01-11-2020, 07:14 PM
Pour varier un peu les plaisirs, voici de courts textes du genre anecdote historique. Ce sont des faits de mon enfance parisienne et quelque peu aventureuse de jeune gars en compagnie, parfois, de ses copains. C'est du vécu garanti sur papier timbré!
Cela se passe au tournant des années 40-50, à l'époque où il nous fallait nous contenter d'interroger de plus âgés que nous (deux ans à peine) pour en connaître un tout petit peu plus des «grands mystères de la Vie»- et du...VI, si vous voyez ce que je veux dire à propos de ses divers usages. En effet, en ces moments "reculés", c'était silence radio de la part de nos chers parents sur ces sujets qui, à cause de ce silence, nous excitaient bigrement (les sujets...pas les parents!). Voici donc.
Mes parents, mon frère, de 10 ans mon aîné et moi "logions" dans un petit 3 pièces. Notre rue est sensiblement parallèle à une autre du XIIIe arrondissement formant limite avec le XIVe. Ces deux rue se rejoignent d'ailleurs au sud à un carrefour dénommé assez récemment du pseudo d'un humoriste fort célèbre décédé à moto près de la Méditerannée. Notre immeuble, construit en deux étapes, remonte dans ses deux premiers étages, aux années 1850-60. Il est toujours debout, tel le Veau d'Or, malgré les bouleversements urbanistiques de ce morceau de Paris.
Voilà donc qu'un jeudi matin (jour de liberté, rappelons-le pour cette époque), je rentre à la maison en descendant une petite impasse au bout de laquelle donnait un lavoir municipal. J'avise l'entrée des caves de l'immeuble adjacent. La porte, à claire-voie mais faite de solides planches, est ouverte. N'écoutant que mon sens sécuritaire, je la referme et pousse le loquet en rabattant la petite tagette. Et puis, allez savoir pourquoi, je m'adosse contre le mur à 50 cm de cette porte. Brusquement, je sursaute : un juron puissant retentit de l'intérieur et j'aperçois, 10 secondes plus tard, la tête d'un brave homme par les interstices des planches. Je me souviens qu'il n'avait pas l'air très satisfait. M'apercevant, il m'apostrophe en des termes que ma bonne éducation m'interdit de reproduire ici. Et il ajoute, ce qu'il n'aurait jamais dû dire : «Attends un peu que je sorte...». Pensant très rapidement aux suites de cette sortie, je jugeai bon de ne rien faire quant à une ouverture de l'huis et m'éloignai le plus vite possible de cette perspective de "rouste immédiate" si j'avais obtempéré...J'ignore, 70 ans plus tard, si ce monsieur est toujours derrière la porte fermée de ces caves!
Avec ma bande de copains, nous fréquentions un ancien terrain consacré à des jardins ouvriers, dans une rue bordant à l'ouest le grand centre psychiatrique tout proche de notre ancien domicile. Ce terrain, surélevé d'une bonne dizaine de mètres par rapport à la rue, bordait lui-même ce qui s'appelait alors la "Ligne de Sceaux". Mon père y exploitait un are de ce terrain avant qu'un malencontreux éboulement du mur de soutènement sur la rue ne vînt ouvrir à quiconque ces petits bouts de jardinets bien utiles (légumes, quelques fruits) durant les sombres années de l'Occupation. Finis les jardins ouvriers, bonjour les occupations plus ou moins illégitimes des abris de jardin par de braves SDF que nous, les gosses, fréquentions sans gêne aucune. C'était devenu l'un de nos terrains de jeux favoris. À côté se trouvaient le grand garage des camions de livraison de la Samaritaine qui avait ses entrepôts dans la même rue que...le dépôt de la Préfecture de Police, inclus dans l'hôpital.
