01-12-2020, 10:13 PM
(Modification du message : 02-12-2020, 03:43 PM par fablelionsilencieux.)
Troisième absolution,
- Heureusement que la maison est éloignée du village’’, m’a dit son grand-père lorsque je l’ai rejoint à l’intérieur de la villa, où il s’était isolé, ‘’Je me suis fait à la vie au Luxembourg, mais il y a une chose que je ne comprendrai jamais, c’est leur austérité innée… Si tu savais leur idée des soirées, même à quatre-vingt-huit ans, je m’y ennuie. S’ils étaient protestants, je comprendrais, mais ils sont catholiques, comme nous, c’est ce qui a grandement facilité notre intégration, d’ailleurs. Note que nous ne sommes pas les plus joyeux des Européens, déjà d’avoir inventé le fado…’’.
- Encore un heureux anniversaire, Dom Heitor, et ne changez jamais, vous avez l’esprit vif et j’aime trop votre humour un peu désabusé, mais justement, vous ne parlez jamais de votre vie au Portugal.
- A mon âge, on ne change plus rien, de même qu’à ces programmes qui tournent depuis vingt ans, et auxquels on n’ose plus modifier une ligne de code de peur de le bloquer… Pourtant, le changement est parfois bénéfique, comme ton arrivée dans la vie de mon petit-fils… Si, si ! Il y a un an, c’était à mon dernier anniversaire, je le revois, un peu gêné, presque piteux, me dire ‘Vovô(*), je suis amoureux, mais pas comme vous l’espérez tous, j’espère que toi, tu me pardonneras’. J’avais directement compris, ça l’avait surpris que je lui dise qu’il n’y a rien à pardonner au bonheur. Et ce que je ne fais plus jamais, je lui ai raconté une histoire du village que… Oh ! As-tu un moment pour un vieil homme ?’’
- Tout le temps du monde, Dom Heitor’’ ai-je répondu.
Il s’est levé et s’est dirigé vers un meuble ouvragé, d’un tiroir duquel il a retiré un vieil album sur lequel il a passé les doigts quelques secondes.
- J’ai peu de photos d’Albufeira, un village à l’époque, la ville qu’il est devenu ne m’intéresse plus… J’avais un ami… Je suis théâtral, excuse-moi, c’est le titre d’un très beau roman.
- Rezvani, oui, je l’ai lu, c’est beau, et assez nostalgique, ça ne me surprend pas trop de votre part.
- Et ça m’étonne un peu de la tienne que tu l’ais apprécié, tu sembles parfois si insouciant, mais c’est une qualité ! Et elle parait être contagieuse, tu la transmets à mon petit-fils, et c’est bien, pendant les années où il a gardé son secret, il portait toute la nostalgie du peuple portugais sur ses épaules, je le voyais dépérir, abattu par les déceptions…
- Oh ! Don Heitor, je l’aime sincèrement, mais que vous approuviez le rend encore plus heureux !
- Sans que je n’y sois pour rien, j’ai vu son évolution depuis que tu es là, alors comment pourrais-je, à l’un ou à l’autre, vous faire le moindre reproche ?’’ Il a posé les yeux sur l’album… ‘’Ah, oui, ce que je lui avais raconté, et aujourd’hui à toi’’.
Il a tourné les pages en murmurant ‘’Je n’ai pas de photo de João, juste quelques vieux clichés récupérés à la va-vite avant d’émigrer, dont celui où… Ah, voici… Dom Lourenço dans la rua do Saco, où nous vivions. Le pauvre homme est de dos, uma benção… une bénédiction, il était vraiment très laid, mais, après ma femme, la meilleure personne que j’aie jamais rencontré. Très intelligent, et… perceptivo, tu vois ?
- Je ne sais pas si perceptif existe, alors… perspicace ?
- Soit. Il l’était en tout cas assez pour avoir compris que João nourrissait à mon égard des sentiments qui dépassaient l’amitié que je lui portais, mais qu’en bon catholique, il se reprochait. Le jour où il a demandé à Dom Lourenço de le confesser, le padre a proposé d’adapter le sacrement, d’abord en-dehors de l’église, qui ne se prêtait pas à l’absolution qu’il avait prévue, mais plutôt au belvédère, généralement déserté, puis surtout, en ma présence ! En me transmettant sa requête, João imaginait le pire, mais il était mon ami, je n’aurais jamais pu l’abandonner dans ce que nous imaginions être une épreuve.
