25-12-2020, 11:48 PM
8 - Yann : Rencontre
Jeudi 23 mai, en soirée
Le vendeur est obsédé par l'idée qu'un jour, une grande surface ouvrira dans le coin et l'obligera à fermer.
Comme si un supermarché pouvait ouvrir dans ce trou paumé. Mais son obsession arrange bien les jeunes qui sont en quête d'alcool, pour oublier, se saouler, ou, comme moi, atteindre cet état béni dans lequel je ne me pose plus de questions. Il ne regarde que l'argent qui arrive dans sa caisse, pas l'âge de celui qui paie.
J'ôte une bière du pack, range le reste dans ma sacoche, et sors.
- Tiens, tiens, mais qui vois-je ?
Je me retourne pour voir qui m'apostrophe ainsi, le reconnais, puis me détourne de cet individu sans intérêt.
- T'es bien la dernière personne que j'aurais cru voir se payer quelques bières... Je t'aurais cru abonné au lait-fraise.
Je l'ignore superbement.
- Mais là, tu grimpes dans mon estime.
Ma propre estime dégringole aussi sec. Suis-je tombé si bas ?
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Tu comptes boire ça tout seul ?
- Oui.
- Rien que ça ? Pourquoi on n'irait pas trinquer ensemble ? En fin de compte, j'avoue que je m'étais pas mal trompé sur toi. Tu t'affiches comme un p'tit gars bien propre sur toi, bien comme il faut, trop bien pour savoir vivre pleinement ou s'amuser comme il faut, mais si on gratte un peu, on découvre que tu sais vivre.
- Si tu le dis.
- Je le dis comme je le pense. Allez, fais pas la gueule. Est-ce que je t'ai déjà emmerdé ? J'aurais pu, pourtant, mais à voir comment tu as démonté Steve, je peux dire que j'ai bien fait, non ?
- Bah... J'allais pas laisser un de mes potes se faire allumer sans réagir.
- Tu sais, t'es un gars bien, toi. Presque trop bien, mais avec un peu de travail, on peut arriver à corriger tes défauts.
- T'es pas croyable, toi.
- C'est ce que tout le monde me dit. Tu bois pour quelle raison ?
- Pour me sentir bien.
- C'est la bonne raison. Allez viens, je vais te montrer comment on boit vraiment la bière.
- Euh...
- Fais pas ton timide, Yann. Viens avec moi, et je vais t'apprendre à vivre pleinement ta vie, sans te poser de questions, sans te soucier de savoir de quoi sera fait demain. Je sens que toi et moi, on va bien s'entendre.
Je prends le temps de finir ma bière avant de lui répondre.
- Bah... Je ne sais pas trop. Jusqu'ici, je ne t'avais jamais rien vu faire d'autre que de te foutre de la gueule des autres, ou les coincer quelque part pour les tabasser. Pourquoi t'es aussi cool avec moi ?
- Je sais pas... Je te trouve plutôt cool, comme mec, alors pourquoi pas ?
- C'est une réponse, ça ?
- Quand t'auras descendu encore quelques bières, tu ne te soucieras même plus de la question.
- Je ne suis jamais arrivé à cet état-là.
- C'est parce que tu n'en bois pas assez.
Je me retrouve à le suivre, presque malgré moi. En fait, je n'en ai plus rien à cirer, de ce qui pourrait bien m'arriver. Laurent avait bien raison, je ne fais que souffrir de plus en plus, et ce n'est que le soir, lorsque j'arrive à boire, qu'elle s'atténue. Temporairement. Mais je ne fais que sombrer dans une dépression de plus en plus profonde, me détachant de tout, ne vivant plus que par habitude.
Peut-être qu'un peu de changement me ferait du bien.
- On a une cave qu'on a aménagé, mes potes et moi. On y est peinards.
Il m'y conduit, ouvre la porte et me fait entrer. Il allume la lumière et referme derrière lui.
- Tu vois, y a même un frigo, on est bien ici. Nous arrive même d'y dormir, quand on a trop bu.
- Et vos parents ne disent rien ?
- Ils se fichent bien de ce qu'on peut faire, nos vieux, et on le leur rend bien.
- Parfois, j'aimerais bien que les miens soient pareils.