Ce garage se terminait par un petit atelier dont une partie du mur de moellons, "côté jardin"-c'est le cas de le dire!- s'était effondré. Un jour de juillet, les copains et moi entendons des bruits de voix sortant de ce local. En catimini, nous nous approchons et le plus grand d'entre nous regarde en se mettant sur la pointe des pieds. Il se rabaisse, se retourne et nous dit :« Il y a une fille sur la table et un garçon sur elle. Deux autres à côté, ils ont sorti leur... et se....!(N.B : toujours ma bonne éducation). Quand on a 10 ans et qu'on ne sait pas grand chose, ça impressionne!
De là-haut, bien cachés, nous "zieutions" ce même jour ce qui se passait entre un monsieur et une dame dans la voiture stationnée "à l'abri", croyaient-ils, de cette rue tranquille. Cela nous intéressait prodigieusement, vous pensez bien!
Environ 20 minutes plus tard, les automobilistes repartis affaire faite,nous redescendons vers "notre rue". Or, assis sur le trottoir contre un mur, un SDF semblait somnoler, son "litron de rouge à étoiles" ouvert à sa gauche. Nous tournons le coin de rue. Un pote me dit alors : «T'es pas cap' d'aller balancer un coup de pied dans sa bouteille!» Piqué au vif dans ma dignité de «Directeur administratif» de la bande -Vu mes connaissances, les copains s'en remettaient à moi pour la gestion de nos diverses activités relationnelles- je stoppe , réfléchis quelques instants et me décide. Je rebrousse chemin, traverse la rue et viens aborder cet homme toujours assis contre son mur. Les fripons de copains, planqués contre la clôture de l'hôpital, m'observaient depuis le coin de ce dernier.
Conversation :
«Bonjour, monsieur, ça va?
-Bin mon p'tit gars, tu sais, un vieux légionnaire comme moi...»
Ce mot de "vieux" fut le révélateur et ce que les historiens nomment "la cause immédiate", inhibant dans mon esprit toute notion de danger : allongeant la jambe gauche et poussant mon pied en faisant une balayette, le restant du précieux breuvage se retrouve au sol, la bouteille en cinq ou six morceaux. Je ne pris pas le temps de les compter que le «vieux légionnaire» avait retrouvé l'usage de ses "vieilles jambes" et je détalais le plus vite que je le pouvais dans la rue menant vers nos "planques". Bien entendu, les copains avaient aussi pris la poudre d'escampette, me précédant d'une vingtaine de mètres. Je crois que, de sa vie, "Monsieur le Directeur administratif" n'a jamais plus couru aussi vite! Nous atteignîmes les premiers immeubles "à trois issues" assez essoufflés, il faut bien dire. Puis, utilisant les autres sorties dans des rues perpendiculaires, nous filâmes directement chez nos parents. Ouf!
Un autre soir de novembre, avec mon "meilleur copain", nous nous laissons enfermer dans le Parc Montsouris et, sautant de buisson en buisson -prudence est mère de sûreté!- nous voici près du boulevard Jourdan, à côté de la station Cité Universitaire mais toujours à l'intérieur du parc désormais bien clos. Camouflés dans les buissons, nous nous amusons à lancer des marrons d'Inde par-dessus le grillage et beaucoup atterrissent sur les braves gens qui passent devant nous sur le trottoir en sortant du métro...Il n'y a pas forcément un marronnier qui dépasse du parc. Nous venons d'inventer un hybride végétal : des marrons qui tombent de platanes, bouleaux...
Allez, un dernière : la Petite Ceinture passe dans deux souterrains dont l'un se trouve sous l'ancienne gare dite "Parc Montsouris-Gentilly", démolie de nos jours. Une grille derrière de petits buissons, protège la tranchée ferroviaire. Un petit muret accueille la base de la grille. Je pense que tout cela existe encore. Les copains et moi, nous sommes assis sur ce petit muret, abrités par les buissons. Et là, des "mains exploratrices" s'en vont à la découverte des attributs voisins qui, bien entendu, prennent des formes un peu moins habituelles. C'est ainsi que nous nous apercevons de certaines similitudes propres aux garçons... Mais parfois aussi, à la piscine, dans la cabine de déshabillage/rhabillage, hé hé, ma foi...