- J’imagine juste le curé de l’immédiate après-guerre, le régime Salazar, tout ça…’’ ai-je osé.
- Oui, l’époque, bien sûr… mais padre Lourenço, s’il avait fermé son confessionnal à João, a ouvert son cœur à mon ami, il lui a d’abord exprimé ses doutes que je puisse répondre à ses sentiments, puis que si, dans l’église, son statut de prêtre l’obligeait à lui imposer la… tempérance sexuelle, à cet endroit, devant Dieu et l’univers, il lui conseillait juste d’être heureux dans le simple respect des dix commandements de base, que tout homme, croyant ou non, se doit d’appliquer. Il avait même osé une plaisanterie sur la sortie d’Egypte, qu’un visa en bonne et due forme devrait lui assurer s’il y allait un jour. C’est une leçon que j’ai retenue, et si j’ai compris par moi-même que le Dieu de l’Ancien Testament n’est pas celui du Nouveau, je me dis qu’Il se moque un peu de ce que nous-autres, petits humains, faisons derrière des portes fermées… Peu après, j’ai émigré ici, je n’ai jamais revu João, il a trouvé la mort il y a bien cinquante ans, mais j’aime croire qu’il a été heureux.
- Belle leçon de vie, Dom Heitor, ai-je soufflé.
- Arrête avec ces Dom Heitor, c’est une invention de mes ouvriers pour gentiment se moquer de moi, si tu le souhaites, tu peux également m’appeler Vovô’’ a-t-il dit très doucement, avant de reprendre un air sérieux ‘’Et la leçon de vie, c’est surtout pour mon estúpido de petit-fils, l’année dernière, tandis que je lui disais la même histoire, je ne savais pas que tu baignais probablement dans l’angoisse en attendant ma réaction dans la voiture. Et là, à son tour, il doit se demander de quoi nous parlons depuis un quart d’heure, mais sans oser intervenir’’ avant d’ajouter avec un clin d’œil complice "Je t’ai vengé, ne me remercie pas, ça m’a amusé. Allez, va, maintenant, laisse un vieil homme à ses souvenirs"
(*) Vovô : Papy
- Heureusement que la maison est éloignée du village’’, m’a dit son grand-père lorsque je l’ai rejoint à l’intérieur de la villa, où il s’était isolé, ‘’Je me suis fait à la vie au Luxembourg, mais il y a une chose que je ne comprendrai jamais, c’est leur austérité innée… Si tu savais leur idée des soirées, même à quatre-vingt-huit ans, je m’y ennuie. S’ils étaient protestants, je comprendrais, mais ils sont catholiques, comme nous, c’est ce qui a grandement facilité notre intégration, d’ailleurs. Note que nous ne sommes pas les plus joyeux des Européens, déjà d’avoir inventé le fado…’’.
- Encore un heureux anniversaire, Dom Heitor, et ne changez jamais, vous avez l’esprit vif et j’aime trop votre humour un peu désabusé, mais justement, vous ne parlez jamais de votre vie au Portugal.
- A mon âge, on ne change plus rien, de même qu’à ces programmes qui tournent depuis vingt ans, et auxquels on n’ose plus modifier une ligne de code de peur de le bloquer… Pourtant, le changement est parfois bénéfique, comme ton arrivée dans la vie de mon petit-fils… Si, si ! Il y a un an, c’était à mon dernier anniversaire, je le revois, un peu gêné, presque piteux, me dire ‘Vovô(*), je suis amoureux, mais pas comme vous l’espérez tous, j’espère que toi, tu me pardonneras’. J’avais directement compris, ça l’avait surpris que je lui dise qu’il n’y a rien à pardonner au bonheur. Et ce que je ne fais plus jamais, je lui ai raconté une histoire du village que… Oh ! As-tu un moment pour un vieil homme ?’’
- Tout le temps du monde, Dom Heitor’’ ai-je répondu.
Il s’est levé et s’est dirigé vers un meuble ouvragé, d’un tiroir duquel il a retiré un vieil album sur lequel il a passé les doigts quelques secondes.
- J’ai peu de photos d’Albufeira, un village à l’époque, la ville qu’il est devenu ne m’intéresse plus… J’avais un ami… Je suis théâtral, excuse-moi, c’est le titre d’un très beau roman.
