CHAPITRE LXVIII
''Accire quam primum, brevis est occasio lucri''
Burydan savait très bien, en fait, ce qu'il devait faire pour gagner les 20 000 lunars pour le terrain. Il devait se remettre en chasse.
Il fit une merveilleuse fellation à son petit minet, jusqu'à ce que celui ci éclabousse sa gorge de son foutre chaud, se plaça de part et d'autre de la tête de son joli palefrenier, qui ouvrit la bouche et sortit sa langue, se masturba frénétiquement jusqu'à ce que son sperme strie la belle petite gueule de Raven.
Longue séance de caresses et de baisers brûlants, puis Raven alla à son travail et Burydan alla courir. Lavé, habillé et, après un copieux petit déjeuner, il s'allongea sur son lit et lu les avis de recherche.
Ceux qui rapportaient le plus de pécunes étaient les ennemis politiques du Duc. Mais Burydan avait des scrupules à livrer ces hommes à la cruauté de Galbatorix. Il vit un avis qui le laissa perplexe :
RECHERCHÉ POUR VIOLS ET MEUTRES
Kam'El Woally
Mort ou Vif
Taille : 165 pouces
Poids : 200 livres
Signe particulier : yeux vairons (senestre brun, dextre bleu)
Vu pour la dernière fois fuyant Alab'Ama et de dirigeant vers le Nord. On perd sa trace à Genevrie'Hé.
mort : 500 lunars
vif : 3000 lunars
ATTENTION l'homme ou sa tête sont à remettre EN MAIN PROPRE à Son Altesse le Duc.
Ce qui étonna Burydan, c'était déjà la différence entre les récompenses. Apparemment Galbatorix voulait cet homme vivant. Puis, un meurtrier était plutôt un cas pour la milice, alors pourquoi envoyer ses chasseurs de prime à la poursuite de cet homme ?
Burydan retourna le feuillet et lu le complément d'information de la main d'Anselme.
Les chasseurs de prime de son Altesse ont écumé toutes les villes et villages à 50 lieues autour de Genevrie'Hé sans obtenir le moindre début d'une queue de piste. On est toutefois pratiquement sûr que Kam'El est toujours en Brittania.
Mince comme indices. Mais Burydan pouvait profiter du fait qu'on ne le connaissait pas encore trop pour glaner des informations.
Le lendemain, après une nouvelle nuit d'amour avec Raven, Burydan sella Arion et partit en direction de Genevre'Hié. Il s'installa dans une auberge de la ville et prit ses habitudes dans une taverne des quartiers Est. Les pochtrons accoudés au comptoir et lorgnant le fond de leur gobelet vide étaient des mines d'informations.
Au bout de quelques jours et de quelques bouteilles de picrate bouchées, il apprit que le fameux Kam'El était un adepte des courses de vinnti (1), et Burydan savait que la plus importante de ces courses devait se dérouler dans quelques jours à BeloKiu'Kiuny.
Burydan prit une chambre dans une auberge et se rendit au champs de course la veille. Il repéra les lieux et trouva un endroit propice pour guetter sa proie. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Le jour de la course, la presse était tellement grande qu'on arrivait à peine à marcher.
Il regarda du côté des paris. Des lunars passaient de main en main, quand soudain, il repéra un homme qui essayait de se montrer le plus discret possible, et qui ressemblait au portrait de l'avis de recherche.Chose étrange, il portait des lunettes aux verres teintés en bleu... Peut-être pour cacher ses yeux vairons... Il fallait qu'il sache... et il n'eut pas très longtemps à attendre. Pour mieux compter ses pécunes, il retira ses lunettes et Burydan vit ses yeux : un brun et l'autre bleu.
Il se fraya un chemin dans la foule et arriva dans le dos de Kam'El. Il sortit sa dague et l'appuya sur les reins du fugitif.
- Ne bouge pas, dit Burydan On va sortir tous les deux et, si tu ne fais pas d'histoire, je n’aurai pas à te faire mal.
