12-11-2020, 12:06 AM
(Modification du message : 12-11-2020, 12:21 AM par fablelionsilencieux.)
première jardinière,
Frédéric était assis dans la voiture de métro, en colère contre la vie. Il était prévu qu’il refasse la saison d’été, il (re)travaillait toujours dans ce restaurant fast food depuis qu’il avait l’âge d’être jobiste.
Cela avait été décidé après avoir fini le mois où il avait fait la plonge – Rigueur, initiatives, esprit d’équipe et bonne humeur, j’aime ça ! avait résumé le patron en, lui faisant l’annonce - puis repris à Noël en passant au comptoir et ainsi de suite, jusqu’à cette année puisqu’on le lui avait confirmé à Pâques. Il allait même prester les deux mois, comme assistant manager,
Son anniversaire tombant le 25 juin, il avait pu se présenter - ses 16 bougies à peine soufflées – pour un premier poste d’été et ses contrats avaient été reconduits de vacances en vacances, ayant fait ses preuves. Examens finis haut la main et ses 18 ans passé, guilleret, il était allé se présenter au tout nouveau gérant, — l’ancien ayant fait un sérieux AVC, une quinzaine plus tôt — il était censé commencer le surlendemain, lundi. Simple courtoisie… pensait-il !
Quelle désillusion !
Remontons d’une heure à peine…
Viré de mon poste sous prétexte de restructuration, j’en suis sans voix, sonné comme un boxer mit KO et sortant du ring. « Je comptai vous contacter fin de journée ou vous envoyer un mail dans la soirée, pour vous avertir. Mais c’est chose faite maintenant ! » m’avait asséné d’un ton sans chaleur, l’homme qui m’ouvrait la porte, signifiant la fin de l’entretien.
C’est Daniel qui, me voyant sortir du bureau, me rattrape dans la rue avant que je ne disparaisse dans la masse et m’explique la vraie raison :
— Ce salaud a mis son neveu à ton poste, dès sa prise de fonction il y a une semaine déjà et comme il ne veut pas de vague, il préfère se passer de toi, plutôt que de te garder à un autre emploi ! l’enfoiré aurait pu te prévenir plus tôt, quand même !!!
Après ce qui ressemble à un adieu résigné, je m’engouffre dans la bouche de métro qui va me ramener chez moi.
L’ampleur de la catastrophe ne me saute aux yeux qu’une fois assis dans le wagon. Le fumier vient de compromettre mon avenir, mes parents n’ont pas les moyens de subvenir d’avantages à mes études. Ils se saigneront déjà en payant les frais de ma scolarité et de mon logement près du campus, le superflu et la nourriture étant couverts par mon travail. Suffisamment bien, selon mes calculs, avant ce coup bas.
Que faire ?!
…
Plutôt que de continuer à ruminer mes malheurs, je décide de me changer les idées en lisant le journal qu’un quidam a abandonné dans la rame. Je survole les gros titres, lis les articles qui m’intéressent et fini par scruter les petites annonces… sait-on jamais !
L’une d’entre elles m’attire l’œil :
« Urgent, juillet et aout, besoin d’un homme à tout faire. 18/25 ans avec ou sans expériences pour propriété privée sur ile. Bonnes rémunérations, tous frais payés. Tel de l’agence : 06/ xx xx xx xx »
Je suis septique mais ma situation — et ma curiosité — font que je compose le numéro. Trois sonneries plus tard et un ‘allo’ masculin retentit à mon oreille.
Présentations, discussions et questionnements mutuels… en gros quand je raccroche ; un malheureux accident de moto pour le gars initialement prévu - ecchymoses et jambe dans le plâtre -, une petite ile de la méditerranée, principalement du jardinage et de l’entretien en extérieur, un cuisinier-majordome-régisseur vivant à l’année dans la résidence me chapeauterait, un contrat avec quelques exigences de confidentialités des propriétaires et surtout - ce que mon cerveau imprime en lettres fluos - pour jardiner au soleil, logé, nourri, blanchi, un salaire équivalent à deux années de ‘périodes vacances’ passées en dur labeur aux odeurs de fritures !
Dans la foulée je demande si un rendez-vous est possible et mon interlocuteur de me répondre sa disponibilité immédiate. Sinon l’adresse mail pour postuler mais bien moins efficace, me confie-t-il, pour ce genre d’offre.
Hasard ou coup de chance, je suis à proximité de ses bureaux. J’annonce que je peux arriver endéans les dix minutes et il me répond attendre mon passage, l’agence fermant dans une heure vingt, à 18 heures.
Douze minutes plus tard je pousse la porte d’un petit – mais assez luxueux - local d’intérim et un quadragénaire tiré à quatre épingles et tout souriant, me reçoit. Il m’invite à m’asseoir sur le siège faisant face à son bureau.
