02-01-2021, 11:05 PM
9 - Laurent : Inquiétudes
J'ai très mal dormi, cette nuit. Depuis le coup de téléphone des parents de Yann, je me suis inquiété pour lui.
Bon, ça fait des nuits que je dors mal, que je pleure sur mon oreiller, tant la perte que je ressens est cruelle. Mais là, ça a été le bouquet. Je vais être frais, moi, pour les cours, avec juste deux heures de sommeil. Espérons que le café va faire effet.
J'arrive au carrefour, et regarde en face, mais pas de Yann.
Zut. Mais où est-il passé ?
Mon portable sonne, je constate que l'appel vient de chez moi.
- Oui ?
- J'ai eu la mère de Yann au téléphone, il a appelé chez lui pour dire qu'il irait directement au lycée.
- Ah ! Bon, ça me rassure. Mais il était où ?
- Je ne sais pas. Tu lui demanderas.
- Oui. Merci.
Je me presse pour rattraper mon retard, et arrive à temps au croisement pour voir Julien arriver.
- Salut Ju. J'ai des nouvelles de Yann.
- Ah ?
- Je ne sais pas grand chose, il a juste prévenu ses parents qu'il allait directement au lycée.
- Pfff.
Bon, c'est pas vraiment une conversation, mais il émet des sons, c'est encourageant.
Nous atteignons le lycée, et je mets David au courant.
- Je ne l'ai pas vu arriver. Mais je peux l'avoir loupé, s'il est venu en avance.
- OK, reste ici, Ju et moi on va voir dans la cour.
Julien ne fait aucune remarque, et nous nous séparons pour scruter les élèves. Mon portable sonne au bout de cinq minutes.
- Je l'ai trouvé, coin droit, au fond.
- OK, je préviens David.
On dirait que Julien a fini par redresser la tête... Tant mieux, tant mieux. Bon, voyons ce que Yann a à nous dire.
David me rejoint au pas de course, et nous rejoignons Yann et Julien dans l'angle.
Il n'a pas l'air frais.
- Yann ! Tu étais passé où ? Tes parents ont appelé partout.
- M'étais juste endormi.
Je le regarde, effaré.
- Endormi ? Où ça ?
- Chez un pote. J'ai pas fait gaffe, me suis tranquillement endormi, et c'est ma montre qui m'a réveillé en sonnant à six heures et demie.
- Et il t'a laissé dormir, ton pote ?
- Il dormait lui aussi, dit-il en haussant les épaules.
- C'est qui ? On le connaît ?
- C'est quoi cette inquisition ? J'ai tué personne, que je sache, non ?
- Noooon... C'est juste qu'on n'a pas dormi de la nuit, à force de nous inquiéter pour toi.
- Bon, tout va bien, OK ? Je suis désolé que vous vous soyez inquiétés comme ça. Prenez vous-en à mes parents qui n'ont jamais voulu que j'aie un portable.
- Euh... Enfin, Yann, qu'est-ce qui t'arrive ?
- Mais rien. Rien du tout.
Je regarde David, espérant qu'il trouvera quelque chose à dire, mais la sonnerie met fin à la conversation.
Je suis Yann, qui avance rapidement dans la cour, l'esprit empli de questions. Son explication ne tient pas debout. Heureusement, je peux au moins éliminer une explication: vu le mal qu'il a à accepter son homosexualité, il ne risque pas de s'être trouvé un petit ami.
Enfin, j'espère.
Le temps passe avec une lenteur désespérante. Je lutte contre le sommeil, ce n'est vraiment pas une bonne idée de s'endormir en cours. Surtout avec Dalierne. Il ne manquerait plus qu'elle...
- ANNE-ÉLISABETH !
Je fais un bond de dix centimètres au-dessus de mon siège, bien réveillé, pour le coup. Une chance que ça ne soit pas tombé sur moi...
Lisa se tourne vers notre chère prof et lui répète ce qu'elle vient de dire. Elle l'agace prodigieusement, je me demande si elle fait exprès de sembler assoupie pour attirer sur elle les foudres de Dalierne. Ça laisse le temps aux autres de se reprendre. Je jette un coup d'œil discret à ma montre, et soupire, soulagé. C'est bientôt fini...
Nous ressortons de la classe, et je me rapproche de Yann.
- On peut parler un moment ?
- Si c'est pour cette nuit, je m'excuse, OK ? On va pas y revenir toute la journée, non ?
- ...d'accord, d'accord, si tu veux. C'est juste que je m'en fais pour toi.
- C'est gentil, Lo, mais je peux me prendre en mains tout seul, non ?
Mais qu'est-ce qui t'arrive ?
Et moi, qui souffre de te voir si loin de moi, j'ai envie de dire oui à tout ce que tu dis, juste pour te voir sourire.
- Oui, oui, c'est sûr.
- T'en fais pas pour moi, j'ai beaucoup réfléchi sur moi-même, récemment. Je pense qu'il est temps pour moi de...
