04-11-2020, 08:15 PM
L'or des Scythes (2/2)
— Qu’est-ce qu’elle a voulu dire, là ? demanda Armel quand elle les eut quittés.
— Qu’elle se mêlait de nos oignons… comme les vieux ! Troulala, troulala, marie-te, marie-tu, avec mi, avec moi !... chanta alors Vincent sur un air sûrement de sa composition.
— Oh ! T’es fou, toi !
— On a le droit de se marier, non ? Et on est majeurs, non… itou ?
— Ben oui, mais… c’est à l’Université et à l’Institut d’en décider ?
— Un point pour toi !... On est libre de pas s’aimer, c’est vrai aussi.
Il y eut lors un petit silence vaguement gêné. Enfin rompu par Vincent :
— Mais on est libre d’être amis, aussi, non ?
— Ben… murmura Armel, non, on n’est pas libres, parce que… on est obligés d’être amis, justement !
— Oh, toi ! fit vivement Vincent en passant le bras sur l’épaule d’Armel (car on était posés sur la banquette), et en tournant vers lui un visage rayonnant. Oui, amis !
— T’es pas obligé, pourtant, souffla Armel.
— Quoi ? Refuser ton amitié ne serait que faiblesse et même… veulerie de ma part !
— Pas de grands mots…
— Le pire des grands mots serait : « Non » ! J’ai eu la meilleure idée de ma vie en te proposant cette expo, et si j’ai maintenant le moindre reliquat d’intelligence, alors je suis obligé de t’offrir mon amitié… et je le fais avec plaisir, tu sais !
Armel ne sut que dire, alors… On ne se regardait pas, et Vincent enfin osa :
— On va ailleurs ?
— Où ?
— Dans notre nouvelle vie ?
Armel dut réprimer un immense frisson. Ce dont il avait envie, alors, alors… il ne pouvait se le dire, mais…
On quitta le salon de thé, et l’on marcha un temps au bord de la rivière, sans parler. Et là… Là !
On tomba sur le nommé Antoine. Saisi, Armel fit les présentations, et Antoine pria immédiatement ces jeunes gens chez lui, à deux pas… tandis que Vincent faisait un peu la gueule.
Mais Armel lui tapota l’épaule, de façon à le rassurer… Chez Antoine, on n’eut pas droit au thé, mais au champagne.
— Je comprends maintenant ce que m’a dit le grand-père, vous concernant : vous allez vraiment bien ensemble !
— Toi aussi ! fit vivement Vincent. L’Académie, l’Université, et même le privé !
— Pardon ? sursauta Antoine.
Et Vincent, remonté, d’éclairer le fin Antoine, qui s’excusa en rigolant.
— Du coup… ça me donne le droit de vous faire la cour… séparément… ou ensemble ?
Les minets se regardèrent, saisis. Ils ne s’attendaient pas à celle-là !
Antoine resta discret et parla des deux académiciens en des termes fort comiques, ce qui détendit l’atmosphère. Et puis on lui raconta le succès de l’exposé. Il en fut hautement réjoui, et la séance ne s’éternisa pas.
Mais, au moment de partir et de se faire la bise, Antoine souffla à Armel :
— On s’appelle ?
Un sourire lui répondit.
— Comment tu le trouves, ce mec ? demanda Vincent, dans la rue.
— Très charmant, oui ! Et super sympa, oui aussi !
— Et… s’il te fait la cour… tu marches ?
— Faudra qu’il assure ! Et qu’il me convainque que je suis gay, surtout !
— Parce que…
— Ben non, pas du tout ! Et… toi ?
— Pareil. Alors… on pourrait s’amuser à le voir venir.
— Ouais, pourquoi pas ? C’est pas le genre à nous casser la gueule, je crois !
— Tu… me raconteras ? demanda Vincent.
— Ouais… si toi aussi !
Pourquoi Armel sut-il qu’il mentait, à cet instant ? Oui, le grand, fin et bel Antoine avait tout pour lui plaire, ou du moins pour l’entraîner sur des chemins… où il avait déjà posé le pied, en son élégante, délicate… et bien montée compagnie.
Et sûr qu’il n’avait pas envie de s’en priver, de ces plaisir-là ! Au reste, il avait un message d’Antoine avant de rentrer chez lui. Avec rendez-vous immédiat… et chaud.
— Tu vas draguer aussi Vincent ? demanda Armel, après la douche.