Kam'El essaya de se retourner mais Burydan appuya sa dague un peu plus fort. Ils se dirigèrent vers la sortie. Alors qu'ils venaient de franchir les portes, Burydan fut bousculé et Kam'El en profita pour se mettre à courir. Burydan pesta. Il déploya sa petite arbalète. Un trait trempé dans le venin de Marbunta dilué se mit en place. Il visa, attendit d'avoir un angle dégagé et tira. Le projectile ne rencontra aucun obstacle sur sa course et se planta dans l'épaule du fuyard. Il courut encoure quelques toises, tituba et s'affala sur le sol, le nez dans la poussière.
Burydan rangea sa petite arbalète et se déplaça lentement vers son homme. Les badauds le regardait et se mirent à crier :
- Il a tué cet homme ! Il a tué cet homme !
Trois miliciens arrivèrent au pas de charge, l'épée à la main.
- Qu'est ce qui se passe ici ? demanda celui qui devait être le chef.
Burydan récupéra son trait et sortit sa plaque.
- Burydan de Malkchour, chasseur de prime, cet homme est recherché et est mon prisonnier.
- Il est... il est... mort ? demanda un milicien.
- Non, juste endormi. Et pour un bon bout de temps.
Le chef des miliciens le regarda d'un regard peu amène. Burydan savait que les chasseurs de prime étaient mal vu des miliciens. Les premiers gagnant de grosses sommes pour avoir arrêté un seul homme, alors que les seconds, s'occupant du tout venant, était payé une misère. Du moins une misère selon eux.
- Tu veux qu'on le garde en geôle quelques temps, je suppose, dit le chef d'un ton bourru.
- Nenni. Je repars de suite. Aidez moi juste à le hisser sur mon cheval, s'il vous plaît.
Le ''s'il vous plaît'' paru surprendre les miliciens et leur chef se radoucit aussitôt.
- Comment as-tu dit que tu t'appelais ?
- Burydan. Burydan de Malkchour.
- Allez les gars, aidons Burydan de Malkchour avec son prisonnier.
Pied et poings liés, Kamel fut attaché sur Arion, qui renâcla bien un peu, mais se calma avec force grattouilles et mots tendres au creux de son oreille de la part de son maître.
- Quel est ton nom ? demanda Burydan au chef de la milice.
- Mall... Mall Borro.
- Et bien merci Mall Borro. Je dirai tout le bien que je pense de toi au Duc.
Le milicien rougit et remercia Burydan, qui reprit la route d'Ank'Arat. Le voyage lui prit trois jours et Kam'El tenta de s'enfuir deux fois. Sans y réussir, évidemment.
Arrivé devant les portes de Hurlevent, il fut accueilli par David.
- Burydan de Malkchour, mon ami. Déjà de retour ? Qu'as-tu pris dans tes filets cette fois ?
- Salutations David.
Burydan lui tendit l'avis de recherche. Le capitaine regarda le prisonnier et dit :
- Suis moi avec... ça... je t'emmène à Son Altesse.
Galbatorix reçut son chasseur de prime sur son trône, deux de ses concubines à ses pieds.
- Eh bien éh bien, qu'avons nous là ? dit-il avec un sourire cruel. Il semble que ce soit notre violeur et meurtrier.
Le Duc se leva et s'approche de Kam'El. Il le regarda avec des yeux pleins de haine et le gifla durement. Il l'attrapa ensuite pare les cheveux et lui dit :
- Je te promets une mort lente et douloureuse.
Il le gifla à nouveau.
- Qu'on l'amène aux geôles et qu'on prévienne le bourreau qu'il aura bientôt quelqu'un avec qui s'amuser...
Galbatorix se rassit sur son trône et ses deux concubines se blottirent de nouveau contre ses jambes, dociles et soumises.
- Bon travail messire Burydan de Malkchour...
Burydan serra les mâchoires en entendant l’incroyable ironie que le Duc mit dans ce ''messire''.
- Anselme !
- Oui Votre Altesse ?
- Donne sa prime à messire Burydan de Malkchour...
- Bien sûr votre Altesse...