- C'est parce que t'es un trop gentil garçon qu'ils font attention à toi.
- C'est pas aussi simple...
- Moi, les miens, je les ai tellement dégoûtés qu'ils ne se soucient plus de moi. Ce qui me convient tout à fait.
Je ne pourrais pas faire ça... Je les aime, et en même temps... Ce qu'ils penseraient de moi me fait trop souffrir.
Hum. Temps pour moi de boire une autre bière.
Je pose mon sac à terre et l'ouvre pour en sortir le pack.
- Mets-le au frigo et prends-y deux cannettes. C'est meilleur quand c'est frais, non ?
- Cool.
La quatrième bière me plonge dans un état très satisfaisant. Je commence à repenser à sa suggestion. L'indifférence ne vaut-elle pas cent fois mieux que le dégoût ?
Mais je me sentirais vraiment mal à faire le nécessaire pour en arriver là. Ce n'est pas dans ma nature.
Puis, je me dis qu'en fin de compte, ça ne doit pas être si compliqué que ça.
Après deux autres bières, je ne me soucie plus de ma famille. Je suis trop fatigué pour ça.
Vendredi 24 mai
Bib-bip-bip-bip...
J'ouvre un œil, puis un autre, et me tourne vers ma montre, qui sonne à mon poignet.
Je me demande bien ce que je fais assis dans un fauteuil qui...
Oh, merde !
Je me relève d'un bond, et le regrette aussitôt.
Ma tête ! Ah, punaise !
Je m'avance vers l'autre fauteuil, renversant des cannettes vides au passage, et en secoue l'occupant.
- Michel ! Bordel, réveille-toi !
Il ouvre difficilement les yeux...
- Hum, Yann ? Mais que se passe-t-il ? Quelle heure il est, là ?
- Six heures et demie !
- Bah, il est pas tard.
- Du matin !
- Hein ? Pourquoi tu me réveilles si tôt ?
- Pourquoi ? Mes parents doivent être fous d'inquiétude, là !
- Me dis pas que t'es jamais rentré tard, ou que t'as jamais passé une nuit ailleurs.
- Si, mais jamais sans prévenir !
- Et ils peuvent pas t'appeler sur ton portable ?
- J'en ai pas. Ils m'ont dit que je n'avais aucune raison d'en avoir.
- Bah maintenant, ils en ont une. Vois le bon côté des choses.
- Quel bon côté ? Je vais me faire tuer, oui !
- La première fois, peut-être, mais à force, ils n'y feront plus attention.
- T'es fou ? Ils vont m'interdire de sortir.
- Comme si on pouvait t'enfermer si tu le veux pas. Et de toute façon, ils vont pas t'empêcher d'aller au lycée, et à la sortie, tu fais ce que tu veux, non ? Il serait temps que tu te rentres dans le crâne que t'es plus un gamin, et que c'est à toi de mener ta vie comme tu l'entends, et non pas comme les autres l'entendent. C'est ça, le secret du bonheur.
Mener ma vie comme je l'entends, et non pas comme les autres l'entendent. Est-ce aussi simple qu'il le prétend ? J'ai beau ne plus être un gamin...
- À ce jeu-là, le jour de mes 18 ans, je me retrouverai à la rue.
- Et tu seras libre. Si t'es intelligent, t'auras déjà fait en sorte d'avoir une source de revenus, quelle qu'elle soit, un toit, et tu feras ce que tu veux, sans plus te soucier de tes parents. Parce que j'ai l'impression qu'ils te pèsent pas mal, non ? Tu penses sans arrêt à l'opinion qu'ils ont de toi, c'est pour ça que tu t'efforces d'être un gentil garçon. Sauf que tu vis avec des chaînes. Tu vis pour leur faire plaisir, et pas pour te faire plaisir. Tu saisis la nuance ?
- Je crois... Je souffre tellement, en fait... Mais je les aime, je ne veux pas leur faire de peine.
- S'ils t'aimaient vraiment, ils ne te feraient pas souffrir. Mais c'est pas le cas, hein ? Ils t'imposent un modèle, un cadre, et toi tu te tords pour y renter, comme un bon petit chien bien dressé, et ils se fichent pas mal que tu aies mal au dos.