- Rezvani, oui, je l’ai lu, c’est beau, et assez nostalgique, ça ne me surprend pas trop de votre part.
- Et ça m’étonne un peu de la tienne que tu l’ais apprécié, tu sembles parfois si insouciant, mais c’est une qualité ! Et elle parait être contagieuse, tu la transmets à mon petit-fils, et c’est bien, pendant les années où il a gardé son secret, il portait toute la nostalgie du peuple portugais sur ses épaules, je le voyais dépérir, abattu par les déceptions…
- Oh ! Don Heitor, je l’aime sincèrement, mais que vous approuviez le rend encore plus heureux !
- Sans que je n’y sois pour rien, j’ai vu son évolution depuis que tu es là, alors comment pourrais-je, à l’un ou à l’autre, vous faire le moindre reproche ?’’ Il a posé les yeux sur l’album… ‘’Ah, oui, ce que je lui avais raconté, et aujourd’hui à toi’’.
Il a tourné les pages en murmurant ‘’Je n’ai pas de photo de João, juste quelques vieux clichés récupérés à la va-vite avant d’émigrer, dont celui où… Ah, voici… Dom Lourenço dans la rua do Saco, où nous vivions. Le pauvre homme est de dos, uma benção… une bénédiction, il était vraiment très laid, mais, après ma femme, la meilleure personne que j’aie jamais rencontré. Très intelligent, et… perceptivo, tu vois ?
- Je ne sais pas si perceptif existe, alors… perspicace ?
- Soit. Il l’était en tout cas assez pour avoir compris que João nourrissait à mon égard des sentiments qui dépassaient l’amitié que je lui portais, mais qu’en bon catholique, il se reprochait. Le jour où il a demandé à Dom Lourenço de le confesser, le padre a proposé d’adapter le sacrement, d’abord en-dehors de l’église, qui ne se prêtait pas à l’absolution qu’il avait prévue, mais plutôt au belvédère, généralement déserté, puis surtout, en ma présence ! En me transmettant sa requête, João imaginait le pire, mais il était mon ami, je n’aurais jamais pu l’abandonner dans ce que nous imaginions être une épreuve.
- J’imagine juste le curé de l’immédiate après-guerre, le régime Salazar, tout ça…’’ ai-je osé.
- Oui, l’époque, bien sûr… mais padre Lourenço, s’il avait fermé son confessionnal à João, a ouvert son cœur à mon ami, il lui a d’abord exprimé ses doutes que je puisse répondre à ses sentiments, puis que si, dans l’église, son statut de prêtre l’obligeait à lui imposer la… tempérance sexuelle, à cet endroit, devant Dieu et l’univers, il lui conseillait juste d’être heureux dans le simple respect des dix commandements de base, que tout homme, croyant ou non, se doit d’appliquer. Il avait même osé une plaisanterie sur la sortie d’Egypte, qu’un visa en bonne et due forme devrait lui assurer s’il y allait un jour. C’est une leçon que j’ai retenue, et si j’ai compris par moi-même que le Dieu de l’Ancien Testament n’est pas celui du Nouveau, je me dis qu’Il se moque un peu de ce que nous-autres, petits humains, faisons derrière des portes fermées… Peu après, j’ai émigré ici, je n’ai jamais revu João, il a trouvé la mort il y a bien cinquante ans, mais j’aime croire qu’il a été heureux.
- Belle leçon de vie, Dom Heitor, ai-je soufflé.
- Arrête avec ces Dom Heitor, c’est une invention de mes ouvriers pour gentiment se moquer de moi, si tu le souhaites, tu peux également m’appeler Vovô’’ a-t-il dit très doucement, avant de reprendre un air sérieux ‘’Et la leçon de vie, c’est surtout pour mon estúpido de petit-fils, l’année dernière, tandis que je lui disais la même histoire, je ne savais pas que tu baignais probablement dans l’angoisse en attendant ma réaction dans la voiture. Et là, à son tour, il doit se demander de quoi nous parlons depuis un quart d’heure, mais sans oser intervenir’’ avant d’ajouter avec un clin d’œil complice "Je t’ai vengé, ne me remercie pas, ça m’a amusé. Allez, va, maintenant, laisse un vieil homme à ses souvenirs"
(*) Vovô : Papy
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