09-12-2020, 11:43 PM
16 - Laurent : Coming-out
J'ai dû sortir de la chambre et m'éloigner des autres, tant je n'en pouvais plus de rire. À chaque fois que je pensais que j'allais me calmer, quelqu'un se remettait à pouffer, et c'était reparti pour un tour. Je ne pouvais même plus les regarder.
Je plonge dans la salle de bains et me passe un peu d'eau froide sur le visage.
Petit à petit, le calme revient en moi, mais je sais pertinemment que si j'y retourne, je suis bon pour revenir à quatre pattes dans la salle de bains. Je décide donc de descendre me mêler aux invités.
C'est en soirée, après un second repas où les pommes de terre sauce crème et ciboulette accompagnaient du poisson grillé, sauce citron à l'aneth et aux cinq baies, nous sommes remontés dans la chambre, laissant les amis de Philippe évoquer leur fac.
Yann fait un arrêt au bar et se ressert une bière.
- T'en as bu combien ?
- Depuis quand ?
- Bah, au total.
- Je ne sais plus. Mais je tiens bien, ça va. C'est le champagne qui me tue.
Je m'en sers une aussi.
Je me sens nerveux. Mais pas autant que je l'aurais pensé. Ce que nous avons partagé, dans cette même chambre, a créé entre nous quelque chose de très fort.
- Laurent... Je...
- Vous venez ? Demande Julien du haut de l'escalier.
- Oui ?
- Euh, non, rien, dit-il en finissant sa bière.
Nous montons à notre tour, et je referme sur nous la porte de ma chambre.
- Alors, Dave, ça a évolué avec Pascale, demande Yann alors que je me retourne.
Je jette un coup d'œil à Julien, qui se cache le visage dans les mains.
Raté. Plus qu'à espérer qu'on pourra remettre la conversation sur les rails.
- Bah, ça va, oui. Maintenant, elle vient seule. Elle a appris ce qui s'est passé avec Laurent, et elle a eu une sérieuse engueulade avec son frère.
- Hum. Tant mieux. Ça évitera que quelque chose d'autre se produise.
- Oui. Enfin, maintenant, je suis heureux comme tout.
- T'en as de la chance, dit Julien. Je souffre vraiment, en ce moment, je n'en peux plus d'avoir un père comme le mien. Toujours à trouver des cibles à sa haine. Quand ce n'est pas nous, ce sont les gays qui trinquent. Ses victimes favorites.
Pas ce qui était prévu au départ, mais c'est pas trop mal joué. Le sujet a été amené, mais j'en fais quoi, moi, maintenant ?
- C'est vraiment triste qu'il vous ait élevés dans une telle ambiance homophobe.
Comment amener la conversation à la question-clé ?
- C'est vrai, dit David. J'ai eu de la chance, à ce niveau-là. Personnellement, je n'ai vraiment rien contre eux.
- Vraiment ? Dit Julien.
- Bah oui. Tu sais, il y a des hommes qui aiment les blondes, d'autres qui aiment les brunes, et d'autres encore qui aiment les hommes... Moi, je ne vois aucune différence entre eux.
Ouah ! David, t'est vraiment quelqu'un de bien.
D'ailleurs, dit-il en me regardant droit dans les yeux, si un de mes amis me disait qu'il est gay, ça ne changerait rien pour moi.
Il a deviné... La discrétion et moi, ça fait deux. Ou vingt. Ça va finir par me jouer un sale tour.
- Et toi, Yann, t'en penses quoi ? Demande Julien.
- C'est une abomination.
Il m'aurait planté un couteau dans le ventre que je n'aurais pas souffert le dixième de ce que je ressens en ce moment.
C'est David qui réagit le premier.
- Mais enfin, Yann, tu te rends compte que ce sont des préjugés d'un autre âge ? Le monde a changé.
- C'est ce que j'ai appris, ce que mes parents m'ont appris, ce que tout m'a appris. C'est même écrit noir sur blanc dans la bible.
Et merde, c'est pas vrai, je n'aurais pas pensé qu'il serait un fanatique. Oh, bordel. Finalement, j'ai fait le bon choix, avec Julien.
- Et c'est... c'est... c'est ma souffrance.
- Hein ?
Mais, il pleure ? Et franchement, en plus. Qu'est-ce qu'il a ?
- Pouvez-vous imaginer ce que je ressens, sachant ce que je sais, alors que mes désirs me portent vers les hommes ?