Je réponds à ses questions de tous ordres, alors qu’il semble me jauger discrètement. Il me dit que j’ai le profil requis mais précise que deux autres candidats sont en lice – des détails sur leurs disponibilités font que le contrat attend toujours une signature, il devrait le ou les revoir demain matin « le premier qui paraphe à gagner ! » conclu-t-il. Il tourne l’écran de son PC vers moi. Une splendide bâtisse sous un ciel d’azur, y est affichée et, avec le défilé des photos, il me fait l’historique, comme s’il voulait me la vendre :
— Construite en 1929, dans le style hacienda, la propriété fut établie sur une petite île volcanique au paysage atypique et surprenant par un milliardaire excentrique. Loin des accès au monde, cette maison simple, entourée de la nature - plage et mer d’un côté, végétation et montagne de l’autre - abrita les dernières années de ce Robinson des temps modernes.
Cachée dans son écrin de verdure, cette maison de plain-pied se compose entre autres, de six chambres, quatre salles de bains, une suite parentale, un appartement de fonction, un studio de gardien, une piscine de taille olympique, un terrain de tennis, un héliport et un ponton à bateaux.
Elle fut pendant des années louée aux fortunés de ce monde mais, il y a trois ans, une mauvaise gestion l’avait remise sur le marché et mes clients - jeunes millionnaires grâce à une start-up - ont eu un vrai coup de cœur personnel. Dix mois après son achat, la propriété était rénovée de fond en combles. Cachet et aspect, resté intact, elle abrite toutes les dernières technologies possible et imaginable. Hormis certains produits frais, l’ensemble a une autonomie minimale de six mois et une capacité de vingt personnes.
En soi, un réel paradis sur terre, version XXIème siècle ! Signez et vous partez mercredi matin par le vol de onze heures trente pour ce jardin d’Eden.
Je suis ébloui ; par son discours vendeur, par les clichés dignes de Paris Match, par l’offre de salaire et même par sa bonhomie… j’ai peur de rêver !
Il confirme, tout en me montrant sur le contrat qu’il vient d’imprimer, les paragraphes qu’il cite. Billets d’avion aller-retour et autres transports payés ; linges, chaussures et matériel fournis ; mise à disposition du studio et des installations y attendant ; boissons et nourriture à volontés + bonus : repas du midi et du soir concocté par le chef « pour lui, une bouche en plus ou en moins, vous comprenez » ; le salaire qui me donne le tournis quand j’apprends que le montant énoncé est net et non brut… « ça compense l’éloignement… entre autres ! vu l’urgence, vous voyez »
Il jette ostensiblement un regard sur la pendule. J’en fait de même et vois que huit minutes sont encore dans le compte à rebours.
J'hésite un instant… un tout petit instant… en louchant, un œil sur l'écran resté sur une vue panoramique du lieu et l'autre sur le chiffre de l’appointement. Juste au-dessus des dernières lignes à remplir.
Fait à ------------, le ----------- en deux exemplaires originaux, chacune des parties ayant reçu un exemplaire.
L'employeur (ou son représentant légal) Le travailleur
Je tends la main vers le stylo-bille posé sur son sous-main. Il anticipe :
— Vous mettez la mention, lu et approuvé puis vous signer. Je fais une copie recto-verso de votre carte d'identité pour accompagner votre dossier et vous pouvez commencer votre valise… Ah ! lunettes et crèmes solaires, j’en suis jaloux ! plaisante-t-il.
Nous rions pendant que je griffe les papiers et que lui numérise les miens.
Une dernière poignée de main, un dernier mot et nous partons chacun de notre côté. Malgré le yo-yo émotionnel de l’après-midi, je suis plus que content de la clôture de la journée. Ma soirée va être excellente, je le sens.
***
Il fait un temps superbe à ma descente d’avion. Mon bagage de cabine, trolley tiré à ma suite, n’est pas bien lourd pour mes soixante jours de présence. Mais je me suis conformé au mail d’instructions reçu le soir même de mon engagement. Le strict minimum, trousse de toilette, objets personnels (ordi portable, chargeur.s, lunettes …) et petit change de voyage, puisque tout est prévu sur place – j’avais même dû indiquer pointure et mensurations à l’entretien – et qu’une buanderie m’est accessible. J’ai donc pris malgré tout, une dizaine de boxer, autant en paires de socquettes, deux shorts maillots et des espadrilles, en plus de ce que je porte – sweat à capuche, jeans et baskets - et qui resservira pour le retour.
Dans le hall d’arrivée, j’essaie de repérer la porte n°4, où l’on est sensé me récupérer pour la fin du trajet.
Debout à côté du portique, j’aperçois un homme d’une trentaine d’année maxi, que je suppose être la personne ad-hoc. Sourire aux lèvres, il me dévisage d’un air curieux, avant de lever la main et l’agiter dans ma direction. Il s’adresse à moi d’une voix chantante.