— Oui, bien sûr ! Il est craquant, non ? Sauf… Sauf si… t’as des vues sur lui. Comme tout le monde… je crois que vous allez bien ensemble, mais que vous ne vous êtes pas encore rencontrés.
— Et… si on n’était pas gay, nous ?
— Ah ! Ah ! Ah ! explosa Antoine. Ça ferait la une du journal de vingt heures, toutes chaînes confondues, ça, ah ! Ah ! Ah ! Même en Mongolie Extérieure, ah ! Ah ! Ah !
Armel baissa le nez, et Antoine lui prit la main.
— T’embête pas, mon grand garçon. Je me mêle de ce qui ne regarde personne d’autre que vous, mais… je crois que vous vous rencontrerez, Vincent et toi.
— Alors tout le monde pense que nous sommes gay, n’est-ce pas ?
— Ce n’est pas à tout le monde de penser à votre place, et… encore moins d’aimer !
— Aimer !… Oh…
Antoine se r’empara de la fluide beauté d’un Armel un peu désemparé, et ce jeune homme en aima la douceur.
— Armel… Je dis rien à Vincent, si tu veux pas.
— Oh… Si !
— Sûr ?
— Moi… jamais j’oserai lui parler de quoi que ce soit, et si toi… sans parler de moi…
— Compris.
Et ce fut en de bien tendres effusions qu’on se sépara. Mais Armel n’était pas à son aise : il venait de déléguer à un autre le soin de faire ses propres aveux à… À qui, d’ailleurs ? L’aimait-il, ce Vincent qu’il ne connaissait mie, après tout ?
Certes, ce garçon avait tout pour enflammer une jeune âme comme la sienne, si vierge de tout emportement, mais… Vincent !
Il eut du mal à s’endormir, ce soir-là, ce fin jeune homme. Car il regretta d’avoir donné mandat à Antoine…
Le lendemain, en début d’après-midi, il voyait évidemment Vincent… où l’on ne se parla de rien. On causa de mille choses intéressantes, pour les deux, mais… Enfin, alors qu’on se quittait, Vincent souffla, en regardant ailleurs :
— Des nouvelles d’Antoine ?
— On s’est vus hier. Sympa, oui. Tu… vas le voir, toi ?
— S’il m’en prie. Mais tu as l’avantage, je crois !
— Non ! Je crois pas !
À cet instant précis zinzinula le portable de Vincent… Antoine. Qui priait Vincent à l’instant même, si possible.
— Je… Je… bafouilla Vincent, suis avec Armel.
Et Vincent interrogea Armel du regard, et Armel lui fit « oui ».
— Il veut qu’on vienne tous les deux, fit Vincent.
— Ah ! J’avais pas compris ça…
— Viens ! Sinon jamais j’oserai, moi !
— Vincent ! C’est un mec super sympa et super réglo et... tu risques rien, si tu veux rien !
— Oh, ça… Je sais pas franchement ce que je veux, là… avoua Vincent en baisant le museau.
— Je viens avec toi, bien sûr. Vincent… Tu comptes sur moi, hein ? Il me passera sur le corps avant de te violer !
— Oh !... Ah ! Ah ! T’es fou, toi !
— On fait comme ça.
Une petite demi-heure plus tard, on se présentait, dans ses petits souliers, en le bel appartement d’un Antoine qui reçut tout sourire. Champagne, évidemment, puis…
— Si j’ai bien compris, fit soudain Antoine, vous n’avez jamais fait l’amour… ensemble, tous les deux ?
— Hein ? sursauta Vincent. Mais non, non !
— Et si les vieux académiciens avaient raison, et que vous étiez faits pour vous aimer ?
— Mais… bêla Vincent en regardant Armel.
— On n’est peut-être pas obligé de faire l’amour, pour s’aimer, d’abord ? objecta Armel.
— Oui ! Très bonne remarque ! Et c’est exactement ça qu’il fallait penser : et si vous vous parliez, doucement, et de plus en plus doucement ?...
— Oh… soupira Vincent.
— J’ai affaire en ville : vous restez ici pendant deux heures… ça vous va ? Le frigo contient des bulles… et les verres sont déjà sortis dans la cuisine. Aimez-vous, les mecs ! fit Antoine en se levant, pour planter là les minets.
Ouh ! Un silence un peu plus frais qu’un seau à glace s’abattit soudain sur le joli salon.
— Bon, osa enfin Armel, qui avait effectivement l’avantage, sur ce coup-là, eh ben… je nous ressers ? Je crois qu’on en a besoin !