Oh, purée ! C'est pas vrai ! Moi qui croyais avoir souffert, mais ce n'était rien à côté de lui !
- Si vous saviez à quel point je me dégoûte !
Il s'effondre littéralement, en larmes.
Je me relève, m'avance vers lui et me rassoit à côté de lui pour l'enlacer.
- Yann, je t'en prie, il ne faut pas penser ça. On t'a bourré l'esprit avec des messages de haine et d'intolérance, mais tu es assez intelligent pour t'en rendre compte, non ? Les gays, ils s'aiment, d'un amour sincère, ils vivent cet amour de la même manière que les hétéros... Bien sûr, il y a de tout, des gens loyaux et fidèles, des gens qui ne veulent que du sexe, et toute la palette possible et imaginable... Mais on retrouve exactement la même chez les hétéros... Tu vois, on n'est pas différents.
- C'est vrai, dit Julien, il faut que tu ailles au-delà de ces préjugés, et que tu t'acceptes, et alors seulement, tu cesseras de souffrir. Sois courageux, Yann.
- Je sais ce que tu traverses, je l'ai vécu à ma manière, je connais ta souffrance. J'ai cru que je souffrirai toute ma vie, mais un jour, j'ai fini par m'accepter, et je vis bien, maintenant.
- Tu... tu es...
- Oui, je suis gay, moi aussi.
- Et moi aussi, dit Julien.
Et moi... je rêve. J'ai l'impression que tout est possible, maintenant. Tout. Je t'aiderai, Yann, je serai auprès de toi.
Je t'aime.
Oui, tout est possible, désormais.
- Non, David, ce n'est pas une blague, dit Julien. On ignorait totalement pour Yann, on comptait juste se révéler tous les deux ce soir.
- Ça, pour une surprise, c'est une sacrée surprise.
Et une surprise merveilleuse. Je vois enfin un avenir lumineux, pour moi, pour nous, mon Yann.
- D'ailleurs, dit Julien, Laurent et moi on est ensemble depuis quelques temps. Nous nous aimons.
Mon avenir à moi s'écroule sous mes yeux.
Fin du livre II
J'ai dû sortir de la chambre et m'éloigner des autres, tant je n'en pouvais plus de rire. À chaque fois que je pensais que j'allais me calmer, quelqu'un se remettait à pouffer, et c'était reparti pour un tour. Je ne pouvais même plus les regarder.
Je plonge dans la salle de bains et me passe un peu d'eau froide sur le visage.
Petit à petit, le calme revient en moi, mais je sais pertinemment que si j'y retourne, je suis bon pour revenir à quatre pattes dans la salle de bains. Je décide donc de descendre me mêler aux invités.
C'est en soirée, après un second repas où les pommes de terre sauce crème et ciboulette accompagnaient du poisson grillé, sauce citron à l'aneth et aux cinq baies, nous sommes remontés dans la chambre, laissant les amis de Philippe évoquer leur fac.
Yann fait un arrêt au bar et se ressert une bière.
- T'en as bu combien ?
- Depuis quand ?
- Bah, au total.
- Je ne sais plus. Mais je tiens bien, ça va. C'est le champagne qui me tue.
Je m'en sers une aussi.
Je me sens nerveux. Mais pas autant que je l'aurais pensé. Ce que nous avons partagé, dans cette même chambre, a créé entre nous quelque chose de très fort.
- Laurent... Je...
- Vous venez ? Demande Julien du haut de l'escalier.
- Oui ?
- Euh, non, rien, dit-il en finissant sa bière.
Nous montons à notre tour, et je referme sur nous la porte de ma chambre.
- Alors, Dave, ça a évolué avec Pascale, demande Yann alors que je me retourne.
Je jette un coup d'œil à Julien, qui se cache le visage dans les mains.
Raté. Plus qu'à espérer qu'on pourra remettre la conversation sur les rails.
- Bah, ça va, oui. Maintenant, elle vient seule. Elle a appris ce qui s'est passé avec Laurent, et elle a eu une sérieuse engueulade avec son frère.
- Hum. Tant mieux. Ça évitera que quelque chose d'autre se produise.
- Oui. Enfin, maintenant, je suis heureux comme tout.