— Bonjour, tu dois être Frédéric, c’est ça ? Moi c’est Michael, Michael Abiteboul, l’intendant, mais tout le monde m’appelle Mika ! viens, notre ‘taxi’ attend. Me dit ce grand brun au physique de latin sportif.
Chemisette, bermuda et mocassins, tous en blanc, ressortent sur sa peau bronzée. Décontracté mais classe, on voit que ce qu’il porte n’est pas du prêt-à-porter et la Rolex à son poignet ne vient surement pas de Taïwan !
Je sors, le suivant dans ses pas rapides. On marche sur le tarmac en direction des hangars qui bordent les pistes. Le premier dépassé, nous bifurquons et j’ouvre grand les yeux… il se dirige droit vers un hélicoptère – un Robinson R44 - blanc et bleu Bic.
Il rit, en m’entendant siffler d’admiration et me dit en ouvrant la portière :
— C’est mon véhicule utilitaire, grimpe vite, j’ai profité de venir pour faire des courses et je voudrais les mettre au frais !
Harnachés et casqués, nous voilà en vol. J’admire le paysage qui défile sous nous. La ville se dilue rapidement et la vue change, devenant rurale puis de plus en plus accidentée, pendant qu’il me fait la conversation. Après les politesses d’usage « Bon vol ? » « le repas de midi était bon ? » « Pas trop fatigué ? » il me donne un peu plus d’informations :
— L’installation robotisée des tondeuses automatiques est incomplète, une portion du terrain n’est pas adaptée pour, mais les boss veulent garder la ‘rocaille’ et son allure sauvage tel quel. En leur absence je fais le travail avec la tondeuse à essence mais quand ils sont là, ce n’est plus possible. La maisonnée prend tout mon temps et comme il ne supportent pas le bruit du moteur… c’est à faire ‘à l’huile de coude’. La tondeuse manuelle à l’ancienne est opérationnelle, il manquait son moteur et c’est là où tu interviendras principalement. Sinon, c’est diverses bricoles qui ne nécessitent pas de grandes connaissances et, parfois, m’aider au service, s’ils reçoivent du monde. En dehors de ça, tu seras relax… je t’indiquerai les choses au fur et à mesure, ne t’inquiète pas ! Et la plage est très agréable…
— J’ai vu des photos assez impressionnantes de l’extérieur et la maison parait immense !
— Oui, je connais les clichés dont tu parles. La maison est quasiment divisée en deux. La partie à vivre au sud, la partie nuit au nord. Mais il y a aussi le sous-sol ; une salle de cinéma privée, un espace "bar/dancing", un spa, une salle de fitness et un studio photo… le domaine de Monsieur Marc, c’est son hobby !
Tu vois la colline devant nous ? c’est juste derrière, on se pose dans trois minutes.
La crête franchie, j’ai un aperçu du paradis. Du sable, des eaux cristallines et une végétation luxuriante ceinture les implantations humaines : murs blancs, sous des tuiles rouges et boiseries bleu lagon. C’est nettement plus spectaculaire que sur les photos – pourtant très alléchantes.
…
Le rangement express des courses suivit d’un tour de la propriété, m’apprend également que les patrons arrivent samedi sur l’ile, donc, j’ai trois jours pour m’acclimater « cool », selon mon guide.
…
Enfin, une heure plus tard, il m’amène "chez moi". Un beau petit pavillon, à une centaine de mètres du bâtiment principal, attenant à ce qui me semble être une remise ou un local technique. Passé la porte fenêtre, le choc, c’est un loft résolument moderne et superbement agencé. Aucun mur intérieur. C’est le mobilier qui délimite les espaces au sol, - exception faite du lit, visible sur la mezzanine au-dessus du salon - tout est ouvert, de la kitchenette tout équipée dans l’angle proche de l’entrée, à la division sanitaire dans l’angle opposé, seul le WC n’est pas visible, habilement camouflé derrière l’unique paroi du lieu – l’un des côtés de la belle douche à l’italienne, l’autre étant en verre transparent.
Mika regarde sa montre :
— Oh, il est déjà 19 heure passée. Je t’invite à te mettre à l’aise, pour piquer une tête dans la piscine avant le souper et terminer de faire connaissance. Demain matin tu seras mis au boulot, aujourd’hui, c’est prise de contact. J’en fait autant et je reviens !
Il part. Je vide ma valise en quinze secondes dans le premier tiroir venu. Je commerce à me déloquer quand mon regard est attirer par l’installation stéréo ; Une B.O., pas moins ! curieux, je joue quelques minutes avec l’appareil, le son est magnifique. Je fini enfin mon strip-tease intégral et range mes fringues
Au moment où je veux prendre mon maillot pour le mettre, Mika entre dans la pièce. Je reste bouche-bée, ne sachant que dire ou faire. Le fait d'être ainsi et aussi surpris m'a statufié.