- Assez ! Ouvre la porte, s'il te plaît.
- OK, mais réfléchis à ce que je t'ai dit. Tu verras bien que j'ai dit la vérité.
Je me retrouve dehors, dans la fraîcheur du petit matin, pas lavé, l'estomac vide, et malheureux. Je devrais renter chez moi, mais je n'ai pas le courage d'affronter mes parents.
Je ne sais pas où me tourner.
Même le regard de mes... amis... me serait insupportable.
Je me retourne et frappe à la porte.
- T'as déjà réfléchi ? Demande Michel en l'ouvrant.
- Euh... Y aurait moyen de prendre une douche, et un p'tit déj ? S'il te plaît.
Il sourit.
- Bien sûr. Suis-moi.
La douche m'a remis les idées en place, pour mon plus grand malheur. Je bois un bol de café par automatisme, engloutit quelques tartines parce qu'elles sont là. Je ne saurais même pas dire ce qu'il y a dessus, tant je suis anesthésié par l'horreur de ma situation.
Michel secoue la tête.
- Y a qu'en te libérant de tes parents que t'arriveras à vivre pour toi-même.
- Tu me répètes ça sans arrêt, mais ils vont m'assassiner, là !
- Mais non. Ils vont t'engueuler. Certes. Mais c'est parce que tu prêtes attention à leur opinion que ça te fait du mal. Si tu t'en fichais, ça te passerait au-dessus de la tête. Et quand bien même tu te prendrais une baffe, t'en as vu d'autres, non ?
- Pfff.
- Cesse donc de déprimer. Tu es en train de faire tes premiers pas dans la vraie vie. Tu ne vas quand même pas avoir peur, non ? Tu n'es plus un gamin, n'est-ce pas ?
- Non... C'est juste que je me demande si je ne suis pas en train de la ruiner, ma vie, là.
- Allez, si tu t'inquiètes de trop, il y a un téléphone juste ici. Rassure-les donc, tes pauvres parents.
- Oui ! Je ferais bien, parce que là, ils ont sûrement appelé la police et à peu près tout le monde.
- Ça leur passera...
Jeudi 23 mai, en soirée
Le vendeur est obsédé par l'idée qu'un jour, une grande surface ouvrira dans le coin et l'obligera à fermer.
Comme si un supermarché pouvait ouvrir dans ce trou paumé. Mais son obsession arrange bien les jeunes qui sont en quête d'alcool, pour oublier, se saouler, ou, comme moi, atteindre cet état béni dans lequel je ne me pose plus de questions. Il ne regarde que l'argent qui arrive dans sa caisse, pas l'âge de celui qui paie.
J'ôte une bière du pack, range le reste dans ma sacoche, et sors.
- Tiens, tiens, mais qui vois-je ?
Je me retourne pour voir qui m'apostrophe ainsi, le reconnais, puis me détourne de cet individu sans intérêt.
- T'es bien la dernière personne que j'aurais cru voir se payer quelques bières... Je t'aurais cru abonné au lait-fraise.
Je l'ignore superbement.
- Mais là, tu grimpes dans mon estime.
Ma propre estime dégringole aussi sec. Suis-je tombé si bas ?
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Tu comptes boire ça tout seul ?
- Oui.
- Rien que ça ? Pourquoi on n'irait pas trinquer ensemble ? En fin de compte, j'avoue que je m'étais pas mal trompé sur toi. Tu t'affiches comme un p'tit gars bien propre sur toi, bien comme il faut, trop bien pour savoir vivre pleinement ou s'amuser comme il faut, mais si on gratte un peu, on découvre que tu sais vivre.
- Si tu le dis.
- Je le dis comme je le pense. Allez, fais pas la gueule. Est-ce que je t'ai déjà emmerdé ? J'aurais pu, pourtant, mais à voir comment tu as démonté Steve, je peux dire que j'ai bien fait, non ?
- Bah... J'allais pas laisser un de mes potes se faire allumer sans réagir.
- Tu sais, t'es un gars bien, toi. Presque trop bien, mais avec un peu de travail, on peut arriver à corriger tes défauts.
- T'es pas croyable, toi.
