07-01-2021, 09:24 PM
1 -Tous : Tout a changé
Dimanche 26 mai 2002
Laurent
Je lis et relis ce message, incrédule, puis retourne la carte, pour vérifier une nouvelle fois le nom qui est inscrit dessus :
Yann
Je l'ouvre à nouveau, tandis qu'en moi une puissante émotion m'emplit tout entier.
Je revis cette soirée en esprit, revoyant Yann nous révéler en pleurant l'enfer que vit son âme torturée, déchirée entre son éducation et sa nature, entre sa morale et ses sentiments, entre le dégoût et l'amour.
Où es-tu ?! Où disparais-tu tous ces soirs, ces jours ?
Je sors de ma chambre et croise Isabelle dans le couloir.
- Qu'est-ce qu'il y a Lolo ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette.
- Je...
Je me rends compte que j'ai toujours la carte à la main. Je la regarde, puis retourne dans ma chambre la poser précieusement sur mon bureau. Isa me regarde du seuil, intriguée.
- Il faut que je voie Yann !
- Tu peux m'expliquer ce qui se passe ?
- Il m'aime ! Et il... il est devenu injoignable.
La question suivante de ma sœur se perd dans le vide, car je descends l'escalier en courant.
Isabelle (racontée par Laurent)
Isabelle regarde l'escalier un moment, puis son regard se tourne vers le bureau de Laurent. Elle s'avance et regarde la carte, puis l'ouvre.
C'est parfois dans un regard, dans un sourire,
Que sont cachés les mots qu'on a jamais su dire.
Je voudrais te le dire, mais je n'ose le faire.
Aussi est-ce par écrit que je te révèle mon enfer:
Je t'aime.
Yann... Que t'arrive-t-il ?
Je devrais... Non, je n'en parlerai pas à Stef. C'est à Yann, et à lui seul, de décider s'il veut en parler à sa famille.
Julien
Je soupire en repensant à ces derniers jours...
Flashback : Vendredi 24 mai
CLONK !
- Aouch ! Fais-je avant de reculer en pressant ma main sur la partie droite de mon visage, qui me fait un mal de chien.
Je fusille du regard ce maudit lampadaire.
Ah, mais quel con !
Ma joue me brûle, et j'ôte ma main pour regarder si...
Je tourne de l'œil à la vue du sang. C'est ma phobie, et je n'ai pas réfléchi, comme un idiot.
Je reprends connaissance en sentant quelque chose de frais passer sur mon visage.
Je rouvre les yeux pour découvrir que je suis allongé sur un canapé, et que le beau jeune homme que j'admirais tout à l'heure est penché sur moi. Il éloigne une main qui tient un gant de toilette humide.
La vue de son beau visage si près du mien me met du baume au cœur.
- Ça va ?
- Euh, oui, merci.
- Que s'est-il passé ?
- Euh, j'étais perdu dans mes pensées, je crois. J'ai pas vu le lampadaire.
- Tu y as été de bon cœur, en tout cas. Il faut dire qu'avec leur peinture à la noix... C'est stupide, c'est un coup à se blesser sérieusement. Heureusement, tu n'as rien de grave. J'ai désinfecté et mis un hémostatique.
- Merci beaucoup, c'est sympa. Je m'appelle Julien.
- Et moi Fabien. Ça va aller ?
- Oui... Comment as-tu su ?
- J'étais en train de récupérer le courrier, de l'autre côté du portail, quand je t'ai entendu crier.
Je me relève sous son regard attentif. Rassuré, il sourit - et quel beau sourire il a - et je lui souris en retour.
Puis, la réalité me rattrape...
- Je suis resté évanoui longtemps ?
- Quelques minutes.
- Il va falloir que j'y aille... Mon père me tuera si je rentre tard.
- Il est pas bien, ton père ? T'as eu un accident, il peut comprendre ça, non ?
- Non... Pour lui, ce ne serait qu'une mauvaise excuse... Il me battra...
- Quoi ?! Il est hors de question que ça se passe comme ça ! Toi, tu restes ici. Le temps que...
- Je ne peux pas ! Il va m'écorcher vif si je rentre tard !
Je cherche la sortie du regard.
- Désolé, mais je dois y aller. Merci pour tout, vraiment.
- Bon... Mais je m'inquiète pour toi. Donnes-moi ton tel, et note le mien, s'il te plaît.
- D'accord, dis-je, tiraillé entre ma peur d'être en retard et mon désir d'avoir son numéro.
J'ouvre fébrilement mon portable, et note le numéro puis sauvegarde. Relevant la tête pour lui donner le mien, je ne peux m'empêcher de m'extasier de nouveau sur son merveilleux visage. Je profite du fait qu'il est penché sur son propre appareil pour le mater sans souci.
Il me guide vers l'entrée et déverrouille sa porte.
Mon regard est attiré par un texte encadré qui m'atteint en plein cœur.
Parce qu'ils agissent comme des bourreaux
Leurs enfants deviennent des victimes
La vie ne leur a jamais fait de cadeau
Ils portent en eux les plus grands crimes
Dont celui de n'être que des fardeaux
Ils leur infligent de bonnes corrections
Sans se douter que la pire des punitions
La plus dure et la plus injuste également
Pour leurs pauvres enfants
Ce fut de naître tout simplement.
C'en est trop pour moi, je détourne la tête en serrant les dents, quel poème déprimant...
Retour au dimanche 26 mai
En fin de compte, mon père était en retard lui aussi, et j'ai pu me débrouiller avec une explication bidon sur l'état de ma joue. Mais il devient de plus en plus insupportable de continuer à vivre sous ce toit... Je vais craquer, je le sens.
