11-12-2020, 09:16 PM
1 - Laurent : Douleurs
J'ai fait ce matin la pire bêtise de toute ma vie, et je paie maintenant le prix de mon manque de courage. Pour avoir écouté ma raison plutôt que mon cœur, je perds celui que j'aime alors même que je le tiens dans mes bras.
Je suis trop anéanti pour répondre, trop désireux de ne pas blesser Yann, qui est si fragile en ce moment, avec une dispute entre Julien et moi. Je peux presque l'imaginer révéler que nous avons fait l'amour ce matin, et ça, je ne veux pas qu'il l'entende.
Je suis pris dans un piège que j'ai tissé moi-même, et je n'en vois pas l'issue. Comment ai-je pu être aussi aveugle ?
Je voulais ne pas me laisser d'issue, pour oublier Yann et laisser derrière moi les regrets. Quelle bêtise !
Et Julien s'est assuré en quelques mots que je ne lui échapperai pas...
Je reste immobile, tenant toujours Yann dans mes bras, sachant que c'est certainement la dernière fois que je pourrai le faire. Je lui fais mentalement mes adieux, et la douleur que je ressens me déchire.
David s'est rapproché, lui aussi, et s'agenouille devant Yann pour prendre ses mains.
- Yann, on est tous avec toi. On est tous prêts à t'aider, à te soutenir.
Il faut une bonne heure avant qu'il soit à même de se reprendre. Nous sommes restés près de lui pendant tout ce temps, moi-même, je n'ai pas bougé d'un millimètre. Je lui suggère alors de se rafraîchir dans la salle de bains, et il acquiesce silencieusement, avant de se lever. Il prends ses affaires de toilette dans son sac et sort de ma chambre.
La porte se referme sur lui... et sur mes espérances.
- Tu peux nous laisser un moment, Dave, s'il te plaît ? Lo et moi on a à parler.
- Bien sûr.
David sort à son tour, et j'entends ses pas qui descendent l'escalier.
Je me lève alors.
- Je reviens... J'en ai pour une minute.
Je descend au salon, et me sers une bière. Je voudrais pouvoir m'anesthésier... Mais je ne peux que satisfaire ma soif.
Je retourne à l'étage, et m'arrête un moment devant la porte de la salle de bains, écoutant couler la douche, puis entre dans ma chambre et referme le verrou.
- De quoi voulais-tu me parler ?
- De nous. De notre avenir.
Notre avenir ? Je n'ai plus d'avenir.
- Que veux-tu savoir ?
- Plein de choses. Je me pose beaucoup de questions, figure-toi. Surtout depuis aujourd'hui...
- Par exemple ?
- Il se passe quoi, avec Yann ? David m'a dit que tu n'arrêtais pas de te perdre dans ses yeux à chaque fois que tu te retrouvais seul avec lui. Me dis pas que tu as flashé sur lui ?
- ...
- Laurent, réponds-moi !
- Tu veux vraiment connaître la réponse ?
- Ah, mais c'est pas vrai !
- Je suis désolé, Ju. Mais tu t'es bien débrouillé, hein ? Tu t'es assuré qu'il n'y aurait jamais rien entre nous.
- Mais tu es impossible, ma parole ! Ce matin, c'était quoi ? C'était quoi ?! Allez, réponds-moi !
Je ne réponds rien.
- Bordel, mais tu te rends compte de ce que tu me fais ?
- Et moi ? Tu crois que je suis dénué de sentiments, moi ? Tu crois que je ne souffre pas, moi aussi ?
- Mais qu'est-ce qui s'est passé pour que tout dérape comme ça ?
- On a été trop vite, Ju. On a été beaucoup trop vite. On ne pouvait pas se faire plus de mal.
Yann
L'eau, brûlante, coule sur moi, me détend, et s'évacue avec une partie de ma tension nerveuse.
Je commence à prendre conscience de ce que j'ai fait.
Je leur ai tout dit. Je leur ai tout dit !
Et... ça ne s'est pas du tout passé comme je l'imaginais. Pas du tout.
Julien et... Laurent...
Je ne sais même pas si je dois pleurer ou m'en réjouir.
Pleurer parce que je l'aime.
M'en réjouir parce que je n'aurai pas à me soucier de ça...
Qu'est-ce qui m'arrive ? Est-ce toute cette bière que j'ai bu, qui altère mon jugement ?
Jamais auparavant je n'ai regardé ainsi les choses en face.
Mais David... lui aussi il accepte sans problème ce qui a été pour moi inacceptable. Comment fait-il ?
