Je ne peux que le voir disparaître vers sa maison, et je ne vais pas l'y poursuivre...
- Courage, Yann, dis-je doucement. Courage.
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