- T'en as de la chance, dit Julien. Je souffre vraiment, en ce moment, je n'en peux plus d'avoir un père comme le mien. Toujours à trouver des cibles à sa haine. Quand ce n'est pas nous, ce sont les gays qui trinquent. Ses victimes favorites.
Pas ce qui était prévu au départ, mais c'est pas trop mal joué. Le sujet a été amené, mais j'en fais quoi, moi, maintenant ?
- C'est vraiment triste qu'il vous ait élevés dans une telle ambiance homophobe.
Comment amener la conversation à la question-clé ?
- C'est vrai, dit David. J'ai eu de la chance, à ce niveau-là. Personnellement, je n'ai vraiment rien contre eux.
- Vraiment ? Dit Julien.
- Bah oui. Tu sais, il y a des hommes qui aiment les blondes, d'autres qui aiment les brunes, et d'autres encore qui aiment les hommes... Moi, je ne vois aucune différence entre eux.
Ouah ! David, t'est vraiment quelqu'un de bien.
D'ailleurs, dit-il en me regardant droit dans les yeux, si un de mes amis me disait qu'il est gay, ça ne changerait rien pour moi.
Il a deviné... La discrétion et moi, ça fait deux. Ou vingt. Ça va finir par me jouer un sale tour.
- Et toi, Yann, t'en penses quoi ? Demande Julien.
- C'est une abomination.
Il m'aurait planté un couteau dans le ventre que je n'aurais pas souffert le dixième de ce que je ressens en ce moment.
C'est David qui réagit le premier.
- Mais enfin, Yann, tu te rends compte que ce sont des préjugés d'un autre âge ? Le monde a changé.
- C'est ce que j'ai appris, ce que mes parents m'ont appris, ce que tout m'a appris. C'est même écrit noir sur blanc dans la bible.
Et merde, c'est pas vrai, je n'aurais pas pensé qu'il serait un fanatique. Oh, bordel. Finalement, j'ai fait le bon choix, avec Julien.
- Et c'est... c'est... c'est ma souffrance.
- Hein ?
Mais, il pleure ? Et franchement, en plus. Qu'est-ce qu'il a ?
- Pouvez-vous imaginer ce que je ressens, sachant ce que je sais, alors que mes désirs me portent vers les hommes ?
Oh, purée ! C'est pas vrai ! Moi qui croyais avoir souffert, mais ce n'était rien à côté de lui !
- Si vous saviez à quel point je me dégoûte !
Il s'effondre littéralement, en larmes.
Je me relève, m'avance vers lui et me rassoit à côté de lui pour l'enlacer.
- Yann, je t'en prie, il ne faut pas penser ça. On t'a bourré l'esprit avec des messages de haine et d'intolérance, mais tu es assez intelligent pour t'en rendre compte, non ? Les gays, ils s'aiment, d'un amour sincère, ils vivent cet amour de la même manière que les hétéros... Bien sûr, il y a de tout, des gens loyaux et fidèles, des gens qui ne veulent que du sexe, et toute la palette possible et imaginable... Mais on retrouve exactement la même chez les hétéros... Tu vois, on n'est pas différents.
- C'est vrai, dit Julien, il faut que tu ailles au-delà de ces préjugés, et que tu t'acceptes, et alors seulement, tu cesseras de souffrir. Sois courageux, Yann.
- Je sais ce que tu traverses, je l'ai vécu à ma manière, je connais ta souffrance. J'ai cru que je souffrirai toute ma vie, mais un jour, j'ai fini par m'accepter, et je vis bien, maintenant.
- Tu... tu es...
- Oui, je suis gay, moi aussi.
- Et moi aussi, dit Julien.
Et moi... je rêve. J'ai l'impression que tout est possible, maintenant. Tout. Je t'aiderai, Yann, je serai auprès de toi.
Je t'aime.
Oui, tout est possible, désormais.
- Non, David, ce n'est pas une blague, dit Julien. On ignorait totalement pour Yann, on comptait juste se révéler tous les deux ce soir.
- Ça, pour une surprise, c'est une sacrée surprise.
Et une surprise merveilleuse. Je vois enfin un avenir lumineux, pour moi, pour nous, mon Yann.
- D'ailleurs, dit Julien, Laurent et moi on est ensemble depuis quelques temps. Nous nous aimons.
Mon avenir à moi s'écroule sous mes yeux.
Fin du livre II
Les productions d'inny :
Série des secrets : One shots La saga d'outremonde (fantastique avec des personnages gays)
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