- C'est ce que tout le monde me dit. Tu bois pour quelle raison ?
- Pour me sentir bien.
- C'est la bonne raison. Allez viens, je vais te montrer comment on boit vraiment la bière.
- Euh...
- Fais pas ton timide, Yann. Viens avec moi, et je vais t'apprendre à vivre pleinement ta vie, sans te poser de questions, sans te soucier de savoir de quoi sera fait demain. Je sens que toi et moi, on va bien s'entendre.
Je prends le temps de finir ma bière avant de lui répondre.
- Bah... Je ne sais pas trop. Jusqu'ici, je ne t'avais jamais rien vu faire d'autre que de te foutre de la gueule des autres, ou les coincer quelque part pour les tabasser. Pourquoi t'es aussi cool avec moi ?
- Je sais pas... Je te trouve plutôt cool, comme mec, alors pourquoi pas ?
- C'est une réponse, ça ?
- Quand t'auras descendu encore quelques bières, tu ne te soucieras même plus de la question.
- Je ne suis jamais arrivé à cet état-là.
- C'est parce que tu n'en bois pas assez.
Je me retrouve à le suivre, presque malgré moi. En fait, je n'en ai plus rien à cirer, de ce qui pourrait bien m'arriver. Laurent avait bien raison, je ne fais que souffrir de plus en plus, et ce n'est que le soir, lorsque j'arrive à boire, qu'elle s'atténue. Temporairement. Mais je ne fais que sombrer dans une dépression de plus en plus profonde, me détachant de tout, ne vivant plus que par habitude.
Peut-être qu'un peu de changement me ferait du bien.
- On a une cave qu'on a aménagé, mes potes et moi. On y est peinards.
Il m'y conduit, ouvre la porte et me fait entrer. Il allume la lumière et referme derrière lui.
- Tu vois, y a même un frigo, on est bien ici. Nous arrive même d'y dormir, quand on a trop bu.
- Et vos parents ne disent rien ?
- Ils se fichent bien de ce qu'on peut faire, nos vieux, et on le leur rend bien.
- Parfois, j'aimerais bien que les miens soient pareils.
- C'est parce que t'es un trop gentil garçon qu'ils font attention à toi.
- C'est pas aussi simple...
- Moi, les miens, je les ai tellement dégoûtés qu'ils ne se soucient plus de moi. Ce qui me convient tout à fait.
Je ne pourrais pas faire ça... Je les aime, et en même temps... Ce qu'ils penseraient de moi me fait trop souffrir.
Hum. Temps pour moi de boire une autre bière.
Je pose mon sac à terre et l'ouvre pour en sortir le pack.
- Mets-le au frigo et prends-y deux cannettes. C'est meilleur quand c'est frais, non ?
- Cool.
La quatrième bière me plonge dans un état très satisfaisant. Je commence à repenser à sa suggestion. L'indifférence ne vaut-elle pas cent fois mieux que le dégoût ?
Mais je me sentirais vraiment mal à faire le nécessaire pour en arriver là. Ce n'est pas dans ma nature.
Puis, je me dis qu'en fin de compte, ça ne doit pas être si compliqué que ça.
Après deux autres bières, je ne me soucie plus de ma famille. Je suis trop fatigué pour ça.
Vendredi 24 mai
Bib-bip-bip-bip...
J'ouvre un œil, puis un autre, et me tourne vers ma montre, qui sonne à mon poignet.
Je me demande bien ce que je fais assis dans un fauteuil qui...
Oh, merde !
Je me relève d'un bond, et le regrette aussitôt.
Ma tête ! Ah, punaise !
Je m'avance vers l'autre fauteuil, renversant des cannettes vides au passage, et en secoue l'occupant.
- Michel ! Bordel, réveille-toi !
Il ouvre difficilement les yeux...
- Hum, Yann ? Mais que se passe-t-il ? Quelle heure il est, là ?
- Six heures et demie !
- Bah, il est pas tard.
- Du matin !
- Hein ? Pourquoi tu me réveilles si tôt ?
- Pourquoi ? Mes parents doivent être fous d'inquiétude, là !
- Me dis pas que t'es jamais rentré tard, ou que t'as jamais passé une nuit ailleurs.