— Oui, vraiment !
On retrinqua en silence, sans oser se regarder, et Vincent demanda pourtant :
— Mais… vous avez parlé de quoi, quand vous vous êtes vus ?
— On a… Eh ben… on a fait l’amour, lâcha Armel d’une voix blanche, regardant le fond de sa coupe.
Silence. C’était dit, et si le cœur d’Armel battait à tout rompre, il ne regrettait pas de l’avoir prononcé.
— Ah !... Ah… murmura Vincent, sidéré… non tant par la chose, qu’il subodorait, mais par l’aveu lui-même. Tu… Vous…
— Oui.
— Et…?
— Super.
Nouveau silence. Mais Vincent osa aller plus loin, encore :
— Bref, je passe pour un nul, moi…
— Ah non, tu dis pas ça ! s’écria Armel en reposant son verre presque brutalement sur la petite table de marbre bleu.
— T’es gentil, mais…
— J’te dis tout, Vincent !
Où Armel conta ses deux rendez-vous avec Antoine. Sans s’étendre sur les détails, certes, mais en faisant comprendre que décidément… c’étaient les garçons qui l’intéressaient, désormais.
— Oh ! Jamais j’oserai, s’il m’invite tout seul ! fit enfin Vincent, quand Armel eut vidé son sac… et sa coupe.
— Tu sais quoi ? Je l’appelle, il revient, et je me tire juste avant !
— Oh ! Mais non, non ! Reste, Armel !
— Tu voudrais… qu’on le fasse à trois ?
— Oh non, non !
On se regarda par-dessous, intimidé. Et l’on poussa ensemble un immense et profond soupir. Renversant la tête et fermant les yeux, Vincent murmura enfin :
— Est-ce que… tu pourrais pas… m’apprendre, toi ?
Sûr que Vincent entendait son cœur battre, Armel vint pourtant alors, le plus délicatement du monde, poser les lèvres sur celles de Vincent.
Vite, les langues fraîches de ces garçons se rencontrèrent ? Et bientôt l’innocence céda la place à la gourmandise. Pas besoin de vous faire un dessin : la suite fut chaude. Ces deux minets étaient de semblable gabarit, y compris pour le kiki… deux longs, fins et jolis rondins qui ne chômèrent point !
Certes, on n’alla pas jusqu’à d’olympiques exploits, m’enfin on avança assez loin sur le chemin ardu de la connaissance ! Jusqu’à exploser chacun sur la pâle poitrine de l’autre, avant de se r’embrasser fort bavouilleusement.
— Bravo, les garçons ! Je suis arrivé au bon moment !
Antoine était nu… et la queue un peu bien raide.
— J’allais me doucher quand j’ai entendu quelques décibels qui… Bref, j’ai vu que tout allait bien. On va se doucher ensemble ?
Les minets durent sourire, et l’on suivit le bel Antoine. Qui ne débandait point, lui ! Dans sa douche italienne, il prit la main de Vincent pour la mettre autour de son beau chibre, tandis qu’il insérait un doigt d’Armel en son petit trou…
Gentil moment, oui-da ! Armel montra le mouvement à Vincent, et ces jeunes Messieurs sucèrent leur hôte comme des grands. Avant qu’il leur arrosât le museau… pour venir les lécher promptement… et en profiter pour leur rouler de vifs patins.
Bref, ce fut un des sommets de la saison mondaine.
Antoine proposa à ces jeunes gens de venir chez lui dès qu’ils en auraient besoin, si les choses étaient compliquées chez eux. Et l’offre fut acceptée : dans un premier temps, on ne savait de quoi l’avenir serait fait…
Ainsi, les mercredis et samedis après-midi, on venait faire l’amour chez Antoine… qui se contentait, une fois sur deux d’apparaître juste avant l’explosion finale.
On s’aima donc. On sut, peu avant le bac, qu’Antoine avait rencontré un mec dans son genre… une autre trouvaille de l’Académie !
Et le dernier samedi avant le début du bac, ce jeune homme fut présenté aux jeunes baiseurs : une longue et belle, et très pâle chose… Un rouquin de la plus belle eau et… monté comme jamais !
La fusion entre ces quatre garçons fut immédiate, et ne furent pas ces Messieurs des Inscriptions et Belle-Lettres qui s’en plaignirent ! Avec l’autorité de leur superbe habit vert, ils en imposèrent aux familles, et ma foi, tout se termina dans la joie. D’autant que les bacheliers eurent la mention « Très bien ».