Dimanche 26 mai 2002
Laurent
Je lis et relis ce message, incrédule, puis retourne la carte, pour vérifier une nouvelle fois le nom qui est inscrit dessus :
Yann
Je l'ouvre à nouveau, tandis qu'en moi une puissante émotion m'emplit tout entier.
Je revis cette soirée en esprit, revoyant Yann nous révéler en pleurant l'enfer que vit son âme torturée, déchirée entre son éducation et sa nature, entre sa morale et ses sentiments, entre le dégoût et l'amour.
Où es-tu ?! Où disparais-tu tous ces soirs, ces jours ?
Je sors de ma chambre et croise Isabelle dans le couloir.
- Qu'est-ce qu'il y a Lolo ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette.
- Je...
Je me rends compte que j'ai toujours la carte à la main. Je la regarde, puis retourne dans ma chambre la poser précieusement sur mon bureau. Isa me regarde du seuil, intriguée.
- Il faut que je voie Yann !
- Tu peux m'expliquer ce qui se passe ?
- Il m'aime ! Et il... il est devenu injoignable.
La question suivante de ma sœur se perd dans le vide, car je descends l'escalier en courant.
Isabelle (racontée par Laurent)
Isabelle regarde l'escalier un moment, puis son regard se tourne vers le bureau de Laurent. Elle s'avance et regarde la carte, puis l'ouvre.
C'est parfois dans un regard, dans un sourire,
Que sont cachés les mots qu'on a jamais su dire.
Je voudrais te le dire, mais je n'ose le faire.
Aussi est-ce par écrit que je te révèle mon enfer:
Je t'aime.
Yann... Que t'arrive-t-il ?
Je devrais... Non, je n'en parlerai pas à Stef. C'est à Yann, et à lui seul, de décider s'il veut en parler à sa famille.
Julien
Je soupire en repensant à ces derniers jours...
Flashback : Vendredi 24 mai
CLONK !
- Aouch ! Fais-je avant de reculer en pressant ma main sur la partie droite de mon visage, qui me fait un mal de chien.
Je fusille du regard ce maudit lampadaire.
Ah, mais quel con !
Ma joue me brûle, et j'ôte ma main pour regarder si...
Je tourne de l'œil à la vue du sang. C'est ma phobie, et je n'ai pas réfléchi, comme un idiot.
Je reprends connaissance en sentant quelque chose de frais passer sur mon visage.
Je rouvre les yeux pour découvrir que je suis allongé sur un canapé, et que le beau jeune homme que j'admirais tout à l'heure est penché sur moi. Il éloigne une main qui tient un gant de toilette humide.
La vue de son beau visage si près du mien me met du baume au cœur.
- Ça va ?
- Euh, oui, merci.
- Que s'est-il passé ?
- Euh, j'étais perdu dans mes pensées, je crois. J'ai pas vu le lampadaire.
- Tu y as été de bon cœur, en tout cas. Il faut dire qu'avec leur peinture à la noix... C'est stupide, c'est un coup à se blesser sérieusement. Heureusement, tu n'as rien de grave. J'ai désinfecté et mis un hémostatique.
- Merci beaucoup, c'est sympa. Je m'appelle Julien.
- Et moi Fabien. Ça va aller ?
- Oui... Comment as-tu su ?
- J'étais en train de récupérer le courrier, de l'autre côté du portail, quand je t'ai entendu crier.
Je me relève sous son regard attentif. Rassuré, il sourit - et quel beau sourire il a - et je lui souris en retour.
Puis, la réalité me rattrape...
- Je suis resté évanoui longtemps ?
- Quelques minutes.
- Il va falloir que j'y aille... Mon père me tuera si je rentre tard.
- Il est pas bien, ton père ? T'as eu un accident, il peut comprendre ça, non ?
- Non... Pour lui, ce ne serait qu'une mauvaise excuse... Il me battra...
- Quoi ?! Il est hors de question que ça se passe comme ça ! Toi, tu restes ici. Le temps que...
- Je ne peux pas ! Il va m'écorcher vif si je rentre tard !
Je cherche la sortie du regard.
- Désolé, mais je dois y aller. Merci pour tout, vraiment.
- Bon... Mais je m'inquiète pour toi. Donnes-moi ton tel, et note le mien, s'il te plaît.
- D'accord, dis-je, tiraillé entre ma peur d'être en retard et mon désir d'avoir son numéro.
J'ouvre fébrilement mon portable, et note le numéro puis sauvegarde. Relevant la tête pour lui donner le mien, je ne peux m'empêcher de m'extasier de nouveau sur son merveilleux visage. Je profite du fait qu'il est penché sur son propre appareil pour le mater sans souci.
Il me guide vers l'entrée et déverrouille sa porte.
Mon regard est attiré par un texte encadré qui m'atteint en plein cœur.
Parce qu'ils agissent comme des bourreaux
Leurs enfants deviennent des victimes
La vie ne leur a jamais fait de cadeau
Ils portent en eux les plus grands crimes
Dont celui de n'être que des fardeaux
Ils leur infligent de bonnes corrections
Sans se douter que la pire des punitions
La plus dure et la plus injuste également
Pour leurs pauvres enfants
Ce fut de naître tout simplement.
C'en est trop pour moi, je détourne la tête en serrant les dents, quel poème déprimant...
Retour au dimanche 26 mai
En fin de compte, mon père était en retard lui aussi, et j'ai pu me débrouiller avec une explication bidon sur l'état de ma joue. Mais il devient de plus en plus insupportable de continuer à vivre sous ce toit... Je vais craquer, je le sens.
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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