Chapitre VII (Suite)
Dans la voiture, Jade garde le silence. Elle s’est enfermée dans ses pensées. Eric gare sa Mercedes sur le parking du centre médical.
- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Non ça ira Eric. Attends moi ici, je ne veux pas t’embêter avec ça. Tu as bien d’autres chats à fouetter.
- Ça ne m’embête pas tu sais, sinon je ne te le proposerais pas.
- Bon d’accord.
Dans la salle d’attente, ils ne sont que tous les deux. Jade se tourne vers Eric, les larmes aux yeux.
- Je ne suis pas très rassurée. En fait, j’ai peur. Je suis une moins que rien. Je n’aurais pas dû venir ici. Qu’est-ce que je vais dire au médecin ? Que j’ai été battue, que j’ai été violée alors que tout le monde sait que je couche avec n’importe qui. Il va me rire au nez c’est tout ce que je vais gagner.
- Jade. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé réellement mais personne n’a le droit de lever la main sur une femme et encore moins d’abuser de son corps si elle n’est pas consentante. Un médecin ne porte pas de jugement. Il est là pour faire un diagnostic. Recenser les marques que tu peux avoir sur le corps et avancer une ou plusieurs hypothèses quant-à leurs origines. C’est tout. Son rôle s'arrête là.
- Oui mais je ne veux pas porter plainte. Je n’ai pas envie d’aller à la gendarmerie. Je vais perdre mon temps et on va me rire au nez.
- Pourquoi on te rirait au nez ?
- Tu comprends vraiment rien. J’ai déjà couché avec eux sans rien dire, plusieurs fois même... Enfin de nombreuses fois. Ce n’était pas toujours les mêmes personnes. Il y a trois jours, je ne voulais déjà plus mais ils ont tellement insisté que j’ai fini par me laisser faire et ils m’ont torturée, des trucs sado-maso que je n'imaginais même pas, des trucs de dingue. Hier soir quand ils ont voulu recommencé, je n’étais plus d’accord. J’en avais assez. Ils m’avaient fait trop mal alors j’ai dit stop. On arrête. Ça ne leurs a pas plu. Ils m’ont coincé dans un coin. Ils m’ont déshabillé puis ils m’ont arraché mes sous-vêtements et ils ont abusé de moi, au début chacun leur tour comme bon leur a semblé. Et comme ça ne suffisait pas, ils s’y sont mis tous les trois pendant que Lucas prenait des photos en rigolant. C’est ça que je vais raconter aux flics ?
- Jade. Il faut que tu comprennes que ce n’est pas parce que tu as dit oui avant que c’est oui pour toujours. Si tu décides que maintenant c’est "non", alors c’est "non". Et ceux qui passent au-dessus du "non" te forcent à avoir des rapports non consentis. C’est la définition pure et simple du viol. Tu as des traces sur ton corps. Si tu portes plainte, il y aura perquisition et les photos prises par Lucas viendront renforcer tes propos. Tu as tous les éléments pour faire arrêter ça. C’est à toi de voir.
- Oui mais vis-à-vis d’Annie …
- Annie, je ne suis pas certain qu’elle cautionne ce genre d’agissement.
- Entre pas certain et être sûr…. C’est son fils quand même. Ça m'ennuie de chambouler tout cela. Il faut que tu comprennes que ce n’est pas les rapports sexuels qui me gênent le plus dans cette histoire. C’est juste la douleur qu’ils m’ont infligée et la blessure morale qui va avec. Quand j’ai dit stop, c’était stop à la douleur, à la souffrance. Le sexe, je suis tellement habitué... Maintenant, je voudrais que tout ça s’arrête. Le pire, c’est que ce soir il faut que j’y retourne. Je n’ai pas d’autre endroit où aller.
- Tu peux rester chez Annie.
- Oui c’est cela. Si je dois ajouter le covid la-dessus, j’aurais droit à la totale. Non merci.
- Tu veux venir sur mon bateau ?