2. XI. 2020
— Qu’est-ce qu’elle a voulu dire, là ? demanda Armel quand elle les eut quittés.
— Qu’elle se mêlait de nos oignons… comme les vieux ! Troulala, troulala, marie-te, marie-tu, avec mi, avec moi !... chanta alors Vincent sur un air sûrement de sa composition.
— Oh ! T’es fou, toi !
— On a le droit de se marier, non ? Et on est majeurs, non… itou ?
— Ben oui, mais… c’est à l’Université et à l’Institut d’en décider ?
— Un point pour toi !... On est libre de pas s’aimer, c’est vrai aussi.
Il y eut lors un petit silence vaguement gêné. Enfin rompu par Vincent :
— Mais on est libre d’être amis, aussi, non ?
— Ben… murmura Armel, non, on n’est pas libres, parce que… on est obligés d’être amis, justement !
— Oh, toi ! fit vivement Vincent en passant le bras sur l’épaule d’Armel (car on était posés sur la banquette), et en tournant vers lui un visage rayonnant. Oui, amis !
— T’es pas obligé, pourtant, souffla Armel.
— Quoi ? Refuser ton amitié ne serait que faiblesse et même… veulerie de ma part !
— Pas de grands mots…
— Le pire des grands mots serait : « Non » ! J’ai eu la meilleure idée de ma vie en te proposant cette expo, et si j’ai maintenant le moindre reliquat d’intelligence, alors je suis obligé de t’offrir mon amitié… et je le fais avec plaisir, tu sais !
Armel ne sut que dire, alors… On ne se regardait pas, et Vincent enfin osa :
— On va ailleurs ?
— Où ?
— Dans notre nouvelle vie ?
Armel dut réprimer un immense frisson. Ce dont il avait envie, alors, alors… il ne pouvait se le dire, mais…
On quitta le salon de thé, et l’on marcha un temps au bord de la rivière, sans parler. Et là… Là !
On tomba sur le nommé Antoine. Saisi, Armel fit les présentations, et Antoine pria immédiatement ces jeunes gens chez lui, à deux pas… tandis que Vincent faisait un peu la gueule.
Mais Armel lui tapota l’épaule, de façon à le rassurer… Chez Antoine, on n’eut pas droit au thé, mais au champagne.
— Je comprends maintenant ce que m’a dit le grand-père, vous concernant : vous allez vraiment bien ensemble !
— Toi aussi ! fit vivement Vincent. L’Académie, l’Université, et même le privé !
— Pardon ? sursauta Antoine.
Et Vincent, remonté, d’éclairer le fin Antoine, qui s’excusa en rigolant.
— Du coup… ça me donne le droit de vous faire la cour… séparément… ou ensemble ?
Les minets se regardèrent, saisis. Ils ne s’attendaient pas à celle-là !
Antoine resta discret et parla des deux académiciens en des termes fort comiques, ce qui détendit l’atmosphère. Et puis on lui raconta le succès de l’exposé. Il en fut hautement réjoui, et la séance ne s’éternisa pas.
Mais, au moment de partir et de se faire la bise, Antoine souffla à Armel :
— On s’appelle ?
Un sourire lui répondit.
— Comment tu le trouves, ce mec ? demanda Vincent, dans la rue.
— Très charmant, oui ! Et super sympa, oui aussi !
— Et… s’il te fait la cour… tu marches ?
— Faudra qu’il assure ! Et qu’il me convainque que je suis gay, surtout !
— Parce que…
— Ben non, pas du tout ! Et… toi ?
— Pareil. Alors… on pourrait s’amuser à le voir venir.
— Ouais, pourquoi pas ? C’est pas le genre à nous casser la gueule, je crois !
— Tu… me raconteras ? demanda Vincent.
— Ouais… si toi aussi !
Pourquoi Armel sut-il qu’il mentait, à cet instant ? Oui, le grand, fin et bel Antoine avait tout pour lui plaire, ou du moins pour l’entraîner sur des chemins… où il avait déjà posé le pied, en son élégante, délicate… et bien montée compagnie.
Et sûr qu’il n’avait pas envie de s’en priver, de ces plaisir-là ! Au reste, il avait un message d’Antoine avant de rentrer chez lui. Avec rendez-vous immédiat… et chaud.
— Tu vas draguer aussi Vincent ? demanda Armel, après la douche.
— Oui, bien sûr ! Il est craquant, non ? Sauf… Sauf si… t’as des vues sur lui. Comme tout le monde… je crois que vous allez bien ensemble, mais que vous ne vous êtes pas encore rencontrés.
