Entre ombre et lumière (gay, ados, terminé)

[inny-2]

7 - Laurent : Au-delà de mes craintes

Je regarde Julien, surpris par sa brusque réaction.
- Bon sang, Lo, tu ferais ça ?
- Bah... oui, fais-je en rougissant de nouveau.
Il ouvre grand les yeux. Je poursuis:
- Mais c'est un peu voyant, ici, non ?
C'est tellement dommage de devoir se cacher.
- Oui ! Il nous reste encore du temps, et il n'y a personne chez moi. On y serait tranquilles.
- D'accord.

Nous cheminons le long de l'avenue, tandis que mon esprit est en ébullition.
Je veux vraiment faire ça ? Et si ça se passe mal ? Si je prenais peur au dernier moment, et que je le repousse ? C'est mon meilleur ami, quand même. Il serait cruellement blessé.
Tu ne peux pas savoir tant que tu n'as pas essayé.
Eh bien, je vais bientôt vraiment savoir. D'ici là, inutile de se torturer. Ça ne sert à rien. Je n'ai aucune réponse à apporter.

Julien ouvre la porte et me laisse entrer. Après avoir vérifié qu'il n'y a effectivement personne dans la maison, il vient vers moi et me regarde droit dans les yeux. Il semble réfléchir, puis finit par prendre une décision.
- Lo... Autant j'en ai très envie, autant je ne veux pas le faire si tu n'es pas sûr de toi.
- Merci, Ju. Je crois que nous sommes tous les deux un peu stressés, là.
- Oui ! Détendons-nous un peu.
Nous buvons un verre d'eau, la chaleur de ce début d'après-midi autant que l'anxiété nous ayant desséchés. Puis il me fait monter dans sa chambre.
- Tu sais, le jour où tu m'as appris que tu étais attiré par les hommes... Ça a été un choc pour moi. Je n'étais plus seul ! J'étais heureux, et en même temps, je voyais ta souffrance, que je connaissais si bien... Je suis vraiment content d'avoir pu t'aider.
- Oui, j'avais tellement besoin d'aide, besoin d'avoir des réponses à mes questions... Je ne sais pas si j'y serais arrivé seul.
- Probablement, mais ça aurait pu te prendre des semaines, des mois, voire des années... Ou jamais. Tu aurais tout aussi bien pu ne plus supporter cette souffrance et vouloir en finir.
- J'y ai pensé, figure-toi.
Julien est bouleversé par cette révélation.
- C'est derrière moi, maintenant, Ju. Grâce à toi.

Ému, je l'attire contre moi et le serre dans mes bras, posant ma tête sur son épaule.
- Julien... j'ai peur, peur de tant de choses qui pourraient arriver...
- Oublie un moment le reste du monde, Lo. Pense aussi à toi. Tu ne vis pas que pour les autres.
Il s'écarte un peu de moi et passe une main sur ma joue, avant de suivre mes lèvres du doigt.
- Tu vis aussi pour toi-même.
Je ferme les yeux, n'osant pas prendre d'initiative par moi-même.
Il prend ma tête à deux mains et l'attire doucement vers la sienne.
Je sens ses lèvres se presser un instant sur les miennes, très doucement, puis s'éloigner. Je rouvre les yeux, son visage est tout près du mien, il guette ma réaction...
Je suis pris dans un tourbillon d'émotions, fait de désir, de crainte, de gêne, de joie...
- Aide-moi, Julien. Aide-moi à faire ce dernier pas.
Il se penche de nouveau, et m'embrasse franchement cette fois, et je suis alors traversé d'un frisson qui me fait tout oublier, toutes mes craintes, toutes mes peurs, pour ne plus vivre que ce moment.
Je réponds alors à ce baiser, mon tout premier baiser... Je m'y abandonne totalement, suivant son conseil de ne plus penser qu'à ce moment, et ne le vivre que pour moi-même.
Julien s'écarte pour me regarder, il m'apparaît ivre de bonheur.
Il m'embrasse de nouveau, et pointe sa langue contre mes lèvres, je la laisse entrer, pointe la mienne en retour, et goûte ce merveilleux moment autant que je le peux.
Je sens son érection pressée contre moi à travers nos jeans, et cela déclenche la mienne. Il s'en rend compte, et se met à respirer plus fort.

Je vois des larmes perler à ses yeux, et, lorsque nous nous séparons pour reprendre notre souffle, je lui en demande la raison, tout en les essuyant du doigt.
- Je pensais ne jamais vivre ce moment, du moins pas de sitôt, et encore moins avec toi. Si tu savais à quel point j'en ai rêvé.
- Tu rêvais... de moi ?
- Oui Laurent, de toi.
- Julien...  Tu es mon meilleur ami, depuis si longtemps que j'ai du mal à t'imaginer autrement... Ça me gêne, en fait.
- Je t'en prie, ne me dis pas une chose pareille !
- J'ai besoin de faire le point sur mes sentiments, Ju. C'est trop nouveau pour moi. Je... je voulais que mon premier baiser soit à toi, tant tu comptes pour moi, mais ne me demande pas d'aller trop vite.
- Oui, excuse-moi. C'est juste que c'est dur pour moi.
- Je comprends, Ju.
Le désespoir que je vois sur son visage me fait trop mal. Je le serre de nouveau contre moi, et l'embrasse à perdre haleine, espérant le chasser...

Julien... comment te le dire sans te blesser ? Tu ne peux pas être plus pour moi que ce que je t'offre en ce moment...