28-07-2020, 04:20 PM
CHAPITRE XXXIII
''Omnes enim qui acceperint gladium, gladio peribunt''
Burydan raconta tout à Aragorn, depuis sa rencontre avec Jacob.
- Et bien dis-donc, bébé, élève de Gershaw de Bélothie...
- Tu le connais ?
- De réputation uniquement.
- C'est à dire?
- C'est à dire qu'à l'époque où il s'est installé ici, plusieurs chasseurs de prime sont venus. Apparemment sa tête avait été mise à prix par le Duc.
- Et ?
- Et tous ont été retrouvés flottant sur la rivière... morts, évidemment...
- Beaucoup ?
- Au moins six...
- Vitula... Et il y en a toujours qui le cherchent ?
- Je ne pense pas. Peut-être que le Duc en a eu marre que ses hommes ne reviennent jamais.
- Tu sais pourquoi sa tête a été mise à prix ?
- Aucune idée... tu n'auras qu'à lui demander...
- Et, est-ce que tu sais pourquoi les truands des quartiers Est le respectent autant ?
- Oui, ça, je sais, à cause de Willy le Borgne...
- C'est qui ?
- C'était le chef des quartiers Est.
- Il était borgne ?
- Non. On l'appelait comme ça parce qu'il adorait crever un œil aux personnes qu'il rançonnait...
- Un gars charmant...
- Ouais...
- Et c'est quoi le rapport avec Gershaw ?
- C'est simple, bébé, les quartiers Est sont divisés en secteurs, sept, pour être précis. Chaque secteur a un chef, et tous ces chefs ont un chef... le chef des chefs, quoi...
- Willy le Borgne...
- Oui, à l'époque. Quand il prenait envie à Willy de crever un ou deux yeux, il arpentait les rues avec ses sept lieutenants, les sept chefs. Et, un jour, ils tombèrent sur Gershaw, qui venait d'arriver en ville. Willy et ses lieutenants ricanèrent en le voyant marcher tranquillement dans leur quartier. Ils l'arrêtèrent et voulurent le dévaliser avant que leur chef ne lui crève un œil...
- Et ?
- Et, suivant les rares témoins qui assistèrent à la scène, en moins de trois minutes, les sept lieutenants gisaient dans une mare de sang. Willy, d'abord hébété, se précipita sur Gershaw en beuglant ''je vais te massacrer !''. Et l'épéiste le tua d'un seul coup d'épée dans le cœur.
- Et... personne n'a essayé de venger son chef ?
- Personne. Ils détestaient tous Willy. Il tuait ou mutilait ceux qui, selon lui, ne ramenaient pas assez de pécunes, et il obligeait ses hommes à lui livrer leurs femmes et les forçait à le regarder les violer. Donc personne ne l'a regretté. Après, il y a eu une petite guerre pour savoir qui allait devenir le nouveau Négus...
- Le quoi ?
- Négus, bébé, c'est ainsi qu'on appelle le chef des chefs, et ce fut Zanzibar qui gagna. Et la première chose qu'il fit, c'est d'attendre Gershaw de Bélothie dans la rue qu'il empruntait le plus souvent.
- Pour l'attaquer ?
- Par les dieux non ! Il savait de quelle manière cet homme avait tué sept des plus violents truands. Et Willy, par dessus le marché. Il s'est approché de lui avec ses sept lieutenants, à ôté son chapeau, lui a fait un petit salut et lui a assuré que plus personne n’essaierait de le rançonner ou quoi que ce soit d'autre. Gershaw a juste dit ''bien'' et, depuis, il est le seul à pouvoir passer dans les quartiers Est sans problème... enfin, avec toi, maintenant...
Burydan regarda Aragorn. Il l'embrassa et dit :
- Ça fait une demie heure, non ?
- Retourne toi, bébé, j'ai envie de bouffer ton délicieux petit cul avant de te le pilonner comme une brute...
Burydan sourit. Il savait très bien qu'Aragorn préférait largement lui faire l'amour tout doucement, de préférence de face, pour pouvoir l'embrasser et voir le plaisir dans ses yeux et sur son visage. Il le pilonnerait un petit moment en levrette, certes, mais il succomberait très vite à la volupté du plaisir qu'il ressentait décuplé par le plaisir qu'il donnait, et Burydan était prêt à lui montrer à quel point il aimait tout ce qu'il lui faisait.
Après avoir de nouveau jouit intensément, et de nouveau couché contre le corps chaud d'Aragorn, il dit :
- Désolé, beau brun, mais il va falloir que j'y aille...
- Oh, déjà...
- Et oui, je me lève tôt demain... On se revoit jeudi prochain ?
- Non, je ne peux pas jeudi...
- Ah...
- Ouais. J'ai un sale boulot à faire...
- C'est à dire ?
- Une rafle..
- Des... des...
- Oui...
Burydan pâlit. Certes, il n'était plus concerné par ça, mais...
Il se quittèrent après un long baiser et Burydan alla jusqu'à son ancien logis. Il était tard et Arad devait être rentré. La chaîne était fermée de l'intérieur. Il frappa... pas de réponse... il frappa un peu plus fort et cria :
- Ouvrez, c'est Burydan...
Il entendit des pas et Arad entrouvrit la porte, les yeux ivres de sommeil...
- Ah, c'est toi... qu'est-ce que tu veux ?
- Il faut que je te parle...