— Et… si on n’était pas gay, nous ?
— Ah ! Ah ! Ah ! explosa Antoine. Ça ferait la une du journal de vingt heures, toutes chaînes confondues, ça, ah ! Ah ! Ah ! Même en Mongolie Extérieure, ah ! Ah ! Ah !
Armel baissa le nez, et Antoine lui prit la main.
— T’embête pas, mon grand garçon. Je me mêle de ce qui ne regarde personne d’autre que vous, mais… je crois que vous vous rencontrerez, Vincent et toi.
— Alors tout le monde pense que nous sommes gay, n’est-ce pas ?
— Ce n’est pas à tout le monde de penser à votre place, et… encore moins d’aimer !
— Aimer !… Oh…
Antoine se r’empara de la fluide beauté d’un Armel un peu désemparé, et ce jeune homme en aima la douceur.
— Armel… Je dis rien à Vincent, si tu veux pas.
— Oh… Si !
— Sûr ?
— Moi… jamais j’oserai lui parler de quoi que ce soit, et si toi… sans parler de moi…
— Compris.
Et ce fut en de bien tendres effusions qu’on se sépara. Mais Armel n’était pas à son aise : il venait de déléguer à un autre le soin de faire ses propres aveux à… À qui, d’ailleurs ? L’aimait-il, ce Vincent qu’il ne connaissait mie, après tout ?
Certes, ce garçon avait tout pour enflammer une jeune âme comme la sienne, si vierge de tout emportement, mais… Vincent !
Il eut du mal à s’endormir, ce soir-là, ce fin jeune homme. Car il regretta d’avoir donné mandat à Antoine…
Le lendemain, en début d’après-midi, il voyait évidemment Vincent… où l’on ne se parla de rien. On causa de mille choses intéressantes, pour les deux, mais… Enfin, alors qu’on se quittait, Vincent souffla, en regardant ailleurs :
— Des nouvelles d’Antoine ?
— On s’est vus hier. Sympa, oui. Tu… vas le voir, toi ?
— S’il m’en prie. Mais tu as l’avantage, je crois !
— Non ! Je crois pas !
À cet instant précis zinzinula le portable de Vincent… Antoine. Qui priait Vincent à l’instant même, si possible.
— Je… Je… bafouilla Vincent, suis avec Armel.
Et Vincent interrogea Armel du regard, et Armel lui fit « oui ».
— Il veut qu’on vienne tous les deux, fit Vincent.
— Ah ! J’avais pas compris ça…
— Viens ! Sinon jamais j’oserai, moi !
— Vincent ! C’est un mec super sympa et super réglo et... tu risques rien, si tu veux rien !
— Oh, ça… Je sais pas franchement ce que je veux, là… avoua Vincent en baisant le museau.
— Je viens avec toi, bien sûr. Vincent… Tu comptes sur moi, hein ? Il me passera sur le corps avant de te violer !
— Oh !... Ah ! Ah ! T’es fou, toi !
— On fait comme ça.
Une petite demi-heure plus tard, on se présentait, dans ses petits souliers, en le bel appartement d’un Antoine qui reçut tout sourire. Champagne, évidemment, puis…
— Si j’ai bien compris, fit soudain Antoine, vous n’avez jamais fait l’amour… ensemble, tous les deux ?
— Hein ? sursauta Vincent. Mais non, non !
— Et si les vieux académiciens avaient raison, et que vous étiez faits pour vous aimer ?
— Mais… bêla Vincent en regardant Armel.
— On n’est peut-être pas obligé de faire l’amour, pour s’aimer, d’abord ? objecta Armel.
— Oui ! Très bonne remarque ! Et c’est exactement ça qu’il fallait penser : et si vous vous parliez, doucement, et de plus en plus doucement ?...
— Oh… soupira Vincent.
— J’ai affaire en ville : vous restez ici pendant deux heures… ça vous va ? Le frigo contient des bulles… et les verres sont déjà sortis dans la cuisine. Aimez-vous, les mecs ! fit Antoine en se levant, pour planter là les minets.
Ouh ! Un silence un peu plus frais qu’un seau à glace s’abattit soudain sur le joli salon.
— Bon, osa enfin Armel, qui avait effectivement l’avantage, sur ce coup-là, eh ben… je nous ressers ? Je crois qu’on en a besoin !
— Oui, vraiment !