Cela se passe au tournant des années 40-50, à l'époque où il nous fallait nous contenter d'interroger de plus âgés que nous (deux ans à peine) pour en connaître un tout petit peu plus des «grands mystères de la Vie»- et du...VI, si vous voyez ce que je veux dire à propos de ses divers usages. En effet, en ces moments "reculés", c'était silence radio de la part de nos chers parents sur ces sujets qui, à cause de ce silence, nous excitaient bigrement (les sujets...pas les parents!). Voici donc.
Mes parents, mon frère, de 10 ans mon aîné et moi "logions" dans un petit 3 pièces. Notre rue est sensiblement parallèle à une autre du XIIIe arrondissement formant limite avec le XIVe. Ces deux rue se rejoignent d'ailleurs au sud à un carrefour dénommé assez récemment du pseudo d'un humoriste fort célèbre décédé à moto près de la Méditerannée. Notre immeuble, construit en deux étapes, remonte dans ses deux premiers étages, aux années 1850-60. Il est toujours debout, tel le Veau d'Or, malgré les bouleversements urbanistiques de ce morceau de Paris.
Voilà donc qu'un jeudi matin (jour de liberté, rappelons-le pour cette époque), je rentre à la maison en descendant une petite impasse au bout de laquelle donnait un lavoir municipal. J'avise l'entrée des caves de l'immeuble adjacent. La porte, à claire-voie mais faite de solides planches, est ouverte. N'écoutant que mon sens sécuritaire, je la referme et pousse le loquet en rabattant la petite tagette. Et puis, allez savoir pourquoi, je m'adosse contre le mur à 50 cm de cette porte. Brusquement, je sursaute : un juron puissant retentit de l'intérieur et j'aperçois, 10 secondes plus tard, la tête d'un brave homme par les interstices des planches. Je me souviens qu'il n'avait pas l'air très satisfait. M'apercevant, il m'apostrophe en des termes que ma bonne éducation m'interdit de reproduire ici. Et il ajoute, ce qu'il n'aurait jamais dû dire : «Attends un peu que je sorte...». Pensant très rapidement aux suites de cette sortie, je jugeai bon de ne rien faire quant à une ouverture de l'huis et m'éloignai le plus vite possible de cette perspective de "rouste immédiate" si j'avais obtempéré...J'ignore, 70 ans plus tard, si ce monsieur est toujours derrière la porte fermée de ces caves!
Avec ma bande de copains, nous fréquentions un ancien terrain consacré à des jardins ouvriers, dans une rue bordant à l'ouest le grand centre psychiatrique tout proche de notre ancien domicile. Ce terrain, surélevé d'une bonne dizaine de mètres par rapport à la rue, bordait lui-même ce qui s'appelait alors la "Ligne de Sceaux". Mon père y exploitait un are de ce terrain avant qu'un malencontreux éboulement du mur de soutènement sur la rue ne vînt ouvrir à quiconque ces petits bouts de jardinets bien utiles (légumes, quelques fruits) durant les sombres années de l'Occupation. Finis les jardins ouvriers, bonjour les occupations plus ou moins illégitimes des abris de jardin par de braves SDF que nous, les gosses, fréquentions sans gêne aucune. C'était devenu l'un de nos terrains de jeux favoris. À côté se trouvaient le grand garage des camions de livraison de la Samaritaine qui avait ses entrepôts dans la même rue que...le dépôt de la Préfecture de Police, inclus dans l'hôpital.
Ce garage se terminait par un petit atelier dont une partie du mur de moellons, "côté jardin"-c'est le cas de le dire!- s'était effondré. Un jour de juillet, les copains et moi entendons des bruits de voix sortant de ce local. En catimini, nous nous approchons et le plus grand d'entre nous regarde en se mettant sur la pointe des pieds. Il se rabaisse, se retourne et nous dit :« Il y a une fille sur la table et un garçon sur elle. Deux autres à côté, ils ont sorti leur... et se....!(N.B : toujours ma bonne éducation). Quand on a 10 ans et qu'on ne sait pas grand chose, ça impressionne!
