28-07-2020, 05:29 PM
CHAPITRE XL
''Et in Arcadia ego'' (1)
Burydan arrêta son cheval en haut d'une des cinq collines qui entouraient La capitale de Brittania. Ank'Arat, la cité gigantesque, peuplée de plus de 300 000 habitants.
Burydan regardait les hauts murs d'enceinte, les cinq portes monumentales et, au milieu de la ville, Hurlevent, le castel fortifié, la cité interdite, siège de toute l'administration ducale et là ou vivait Galbatorix, le tout puissant Duc.
Burydan emprunta une des routes qui menaient vers l'une des portes. La voie était embarrassée par un concours immense de charrettes, de chevaux et de gens à pied. Les cochers s'insultaient, se donnaient même des coups de fouet, les chevaux ruaient, les enfants couraient au risque de se faire piétiner, les femmes et les hommes clabaudaient à voix forte.
Devant lui, un petit homme chenu, les cheveux de neige, trottinait sur une mule. Trois cavaliers commencèrent à le bousculer, sous prétexte qu'il n'avançait pas assez vite, l'un d'eux allant même jusqu'à toquer son chapeau, le faisant tomber dans la poussière du chemin. Et Burydan n'aimait pas qu'on s'en prenne à plus faible que soi.
Il tira son épée, se fraya un chemin dans la presse, et fondit sur les trois drôles en hurlant. Le voyant ainsi se jeter sur eux l'épée au clair, les trois fuirent, sans réussir à éviter totalement les platissades de son épée. Il se pencha dextrement de son cheval, ramassa le chapeau et l'épousseta avant de la tendre à l'homme.
- La grand merci à toi, l'ami.
- Ça va ? Rien de cassé ?
- Non, non. Sauf peut-être mon amour propre...
Il avait une voix basse et profonde. Ses yeux étaient d'un bleu étincelant et pétillaient d'intelligence. Il regarda Burydan en souriant :
- Je me nomme Anselme...
- Burydan...
- Et bien bienvenu à Ank'Arat, Burydan. D'où viens-tu ?
- Menast'Hérit
- Ah, le bord de mer... je devrais y aller, cela ferait du bien à mes pauvres vieux os...
- Qu'est-ce qui vous en empêche ?
- Les heures...
- Pardon ?
- Les heures... il n'y en a que 24 dans une journée, et cela me suffit à peine pour bien faire mon travail... alors des vacances...
- Que faites-vous comme travail ?
- Je travaille dans l'administration...
- Oh... et ça vous plaît, on dit que le Duc est...
- Ne termine pas cette phrase, mon enfant. Critiquer le Duc est passible de la corde, et à Ank'Arat, même les murs ont des oreilles...
- Quoi, des espions ? Dans sa propre capitale ?
Anselme fit un sourire énigmatique à Burydan. Celui-ci changea de sujet.
- Êtes-vous d'Ank'Arat ?
- Depuis ma naissance, c'est-à-dire il y a un très longtemps...
- Et...
Mais il ne put poursuivre, le chemin se désengorgea un peu et Burydan voulut en profiter.
- File, dit Anselme, et bon séjour à Ank'Arat...
- Merci...
Burydan lui fit un petit salut et se faufila. Les gardes de la porte le regardèrent passer, l’œil morne.
- Bon, tout d'abord, trouver une auberge...
Il quitta les rues trop fréquentées et surtout trop bruyantes et s'enfonça dans la ville. Il se décida pour une auberge à la façade rose qui s'appelait ''La Grande Bouffe''. Il démonta et vit un grand garçon de 12 ou 13 ans venir à sa rencontre.
- Vous allez prendre une chambre à l'auberge, m'sieur ?
- Euh, oui, sans doute...
- Vous voulez que je m'occupe de votre cheval ?
- Euh, oui...
- Très bien, vous direz à l’aubergiste que votre cheval est à l'écurie...
- Très bien... euh, tu t'appelles ?
- Gauthier m'sieur...
- Et bien merci Gauthier.
Burydan entra. Tous les clients cessèrent leur conversation et regardèrent dans sa direction.
- Et alors, vous n'avez jamais vu un voyageur ? dit une femme haute comme trois pommes, la poitrine généreuse, un visage rond et avec un peu d’embonpoint.
Elle fit un immense sourire à Burydan :
- Bienvenu à toi, joli garçon, je suis Eugénie, la patronne de céans. Ne fais pas attention à ces rustres, ils sont sots, certes, mais point méchants... - Comment ça sots ? dit un homme à une table...
Eugénie se tourna comme si serpent l'avait piquée, mit les mains sur les hanches et dit :
- Tu as quelque chose à dire, Simon ?
Le ton qu'elle employa fit baisser les yeux au-dit Simon, qui marmonna un
- Non, non...
- J'aime mieux ça...
Elle se retourna vers Burydan et lui sourit de nouveau :
- Alors, pour manger ou pour dormir, mon mignon ?
- Les deux, madame.
- Point de madame ici, appelle moi Eugénie, comme tout le monde. Basile ! Où es-tu ?
- Ici, ici. Inutile de hurler...
- Voici Basile, mon mari. Monsieur veut une chambre...
- Suivez moi...
Basile mena Burydan au premier étage et lui ouvrit une porte. La chambre était simple, mais extrêmement propre et la fenêtre donnait sur le potager, derrière l'auberge, au calme.
- Le dîner est servi à partir de 7 heures, le petit déjeuner à partir de 6 heures et le déjeuner à partir de midi...
- Euh, très bien, merci. Gauthier m'a dit de prévenir le patron que mon cheval était à l'écurie...