Il est tout nu ! nu de chez nu... même sa montre n’est plus à son poignet.
J’ai beau avoir l’habitude de la nudité dans les vestiaires scolaires ou dans celui de mon club sportif… ça saisis !
Lui, pendant ce temps, a tout loisir d'admirer mon anatomie… je suis tellement ébahi que je ne pense même pas à cacher mes bijoux. Quand sa voix me sort de ma torpeur.
— C’est un beau bébé tout lisse que voilà ! Tu t’épile, ou c’est naturel ? me demande-t-il tout naturellement.
De fait, je suis totalement imberbe. Pas l’ombre d’un poil sur mon corps de nageur, on est tous ‘glabre’ au club. Lui, sa peau s’orne d’une sombre pilosité - soigneusement entretenue à l’entre-jambes.
— Tu n’as pas oublié de mettre ton maillot ? Sort de ma bouche, assez bêtement.
— Ben non ! le domaine est naturiste, je vais pas me couvrir le cul pour nager.
— Com-comment, naturiste ?! vous êtes tous tout… et tout le temps ??
— Évidemment et toi aussi… Il se marre, alors que moi je pique un fard.... Puis c'est dans le contrat, tu ne l'as pas lu ?
— Ben… non ! je réponds penaud et complètement largué.
— Aie, c'est noir sur blanc dans les clauses, l’un des alinéas stipule :
La nudité sera constante dans l'enceinte de la propriété, sauf cas autorités par l'employeur, port d’un vêtement spécifique à un travail donné, le temps de l'exécution de la tâche (par ex : un tablier de protection pour s'occuper du barbecue) ou une tenue - fournie - pour faire le service lors d’une réception. (par ex : un nœud papillon)
Je lui narre alors les circonstances m’ayant amené jusqu’ici et que, dans l’euphorie du moment, j’avais signé après une lecture en diagonale puis, dès que rentré, j’avais rangé le document sans en lire l’intégralité. Et que les mails donnaient un tas d’explications sans reprendre
— C’est sine qua non ! ils sont naturistes et demande au personnel d’être raccord avec eux, petite excentricité justifiée par un salaire royal. Me dis pas que tu vas renoncer pour ça !? non seulement tu perdrais tout mais de plus tu risques de devoir des dédommagements.
— … Ok, ok, je veux bien, j’ai pas trop le choix de toutes façons.
— Bonne résolution ! allez, jette-toi à l’eau, au propre comme au figuré ! rigole-t-il en prenant la direction de la piscine.
***
C’est le troisième jour que je vais me balader quequette au vent et je n’ai plus de soucis à porter de l’indice 30 pour seul vêtement. J’avais eu une ‘petite’ appréhension quand même !
Mais Mika, tant il est relax et naturel, m’a facilement mis à l’aise.
Bon, j’ai bu mon café et c’est l’heure du ‘pousse-pousse’, comme a été baptisé l’engin par Mika. J’ai deux heures pour finir la parcelle encore à l’ombre, après j’irais voir Mika pour lui filer un coup de main aux derniers préparatifs pour l’arrivée des patrons cet après-midi…
— Bonjour Frédéric ! arrive de mon dos,… ainsi que le bruit d’un déclic.
Mais… c’est pas le timbre de Mika ?! Je me retourne aussi sec.
J’ai à deux mètres de moi un géant blond… de deux mètres ! Une sorte de viking, trente/trente-cinq ans, souriant, solidement charpenté et à poils.
— Excuse-moi si je t’ai saisi ! je suis Marc, nous sommes arrivés, un peu en avance, cette nuit par bateau. Je t’ai vu par la fenêtre et je suis venu voir comment se passait tes débuts. Puis je voulais un cliché ‘sur le vif’ de notre nouvelle recrue ! dit-il, en me montrant l’appareil photo qu’il tiens. Tu veux voir ?
je n’ai toujours pas émis le moindre son qu’il est à coté de moi et met l’appareil sous mon nez.
— Joli, n’est-ce pas ? Bon, je te laisse continuer. Je papote, je papote et mon café m’attend. Mais on se revoit bientôt j’imagine ! rit-il, en retournant vers la maison.
Pas une parole n’est sortie de ma bouche, la tornade blonde ne m’en à pas laissé le temps.
J’aurais pu lui dire que le cliché me plaisait beaucoup…
Et à vous, ça vous plaît ??
Frédéric était assis dans la voiture de métro, en colère contre la vie. Il était prévu qu’il refasse la saison d’été, il (re)travaillait toujours dans ce restaurant fast food depuis qu’il avait l’âge d’être jobiste.