Le Duc s'apprêtait à tendre sa main à Burydan, mais, sachant très bien qu'il ne baserait pas son anneau, et ne voulant pas se ridiculiser devant ses courtisans, il se contenta de lui faire un petit signe de tête.
Burydan suivit Anselme dans son bureau.
- Assieds toi mon ami.
Anselme prit deux verres et une bouteille d'hydromel.
- Attends, dit Burydan, j'ai un cadeau pour toi...
- Oh, un cadeau ?
Burydan sortit de sa besace la bouteille d’hydromel qu'il avait acheté à Oli'. Il remplit les verres. Anselme trempa les lèvres dans le sien, prit une petite gorgée et ses yeux s'illuminèrent.
- Par les moustaches de Pleksiglatz (2), dit-il. Où as-tu trouver ce nectar ?
- Un ami à moi le vend. Il a été fait avec le miel des abeilles tueuse des collines aux fleurs de Mesmera.
- J'en avais entendu parler, dit Anselme en buvant une nouvelle gorgée, mais je croyais que c'était des sornettes. Ça a du te coûter une fortune.
Burydan sourit.
- Je te promets de t'en ramener une bouteille à chacun de mes passages à Hurlevent.
- Par les dieux, dans ce cas je vais te convoquer très souvent, dit Anselme en partant d'un petit rire qui lui fit paraître dix ans de moins.
Le vieil homme se leva et ouvrit un coffre.
- Quel était le montant de la prime déjà ?
- 3 000 lunars...
- Ah oui, c'est vrai. En quoi les veux-tu ?
- 2 barres, 9 barrettes et 100 pièces, c'est possible ?
- Tout est possible...
Anselme lui compta sa prime. Burydan a rangea dans sa besace.
- Tu n'as pas peur de te promener avec autant d'astrium sur toi ?
Burydan sourit et leva un sourcil.
- Ah oui, c'est vrai, j'oubliais que je parlais au meilleur épéiste de Genesia... Et ça c'est pour tes frais...
Anselme déposa une petite pile de pièces devant lui.
- C'est quoi ?
- 50 lunars... c'est un forfait... pour te dédommager des dépens et débours pendant la recherche de ton prisonnier...
Burydan empocha les pièces.
- Anselme, puis-je te poser une question ?
- Bien sûr.
- Qu'a fait ce Kam'El pour que le Duc lâche ses chasseurs de prime à ses trousses ?
- Oh, c'est une sale histoire. Ce monstre à violer puis égorger cinq femmes...
- Mais, ce n'est pas du ressort de la milice ?
- Ce le serait si l'une de ses victimes n'avait pas été une cousine du Duc...
- Oh... l'aimait-il tant que ça ?
- Nullement, il ne pouvait pas la souffrir. Elle a fait des pieds et des mains pour venir à la cour, mais le Duc n'a jamais voulu...
- Alors... ?
- Alors Son Altesse, même s'il n'aimait pas sa cousine, veut faire un exemple. Montrer qu'on ne s'attaque pas à sa famille impunément.
- Raison pour laquelle il le voulait vivant.
- Oui. Et même si cet homme est une ordure, je le plains...
- Le plaindre ? Un violeur et un meurtrier récidiviste ?
- Certes, certes. Mais le sort que lui réserve le Duc... je ne le souhaiterait même pas à mon pire ennemi...
Ne sachant que dire, Burydan se tu. Il savait que Galbatorix pouvait se montrer extrêmement cruel et n'osait même pas imaginer les mille tourments qu'il allait infligé à Kam'El avant que celui-ci rende son âme à qui voudrait bien la prendre.
Il prit congé d'Anselme et reprit la route de Malienda. Il pouvait proposer une avance sur ses 20 000 lunars à Nollan. Il fallait qu'il ait ce terrain. Il fallait qu'il ait son chez soi, et ce ne pouvait être qu'à Malienda.
(1) Vinnti : chien longiligne à la tête allongée et à la musculature puissante. Très agile et rapide à la course. Très semblable au lévrier.
(2) Pleksiglatz : mythologie utopienne. Dieu du savoir et protecteur des scribes. Représenté sous la forme d'un homme assis en tailleur et pourvu d'une énorme moustache.