- Oh, Yann ! Viens par ici.
Cet emmerdeur de Michel, il va pas nous casser les pieds maintenant, non ?
- Qu'est-ce que tu lui veux ?
- Dis, t'es sa mère, ou t'es amoureux de lui ?
- Fous-nous la paix, tu veux ?
- Oh ! Arrêtez ça ! Dit Yann.
- Y a un souci ?
Thierry s'est approché, flairant une bonne occasion de se défouler courageusement sur plus faible que lui, c'est-à-dire à peu près tout le monde dans le lycée. Il a dix-neuf ans, et il pratique l'haltérophilie de manière sérieuse. Ça se voit.
- Non, laisse, dit Michel en s'éloignant.
Thierry nous lance un regard menaçant avant de s'éloigner.
- Bon sang, mais qu'est-ce qu'il te voulait ?
- Peu importe.
- Bon, écoutez, tous... Ça ne peut plus continuer comme ça. On était une bande de potes, on s'entendait super bien, et maintenant, on s'évite tous, plus personne ne veut parler avec les autres, vous avez même réussi à faire déprimer David, après tout ce qu'il a fait pour chacun de nous ! J'aimerais tellement qu'on revienne à ce qu'on était avant.
- Désolé, Laurent, dit Julien, mais ce ne sera plus jamais pareil.
- Ça suffit, Ju, dit David. Arrête ça.
- Pfff.
- S'il vous plaît, reconnaissez que vous avez commis tous les deux une erreur que vous regrettez d'avoir commise.
- C'est vrai, dis-je. Je n'avais pas du tout l'intention de te faire souffrir, tu le sais bien, Ju.
Julien baisse les yeux.
- J'y croyais... j'y croyais tellement...
- Crois bien que je le regrette, Ju. Je suis vraiment désolé.
- Allez, serrez-vous la main, dit David.
Je tends la mienne, et Julien la regarde, immobile, tout à sa souffrance. Puis, faisant un gros effort sur lui-même, il avance la sienne, et nous nous serrons la main.
Enfin.
Il relève la tête, et me regarde.
- J'ai mal, Lo, j'ai vraiment mal, mais je souffre aussi d'être seul. Moi aussi, j'aimerais que tout redevienne comme avant.
David avance alors sa main et la pose sur les nôtres, avant de regarder Yann.
Je le vois alors sourire enfin, mon Yann, et il tend sa main à son tour pour enserrer les nôtres.
J'ai très mal dormi, cette nuit. Depuis le coup de téléphone des parents de Yann, je me suis inquiété pour lui.
Bon, ça fait des nuits que je dors mal, que je pleure sur mon oreiller, tant la perte que je ressens est cruelle. Mais là, ça a été le bouquet. Je vais être frais, moi, pour les cours, avec juste deux heures de sommeil. Espérons que le café va faire effet.
J'arrive au carrefour, et regarde en face, mais pas de Yann.
Zut. Mais où est-il passé ?
Mon portable sonne, je constate que l'appel vient de chez moi.
- Oui ?
- J'ai eu la mère de Yann au téléphone, il a appelé chez lui pour dire qu'il irait directement au lycée.
- Ah ! Bon, ça me rassure. Mais il était où ?
- Je ne sais pas. Tu lui demanderas.
- Oui. Merci.
Je me presse pour rattraper mon retard, et arrive à temps au croisement pour voir Julien arriver.
- Salut Ju. J'ai des nouvelles de Yann.
- Ah ?
- Je ne sais pas grand chose, il a juste prévenu ses parents qu'il allait directement au lycée.
- Pfff.
Bon, c'est pas vraiment une conversation, mais il émet des sons, c'est encourageant.
Nous atteignons le lycée, et je mets David au courant.
- Je ne l'ai pas vu arriver. Mais je peux l'avoir loupé, s'il est venu en avance.
- OK, reste ici, Ju et moi on va voir dans la cour.
Julien ne fait aucune remarque, et nous nous séparons pour scruter les élèves. Mon portable sonne au bout de cinq minutes.
- Je l'ai trouvé, coin droit, au fond.
- OK, je préviens David.
On dirait que Julien a fini par redresser la tête... Tant mieux, tant mieux. Bon, voyons ce que Yann a à nous dire.
David me rejoint au pas de course, et nous rejoignons Yann et Julien dans l'angle.
Il n'a pas l'air frais.
- Yann ! Tu étais passé où ? Tes parents ont appelé partout.
- M'étais juste endormi.
Je le regarde, effaré.
- Endormi ? Où ça ?
- Chez un pote. J'ai pas fait gaffe, me suis tranquillement endormi, et c'est ma montre qui m'a réveillé en sonnant à six heures et demie.
- Et il t'a laissé dormir, ton pote ?
- Il dormait lui aussi, dit-il en haussant les épaules.