Cela avait été décidé après avoir fini le mois où il avait fait la plonge – Rigueur, initiatives, esprit d’équipe et bonne humeur, j’aime ça ! avait résumé le patron en, lui faisant l’annonce - puis repris à Noël en passant au comptoir et ainsi de suite, jusqu’à cette année puisqu’on le lui avait confirmé à Pâques. Il allait même prester les deux mois, comme assistant manager,
Son anniversaire tombant le 25 juin, il avait pu se présenter - ses 16 bougies à peine soufflées – pour un premier poste d’été et ses contrats avaient été reconduits de vacances en vacances, ayant fait ses preuves. Examens finis haut la main et ses 18 ans passé, guilleret, il était allé se présenter au tout nouveau gérant, — l’ancien ayant fait un sérieux AVC, une quinzaine plus tôt — il était censé commencer le surlendemain, lundi. Simple courtoisie… pensait-il !
Quelle désillusion !
Remontons d’une heure à peine…
Viré de mon poste sous prétexte de restructuration, j’en suis sans voix, sonné comme un boxer mit KO et sortant du ring. « Je comptai vous contacter fin de journée ou vous envoyer un mail dans la soirée, pour vous avertir. Mais c’est chose faite maintenant ! » m’avait asséné d’un ton sans chaleur, l’homme qui m’ouvrait la porte, signifiant la fin de l’entretien.
C’est Daniel qui, me voyant sortir du bureau, me rattrape dans la rue avant que je ne disparaisse dans la masse et m’explique la vraie raison :
— Ce salaud a mis son neveu à ton poste, dès sa prise de fonction il y a une semaine déjà et comme il ne veut pas de vague, il préfère se passer de toi, plutôt que de te garder à un autre emploi ! l’enfoiré aurait pu te prévenir plus tôt, quand même !!!
Après ce qui ressemble à un adieu résigné, je m’engouffre dans la bouche de métro qui va me ramener chez moi.
L’ampleur de la catastrophe ne me saute aux yeux qu’une fois assis dans le wagon. Le fumier vient de compromettre mon avenir, mes parents n’ont pas les moyens de subvenir d’avantages à mes études. Ils se saigneront déjà en payant les frais de ma scolarité et de mon logement près du campus, le superflu et la nourriture étant couverts par mon travail. Suffisamment bien, selon mes calculs, avant ce coup bas.
Que faire ?!
…
Plutôt que de continuer à ruminer mes malheurs, je décide de me changer les idées en lisant le journal qu’un quidam a abandonné dans la rame. Je survole les gros titres, lis les articles qui m’intéressent et fini par scruter les petites annonces… sait-on jamais !
L’une d’entre elles m’attire l’œil :
« Urgent, juillet et aout, besoin d’un homme à tout faire. 18/25 ans avec ou sans expériences pour propriété privée sur ile. Bonnes rémunérations, tous frais payés. Tel de l’agence : 06/ xx xx xx xx »
Je suis septique mais ma situation — et ma curiosité — font que je compose le numéro. Trois sonneries plus tard et un ‘allo’ masculin retentit à mon oreille.
Présentations, discussions et questionnements mutuels… en gros quand je raccroche ; un malheureux accident de moto pour le gars initialement prévu - ecchymoses et jambe dans le plâtre -, une petite ile de la méditerranée, principalement du jardinage et de l’entretien en extérieur, un cuisinier-majordome-régisseur vivant à l’année dans la résidence me chapeauterait, un contrat avec quelques exigences de confidentialités des propriétaires et surtout - ce que mon cerveau imprime en lettres fluos - pour jardiner au soleil, logé, nourri, blanchi, un salaire équivalent à deux années de ‘périodes vacances’ passées en dur labeur aux odeurs de fritures !
Dans la foulée je demande si un rendez-vous est possible et mon interlocuteur de me répondre sa disponibilité immédiate. Sinon l’adresse mail pour postuler mais bien moins efficace, me confie-t-il, pour ce genre d’offre.
Hasard ou coup de chance, je suis à proximité de ses bureaux. J’annonce que je peux arriver endéans les dix minutes et il me répond attendre mon passage, l’agence fermant dans une heure vingt, à 18 heures.
Douze minutes plus tard je pousse la porte d’un petit – mais assez luxueux - local d’intérim et un quadragénaire tiré à quatre épingles et tout souriant, me reçoit. Il m’invite à m’asseoir sur le siège faisant face à son bureau.
Je réponds à ses questions de tous ordres, alors qu’il semble me jauger discrètement. Il me dit que j’ai le profil requis mais précise que deux autres candidats sont en lice – des détails sur leurs disponibilités font que le contrat attend toujours une signature, il devrait le ou les revoir demain matin « le premier qui paraphe à gagner ! » conclu-t-il. Il tourne l’écran de son PC vers moi. Une splendide bâtisse sous un ciel d’azur, y est affichée et, avec le défilé des photos, il me fait l’historique, comme s’il voulait me la vendre :
— Construite en 1929, dans le style hacienda, la propriété fut établie sur une petite île volcanique au paysage atypique et surprenant par un milliardaire excentrique. Loin des accès au monde, cette maison simple, entourée de la nature - plage et mer d’un côté, végétation et montagne de l’autre - abrita les dernières années de ce Robinson des temps modernes.