On retrinqua en silence, sans oser se regarder, et Vincent demanda pourtant :
— Mais… vous avez parlé de quoi, quand vous vous êtes vus ?
— On a… Eh ben… on a fait l’amour, lâcha Armel d’une voix blanche, regardant le fond de sa coupe.
Silence. C’était dit, et si le cœur d’Armel battait à tout rompre, il ne regrettait pas de l’avoir prononcé.
— Ah !... Ah… murmura Vincent, sidéré… non tant par la chose, qu’il subodorait, mais par l’aveu lui-même. Tu… Vous…
— Oui.
— Et…?
— Super.
Nouveau silence. Mais Vincent osa aller plus loin, encore :
— Bref, je passe pour un nul, moi…
— Ah non, tu dis pas ça ! s’écria Armel en reposant son verre presque brutalement sur la petite table de marbre bleu.
— T’es gentil, mais…
— J’te dis tout, Vincent !
Où Armel conta ses deux rendez-vous avec Antoine. Sans s’étendre sur les détails, certes, mais en faisant comprendre que décidément… c’étaient les garçons qui l’intéressaient, désormais.
— Oh ! Jamais j’oserai, s’il m’invite tout seul ! fit enfin Vincent, quand Armel eut vidé son sac… et sa coupe.
— Tu sais quoi ? Je l’appelle, il revient, et je me tire juste avant !
— Oh ! Mais non, non ! Reste, Armel !
— Tu voudrais… qu’on le fasse à trois ?
— Oh non, non !
On se regarda par-dessous, intimidé. Et l’on poussa ensemble un immense et profond soupir. Renversant la tête et fermant les yeux, Vincent murmura enfin :
— Est-ce que… tu pourrais pas… m’apprendre, toi ?
Sûr que Vincent entendait son cœur battre, Armel vint pourtant alors, le plus délicatement du monde, poser les lèvres sur celles de Vincent.
Vite, les langues fraîches de ces garçons se rencontrèrent ? Et bientôt l’innocence céda la place à la gourmandise. Pas besoin de vous faire un dessin : la suite fut chaude. Ces deux minets étaient de semblable gabarit, y compris pour le kiki… deux longs, fins et jolis rondins qui ne chômèrent point !
Certes, on n’alla pas jusqu’à d’olympiques exploits, m’enfin on avança assez loin sur le chemin ardu de la connaissance ! Jusqu’à exploser chacun sur la pâle poitrine de l’autre, avant de se r’embrasser fort bavouilleusement.
— Bravo, les garçons ! Je suis arrivé au bon moment !
Antoine était nu… et la queue un peu bien raide.
— J’allais me doucher quand j’ai entendu quelques décibels qui… Bref, j’ai vu que tout allait bien. On va se doucher ensemble ?
Les minets durent sourire, et l’on suivit le bel Antoine. Qui ne débandait point, lui ! Dans sa douche italienne, il prit la main de Vincent pour la mettre autour de son beau chibre, tandis qu’il insérait un doigt d’Armel en son petit trou…
Gentil moment, oui-da ! Armel montra le mouvement à Vincent, et ces jeunes Messieurs sucèrent leur hôte comme des grands. Avant qu’il leur arrosât le museau… pour venir les lécher promptement… et en profiter pour leur rouler de vifs patins.
Bref, ce fut un des sommets de la saison mondaine.
Antoine proposa à ces jeunes gens de venir chez lui dès qu’ils en auraient besoin, si les choses étaient compliquées chez eux. Et l’offre fut acceptée : dans un premier temps, on ne savait de quoi l’avenir serait fait…
Ainsi, les mercredis et samedis après-midi, on venait faire l’amour chez Antoine… qui se contentait, une fois sur deux d’apparaître juste avant l’explosion finale.
On s’aima donc. On sut, peu avant le bac, qu’Antoine avait rencontré un mec dans son genre… une autre trouvaille de l’Académie !
Et le dernier samedi avant le début du bac, ce jeune homme fut présenté aux jeunes baiseurs : une longue et belle, et très pâle chose… Un rouquin de la plus belle eau et… monté comme jamais !
La fusion entre ces quatre garçons fut immédiate, et ne furent pas ces Messieurs des Inscriptions et Belle-Lettres qui s’en plaignirent ! Avec l’autorité de leur superbe habit vert, ils en imposèrent aux familles, et ma foi, tout se termina dans la joie. D’autant que les bacheliers eurent la mention « Très bien ».
2. XI. 2020
Amitiés de Louklouk !