Je dois lui en parler.
Je coupe l'eau, me sèche et me rhabille.
Je descends pour chercher David et le trouve au bar, en train de se verser un jus d'orange.
- Ça va mieux ?
- Oui... Je voudrais te parler.
- Bien sûr. Allons dans la rue et marchons un peu.
- D'accord.
Il fait bon, dehors, et nous marchons tranquillement en profitant du calme de la rue. David oblique plusieurs fois, et nous parvenons ainsi en bordure de la ville, à l'orée du bois. L'endroit est tranquille, et, bien que les habitants y aient fait une sortie en force, il est assez vaste pour y trouver suffisamment de tranquillité.
Loin de tout, entouré de verdure, je peux me détendre plus encore.
- Comment fais-tu pour nous accepter ainsi, sans te poser de questions ?
- Mes parents ont fait en sorte que j'aie l'esprit ouvert. Et puis, ils m'ont aidé à accepter et à assumer mon hétérosexualité...
- Pfff.
- Plus sérieusement, ils étaient prêts, si je m'étais révélé gay, ou bi, et ils me l'ont clairement fait comprendre. Ils sont à l'opposé du père de Julien.
- Et des miens... Ils seraient mortifiés, s'ils apprenaient.
- C'est déjà quelque chose. Si le père de Julien apprenait la vérité, il le tuerait.
- C'est affreux !
- Demande-toi donc une chose: si tu n'avais pas été gay, n'aurais-tu pas été totalement homophobe ? Formé à l'image de tes parents ? Intolérant, aveugle à toute compréhension ?
- Tu m'oblige à regarder en face une réalité répugnante...
- Puisse-t-elle t'aider à t'accepter. Je n'ai jamais pu accepter l'hypocrisie des religions. Elles prétendent être porteuses d'un message d'amour, mais elles n'ont que haine et intolérance à offrir. C'est pour ça que je suis athée.
- J'ai perdu la foi, Dave. Je n'en pouvais plus. Comment aurais-pu continuer, moi qui n'étais rien d'autre qu'une abomination aux yeux des religieux ?
- À nos yeux, Yann, tu es un ami, et plus encore. Tu sais qu'on ferait n'importe quoi pour t'aider.
- Et moi pour vous. Vous êtes vraiment formidables.
J'ai fait ce matin la pire bêtise de toute ma vie, et je paie maintenant le prix de mon manque de courage. Pour avoir écouté ma raison plutôt que mon cœur, je perds celui que j'aime alors même que je le tiens dans mes bras.
Je suis trop anéanti pour répondre, trop désireux de ne pas blesser Yann, qui est si fragile en ce moment, avec une dispute entre Julien et moi. Je peux presque l'imaginer révéler que nous avons fait l'amour ce matin, et ça, je ne veux pas qu'il l'entende.
Je suis pris dans un piège que j'ai tissé moi-même, et je n'en vois pas l'issue. Comment ai-je pu être aussi aveugle ?
Je voulais ne pas me laisser d'issue, pour oublier Yann et laisser derrière moi les regrets. Quelle bêtise !
Et Julien s'est assuré en quelques mots que je ne lui échapperai pas...
Je reste immobile, tenant toujours Yann dans mes bras, sachant que c'est certainement la dernière fois que je pourrai le faire. Je lui fais mentalement mes adieux, et la douleur que je ressens me déchire.
David s'est rapproché, lui aussi, et s'agenouille devant Yann pour prendre ses mains.
- Yann, on est tous avec toi. On est tous prêts à t'aider, à te soutenir.
Il faut une bonne heure avant qu'il soit à même de se reprendre. Nous sommes restés près de lui pendant tout ce temps, moi-même, je n'ai pas bougé d'un millimètre. Je lui suggère alors de se rafraîchir dans la salle de bains, et il acquiesce silencieusement, avant de se lever. Il prends ses affaires de toilette dans son sac et sort de ma chambre.
La porte se referme sur lui... et sur mes espérances.
- Tu peux nous laisser un moment, Dave, s'il te plaît ? Lo et moi on a à parler.
- Bien sûr.
David sort à son tour, et j'entends ses pas qui descendent l'escalier.
Je me lève alors.
- Je reviens... J'en ai pour une minute.
Je descend au salon, et me sers une bière. Je voudrais pouvoir m'anesthésier... Mais je ne peux que satisfaire ma soif.
Je retourne à l'étage, et m'arrête un moment devant la porte de la salle de bains, écoutant couler la douche, puis entre dans ma chambre et referme le verrou.