- Ça serait avec plaisir mais il y a déjà Chloé et on ne s’entend pas du tout toutes les deux. J’ai pas envie de quitter une galère pour en retrouver une autre.
- Enfin, ce n'est pas la même galère et en ce moment elle est avec son petit copain. Je ne l’a vois pas beaucoup et puis je pense qu’en lui expliquant elle comprendra.
- Tu es sûr que je ne vais pas déranger ?
- Évidemment que non Jade et puis c’est temporaire, le temps que les esprits s’apaisent.
- Bon c’est d’accord alors. Tu pourras m’accompagner pour que j’aille récupérer quelques affaires chez moi ?
- Oui pas de soucis.
Le médecin invite Jade à entrer dans son cabinet médical et le diagnostic est sans appel. Il a dénombré de multiples sévices corporels. En revanche, il n’a pas été en mesure de confirmer les violences sexuelles.
- Tu vois, pour la plainte, c’est même pas la peine d’y penser. Je laisse tomber.
- C’est toi qui décide Jade. Il faut que tu saches qu'avec le rapport du médecin tu as déjà un sérieux atout dans la main. Et si un jour tu as des regrets, tu as de mémoire une vingtaine d'années devant toi pour faire un dépôt de plainte pour viol.
- Tu es sûr ?
- Oui. On va chez toi ?
A l'appartement, il n'y a pas âme qui vive. Jade empile des vêtements dans une valisette et quelques affaires personnelles puis ils regagnent tous les deux le bateau au port.
- Il est super ton bateau. Je ne savais pas que tu avais une si jolie embarcation ? Tu sais que je ne suis jamais montée dans un bateau comme ça ? C’est beau, c’est luxueux, c’est surprenant. Il y a tout ce qu’il faut mais en modèle réduit. Les toilettes, la douche rikiki, le coin cuisine, et deux chambres. Merci Eric. Merci beaucoup pour ce que tu fais pour moi. Je suis vraiment touchée.
- T’inquiète. C’est naturel. Je vais appeler Lucas pour lui expliquer qu’il faut qu’il arrête ses conneries.
Dans la voiture, Jade garde le silence. Elle s’est enfermée dans ses pensées. Eric gare sa Mercedes sur le parking du centre médical.
- Tu veux que je vienne avec toi ?
- Non ça ira Eric. Attends moi ici, je ne veux pas t’embêter avec ça. Tu as bien d’autres chats à fouetter.
- Ça ne m’embête pas tu sais, sinon je ne te le proposerais pas.
- Bon d’accord.
Dans la salle d’attente, ils ne sont que tous les deux. Jade se tourne vers Eric, les larmes aux yeux.
- Je ne suis pas très rassurée. En fait, j’ai peur. Je suis une moins que rien. Je n’aurais pas dû venir ici. Qu’est-ce que je vais dire au médecin ? Que j’ai été battue, que j’ai été violée alors que tout le monde sait que je couche avec n’importe qui. Il va me rire au nez c’est tout ce que je vais gagner.
- Jade. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé réellement mais personne n’a le droit de lever la main sur une femme et encore moins d’abuser de son corps si elle n’est pas consentante. Un médecin ne porte pas de jugement. Il est là pour faire un diagnostic. Recenser les marques que tu peux avoir sur le corps et avancer une ou plusieurs hypothèses quant-à leurs origines. C’est tout. Son rôle s'arrête là.
- Oui mais je ne veux pas porter plainte. Je n’ai pas envie d’aller à la gendarmerie. Je vais perdre mon temps et on va me rire au nez.
- Pourquoi on te rirait au nez ?
- Tu comprends vraiment rien. J’ai déjà couché avec eux sans rien dire, plusieurs fois même... Enfin de nombreuses fois. Ce n’était pas toujours les mêmes personnes. Il y a trois jours, je ne voulais déjà plus mais ils ont tellement insisté que j’ai fini par me laisser faire et ils m’ont torturée, des trucs sado-maso que je n'imaginais même pas, des trucs de dingue. Hier soir quand ils ont voulu recommencé, je n’étais plus d’accord. J’en avais assez. Ils m’avaient fait trop mal alors j’ai dit stop. On arrête. Ça ne leurs a pas plu. Ils m’ont coincé dans un coin. Ils m’ont déshabillé puis ils m’ont arraché mes sous-vêtements et ils ont abusé de moi, au début chacun leur tour comme bon leur a semblé. Et comme ça ne suffisait pas, ils s’y sont mis tous les trois pendant que Lucas prenait des photos en rigolant. C’est ça que je vais raconter aux flics ?