- Si, mais jamais sans prévenir !
- Et ils peuvent pas t'appeler sur ton portable ?
- J'en ai pas. Ils m'ont dit que je n'avais aucune raison d'en avoir.
- Bah maintenant, ils en ont une. Vois le bon côté des choses.
- Quel bon côté ? Je vais me faire tuer, oui !
- La première fois, peut-être, mais à force, ils n'y feront plus attention.
- T'es fou ? Ils vont m'interdire de sortir.
- Comme si on pouvait t'enfermer si tu le veux pas. Et de toute façon, ils vont pas t'empêcher d'aller au lycée, et à la sortie, tu fais ce que tu veux, non ? Il serait temps que tu te rentres dans le crâne que t'es plus un gamin, et que c'est à toi de mener ta vie comme tu l'entends, et non pas comme les autres l'entendent. C'est ça, le secret du bonheur.
Mener ma vie comme je l'entends, et non pas comme les autres l'entendent. Est-ce aussi simple qu'il le prétend ? J'ai beau ne plus être un gamin...
- À ce jeu-là, le jour de mes 18 ans, je me retrouverai à la rue.
- Et tu seras libre. Si t'es intelligent, t'auras déjà fait en sorte d'avoir une source de revenus, quelle qu'elle soit, un toit, et tu feras ce que tu veux, sans plus te soucier de tes parents. Parce que j'ai l'impression qu'ils te pèsent pas mal, non ? Tu penses sans arrêt à l'opinion qu'ils ont de toi, c'est pour ça que tu t'efforces d'être un gentil garçon. Sauf que tu vis avec des chaînes. Tu vis pour leur faire plaisir, et pas pour te faire plaisir. Tu saisis la nuance ?
- Je crois... Je souffre tellement, en fait... Mais je les aime, je ne veux pas leur faire de peine.
- S'ils t'aimaient vraiment, ils ne te feraient pas souffrir. Mais c'est pas le cas, hein ? Ils t'imposent un modèle, un cadre, et toi tu te tords pour y renter, comme un bon petit chien bien dressé, et ils se fichent pas mal que tu aies mal au dos.
- Assez ! Ouvre la porte, s'il te plaît.
- OK, mais réfléchis à ce que je t'ai dit. Tu verras bien que j'ai dit la vérité.
Je me retrouve dehors, dans la fraîcheur du petit matin, pas lavé, l'estomac vide, et malheureux. Je devrais renter chez moi, mais je n'ai pas le courage d'affronter mes parents.
Je ne sais pas où me tourner.
Même le regard de mes... amis... me serait insupportable.
Je me retourne et frappe à la porte.
- T'as déjà réfléchi ? Demande Michel en l'ouvrant.
- Euh... Y aurait moyen de prendre une douche, et un p'tit déj ? S'il te plaît.
Il sourit.
- Bien sûr. Suis-moi.
La douche m'a remis les idées en place, pour mon plus grand malheur. Je bois un bol de café par automatisme, engloutit quelques tartines parce qu'elles sont là. Je ne saurais même pas dire ce qu'il y a dessus, tant je suis anesthésié par l'horreur de ma situation.
Michel secoue la tête.
- Y a qu'en te libérant de tes parents que t'arriveras à vivre pour toi-même.
- Tu me répètes ça sans arrêt, mais ils vont m'assassiner, là !
- Mais non. Ils vont t'engueuler. Certes. Mais c'est parce que tu prêtes attention à leur opinion que ça te fait du mal. Si tu t'en fichais, ça te passerait au-dessus de la tête. Et quand bien même tu te prendrais une baffe, t'en as vu d'autres, non ?
- Pfff.
- Cesse donc de déprimer. Tu es en train de faire tes premiers pas dans la vraie vie. Tu ne vas quand même pas avoir peur, non ? Tu n'es plus un gamin, n'est-ce pas ?
- Non... C'est juste que je me demande si je ne suis pas en train de la ruiner, ma vie, là.
- Allez, si tu t'inquiètes de trop, il y a un téléphone juste ici. Rassure-les donc, tes pauvres parents.
- Oui ! Je ferais bien, parce que là, ils ont sûrement appelé la police et à peu près tout le monde.
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