- De quoi voulais-tu me parler ?
- De nous. De notre avenir.
Notre avenir ? Je n'ai plus d'avenir.
- Que veux-tu savoir ?
- Plein de choses. Je me pose beaucoup de questions, figure-toi. Surtout depuis aujourd'hui...
- Par exemple ?
- Il se passe quoi, avec Yann ? David m'a dit que tu n'arrêtais pas de te perdre dans ses yeux à chaque fois que tu te retrouvais seul avec lui. Me dis pas que tu as flashé sur lui ?
- ...
- Laurent, réponds-moi !
- Tu veux vraiment connaître la réponse ?
- Ah, mais c'est pas vrai !
- Je suis désolé, Ju. Mais tu t'es bien débrouillé, hein ? Tu t'es assuré qu'il n'y aurait jamais rien entre nous.
- Mais tu es impossible, ma parole ! Ce matin, c'était quoi ? C'était quoi ?! Allez, réponds-moi !
Je ne réponds rien.
- Bordel, mais tu te rends compte de ce que tu me fais ?
- Et moi ? Tu crois que je suis dénué de sentiments, moi ? Tu crois que je ne souffre pas, moi aussi ?
- Mais qu'est-ce qui s'est passé pour que tout dérape comme ça ?
- On a été trop vite, Ju. On a été beaucoup trop vite. On ne pouvait pas se faire plus de mal.
Yann
L'eau, brûlante, coule sur moi, me détend, et s'évacue avec une partie de ma tension nerveuse.
Je commence à prendre conscience de ce que j'ai fait.
Je leur ai tout dit. Je leur ai tout dit !
Et... ça ne s'est pas du tout passé comme je l'imaginais. Pas du tout.
Julien et... Laurent...
Je ne sais même pas si je dois pleurer ou m'en réjouir.
Pleurer parce que je l'aime.
M'en réjouir parce que je n'aurai pas à me soucier de ça...
Qu'est-ce qui m'arrive ? Est-ce toute cette bière que j'ai bu, qui altère mon jugement ?
Jamais auparavant je n'ai regardé ainsi les choses en face.
Mais David... lui aussi il accepte sans problème ce qui a été pour moi inacceptable. Comment fait-il ?
Je dois lui en parler.
Je coupe l'eau, me sèche et me rhabille.
Je descends pour chercher David et le trouve au bar, en train de se verser un jus d'orange.
- Ça va mieux ?
- Oui... Je voudrais te parler.
- Bien sûr. Allons dans la rue et marchons un peu.
- D'accord.
Il fait bon, dehors, et nous marchons tranquillement en profitant du calme de la rue. David oblique plusieurs fois, et nous parvenons ainsi en bordure de la ville, à l'orée du bois. L'endroit est tranquille, et, bien que les habitants y aient fait une sortie en force, il est assez vaste pour y trouver suffisamment de tranquillité.
Loin de tout, entouré de verdure, je peux me détendre plus encore.
- Comment fais-tu pour nous accepter ainsi, sans te poser de questions ?
- Mes parents ont fait en sorte que j'aie l'esprit ouvert. Et puis, ils m'ont aidé à accepter et à assumer mon hétérosexualité...
- Pfff.
- Plus sérieusement, ils étaient prêts, si je m'étais révélé gay, ou bi, et ils me l'ont clairement fait comprendre. Ils sont à l'opposé du père de Julien.
- Et des miens... Ils seraient mortifiés, s'ils apprenaient.
- C'est déjà quelque chose. Si le père de Julien apprenait la vérité, il le tuerait.
- C'est affreux !
- Demande-toi donc une chose: si tu n'avais pas été gay, n'aurais-tu pas été totalement homophobe ? Formé à l'image de tes parents ? Intolérant, aveugle à toute compréhension ?
- Tu m'oblige à regarder en face une réalité répugnante...
- Puisse-t-elle t'aider à t'accepter. Je n'ai jamais pu accepter l'hypocrisie des religions. Elles prétendent être porteuses d'un message d'amour, mais elles n'ont que haine et intolérance à offrir. C'est pour ça que je suis athée.
- J'ai perdu la foi, Dave. Je n'en pouvais plus. Comment aurais-pu continuer, moi qui n'étais rien d'autre qu'une abomination aux yeux des religieux ?
- À nos yeux, Yann, tu es un ami, et plus encore. Tu sais qu'on ferait n'importe quoi pour t'aider.
- Et moi pour vous. Vous êtes vraiment formidables.
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