28-07-2020, 05:35 PM
CHAPITRE XLV
''Absolutum dominium''
Le geste de Burydan n'était pas irréfléchi.
Galbatorix n'était pas censé devenir Duc. Fils d'un bourgeois étoffé, son père l'avait envoyé dans les meilleures écoles. Il entra donc dans l'administration ducale par la petite porte en tant que simple scribe.
Doté d'une capacité de travail étonnante, très ménager des puissants qui pouvaient faire avancer sa carrière, il gravit rapidement les échelons jusqu'à devenir conseiller de Philibert III, le duc précédent, puis nommé par celui-ci Grand Chambellan.
Pour remercier son bienfaiteur, Galbatorix fit donner une immense fête, avec mets délicats, picrates délicieux, danseuses et musiciens. Le Duc Philibert, sa première épouse et ses cinq enfants y assistèrent.
Dans la nuit, ils furent tous pris de violents maux de ventre. Les médecins furent appelés et préconisèrent la purgation et la saignée. La purgation était inutile, les malades étant pris d'un flux de ventre continu, et la saignée ne contribua qu'à les affaiblir un peu plus. Les médecins prouvèrent que son maître avait raison :
- Kohai, les médecins, cette funeste engeance, tuent plus de gens que les maladies qu'ils sont censés combattre.
Le Duc, sa première épouse et ses cinq enfants moururent au petit matin, dans d'atroces souffrances.
On cria à l'empoisonnement et tous les regards se tournèrent vers Galbatorix. Mais comme le voulait la loi, en tant que grand Chambellan, c'était à lui de diligenter une enquête sur ces morts plus que suspectes.
Sur une dénonciation anonyme, Ravaillac, un garçon de dix-neuf ans, un peu simplet, et qui avait servi à la table du banquet, fut arrêté. Mis à la question ordinaire et extraordinaire, il avoua l'empoisonnement et dénonça les commanditaires : le prince Filip, le prince Deucalion et le prince Morbrax.
Tous les trois étaient les frères de Philibert et les seuls prétendants possibles au trône. Et le fait que les juges, tous les cinq devant leur carrière et leur fortune à Galbatorix, aient entendu Ravaillac à huis-clos, laissa planer un grand doute sur la véracité de ses aveux.
Mais Galbatorix ne se démonta pas. Il fit arrêter les trois frères de Philibert. Les mêmes juges, à la suite d'un procès expéditif, condamnèrent Ravaillac à une mort atroce en tant que régicide et les trois frères de Philibert, en tant que nobles, à la décapitation. Leurs biens furent, de plus, confisqués et leurs familles bannies.
Le trône était donc vacant. C'est alors que Galbatorix abattit sa dernière carte Un testament du Duc Philibert le désignant lui comme son successeur s'il n'y avait personne pour monter sur le trône. Cette lettre fut jugée comme authentique par un collège d'experts qui devinrent extrêmement riches par la suite, Galbatorix les gratifiant d'une rente plus que confortable à vie.
Beaucoup de grands seigneurs se rebellèrent, criant à la conspiration, au meurtre, à l'usurpation etc... Ils furent tous arrêtés et tous condamnés, qui pour malversation financières, qui pour avoir, on ne sait pas trop comment, été complice du meurtre du Duc et de sa famille, et un même pour sorcellerie et brûlé vif. Les autres nobles se le tinrent pour dit. Qui accepte Galbatorix pour Duc a la vie sauve et peut même obtenir de lui charges, titres et pécunes, qui remet en doute sa légitimité se retrouve sur l'échafaud.
Galbatorix fit le ménage au sein de l'administration ducale, renvoyant tous les plus fidèles fonctionnaires de Philibert, les femmes de son harem furent vendues comme esclaves ou envoyées aux arènes.