Cachée dans son écrin de verdure, cette maison de plain-pied se compose entre autres, de six chambres, quatre salles de bains, une suite parentale, un appartement de fonction, un studio de gardien, une piscine de taille olympique, un terrain de tennis, un héliport et un ponton à bateaux.
Elle fut pendant des années louée aux fortunés de ce monde mais, il y a trois ans, une mauvaise gestion l’avait remise sur le marché et mes clients - jeunes millionnaires grâce à une start-up - ont eu un vrai coup de cœur personnel. Dix mois après son achat, la propriété était rénovée de fond en combles. Cachet et aspect, resté intact, elle abrite toutes les dernières technologies possible et imaginable. Hormis certains produits frais, l’ensemble a une autonomie minimale de six mois et une capacité de vingt personnes.
En soi, un réel paradis sur terre, version XXIème siècle ! Signez et vous partez mercredi matin par le vol de onze heures trente pour ce jardin d’Eden.
Je suis ébloui ; par son discours vendeur, par les clichés dignes de Paris Match, par l’offre de salaire et même par sa bonhomie… j’ai peur de rêver !
Il confirme, tout en me montrant sur le contrat qu’il vient d’imprimer, les paragraphes qu’il cite. Billets d’avion aller-retour et autres transports payés ; linges, chaussures et matériel fournis ; mise à disposition du studio et des installations y attendant ; boissons et nourriture à volontés + bonus : repas du midi et du soir concocté par le chef « pour lui, une bouche en plus ou en moins, vous comprenez » ; le salaire qui me donne le tournis quand j’apprends que le montant énoncé est net et non brut… « ça compense l’éloignement… entre autres ! vu l’urgence, vous voyez »
Il jette ostensiblement un regard sur la pendule. J’en fait de même et vois que huit minutes sont encore dans le compte à rebours.
J'hésite un instant… un tout petit instant… en louchant, un œil sur l'écran resté sur une vue panoramique du lieu et l'autre sur le chiffre de l’appointement. Juste au-dessus des dernières lignes à remplir.
Fait à ------------, le ----------- en deux exemplaires originaux, chacune des parties ayant reçu un exemplaire.
L'employeur (ou son représentant légal) Le travailleur
Je tends la main vers le stylo-bille posé sur son sous-main. Il anticipe :
— Vous mettez la mention, lu et approuvé puis vous signer. Je fais une copie recto-verso de votre carte d'identité pour accompagner votre dossier et vous pouvez commencer votre valise… Ah ! lunettes et crèmes solaires, j’en suis jaloux ! plaisante-t-il.
Nous rions pendant que je griffe les papiers et que lui numérise les miens.
Une dernière poignée de main, un dernier mot et nous partons chacun de notre côté. Malgré le yo-yo émotionnel de l’après-midi, je suis plus que content de la clôture de la journée. Ma soirée va être excellente, je le sens.
***
Il fait un temps superbe à ma descente d’avion. Mon bagage de cabine, trolley tiré à ma suite, n’est pas bien lourd pour mes soixante jours de présence. Mais je me suis conformé au mail d’instructions reçu le soir même de mon engagement. Le strict minimum, trousse de toilette, objets personnels (ordi portable, chargeur.s, lunettes …) et petit change de voyage, puisque tout est prévu sur place – j’avais même dû indiquer pointure et mensurations à l’entretien – et qu’une buanderie m’est accessible. J’ai donc pris malgré tout, une dizaine de boxer, autant en paires de socquettes, deux shorts maillots et des espadrilles, en plus de ce que je porte – sweat à capuche, jeans et baskets - et qui resservira pour le retour.
Dans le hall d’arrivée, j’essaie de repérer la porte n°4, où l’on est sensé me récupérer pour la fin du trajet.
Debout à côté du portique, j’aperçois un homme d’une trentaine d’année maxi, que je suppose être la personne ad-hoc. Sourire aux lèvres, il me dévisage d’un air curieux, avant de lever la main et l’agiter dans ma direction. Il s’adresse à moi d’une voix chantante.
— Bonjour, tu dois être Frédéric, c’est ça ? Moi c’est Michael, Michael Abiteboul, l’intendant, mais tout le monde m’appelle Mika ! viens, notre ‘taxi’ attend. Me dit ce grand brun au physique de latin sportif.
Chemisette, bermuda et mocassins, tous en blanc, ressortent sur sa peau bronzée. Décontracté mais classe, on voit que ce qu’il porte n’est pas du prêt-à-porter et la Rolex à son poignet ne vient surement pas de Taïwan !