- Jade. Il faut que tu comprennes que ce n’est pas parce que tu as dit oui avant que c’est oui pour toujours. Si tu décides que maintenant c’est "non", alors c’est "non". Et ceux qui passent au-dessus du "non" te forcent à avoir des rapports non consentis. C’est la définition pure et simple du viol. Tu as des traces sur ton corps. Si tu portes plainte, il y aura perquisition et les photos prises par Lucas viendront renforcer tes propos. Tu as tous les éléments pour faire arrêter ça. C’est à toi de voir.
- Oui mais vis-à-vis d’Annie …
- Annie, je ne suis pas certain qu’elle cautionne ce genre d’agissement.
- Entre pas certain et être sûr…. C’est son fils quand même. Ça m'ennuie de chambouler tout cela. Il faut que tu comprennes que ce n’est pas les rapports sexuels qui me gênent le plus dans cette histoire. C’est juste la douleur qu’ils m’ont infligée et la blessure morale qui va avec. Quand j’ai dit stop, c’était stop à la douleur, à la souffrance. Le sexe, je suis tellement habitué... Maintenant, je voudrais que tout ça s’arrête. Le pire, c’est que ce soir il faut que j’y retourne. Je n’ai pas d’autre endroit où aller.
- Tu peux rester chez Annie.
- Oui c’est cela. Si je dois ajouter le covid la-dessus, j’aurais droit à la totale. Non merci.
- Tu veux venir sur mon bateau ?
- Ça serait avec plaisir mais il y a déjà Chloé et on ne s’entend pas du tout toutes les deux. J’ai pas envie de quitter une galère pour en retrouver une autre.
- Enfin, ce n'est pas la même galère et en ce moment elle est avec son petit copain. Je ne l’a vois pas beaucoup et puis je pense qu’en lui expliquant elle comprendra.
- Tu es sûr que je ne vais pas déranger ?
- Évidemment que non Jade et puis c’est temporaire, le temps que les esprits s’apaisent.
- Bon c’est d’accord alors. Tu pourras m’accompagner pour que j’aille récupérer quelques affaires chez moi ?
- Oui pas de soucis.
Le médecin invite Jade à entrer dans son cabinet médical et le diagnostic est sans appel. Il a dénombré de multiples sévices corporels. En revanche, il n’a pas été en mesure de confirmer les violences sexuelles.
- Tu vois, pour la plainte, c’est même pas la peine d’y penser. Je laisse tomber.
- C’est toi qui décide Jade. Il faut que tu saches qu'avec le rapport du médecin tu as déjà un sérieux atout dans la main. Et si un jour tu as des regrets, tu as de mémoire une vingtaine d'années devant toi pour faire un dépôt de plainte pour viol.
- Tu es sûr ?
- Oui. On va chez toi ?
A l'appartement, il n'y a pas âme qui vive. Jade empile des vêtements dans une valisette et quelques affaires personnelles puis ils regagnent tous les deux le bateau au port.
- Il est super ton bateau. Je ne savais pas que tu avais une si jolie embarcation ? Tu sais que je ne suis jamais montée dans un bateau comme ça ? C’est beau, c’est luxueux, c’est surprenant. Il y a tout ce qu’il faut mais en modèle réduit. Les toilettes, la douche rikiki, le coin cuisine, et deux chambres. Merci Eric. Merci beaucoup pour ce que tu fais pour moi. Je suis vraiment touchée.
- T’inquiète. C’est naturel. Je vais appeler Lucas pour lui expliquer qu’il faut qu’il arrête ses conneries.
- °° -