- Le patron ? Avec une femme comme la mienne, je n'ai de patron que le nom... mais je l'aime, que les dieux me viennent en aide...
Il poussa un profond sourire et laissa Burydan s'installer. Une fois ses affaires rangées, il descendit.
- Mad... euh, Eugénie, y a-t-il des bains dans les environs ?
- Oui da, sors et prends la rue à ta senestre, et tu tomberas dessus...
- Merci...
Burydan prit un bain, mangea une nourriture délicieuse, arrosa le tout d'un bon picrate et dormit comme un yamame (2) dans des draps frais et propres. Les prix de l'auberge étaient corrects, et le petit pécule qu'il avait lui permettrait de vivre pendant quelques temps sans problème.
Il était... morose. Il ne savait pas quoi faire de sa vie. Il ne savait que se battre à l'épée et ce n'était pas un métier.
Pendant trois semaines, Burydan visita Ank'Arat du Nord au Sud et d'Est en Ouest. Il prit ses habitudes dans une taverne proche de Hurlevent, ''La Grenouille Assoiffée'', ou il clabaudait avec les clients, buvait quelques chopines et jouait aux cartes. Mais Burydan s'ennuyait.
Il se renseigna auprès du tavernier où se trouvait la rue des bordels. Celui-ci sourit et lui dit :
- Rue du Chantre...
Il lui indiqua le chemin. Burydan espérait que c'était comme à Menast'Hérit Et c'était le cas. Même dans la capitale du Duc, à quelques pas de Hurlevent, des garçons vendaient leurs corps, malgré la loi.
Burydan s'approcha d'un petit minet de 15 ou 16 ans. Brun, fin avec une belle petite gueule...
- Combien ?
- 10 sols pour ma bouche, 15 pour mon cul... et tu payes l'auberge.
Burydan paya les 15 sols et ils allèrent à l'une des auberges de passe.
- Je m'appelle Farouk, et toi ? - Fous toi à poil, dit Burydan.
Il avait envie de baiser, pas de parler.
Le minet se le tient pour dit et se déshabilla.
- A genoux !
Farouk obéit. Burydan s'approcha de lui et se déshabilla à son tour. Il saisit sa tête et l'écrasa contre son sous-vêtement.
- Bouffe !
Le minet frotta doucement son visage contre la queue raide qu'il sentait sous l'étoffe.
- J'ai dit bouffe !
Farouk commença à lécher et à mordiller la bite dure. Après un petit moment, Burydan le repoussa et sortit sa queue raide.
- Allez, suce !
Le minet saisit la bite, la décalotta, ouvrit la bouche et avala le gland. Burydan le saisit par les cheveux et l'obligea à prendre toute sa bite. Le minet toussota, crachota et se recula pour reprendre un peu d'air, en regardant Burydan d'un air outré.
- Je ne t'ai pas dit d'arrêter...
- Laisse moi juste... mmmmm
Burydan venait de lui refourrer sa bite et lui baisait durement la bouche. Il l'enfonçait au fond de sa gorge en l'étouffant à moitié.
Il ressortit sa queue au bout d'un moment, toute dégoulinante de salive.
- Sur le lit, à quatre pattes !
Farouk obéit. Il était à peine en position que Burydan appuya fortement entre ses omoplates et lui dit :
- Je vais te baiser, hein, tu sais que je vais te baiser... tu vas la sentir ma bite...
Il déflora le minet d'un seul coup de reins, et Farouk cria de douleur, en empoignant les draps.
- Arrête, arrête, c'est trop d'un coup, c'est...
- Ta gueule, salope. Tu gueuleras assez quand je te démontrai...
Et Burydan le démonta. Durement. Brutalement. Il lui claquait les fesses violemment en l'insultant. Farouk criait et gémissait, mais pas de plaisir. Et Burydan continuait à le marteler, à le pilonner. Quand il sentit qu'il allait jouir, il se retira et retourna le minet sur le dos. Il crapahuta jusqu'à son visage et dit :
- Ouvre la bouche, petite chienne !
Farouk refusa, et une gifle le fit obéir. Burydan lui éjacula au visage et dans la gorge.
- Allez, avale, petite salope, avale mon foutre...
Burydan s'affala sur le lit.
- Rhabille toi et barre toi...
Farouk n'osa même pas le regarder. Il se rhabilla et, le cul endolori, il partit.
Burydan sortit de l'auberge, rentra dans la sienne, fit une petite toilette et, nu, se coucha sur son lit.
''Pourquoi je l'ai baisé comme ça ?'' se demanda-t-il.
Pour le punir. Le punir de ne pas être Darren, le punir de ne pas être Martouf. Pour le punir d'être en vie. Pour évacuer toute la colère qu'il avait en lui d'avoir perdu à tout jamais les deux garçons qu'il avait aimé à perdre la raison.
Ne plus jamais s'attacher. Plus jamais. Baiser et c'est tout.
Il se méprisait, comme il méprisait ses clients violents. Il ne valait pas mieux qu'eux. Il ne valait pas mieux que son père. Il était un moins que rien. Mais, à chaque fois, il recommençait. A chaque fois, il était violent et brutal. Il se rappela une phrase dans le journal de son maître, il l'avait écrite quand il avait été mercenaire : ''je vois le bien, je l'aime, et je fais le mal''.
Et Burydan faisait le mal aux minets qu'il payait. Il leur faisait mal.
(1) Et in arcadia ego : anagrams = ars magna... I tego arcana dei
(2) Yamame : petit rongeur au pelage gris, hibernant et frugivore. Très semblable au loir.