28-07-2020, 05:30 PM
CHAPITRE XLI
''Multi sunt vocati, pauci vero electi''
Alors qu'il sortait de ''La Grenouille assoiffée'', Burydan tomba sur une affiche :
Son Altesse le Duc Galbatorix Ier
recherche de nouveaux chasseurs de prime.
Si vous savez vous battre et manier une arme
présentez vous au poste de la milice de Hurlevent
le mardi 15 à partir de 08h00
''Tiens, pourquoi pas, se dit Burydan, ça ou autre chose...''
Le mardi il ceignit son épée et se dirigea vers Hurlevent. Deux gardes l'arrêtèrent.
- Je viens pour l'annonce... les chasseurs de prime...
- Entre. Tout de suite à droite.
Burydan entra, tourna à droite et pénétra dans le poste de la milice. Deux hommes étaient assis derrière une table. Il s'approcha.
- C'est quoi ton nom ?
- Bonjour... euh... Burydan...
- Burydan comment ?
Burydan ne voulait pas donner son nom de famille. Ce nom ne représentait plus rien pour lui.
- Burydan... tout court...
L'homme le regarda et haussa les épaules.
- Arme ?
- Pardon ?
- Avec quoi tu te bats ?
- L'épée.
- Bien, vas dans la pièce d'à côté et attends ton tour.
Burydan entra dans la-dite pièce. Il vit qu'il y avait déjà une dizaine de personnes, certains portant une hache de guerre ou une épée. Il s'assit sur une chaise et attendit.
Une porte s'ouvrit et un garde apparut :
- Au premier !
Un homme d'une trentaine d'années, long et fin et armé d'une épée courbe, se leva et suivit le garde. Au bout que quelques secondes, on entendit un cri rageur, un cliquetis de métal, un nouveau cri, de douleur cette fois, puis plus rien.
La porte s'ouvrit de nouveau et le même garde cria :
- Brancardiers !
Deux hommes tenant un brancard entrèrent et ressortirent. Un corps était sous un drap, une grande tache rouge se formant au niveau de son torse.
- Suivant !
Un homme, portant une hache de guerre, s'avança. Nouveau cri rageur, nouveau cliquetis de métal, nouveau cri de douleur.
- Brancardiers !
L'homme n'était pas mort, mais hurlait de douleur en tenant son bras. Ou plutôt ce qui restait de son bras, tranché net à mi hauteur.
- Suivant !
Quatre hommes passèrent et ressortirent mutilés. Ceux qui attendaient déguerpirent et Burydan resta seul.
- Suivant !
Burydan se leva et entra. Trois hommes étaient derrière une table.
- Ton nom ?
- Burydan.
- Ce n'est pas ton tour... où sont les autres ?
- Partis... je suis le dernier...
- Je vois, dit l'homme avec un petit sourire. Garrock !
Un homme sortit d'une pièce attenante. Il était immense, son torse nu énorme et couvert de cicatrices, ses biceps faisaient la taille des cuisses de Burydan qui, pourtant, n'étaient pas fines. Il manipulait une énorme hache à double tranchant comme si elle ne pesait rien, alors que Burydan savait que ces armes étaient extrêmement lourdes.
- Garrock, voici ton nouvel adversaire...
- Quelles sont les règles ? demanda Burydan.
- On s'arrête au premier sang... répondit l'homme avec un nouveau sourire.
Garrock sourit également, exhibant les deux dernières dents qui lui restaient. Il leva sa hache et poussa un rugissement en se précipitant vers Burydan Celui-ci, surpris, eut juste le temps de faire un pas de côté, et il sentit la hache frôler son épaule. Il se mit en garde. Garrock, emporté par son propre poids se retourna et attaqua de nouveau. Burydan para avec son épée, mais faillit lâcher son arme sous la violence du choc. Il devait miser sur l'adresse et la rapidité. Il se remit en garde et attendit. Garrock se rua de nouveau sur lui, et tout se passa en une fraction de seconde. Burydan virevolta et Garrock, toujours emporté par son poids, se retrouva derrière lui, et resta figé. Burydan rengaina son épée. L'homme, derrière la table le regarda, intrigué, et la tête de Garrock tomba et roula. Son corps s'affala en faisant gicler des gerbes de sang sur le sol.
Tous regardèrent Garrock, puis Burydan, incrédules...
- Mais... mais... tu l'as tué ! Gardes, arrêtez le.
Une douzaine d'hommes armés de piques entourèrent Burydan.
- Je t'avais dit au premier sang...
Burydan ne comprenait pas. Ce Garrock avait tué un homme et mutilé quatre autres, mais c'est lui qu'on arrêtait. Il jaugea la situation. Douze hommes... ça faisait beaucoup trop. Il se laissa donc désarmer et emmener dans les geôles ducales.
On le poussa dans une cellule. Il vit qu'il y avait un homme, gros et grand assit sur l'un des deux bancs de pierre, alors que cinq autres étaient assis à même le sol. Burydan s'assit sur l'autre banc.
- C'est ma place ! dit le gros.
Burydan se poussa un peu.
- Ça aussi c'est ma place !
Burydan ne bougea pas.
- Tu entends, les bancs, c'est ma place. Toi, c'est par terre.
Burydan ne bougea toujours pas. Le gros se leva et se dirigea vers lui. Il tenta de l'attraper par le col, mais Burydan lui attrapa le poignet et le retourna en lui faisant une clef de bras. Le gros se mit à hurler de douleur.
- Écoute moi bien, gros tas, j'ai eu une mauvaise journée, alors tu vas t'asseoir et fermer ta grande gueule et moi je ne te péterai pas le bras, c'est clair ?
- Oui... oui... aïe... arrête...
- Dis ''c'est clair''...
- C'est... c'est clair... c'est clair...
Burydan le lâcha et le gros retourna s'asseoir en massant son épaule. Il lui lança un regard de haine pure. ''Et bien, se dit Burydan j'ai intérêt à ne dormir que d'un œil, sinon il n'hésitera pas à me tuer pendant mon sommeil.''
Deux heures plus tard, la porte de la cellule s'ouvrit et l'un des geôliers entra :
- C'est qui Burydan ?
- Moi.
- Debout et suis moi.
Burydan se leva et sortit. Deux gardes habillés tout en noir s'approchèrent et lui lièrent les mains dans le dos avant de le conduire vers une petite pièce. Derrière une table se trouvait un homme.
Il était grand, le front haut, une fine moustache noire et une mouche de poils sous la lèvre inférieure et des cheveux noirs lui tombant jusqu'aux épaules. Il était vêtu de blanc et son pourpoint était parsemé de pierreries de fils d'astrium.
Burydan était face à Galbatorix Ier, le tout puissant Duc de Brittania.