Je sors, le suivant dans ses pas rapides. On marche sur le tarmac en direction des hangars qui bordent les pistes. Le premier dépassé, nous bifurquons et j’ouvre grand les yeux… il se dirige droit vers un hélicoptère – un Robinson R44 - blanc et bleu Bic.
Il rit, en m’entendant siffler d’admiration et me dit en ouvrant la portière :
— C’est mon véhicule utilitaire, grimpe vite, j’ai profité de venir pour faire des courses et je voudrais les mettre au frais !
Harnachés et casqués, nous voilà en vol. J’admire le paysage qui défile sous nous. La ville se dilue rapidement et la vue change, devenant rurale puis de plus en plus accidentée, pendant qu’il me fait la conversation. Après les politesses d’usage « Bon vol ? » « le repas de midi était bon ? » « Pas trop fatigué ? » il me donne un peu plus d’informations :
— L’installation robotisée des tondeuses automatiques est incomplète, une portion du terrain n’est pas adaptée pour, mais les boss veulent garder la ‘rocaille’ et son allure sauvage tel quel. En leur absence je fais le travail avec la tondeuse à essence mais quand ils sont là, ce n’est plus possible. La maisonnée prend tout mon temps et comme il ne supportent pas le bruit du moteur… c’est à faire ‘à l’huile de coude’. La tondeuse manuelle à l’ancienne est opérationnelle, il manquait son moteur et c’est là où tu interviendras principalement. Sinon, c’est diverses bricoles qui ne nécessitent pas de grandes connaissances et, parfois, m’aider au service, s’ils reçoivent du monde. En dehors de ça, tu seras relax… je t’indiquerai les choses au fur et à mesure, ne t’inquiète pas ! Et la plage est très agréable…
— J’ai vu des photos assez impressionnantes de l’extérieur et la maison parait immense !
— Oui, je connais les clichés dont tu parles. La maison est quasiment divisée en deux. La partie à vivre au sud, la partie nuit au nord. Mais il y a aussi le sous-sol ; une salle de cinéma privée, un espace "bar/dancing", un spa, une salle de fitness et un studio photo… le domaine de Monsieur Marc, c’est son hobby !
Tu vois la colline devant nous ? c’est juste derrière, on se pose dans trois minutes.
La crête franchie, j’ai un aperçu du paradis. Du sable, des eaux cristallines et une végétation luxuriante ceinture les implantations humaines : murs blancs, sous des tuiles rouges et boiseries bleu lagon. C’est nettement plus spectaculaire que sur les photos – pourtant très alléchantes.
…
Le rangement express des courses suivit d’un tour de la propriété, m’apprend également que les patrons arrivent samedi sur l’ile, donc, j’ai trois jours pour m’acclimater « cool », selon mon guide.
…
Enfin, une heure plus tard, il m’amène "chez moi". Un beau petit pavillon, à une centaine de mètres du bâtiment principal, attenant à ce qui me semble être une remise ou un local technique. Passé la porte fenêtre, le choc, c’est un loft résolument moderne et superbement agencé. Aucun mur intérieur. C’est le mobilier qui délimite les espaces au sol, - exception faite du lit, visible sur la mezzanine au-dessus du salon - tout est ouvert, de la kitchenette tout équipée dans l’angle proche de l’entrée, à la division sanitaire dans l’angle opposé, seul le WC n’est pas visible, habilement camouflé derrière l’unique paroi du lieu – l’un des côtés de la belle douche à l’italienne, l’autre étant en verre transparent.
Mika regarde sa montre :
— Oh, il est déjà 19 heure passée. Je t’invite à te mettre à l’aise, pour piquer une tête dans la piscine avant le souper et terminer de faire connaissance. Demain matin tu seras mis au boulot, aujourd’hui, c’est prise de contact. J’en fait autant et je reviens !
Il part. Je vide ma valise en quinze secondes dans le premier tiroir venu. Je commerce à me déloquer quand mon regard est attirer par l’installation stéréo ; Une B.O., pas moins ! curieux, je joue quelques minutes avec l’appareil, le son est magnifique. Je fini enfin mon strip-tease intégral et range mes fringues
Au moment où je veux prendre mon maillot pour le mettre, Mika entre dans la pièce. Je reste bouche-bée, ne sachant que dire ou faire. Le fait d'être ainsi et aussi surpris m'a statufié.
Il est tout nu ! nu de chez nu... même sa montre n’est plus à son poignet.
J’ai beau avoir l’habitude de la nudité dans les vestiaires scolaires ou dans celui de mon club sportif… ça saisis !
Lui, pendant ce temps, a tout loisir d'admirer mon anatomie… je suis tellement ébahi que je ne pense même pas à cacher mes bijoux. Quand sa voix me sort de ma torpeur.