Arad ouvrit la chaîne et laissa entrer Burydan. Alam se leva à son tour et vint se blottir contre son frère.
- Tu... tu veux récupérer ton logis, demanda-t-il d'une petite voix.
- Mais non, ne t'inquiète pas, dit-il en ébouriffant ses cheveux. Arad, j'ai quelque chose à te demander. Promets moi de dire oui sans poser de questions...
- Si c'est pour avoir mon petit frère...
- Mais non, arrête avec ça... promets...
- D'accord, je promets... c'est quoi ?
- Jeudi... ne sors pas d'ici... ne va pas faire le tapin... restez ici tous les deux...
- Pourquoi ?
- J'ai dit pas de question...
- Bon, dit Arad après quelques secondes, d'accord...
- Bien. Bonne nuit les gars.
Burydan repartit. Il avait un drôle de pressentiment.
Le jeudi suivant, Burydan alla jusqu'à son ancien ''chez lui''. Il frappa. Pas de réponse. Il frappa plus fort et entendit une petite voix, celle d'Alam, demander :
- Qui c'est ?
- C'est Burydan. Ouvre.
- Mon frère m'a dit d'ouvrir à personne sauf à lui...
- Ouvre Alam ou je défonce la porte...
Alam ouvrit. Burydan entra et demanda :
- Où est ton frère ?
- Ben, euh...
- Réponds Alam, où est-il ?
- Il est parti au... travail...
- Ça fait longtemps ?
- A peine deux minutes...
Burydan jura et courut. Il agrippa Arad par la nuque alors qu'on entendait déjà les chariots de la milice arriver dans la rue et les cris de frayeur des prostitués qui étaient embarqués.
- Cours ! cria Burydan.
Ils coururent comme des dératés, entrèrent dans le logis en trombe, refermèrent la porte derrière eux et se turent, leur cœur battant la chamade et la respiration chaotique.
Les cris cessèrent et un calme et un silence lugubre s'installèrent. La rafle était finie.
- Ouf, c'était moins une, dit Arad, mer...
il ne put terminer. Burydan lui donna une gifle monumentale. Arad vacilla sous le choc, regarda Burydan, hébété, et celui-ci lui donna une deuxième gifle.
Alam se mit devant lui :
- Arrête... arrête... arrête de battre mon frère, et il éclata en sanglots.
Burydan se ressaisit. Il prit le petit garçon dans ses bras et lui dit :
- C'est bon, j'arrête.
Il se retourna vers Arad :
- Écoute moi bien, crétin, si je te dis de rester chez toi, c'est pas pour rien. Et quand on promet quelque chose, on tient sa promesse. Imagine si tu avais été pris avec les autres... Imagine pour toi, déjà, et pour ton petit frère, surtout... qu'est-ce qu'il serait devenu, tu y as pensé à ça, abruti ?!
Arad blêmit.
- Mais, pourquoi tu ne m'as pas dit que tu savais que... enfin que... et comment tu le sais ? et...
- Je le sais parce que...
Burydan lui expliqua, sans nommer Aragorn et en lui faisant promettre non seulement de l'écouter la prochaine fois, mais aussi de tenir sa langue. Là dessus, Arad tordit un peu le nez, mais il comprit la raison et acquiesça.
- Jure le, dit Burydan.
- Je te le jure...
- Sur la tête de ton frère ?
- Sur... sur la tête de mon frère...
Ça suffit à Burydan.
- Bon, je vous laisse, même si tu mériterais une bonne correction...
- Je te raccompagne, dit Arad.
- Inutile, je connais le chemin.
- Si, je te raccompagne. Alam, ferme derrière moi et n'ouvre qu'à moi.
Arad raccompagna Burydan jusqu'à la porte de l'entrepôt, s'arrêta, et lui demanda :
- Dis, Burydan pourquoi t'es si sympa avec nous ?
- Tu préférerais que je sois méchant ?
- Non, bien sûr que non, mais tu nous procures un beau logis et maintenant tu nous préviens pour les rafles, et tu ne demandes rien en échange... alors que... ben, on n'était pas plus amis que ça...
- Je ne sais pas... peut être que la façon dont tu protèges ton frère... cette abnégation pour qu'il n'ait pas à patauger dans toute cette merde... pour qu'il n'ait pas à vendre son petit corps à tous les zuhrus qui achètent le tien... ça me touche.
Arad hocha la tête, poussa Burydan contre un mur et tomba à genoux.
- Qu'est-ce... qu'est-ce que tu fais ?
- Je te remercie, dit Arad en sortant le sexe de Burydan.
- Non... Arad... t'es pas obligé... je...
- Je sais, et il emboucha la queue.
Burydan protesta encore un peu, puis se laissa aller au plaisir de cette bouche chaude et humide, et il jouit dans la bouche d'Arad. Celui-ci se releva, essuya ses lèvres écumeuses d'un revers de main et sourit. Burydan remballa sa bite, regarda Arad et l'embrassa tendrement. Il fut un peu surpris par cette marque d'affection, mais il laissa bientôt la langue de Burydan s'emmêler à la sienne et fondit littéralement dans ses bras musclés. Burydan rompit le baiser par deux ou trois petits poutounes sur les douces lèvres :
- Merci, Arad... allez, rentre, ton petit frère va s'inquiéter...
Un dernier petit bisou et Arad et Burydan se quittèrent.