- C'est qui ? On le connaît ?
- C'est quoi cette inquisition ? J'ai tué personne, que je sache, non ?
- Noooon... C'est juste qu'on n'a pas dormi de la nuit, à force de nous inquiéter pour toi.
- Bon, tout va bien, OK ? Je suis désolé que vous vous soyez inquiétés comme ça. Prenez vous-en à mes parents qui n'ont jamais voulu que j'aie un portable.
- Euh... Enfin, Yann, qu'est-ce qui t'arrive ?
- Mais rien. Rien du tout.
Je regarde David, espérant qu'il trouvera quelque chose à dire, mais la sonnerie met fin à la conversation.
Je suis Yann, qui avance rapidement dans la cour, l'esprit empli de questions. Son explication ne tient pas debout. Heureusement, je peux au moins éliminer une explication: vu le mal qu'il a à accepter son homosexualité, il ne risque pas de s'être trouvé un petit ami.
Enfin, j'espère.
Le temps passe avec une lenteur désespérante. Je lutte contre le sommeil, ce n'est vraiment pas une bonne idée de s'endormir en cours. Surtout avec Dalierne. Il ne manquerait plus qu'elle...
- ANNE-ÉLISABETH !
Je fais un bond de dix centimètres au-dessus de mon siège, bien réveillé, pour le coup. Une chance que ça ne soit pas tombé sur moi...
Lisa se tourne vers notre chère prof et lui répète ce qu'elle vient de dire. Elle l'agace prodigieusement, je me demande si elle fait exprès de sembler assoupie pour attirer sur elle les foudres de Dalierne. Ça laisse le temps aux autres de se reprendre. Je jette un coup d'œil discret à ma montre, et soupire, soulagé. C'est bientôt fini...
Nous ressortons de la classe, et je me rapproche de Yann.
- On peut parler un moment ?
- Si c'est pour cette nuit, je m'excuse, OK ? On va pas y revenir toute la journée, non ?
- ...d'accord, d'accord, si tu veux. C'est juste que je m'en fais pour toi.
- C'est gentil, Lo, mais je peux me prendre en mains tout seul, non ?
Mais qu'est-ce qui t'arrive ?
Et moi, qui souffre de te voir si loin de moi, j'ai envie de dire oui à tout ce que tu dis, juste pour te voir sourire.
- Oui, oui, c'est sûr.
- T'en fais pas pour moi, j'ai beaucoup réfléchi sur moi-même, récemment. Je pense qu'il est temps pour moi de...
- Oh, Yann ! Viens par ici.
Cet emmerdeur de Michel, il va pas nous casser les pieds maintenant, non ?
- Qu'est-ce que tu lui veux ?
- Dis, t'es sa mère, ou t'es amoureux de lui ?
- Fous-nous la paix, tu veux ?
- Oh ! Arrêtez ça ! Dit Yann.
- Y a un souci ?
Thierry s'est approché, flairant une bonne occasion de se défouler courageusement sur plus faible que lui, c'est-à-dire à peu près tout le monde dans le lycée. Il a dix-neuf ans, et il pratique l'haltérophilie de manière sérieuse. Ça se voit.
- Non, laisse, dit Michel en s'éloignant.
Thierry nous lance un regard menaçant avant de s'éloigner.
- Bon sang, mais qu'est-ce qu'il te voulait ?
- Peu importe.
- Bon, écoutez, tous... Ça ne peut plus continuer comme ça. On était une bande de potes, on s'entendait super bien, et maintenant, on s'évite tous, plus personne ne veut parler avec les autres, vous avez même réussi à faire déprimer David, après tout ce qu'il a fait pour chacun de nous ! J'aimerais tellement qu'on revienne à ce qu'on était avant.
- Désolé, Laurent, dit Julien, mais ce ne sera plus jamais pareil.
- Ça suffit, Ju, dit David. Arrête ça.
- Pfff.
- S'il vous plaît, reconnaissez que vous avez commis tous les deux une erreur que vous regrettez d'avoir commise.
- C'est vrai, dis-je. Je n'avais pas du tout l'intention de te faire souffrir, tu le sais bien, Ju.
Julien baisse les yeux.
- J'y croyais... j'y croyais tellement...
- Crois bien que je le regrette, Ju. Je suis vraiment désolé.
- Allez, serrez-vous la main, dit David.
Je tends la mienne, et Julien la regarde, immobile, tout à sa souffrance. Puis, faisant un gros effort sur lui-même, il avance la sienne, et nous nous serrons la main.
Enfin.
Il relève la tête, et me regarde.
- J'ai mal, Lo, j'ai vraiment mal, mais je souffre aussi d'être seul. Moi aussi, j'aimerais que tout redevienne comme avant.
David avance alors sa main et la pose sur les nôtres, avant de regarder Yann.
Je le vois alors sourire enfin, mon Yann, et il tend sa main à son tour pour enserrer les nôtres.
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