— C’est un beau bébé tout lisse que voilà ! Tu t’épile, ou c’est naturel ? me demande-t-il tout naturellement.
De fait, je suis totalement imberbe. Pas l’ombre d’un poil sur mon corps de nageur, on est tous ‘glabre’ au club. Lui, sa peau s’orne d’une sombre pilosité - soigneusement entretenue à l’entre-jambes.
— Tu n’as pas oublié de mettre ton maillot ? Sort de ma bouche, assez bêtement.
— Ben non ! le domaine est naturiste, je vais pas me couvrir le cul pour nager.
— Com-comment, naturiste ?! vous êtes tous tout… et tout le temps ??
— Évidemment et toi aussi… Il se marre, alors que moi je pique un fard.... Puis c'est dans le contrat, tu ne l'as pas lu ?
— Ben… non ! je réponds penaud et complètement largué.
— Aie, c'est noir sur blanc dans les clauses, l’un des alinéas stipule :
La nudité sera constante dans l'enceinte de la propriété, sauf cas autorités par l'employeur, port d’un vêtement spécifique à un travail donné, le temps de l'exécution de la tâche (par ex : un tablier de protection pour s'occuper du barbecue) ou une tenue - fournie - pour faire le service lors d’une réception. (par ex : un nœud papillon)
Je lui narre alors les circonstances m’ayant amené jusqu’ici et que, dans l’euphorie du moment, j’avais signé après une lecture en diagonale puis, dès que rentré, j’avais rangé le document sans en lire l’intégralité. Et que les mails donnaient un tas d’explications sans reprendre
— C’est sine qua non ! ils sont naturistes et demande au personnel d’être raccord avec eux, petite excentricité justifiée par un salaire royal. Me dis pas que tu vas renoncer pour ça !? non seulement tu perdrais tout mais de plus tu risques de devoir des dédommagements.
— … Ok, ok, je veux bien, j’ai pas trop le choix de toutes façons.
— Bonne résolution ! allez, jette-toi à l’eau, au propre comme au figuré ! rigole-t-il en prenant la direction de la piscine.
***
C’est le troisième jour que je vais me balader quequette au vent et je n’ai plus de soucis à porter de l’indice 30 pour seul vêtement. J’avais eu une ‘petite’ appréhension quand même !
Mais Mika, tant il est relax et naturel, m’a facilement mis à l’aise.
Bon, j’ai bu mon café et c’est l’heure du ‘pousse-pousse’, comme a été baptisé l’engin par Mika. J’ai deux heures pour finir la parcelle encore à l’ombre, après j’irais voir Mika pour lui filer un coup de main aux derniers préparatifs pour l’arrivée des patrons cet après-midi…
— Bonjour Frédéric ! arrive de mon dos,… ainsi que le bruit d’un déclic.
Mais… c’est pas le timbre de Mika ?! Je me retourne aussi sec.
J’ai à deux mètres de moi un géant blond… de deux mètres ! Une sorte de viking, trente/trente-cinq ans, souriant, solidement charpenté et à poils.
— Excuse-moi si je t’ai saisi ! je suis Marc, nous sommes arrivés, un peu en avance, cette nuit par bateau. Je t’ai vu par la fenêtre et je suis venu voir comment se passait tes débuts. Puis je voulais un cliché ‘sur le vif’ de notre nouvelle recrue ! dit-il, en me montrant l’appareil photo qu’il tiens. Tu veux voir ?
je n’ai toujours pas émis le moindre son qu’il est à coté de moi et met l’appareil sous mon nez.
— Joli, n’est-ce pas ? Bon, je te laisse continuer. Je papote, je papote et mon café m’attend. Mais on se revoit bientôt j’imagine ! rit-il, en retournant vers la maison.
Pas une parole n’est sortie de ma bouche, la tornade blonde ne m’en à pas laissé le temps.
J’aurais pu lui dire que le cliché me plaisait beaucoup…
Et à vous, ça vous plaît ??
Sujet collectif :à chacun son histoire !!! (OS-TOUS GENRES-TOUS STYLES) (slygame.fr)
à chacun son histoire bis (mais ici ce sont des anciennes (g@y-tous styles) ) (slygame.fr)
La "hot" du père Noël ! (GAY-ADO-OS) (slygame.fr)
Piscine...et plaisir aqueux (OS-minet-gay) (slygame.fr)
-La tête dans les étoiles (aquatique)-(fanfiction - gay - humour) (slygame.fr)
à chacun son histoire bis (mais ici ce sont des anciennes (g@y-tous styles) ) (slygame.fr)
La "hot" du père Noël ! (GAY-ADO-OS) (slygame.fr)
Piscine...et plaisir aqueux (OS-minet-gay) (slygame.fr)
-La tête dans les étoiles (aquatique)-(fanfiction - gay - humour) (slygame.fr)