De là-haut, bien cachés, nous "zieutions" ce même jour ce qui se passait entre un monsieur et une dame dans la voiture stationnée "à l'abri", croyaient-ils, de cette rue tranquille. Cela nous intéressait prodigieusement, vous pensez bien!
Environ 20 minutes plus tard, les automobilistes repartis affaire faite,nous redescendons vers "notre rue". Or, assis sur le trottoir contre un mur, un SDF semblait somnoler, son "litron de rouge à étoiles" ouvert à sa gauche. Nous tournons le coin de rue. Un pote me dit alors : «T'es pas cap' d'aller balancer un coup de pied dans sa bouteille!» Piqué au vif dans ma dignité de «Directeur administratif» de la bande -Vu mes connaissances, les copains s'en remettaient à moi pour la gestion de nos diverses activités relationnelles- je stoppe , réfléchis quelques instants et me décide. Je rebrousse chemin, traverse la rue et viens aborder cet homme toujours assis contre son mur. Les fripons de copains, planqués contre la clôture de l'hôpital, m'observaient depuis le coin de ce dernier.
Conversation :
«Bonjour, monsieur, ça va?
-Bin mon p'tit gars, tu sais, un vieux légionnaire comme moi...»
Ce mot de "vieux" fut le révélateur et ce que les historiens nomment "la cause immédiate", inhibant dans mon esprit toute notion de danger : allongeant la jambe gauche et poussant mon pied en faisant une balayette, le restant du précieux breuvage se retrouve au sol, la bouteille en cinq ou six morceaux. Je ne pris pas le temps de les compter que le «vieux légionnaire» avait retrouvé l'usage de ses "vieilles jambes" et je détalais le plus vite que je le pouvais dans la rue menant vers nos "planques". Bien entendu, les copains avaient aussi pris la poudre d'escampette, me précédant d'une vingtaine de mètres. Je crois que, de sa vie, "Monsieur le Directeur administratif" n'a jamais plus couru aussi vite! Nous atteignîmes les premiers immeubles "à trois issues" assez essoufflés, il faut bien dire. Puis, utilisant les autres sorties dans des rues perpendiculaires, nous filâmes directement chez nos parents. Ouf!
Un autre soir de novembre, avec mon "meilleur copain", nous nous laissons enfermer dans le Parc Montsouris et, sautant de buisson en buisson -prudence est mère de sûreté!- nous voici près du boulevard Jourdan, à côté de la station Cité Universitaire mais toujours à l'intérieur du parc désormais bien clos. Camouflés dans les buissons, nous nous amusons à lancer des marrons d'Inde par-dessus le grillage et beaucoup atterrissent sur les braves gens qui passent devant nous sur le trottoir en sortant du métro...Il n'y a pas forcément un marronnier qui dépasse du parc. Nous venons d'inventer un hybride végétal : des marrons qui tombent de platanes, bouleaux...
Allez, un dernière : la Petite Ceinture passe dans deux souterrains dont l'un se trouve sous l'ancienne gare dite "Parc Montsouris-Gentilly", démolie de nos jours. Une grille derrière de petits buissons, protège la tranchée ferroviaire. Un petit muret accueille la base de la grille. Je pense que tout cela existe encore. Les copains et moi, nous sommes assis sur ce petit muret, abrités par les buissons. Et là, des "mains exploratrices" s'en vont à la découverte des attributs voisins qui, bien entendu, prennent des formes un peu moins habituelles. C'est ainsi que nous nous apercevons de certaines similitudes propres aux garçons... Mais parfois aussi, à la piscine, dans la cabine de déshabillage/rhabillage, hé hé, ma foi...